Bataille de Bakhmut, le piège dans lequel les Ukrainiens ne sont pas tombés 

« Bakhmut est dans une situation très difficile »

Des mots choisis par le président Zelensky pour annoncer que cette ville ukrainienne, qui n’est plus qu’un tas de ruines, est sur le point de tomber aux mains des envahisseurs russes. 

« Des défenseurs épuisés, une situation intenable face au rouleau compresseur à la soviétique alternant des vagues humaines et de puissants tirs d’artillerie, un manque chronique de munitions et de renforts pour tenir la place forte qu’est devenue la (petite) ville de Bakhmut. »

Les Ukrainiens sont ulcérés de devoir concéder une victoire aux armées russes, déçus de ne pas avoir pu résister plus longtemps.

Est-ce le (mauvais) signe, dans le contexte de cette guerre qui dure maintenant depuis plus d’un an, que la résistance ukrainienne finira par s’épuiser au même titre que cette ville finira par tomber ?

Mais la bataille de Bakhmut n’est qu’illusion si nous ne prenons pas la précaution de dissiper un peu de ce « brouillard de la guerre » pour essayer de comprendre la situation. Il faut pour cela dépasser ces déclarations qui sont pourtant authentiques et réelles, ne pas s’arrêter à ces seuls témoignages – poignants – des défenseurs de Bakhmut et de ses rares habitants : ils ne sont pas, en effet, le reflet d’une situation désespérée, mais d’une situation compliquée.

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Bakhmut, la grande victoire que l’armée russe doit offrir à Poutine

Depuis juillet dernier, depuis huit mois maintenant, le président Poutine réclame aux armées une victoire sur le front ukrainien. Un front qui s’est pourtant resserré après l’échec sur Kiev, mais qui n’a cessé de se renverser contres les envahisseurs russes. Loin de progresser, ces derniers se sont retrouvés en échec d’abord au Nord dans la région de Kharkiv, puis au Sud dans la région de Kherson, obligeant un repli de leurs forces au bord de la débâcle. 

Le repli russe de Kherson en novembre dernier répondait à une situation particulière : les forces ukrainiennes avaient réussi à pénétrer la zone envahie par les Russes avec des raids très mobiles empêchant l’artillerie de ces derniers de les écraser. Les armées russes avaient alors fait le choix de se retirer précipitamment de toute cette partie de l’Ukraine pour éviter une dislocation de leurs unités et de se faire bloquer par le fleuve Dniepr au sud de leurs positions. Les armées de Poutine avaient abandonné une zone très large, dans un désordre coûteux en vies humaines et en matériels, mais en évitant ainsi une débâcle.

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Alors Bakhmut, approximativement au centre de la ligne de front, au milieu du Donbass que Poutine voudrait afficher sous sa terrible domination, est devenue une bataille majeure… pour les armées russes.
Seulement pour les armées russes, ou plutôt pour leur chef, le président Poutine, qui doit remporter à tout prix une victoire pour consolider sa position vacillante après avoir accumulé autant d’échecs et de déboires.

Carte Institute for the Study of War (ISW) 03 mars 2023

S’il veut rester « maître du Kremlin », Poutine doit remporter au moins une victoire politique et médiatique, une victoire pour ne pas être renversé par son propre régime, une victoire aussi pour son « opinion publique » qui ne peut que douter des sacrifices demandés s’ils menaient à une défaite annoncée. 

Une victoire tellement importante pour Poutine que même Wagner, la société mafieuse dirigée par son ami Prigojine, s’est sentie obligée de s’investir… sans limites. Elle a sacrifié des milliers de mercenaires – essentiellement des repris de justice – et surtout sa crédibilité dans ces assauts meurtriers qui lui permettent d’avancer seulement de quelques mètres, face à une résistance acharnée des forces ukrainiennes qui semblent pourtant s’épuiser. 

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Après Soledar, sept fois plus petite que Bakhmut, les armées russes ont encerclé méthodiquement leur objectif, Bakhmut. Après des mois d’efforts et des pertes considérables, sans doute plusieurs dizaines de milliers d’hommes tués et blessés, ces armées russes qui assemblent des unités militaires et les « unités d’assaut volontaire » de Wagner sont enfin sur le point de conquérir Bakhmut, comme elles avaient fini par venir à bout de l’usine Azovstal dans la ville de Marioupol ravagée par leurs soins.

