Le drame se déroule à Gaza, pas sur les campus…

Le psychodrame qui agite depuis plusieurs jours les campus universitaires en France (plusieurs mois aux Etats-Unis) ne doit pas nous faire oublier que le vrai drame se déroule sur la bande de Gaza, plutôt qu’à Sciences Po…

Concours de vierges effarouchées ou déni de la réalité ?

Toute cette émotion suscitée par l’agitation à Sciences-po et quelques facultés n’est pas sans m’intriguer, comme s’il en avait été autrement pour de telles institutions dont le cœur de l’enseignement est d’apprendre à débattre et à polémiquer. De même que le rôle de la direction de ces établissements est bien d’intervenir avec doigté et mesure pour limiter les débordements et éviter que la confrontation des idées ne se transforme en une réplique déplacée d’un champ de bataille particulièrement violent et sanglant.

Mais prendre l’air outragé parce que des étudiants s’agitent – à leur bien modeste dimension – en reflet d’un conflit aussi dévastateur que l’opération menée par Benyamin Netanyahou contre la bande de Gaza fait hésiter entre une forme de déni (le bilan réel s’approche pourtant de celui du bombardement nucléaire d’Hiroshima) et une épidémie de myopie (ne voir plus que ces campus quand c’est Gaza qu’il faudrait regarder).

Lire aussi : Hiroshima sur Gaza, peut-on encore arrêter l’offensive Netanyahou ?

D’expérience, ce qui apparaît toujours redoutable lors d’un conflit est de conserver une certaine lucidité sur ce qui est important et ne fait pas forcément le plus de bruit (médiatique) : le drame ne se joue pas à Sciences-po, mais bien à Gaza où Netanyahou essaye de torpiller une fois encore toute possibilité de sortie de ce conflit dévastateur, avec l’aide du Hamas, son meilleur ennemi.

Pourquoi Netanyahou et le Hamas font de leur mieux pour torpiller le cessez-le-feu sur Gaza ?

Alors que les États-Unis et l’Égypte multiplient leurs efforts pour trouver enfin un accord de cessez le feu avec, à la clé, la libération des quelques dizaines d’otages israéliens encore en vie, Benyamin Netanyahou est toujours aussi ambigu, pressé de rester dans cette guerre qui le protège d’avoir des comptes à rendre à la société israélienne et aux quelques pays qui soutiennent encore l’Etat hébreu…

Comment trouver en effet un tel accord tandis que le premier ministre israélien affiche déjà ne pas vouloir le respecter : alors même que la discussion est en cours, Netanyahou affiche qu’il ne le respectera pas en affirmant publiquement vouloir lancer son offensive contre Rafah « quoi qu’il arrive ».

Cet accord de cessez-le-feu mettrait fin en effet à son offensive actuelle, avec une longue trêve de plusieurs dizaines de jours (6 semaines prévues à ce stade) permettant de fait que le débat politique s’ouvre enfin en Israël sur la responsabilité du premier Ministre dans ce conflit et l’échec de son « offensive » dévastatrice.

L’offensive Netanyahou met en risque Joe Biden et l’avenir d’Israël

L’échec de Netanyahou se mesure d’abord aux résultats comparés aux objectifs qu’il avait affichés : la destruction militaire du Hamas et la libération des otages.

De fait, après 7 mois d’opérations militaires d’une rare ampleur sur la bande de Gaza, le Hamas continue à exister, tellement bien que Tsahal est « obligé » de bombarder quotidiennement au Nord (Gaza ville), au centre (Khan Younes) comme au Sud (Rafah) puisque l’armée israélienne n’a jamais pu s’assurer jusqu’ici du contrôle d’une quelconque de ces zones, sur lesquelles survivent avec la plus grande difficulté plus de 2 millions de Palestiniens dont la vie ne tient plus qu’à un fil.