Une victoire sur un plateau pour le président Poutine ? Ou plutôt la « libération » d’un tas de ruines dévasté par ses propres armées, à l’image de son opération militaire spéciale de libération du peuple ukrainien. 

Le piège dans lequel les forces ukrainiennes ont failli tomber

En réalité, la ville de Bakhmut ne présente aucun intérêt en tant que telle, mais cette bataille aurait pu constituer un piège mortel pour les forces ukrainiennes qui sont en phase de préparation d’une contre-offensive majeure grâce aux livraisons massives des pays alliés qui les soutiennent. 

Ne pas concéder cette victoire aux Russes, montrer une fois encore leur volonté de résister, considérer aussi l’orgueil d’un peuple qui résiste depuis plus d’un an à une puissance que le monde entier craignait jusqu’ici : toutes les raisons étaient réunies pour que les Ukrainiens soient tentés de « délivrer » Bakhmut en utilisant  ce qui commence à leur être livré.

Les forces ukrainiennes reçoivent – actuellement – des véhicules blindés de combat d’infanterie, des missiles et des obus guidés pour des frappes de grande précision et des chars de combat modernes, les AMX 10 RC français et les redoutables Leopard 2 de fabrication allemande. 

Lire aussi : pourquoi ce débat autour des chars Leopard ?

Tout ce qu’il faut pour constituer une force blindée, moderne et assez puissante pour s’attaquer aux armées russes… mais surtout pas pour s’engouffrer dans un chaudron où cette force nouvellement formée serait attendue pour se faire laminer : Bakhmut constitue en effet un véritable champ de tir où l’artillerie russe s’est concentrée, entouré de zones minées qui empêcheront les chars ukrainiens de manœuvrer et encerclé par des unités d’infanterie russe qui détruiront à coup de missiles ces blindés chèrement acquis. 

Bakhmut est un piège dans lequel les armées russes ont beaucoup investi (et perdu) pour attirer cette force ukrainienne en devenir, et qui les menacera dans un très proche avenir. Quelques semaines encore pour que ce « fer de lance » finisse de se constituer, capable de rentrer là où il le souhaitera dans un dispositif russe beaucoup trop étendu pour espérer être efficacement défendu, faute aussi de renseignements fiables qui manquent définitivement aux armées russes. 

Ne pas mette en péril la contre-attaque ukrainienne à venir

Amener les Ukrainiens à intervenir massivement sur Bakhmut, c’était s’assurer de les mettre en difficulté et c’est le choix dans lequel ces derniers ont failli se laisser emporter.

Leurs conseillers alliés, qui ne sont pas impliqués émotionnellement dans cette guerre, ont très rapidement compris la menace que pouvait constituer cette bataille de Bakhmut si les Ukrainiens répondaient à la provocation des armées russes en montant sur un ring préparé pour les assommer. 

Ce sont probablement les renseignements fournis par les alliés, cinquante pays qui soutiennent l’Ukraine, qui ont convaincu celle-ci de se retenir et d’éviter à tout prix de se jeter dans ce piège – classique – que les armées russes leur tendaient à Bakhmut avec une concentration de forces considérable : artillerie, infanterie, appui-aérien, mines… un regroupement de moyens russes impossible à réaliser si la force blindée ukrainienne choisissait le lieu de son offensive plutôt que de se laisser conduire là où les armées russes l’attendaient. 

Bakhmut encerclée, carte Institute for the Study of War (ISW) 03 mars 2023

Le président Zelensky a hésité pendant plusieurs semaines, partagé entre le désir d’incarner cette résistance héroïque et la nécessité de gérer un conflit jusqu’à son terme, en évitant de s’égarer où son ennemi espérait l’emmener. En renonçant, il va devoir subir les critiques de son propre peuple qui ne comprendra que plus tard l’importance de sa décision de ne rien gaspiller à Bakhmut. 