Torpiller cet accord semble d’autant plus important pour Netanyahou qu’il fait de son mieux pour humilier le président américain Joe Biden, quand bien même l’existence d’Israël dépend étroitement du soutien des Etats-Unis. En effet, les États-Unis fournissent 85 % des munitions nécessaires à l’armée israélienne, et si les Américains fermaient ce robinet, l’offensive ne pourrait durer plus que quelques jours… Mais bloquer le soutien militaire à l’État hébreu mettrait en cause son existence même, alors qu’Israël est entouré de voisins qui lui sont globalement tous hostiles. Netanyahou, en fragilisant Biden dans l’espoir de voir revenir au pouvoir son ami Donald Trump, met en danger plus que jamais l’avenir d’Israël.

Pas un génocide, mais une dévastation massive de la bande de Gaza pour pousser les Palestiniens à l’exil

L’objectif que poursuit Netanyahou dans sa guerre contre Gaza est désormais très clair, sans rapport avec ceux affichés, mais conforme à ce qu’il avait écrit dans son livre Bibi, a story : il veut détruire massivement non pas le peuple palestinien ce qui en ferait un génocide, mais leur territoire pour le rendre globalement inhabitable.

Avec un taux de destruction des infrastructures et des immeubles qui a dépassé 70% selon l’ONU, le niveau de dévastation sur ces 365 km2 de la bande de Gaza est inouï.

Mais il lui faut encore ravager la partie sud, autour de Rafah, pour achever son objectif et éviter qu’une large partie des Palestiniens ne puissent se réinstaller sur cette dernière zone urbanisée capable d’accueillir une population relativement importante.

Le Monde

En achevant de réduire la bande de Gaza à un tas de ruines, Netanyahou espère probablement en diminuer la population par 10 : tous les Palestiniens qui le peuvent voudront quitter ce tas de ruines désespérantes, même s’ils doivent traverser la Méditerranée à la nage.

En faisant « seulement » 10% de morts et de blessés, Netanyahou espère se débarrasser de 90% des occupants palestiniens de la bande de Gaza

En faisant « seulement » 10% de morts et de blessés (l’offensive s’achemine vers 70,000 morts et 3 à 4 fois plus de blessés, soit 300,000 victimes à comparer aux 2,4 millions de Palestiniens), Netanyahou espère simplement se débarrasser ensuite de 90% des occupants palestiniens de la bande de Gaza faute d’infrastructures leur permettant de vivre encore sur ce territoire.

De plus, l’espace libéré pourra être colonisé presque « naturellement » par des colons qui viendront « valoriser » ce territoire, comme ils tentent de le faire actuellement en Cisjordanie. Les Palestiniens n’auront plus pour avenir que l’exil ou la marginalisation sur ce qui fut leur propre territoire.

L’accusation de génocide lancée et relayée contre Benyamin Netanyahou pour sa guerre contre Gaza est infondée : l’armée qu’il dirige dispose des moyens de détruire massivement les Palestiniens de la bande de Gaza – d’autant plus que ces derniers sont enfermés dans ce camp de réfugiés à ciel ouvert et clos quasi hermétiquement – mais ce n’est pas ce que Tsahal fait.

En réalité, l’armée israélienne détruit massivement toutes les constructions qui permettent aux Palestiniens de vivre ici et les condamne sans le dire à l’exil.

Un bilan désastreux mais conforme au réel objectif de Netanyahou

Quant au bilan de cette offensive, que j’estime désormais entre 60 et 70,000 morts compte tenu de la puissance et de la fréquence des bombardements combinés désormais au désastre humanitaire – soigneusement organisé par Netanyahou –, le seul argument qu’on m’oppose est le « décompte »… du Hamas, qui deviendrait ici une sorte de référence, y compris pour ses détracteurs !

En fait, ce qui reste de l’Etat-civil que tenait le Hamas n’est plus capable depuis début janvier de relever les victimes quotidiennes des bombardements et ne comptabilise plus que les décès documentés, soit de l’ordre de 35,000 à ce stade, auxquels il convient de rajouter les « disparus » (plus de 10,000) et toutes les victimes qui sont sous les décombres et que personne ne va déterrer ou réclamer.

Je maintiens donc que le bilan actuel de cette opération Netanyahou se situe entre 60 et 70,000 morts, dont 90% sont des victimes civiles sans lien avec le Hamas.

Qui voudra porter la responsabilité d’un tel carnage même s’il ne constitue en rien un génocide, mais « juste » un crime de guerre massif, conscient et prolongé dans le temps ?

Tandis que sur l’autre front, en Ukraine, Poutine sacrifie ses soldats pour fêter des « victoires »

A Moscou, Vladimir Poutine suit avec la plus grande attention le conflit au Proche-Orient dont le principal intérêt est de détourner une partie de l’attention et de l’aide militaire qui se mobilisent contre sa guerre de soumission de l’Ukraine.

Contrairement aux apparences, que Poutine entretient avec soin notamment grâce à ses relais dans notre propre société comme les dirigeants du Rassemblement national ou son jumeau zemmourien, la situation sur le front ukrainien n’est pas bonne pour son pouvoir basé sur la peur qu’il voudrait inspirer.

Lire aussi : Attaque chorégraphiée par l’Iran, riposte calibrée d’Israël pour désescalader, vote d’une aide massive au Congrès américain pour l’Ukraine. Vladimir Poutine en difficulté.

En octobre 2023, lorsque le Hamas a lancé son attaque hystérique et terroriste contre Israël avec pour premier effet de détourner l’aide militaire américaine de l’Ukraine, l’armée russe a pu stopper la contre-offensive ukrainienne et reprendre l’ascendant sur le champ de bataille.

Sur cette ligne de front de plus de 1,000 kilomètres, les troupes de Poutine ont reçu l’ordre d’attaquer à tout prix et ont réussi à avancer de quelques km en 6 mois (moins de 500 km2, soit en moyenne un demi km), avec des pertes considérables et surtout sans arriver à percer la défense ukrainienne qui s’est repliée sans jamais se faire déborder… une situation symétrique à celle de la contre-attaque ukrainienne de l’été 2023 qui s’était laborieusement avancée dans les lignes russes au sud de Zaporija mais sans percer jusqu’en octobre.

Les troupes russes de Poutine n’ont jamais réussi à percer la défense ukrainienne

« Percer » est un effet majeur dans le domaine militaire qui consiste à passer de l’autre côté de la « ligne » de défense ennemie pour tenter de le déborder en manœuvrant « dans son dos », pour déstabiliser son dispositif et disloquer son organisation. Les Ukrainiens n’avaient pas réussi à percer l’été dernier, mais les militaires russes n’ont pas mieux réussi, probablement par manque de moyens et aussi parce que les Ukrainiens ont intelligemment adopté une posture défensive, et cédé du terrain pour limiter leurs pertes humaines et matérielles.

Lire aussi : Hystérie du régime de Poutine, confronté à ses mensonges et à ses échecs


Actuellement, Poutine oblige ses militaires épuisés à lui offrir quelques « victoires » en attaquant massivement dans la région centrale du front (Donetsk), en particulier autour d’Avdiivka et de Bakhmut. Pourtant, leurs avancées créent des « saillants » qui seront indéfendables s’ils ne débouchent pas à travers les lignes ukrainiennes.


Ces saillants seront en effet exposés par trois côtés à des contre-attaques ukrainiennes et pire encore, au risque d’être coupés de leur base arrière.

La Russie s’apprête à fêter la « victoire » ce 9 mai en souvenir de la fin de la deuxième guerre mondiale, mais ce n’est pas une échéance pertinente pour Poutine : son armée est loin d’avoir gagné contre la remarquable résistance ukrainienne, après 800 jours de combat.