Certes, il aurait été contreproductif de livrer Bakhmut sans combattre, les armées russes se seraient alors attaquées à une autre cible, repoussant plus loin les défenses ukrainiennes. Mais l’Ukraine n’a consacré jusqu’ici à Bakhmut que le strict nécessaire. Les unités territoriales qui se sacrifient dans cette mission sans issue sont désormais au bord de l’épuisement et elles réclament désespérément des renforts et des munitions d’artillerie qui n’arriveront pas… 

En réalité, les forces ukrainiennes ont déjà « redéployé » leurs lignes défensives – préparées depuis plusieurs mois – aux limites de la zone dont les armées russes vont pouvoir s’emparer. Elles se replieront très progressivement, comme l’indiquent Cédric Mas et le très précis J. like JJ dans la publication suivante, pour ralentir autant que possible l’avancée des armées russes et leur infliger un maximum de pertes.

Point de situation par Cédric Mas, 03 mars 2023


Avec cette manière de faire, les forces ukrainiennes « fixent » aussi les moyens russes sur Bakhmut tandis qu’elles préservent leur propre capacité d’attaque, ce que les militaires appellent la « liberté de manœuvre ». Les déclarations du président Zelensky appelant à renforcer la défense de Bakhmut relèvent de cette logique, en alimentant l’attente des armées russes sans engager forcément plus de moyens du côté ukrainien.

Difficile de savoir si ces unités de défense sont complètement conscientes du sacrifice qui leur est demandé et de l’issue qui est prévue, mais en annonçant que « la situation à Bakhmut est difficile », le président Zelensky confirme le choix qu’il a fait, celui de préserver et de concentrer ses forces pour la bataille de demain, en espérant qu’elle soit décisive. 

Bakhmut va tomber, le piège qu’il pouvait constituer aussi


Lire aussi : La guerre de Poutine contre l’Ukraine, une année de violences inouïes pour une issue sans merci


Situation de l’avancée russe en février 2023, 85 km2, soit 0,01% du territoire ukrainien en un mois « d’offensive de grande ampleur »…



Pour approfondir : conduire la guerre, entretiens sur l’art opératif (article de Miche Goya)

22 commentaires sur “Bataille de Bakhmut, le piège dans lequel les Ukrainiens ne sont pas tombés 

  1. Après le all-in russe sur Bakhmout depuis des mois, pour chercher à consolider la prise complète du Donbass, le poker menteur ukrainien suit la logique du brouillard de la guerre théorisé par les militaires depuis longtemps. Outre les débats sur l’intérêt opérationnel, sur les effets de fixation et sur la future arrivée d’effectifs russes avant les matériels lourds ukrainiens, on voit en pratique les démarches de déstabilisation adverse qui précèdent les prises dans cette sale partie d’échecs.

    Rien n’est jamais certain à l’avance, en dehors du fait que les russes ont des facilités logistiques à l’est de la rivière, facilités comparées à d’autres secteurs plus propices à des frappes longues ukrainiennes. Le renforcement en cours des effectifs russes suggère la prise en compte des moyens de ravitaillement par l’arrière. La question est: Est-il possible de toucher des stocks fixes ou en mouvement à l’est de la rivière, pour transformer l’atout quantitatif russe en contrainte à moyen terme ?

    Cette question personnelle détermine ma compréhension du choix tactique affiché par Kiev récemment. Même si le rapport d’incapacitation est de 1 à 4 entre ukrainiens et russes, le coup vaut le jeu si et seulement si le ravitaillement par l’arrière est atteignable ensuite. Dans le cas contraire, la doctrine et le nombre russes rendraient l’investissement humain ukrainien tactiquement regrettable.

    Je regrette peut-être que L’Ukraine n’envisage pas de strikes au sud-est de Zaporija, pour harasser l’axe Melitopol / Donetsk, là où les russes envoient des SU-24 à l’est sans menaces, là où la liaison Donbass / Crimée par le couloir de la mer d’Azov encouragera plus tard le Kremlin à finlandiser, par la diplomatie, s’il échoue son invasion globale.