Le retour de l’aide américaine depuis fin avril, la mobilisation des Européens conscients enfin qu’ils jouent en Ukraine leur propre destinée, et l’usure des troupes russes caractérisent une nouvelle phase de cette guerre. Les discours ultra alarmistes des dirigeants ukrainiens et les menaces véhémentes de la Russie de Poutine là aussi ne doivent ne pas faire illusion et nous rendre myopes, pas plus que les « polémiques » de Sciences Po concernant la guerre contre Gaza.

La réalité est que Poutine n’a actuellement plus les moyens de gagner contre l’Ukraine et que la situation se renverse progressivement contre lui. Au point de le faire reculer et qu’il soit enfin renversé ? Ce sont ces prochains mois qui nous le diront.




Pour approfondir,

La Russie de Poutine doit perdre pour que le monde retrouve la paix (MENA Research Center)


L’incroyable récit de cet américain engagé du côté pro-Poutine en Ukraine et exécuté (et violé) par des soldats russes, la brutalité et la sauvagerie à l’état pur : Russell « Texas » Bentley, vie et mort d’un Américain de Donetsk (par Benoît Vitkine dans Le Monde)


Elie Barnavi, ancien diplomate israélien : « Reconnaître un Etat palestinien, maintenant » (tribune dans Le Monde)

30 commentaires sur “Le drame se déroule à Gaza, pas sur les campus…

  1. Je faisais bien sûr référence au pédagogue August Ludwig von Schlözer et pas au journaliste de gauche Wilhelm Marr un siècle plus tard et j’ai employé le suffixe isme pour en faire le substantif d’anti-sémite et sans aucune prétention académique.

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  2. Ne pensez-vous pas que le concept de « percée » soit inadapté au front ukrainien. Certes, il y a bien des lignes de défenses solidement déféndues mais celui qui parvient à la franchir n’arrive jamais dans une zone libre où il pourrait manoeuvrer plus largement. Au contraire, il devient une cible bien visible pour les drones et les obus guidés. Et cela quasi symétriquement dans les 2 camps. Deux ou trois lignes de défense séparées par un champ de tir totalement transparent, y compris de nuit. Des gros scarabés blindés qui filent désespéremment avant d’être ratrappés par un moucheron à la piqure mortelle. N’est-ce pas ce que voulait dire Zaloujni quand il disait dans son célèbre interview « qu’il faut inventer quelque chose qui n’existe pas  » ?

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  3. La défaite annoncée du Hamas à Gaza, après 17 ans de règne sans partage, n’est pas sans évoquer pour moi la Tchétchénie : une petite entité violente dirigée par des islamistes radicaux, soumise par la force et ensuite laissée plus ou moins indépendante de facto, après que certains chefs militaires aient été retournés. Depuis, la paix y règne, à l’ombre du Croissant il est vrai.

    C’est sans doute le scénario le plus souhaitable.

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  4. Par ailleurs, si vous avez un bilan fiable des morts à Gaza qui ne viennent pas des relevés du Hamas, donnez-le, sinon, vous pouvez accepter l’incertitude et mettre en avant d’autres arguments pour demander un cesser le feu, je suis sûr qu’il y en a, à part la libération immédiate et inconditionnelle des otages israéliens qui figure dans la résolution de l’AG de l’ONU.

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  5. J’ai du mal avec votre comparaison Hiroshima/Gaza: Hiroshima, c’est 160 000 morts en quelques jours/semaines (avec les radiations), Gaza, 30 000 ou peut-être 50 000 en six mois, minimum trois fois moins. Pour avoir lu vos anciens articles, je pense que vous comparez en fait la charge explosive, ce qui aurait mérité d’être rappelé ici pour vos nouveaux lecteurs.
    Vous prouvez d’ailleurs au passage que la guerre à Gaza est moins violente: si la même quantité d’explosif fait trois fois moins de morts dans un cas que dans l’autre…. Je ne vois donc pas vraiment ce que vous voulez montrer ici.

    Est-il possible de rester factuel sur les données, quelque soit la thèse que vous voulez avancer? Votre démonstration y gagnera, j’en suis certain.

    Merci

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    1. La violence ne se tempère par son étalement dans le temps, le bilan de l’offensive Netanyahou est catastrophique, et la comparaison avec Hiroshima va venir percuter une société israélienne qui n’a pas encore conscience de la gravité des faits qui désormais lui seront reprochés : un massacre de Palestiniens

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    2. « Hiroshima, c’est 160 000 morts en quelques jours/semaines (avec les radiations), Gaza, 30 000 ou peut-être 50 000 en six mois »

      En proportion du peuple concerné, il est à craindre que Hiroshima soit déjà dépassé par Gaza.

      Fabrice

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      1. Je ne sais pas: il semble en plus que l’ONU soit en train de réviser son nombre de victimes à la baisse…. suite à une mise à jour par le Hamas, là aussi à la baisse

        Hiroshima n’est qu’un bombardement parmi d’autres sur le Japon, et a fait moins de morts que celui de Tokyo

        Pour l’instant, comme personne n’est réellement allé sur place, ni G.Ancel, ni l’ONU, ni les journalistes occidentaux, je préfère réserver mon jugement : il y a trop d’écart entre la version du Hamas/OCHA/ONU et celles de J Spencer, M. Nance ou des israéliens.

        Or j’avais sur l’Ukraine un apriori plutôt positif sur Spencer: je ne vois pas pourquoi il mentirait ce coup-ci, il n’y a aucun intérêt personnel si ce n’est ruiner sa réputation.

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      2. Sur le site de l’OCHA, on passe de 34k morts le 6 mai PLUS 10k « ensevelis » à 34k morts le 8 mai plus 10k ensevelis, mais seulement 25k identifiés… Il y a 10k personnes qui sont perdues entre deux décomptes (et j’espère pour elles qu’elles ne sont dans aucune des deux catégories)

        La même source (OCHA) donne plus de 9500 femmes tuées le 6 mais moins de 5000 le 8 mai : il y a donc eu une réévaluation massive du bilan début mai, plutôt dans un sens positif (moins de civils tués)

        Le lien Hostilities in the Gaza Strip and Israel – reported impact | Day 215 | United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs – occupied Palestinian territory (ochaopt.org)

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      3. Un autre bilan que je ne comprends pas:

        l’OCHA (cf mon message précédent) annonce 60% d’habitations détruites à Gaza, mais l’UNITAR en février donnait, via évaluation satellite, 30% des structures détruites (cf lien ci-dessous). Je suis conscient qu’une maison n’est pas une structure etc. Néanmoins l’écart est du simple au double, et il n’y a pas eu doublement des destructions à Gaza entre février et mai (il me semble que le gros des bombardements a eu lieu fin 2023). Me trompé-je?

        Merci de nous faire partager votre évaluation sur ces approches différentes

        A New Satellite Imagery Analysis Reveals 30% of Gaza Strip Structures Damaged | UNITAR

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  6. Confirmation, comme certains d’entre nous l’avaient bien supposé, l’affaire iranienne n’a pas eu pour effet escompté et souhaité par Netanyahou dans une consolidation d’une coalition autour d’Israël ou si peu. La diversion n’a donc pas fonctionné.

    Concernant les mobilisations à l’international, le calcul d’un essoufflement n’a pas fonctionné bien au contraire : ni dans les campus us, ni dans la fin de rupture de relation diplomatique de certains pays, ni dans la volonté d’une reconnaissance d’un état palestinien, ni dans les instances internationales CIJ…

    Le calcul d’un Gaza dévasté rendu inhabitable est un échec car beaucoup parle déjà de sa reconstruction chiffré à 40 milliards environ ; les gazaouis ne quitteront donc pas ce territoire. 

    Netanyahu ne maîtrise pas Gaza comme prévu et ceci est un second échec sécuritaire après l’attaque du 7 octobre 2023.

    l’insécurité d’Israël est mise à nu au vu des différents fronts ouverts dans toute la région, ce qui permet à Netanyahou de jouer la carte de la confrontation illimitée et donc sa survie politique et judiciaire.