    Je ne regrette pas trop non plus, parce que le brouillard de la guerre et le poker menteur découragent les effets d’annonces avec des plans de bataille en sources ouvertes. Puissent les ukrainiens exploiter rapidement leurs AMX10 et recevoir bientôt les Léopard, pour un printemps plus offensif que l’hiver ! La fixation arrange Moscou.

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  2. Bonjour,
    Au vu des annonces récentes il semble que les ukrainiens soient quand même décidés à tenir la ville, voire à y envoyer des renforts (source: le live du monde d’aujourd’hui, 06/03/23). Pensez-vous qu’ils sont finalement en train de tomber dans le piège ?

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  3. bonjour,

    0,01 % de gains territoriaux pour les russes depuis Janvier! à quel prix humain! (la valeur ne compte pas grand chose pour eux…)
    effectivement le CEMA Ukr « joue » à qui « perd gagne » de façon adéquate: reculer à Bakmout en faisant payer le prix fort; en attendant une offensive ailleurs

    pensez-vous comme Pierre Servent , comme Michel Goya, qu’une autre défaite russe pourrait entrainer un effondrement de l’armée russe?
    autres questions:
    – le site Oryx annonce 14 AMX10RC pour les UKR, est-ce suffisant pour accompagner efficacement une offensive? (selon moi il faudrait livrer tout l’inventaire français, idem pour les Ceasar)
    – il est envisagé des livraisons de Léopard2 par plusieurs pays, cependant tous ne seront pas de la même version (des A4, des A6): peuvent-ils manoeuvrer efficacement ensemble?

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    1. Bonjour,
      Michel Goya a des connaissances militaires approfondies et une réelle compétence d’historien, ce qui n’est pas le cas de Pierre Servent qui réclame d’ailleurs de ne pas être avec d’anciens militaires sur les plateaux où il intervient…
      Je ne vais donc commenter que les positions de Michel, que je rejoins sur le sujet de la fragilité du front russe : celui-ci est trop étendu (1,200 km) et relativement « figé » par un an de guerre déjà. Les armées russes sont maintenant fragiles parce qu’elles manquent de matériels, de renseignements fiables et surtout de cadres expérimentés (cf la catastrophique tentative d’offensive de Vuhledar en février). Une à deux attaques puissantes des Ukrainiens pourraient disloquer ce front, comme un bloc de glace se fissure et peut partir littéralement en débâcle. C’est bien l’objectif militaire recherché que Bakhmut ne doit pas détourner.

      Les AMX10 RC sont en petit nombre, mais c’est leur assemblage dans une force blindée qui est intéressant car c’est un très bon matériel.
      Les différentes versions des Leopard 2 posent des problèmes logistiques, mais c’est une expérience déjà éprouvée par les armées qui vont les fournir et qui n’ont jamais eu elles-mêmes de parc homogène…
      Amitiés
      Guillaume

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  4. Merci Monsieur Ancel,

    Au travers de différents articles écrits, que ce soit dans Le Monde ou dans d’autres journaux et médias crédibles, j’étais surpris dans le témoignage de militaires ukrainiens interrogés à Bakhmout par leur lucidité. Ces témoignages auxquels je fais référence remontent à une semaine ou deux. La situation était un tantinet moins critique, mais tout aussi acharnée.
    Bien sûr chaque personnalité exprimait les choses à sa façon. Certains penchaient, sans être vindicatifs, du côté d’une vision critique de leur ordre de rester en position. Bien conscients du peu d’intérêt stratégique de la place. Consigne qu’ils attribuaient d’ailleurs plutôt aux politiques qu’à leur état-major. Mais cela en acceptant avec stoïcisme d’accomplir leur mission, tenir.
    D’autres exprimaient explicitement la valeur symbolique de la bataille, pour les dirigeants, les opinions publiques, en pensant même au soutien occidental, ce qu’ils ne jugeaient pas négligeable, et se pliaient bonhommes aux ordres de tenir la place (attitude contrastant vivement avec la tension extrême de la situation). Quelque chose qui n’est pas sans rappeler le stoïcisme mêlé de bravoure des poilus de 14.
    Ils semblaient pour leur grande majorité bien conscients aussi de fixer l’ennemi et une part conséquente de ses ressources, et de lui infliger des pertes considérables.

    Encore une fois, cette lucidité, dans ce chaos, avec l’usure nerveuse, m’a frappé.

    Par ailleurs, plusieurs éléments peuvent laisser penser que les Ukrainiens ne semblent pas vouloir abandonner totalement la place et la livrer sans plus de résistance à l’ennemi. Mais sans être prêts pour cela à en payer un prix élevé, mais au contraire très scrupuleusement calculé. Les Ukrainiens ont retiré en bon ordre la masse la plus importante de leurs troupes qui étaient stationnées à Bakhmout. Il n’y a plus d’artillerie ukrainienne dans la ville. Elle se trouve à 10 ou 15 km à l’ouest, du côté de Chasiv yar. Elle semble s’efforcer de tenir à distance les troupes russes au nord et au sud du dernier axe d’approvisionnement de la ville.
    Il est question depuis un ou deux jours de la venue sur place de forces spéciales ukrainiennes.
    Pensez-vous crédible, Mon Colonel, ce que je suis tenté de penser ? À savoir que les Ukrainiens pourraient sciemment laisser sur place des troupes éparses, 2000, 4000 hommes, commandos, tireurs d’élite, pour tenter de fixer aussi longtemps que possible l’ennemi dans une guérilla urbaine. Mission à très haut risque pour les hommes qui seraient concernés. Ceci pour infliger à l’ennemi des pertes aussi importantes que possible, plus encore pour le fixer sur place, l’empêcher d’avancer plus loin, fixer son attention sur ce point de la carte, et puis aussi symboliquement tenir la ville, tout du moins ne pas le lâcher. Et ceci aussi longtemps que possible. Chaque jour gagné étant un bonus pour ces différentes raisons, et surtout peut-être plus de temps pour le reste de l’Armée ukrainienne afin de muscler et d’équiper avec les nouveaux matériels occidentaux les troupes en réserve, en préparation pour la prochaine contre-offensive.
    D’ailleurs toute possibilité de retraite pour ces hommes, ces retardateurs, en cas d’encerclement total par les Russes ne serait pas nulle. L’agglomération urbaine est assez importante. Il semble qu’il n’y ait plus de matériels lourds. Ces hommes aguerris et mobiles auraient encore la possibilité de se replier vers l’ouest dans le chaos de la situation, sous l’appui feu de leur artillerie, sous le couvert de la nuit par exemple.

    La dernière de vidéo de Prigojine, alors que la partie russe annonçait la prise de la ville il y a deux jours, le montre comme se plaignant à l’adresse du Président Zelensky, réclamant de celui-ci qu’il retire ses troupes restantes de la ville (https://twitter.com/NOELreports/status/1631569356810272770?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1631569356810272770%7Ctwgr%5E99b09e2291d2a33fe185bcfb9e4439a426b63b93%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.sudouest.fr%2Finternational%2Feurope%2Fukraine%2Fvideo-guerre-en-ukraine-bakhmout-est-pratiquement-encerclee-selon-le-patron-de-wagner-14272880.php). Expliquant qu’il n’y avait plus de soldats ukrainiens aguerris sur place et que ses hommes (ses soudards) n’avaient plus à faire qu’à des vieillards ou à des adolescents, qui se battraient contre eux (sur la vidéo en question on voit un monsieur âgé, ainsi que deux jeunes adolescents tremblants de froid, mais peut-être et surtout de peur et qui portent, ou à qui on a fait porter des vestes de treillis (très peu crédibles comme combattants). Prigojine semble vouloir se présenter dans cette vidéo comme magnanime. Comme si cette demande au Président Zelensky avait pour pour but d’épargner des proies faciles. Ce qui me laisse penser qu’au contraire l’encerclement complet, la prise complète, la sécurisation, « le nettoyage » de la ville n’est pas si simple, et que ça le contrarie passablement, mais que surtout c’est très cher payé pour Wagner, pour l’armée russe. Il faut quand même penser que l’armée russe entière s’acharne sur ce bled depuis juin 2022 !
    Avec la vision de ces deux jeunes garçons et de ce vieillard, dont on plaint la situation quelle qu’elle soit, je revois des images de la toute fin de la résistance de la Wehrmacht en 1945, quand Hitler, complètement drogué, passait en revue des « troupes » de ce type, envoyant au sacrifice vieillards et enfants pour « sa belle gueule » et son troisième Reich qui durerait mille ans.
    Je ne serais pas étonné si Prigojine, obsédé par l’Histoire, comme le Kremlin dans son ensemble, par l’Histoire et surtout par sa déformation, avait ces images-là en tête avant de faire cette mise en scène.

    Amicalement,

    Jérôme DAVID

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    1. Bonsoir Jérôme
      Les Ukr s’efforcent de causer un maximum de pertes aux armées russes, dont la milice de Prigojine qui est en réalité coordonnée par celles-ci malgré les rodomontades de ce sinistre personnage.
      Beaucoup de provocations de leur part, parce que leurs « efforts » monstrueux pour s’emparer de Bakhmut n’avaient de sens que s’ils arrivaient à attirer les meilleures forces Ukr, celles qui se préparent à lancer , plus tard, une à deux contre offensives majeures.
      En attendant, je ne pense pas que les Ukr engagent trop de forces spéciales sur le terrain même de Bakhmut où se concentrent de très puissants tirs d’artillerie russes auxquelles ces unités sont assez vulnérables, même en milieu urbain.
      Par contre, il est probable que les Ukr vont harceler les armées russes dès lors qu’elles voudront avancer sur le terrain, avec l’objectif d’enliser et de retarder le plus possible

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  5. Merci pour cette analyse très intéressante. Je me sens un peu rassuré, car je voyais venir le moment où une partie de l’armée Ukrainienne allait se trouver piégée, comme à Azovstal. Espéront que la ZSU pourra résister plus loin (Siversk, etc.) pour éviter que le rouleau compresseur russe ne gagne encore du terrain. Budanov a laissé entendre que des évènements majeurs étaient pour très bientôt (offensive UA dans le sud sans doute)…

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  6. Bonjour Guillaume,

    Tout d’abord merci pour vos articles ; pour un ancien militaire, votre ton tranche par rapport à beaucoup de vos collègues que je trouve plus ambiguë que vous.
    Ensuite, c’est peut être naïf de ma part, mais ce que je ne comprends pas : si l’importance de Bakhmut est faible, ville tenue depuis des années, avec des positions plus avantageuses un peu en arrière avec la maîtrise de hauteurs, et si le but est de saigner l’adversaire tout en s’économisant pour les grandes contre-offensives à venir, pourquoi ne pas avoir reculer plus tôt, au lieu d’en faire un tel symbole politique ? Parce que l’impression que ça donne, encore une fois de la part d’un béotien, c’est qu’on a voulu en faire un symbole politique de force et de courage – ce qui caractérise les Ukrainiens – quitte à perdre des forces qui sont plus importantes, eu égard au nombre et à leur valeur, pour les Ukrainiens que pour les Russes.
    Tout cela n’est-il pas le signe qu’il y a eu une hésitation à trancher, dans une situation ô combien difficile (aucun jugement de ma part) voire même que les Ukrainiens s’attendaient à recevoir les armes occidentales plus tôt, également pour pouvoir planifier leur manœuvre, et qu’ils ont transformé cette attente en symbole pour masquer, et continuer à soutenir le moral de l’arrière et l’attention des alliés?

    Bien amicalement
    Serge

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    1. Des hésitations nombreuses du côté ukrainien bien sûr tant l’enjeu intérieur et médiatique est important.
      Les alliés ont cependant pu les convaincre de ne surtout exposer leur matériel le plus moderne dans ce piège.
      Cependant, il ne fallait pas non plus pour les Ukr reculer trop vite, un « équilibre » difficile à régler entre repli progressif et résistance.
      Amitiés

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  7. Merci encore pour cet article Guillaume.
    J’écoute beaucoup de média anglophone qui parlent d’une probable attaque russe venant du nord, créant une nouvelle ligne de front. Un intérêt tactique pour les russes ? Sont-ils seulement capables d’une attaque d’envergure par la nord ?
    Merci encore.

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