    L’expulsion d’Al Jazira va finir de sortir le Qatar du jeu des négociations. Quid de ce que pourra faire l’Égypte !

    Concernant l’Ukraine, si la Russie semble grillotter des petites parcelles de territoires, cette dernière semble bien aussi s’inscrire dans le temps long d’une confrontation. Son économie semble bien résistée avec une croissance autour de 4 %. Le Maire avait vendu une économie russe à genoux dans les mois qui ont suive le début de la confrontation russo-ukranienne.

    Point très important, les usa ont levé l’embargo sur les banques et les hydrocarbures ces derniers jours et cela jusqu’à novembre 2024 ! Le coup de poignard dans le dos des Européens semble bien confirmer que les usa se jouent des Européens, comme certains le disaient au début de ce conflit.

    Pour résumé, ces 2 conflits n’ont pas l’air d’être arrivé à leur terme !

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    1. « les usa ont levé l’embargo sur les banques et les hydrocarbures ces derniers jours et cela jusqu’à novembre 2024 « 

      Auriez-vous une source fiable soutenant ces affirmations ?

      Fabrice

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    2. A moins que vous ne confondiez pétrole (effectivement sous embargo US) avec services pétroliers (aidant à l’identification et à l’exploitation d’un gisement de pétrole) comme ceux fournis par la société Schlumberger (SLB), leader mondial et toujours opérationnel en Russie, cf. https://www.reuters.com/markets/commodities/us-state-dept-says-oil-service-firm-slb-is-not-violating-russia-sanctions-2024-05-01/

      Sans ces services pétroliers, un gisement cesse d’être exploitable, ce qui aurait pour conséquence un vif renchérissement du pétrole non souhaité par les États-Unis, ni d’ailleurs par les autres pays consommateurs nets. D’où pas d’embargo.

      Fabrice

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  7. Non seulement le drame ne se déroule pas dans nos universités, mais les débats qui agitent les étudiants ne me paraissent guère constructifs. Ce n’est pas en répétant à l’envi le mot génocide que l’on parvient à capter l’attention et encore moins à la conserver.

    J’ai tenté de suivre un débat télévisé tardif, mais comment écouter quelqu’un qui pendant deux minutes répète comme un mantra le mot génocide et l’expression état génocidaire ?

    Comme je le fais à chaque manifestation qui démarre dans mon quartier, je suis allée au-devant des manifestants, en l’occurrence les étudiants de Tolbiac, et je n’ai hélas rien entendu de plus. Ils sont jeunes. Révoltés et idéalistes, ce qui est le propre de la jeunesse, mais à manifester pour toutes sortes de sujets, ils donnent le sentiment de n’en maîtriser aucun et se rendent inaudibles. A Tolbiac, ceux qui manifestent aujourd’hui en soutien à Gaza manifestaient précédemment, et pendant plusieurs semaines, contre un projet de contrôle des connaissances. Je passe devant quasiment tous les jours et il n’est pas de semaine sans la police, les pompiers ou encore les services de la Ville pour nettoyer les lieux.

    Après le 7 octobre, les portraits des otages affichés sur les murs de nos rues furent arrachés quand la colle n’en était pas encore sèche, et remplacés par ceux d’enfants morts à Gaza. Puis, sur les plaques les noms des rues furent remplacés, me laissant songeuse en voyant que les colleurs avaient donné le nom d’un journaliste palestinien à la rue Paulin-Méry, ce député antisémite qui avait créé un journal pour propager ses idées répugnantes.

    Ces malheurs qui se superposent disent le refus de chacun de considérer le chagrin de l’autre et le recroquevillement sur soi. Ils racontent aussi une perception différente que celle de notre génération, grandie avec la Shoah en filigrane.

    Sont jeunes – également et majoritairement – les habitants de Gaza, et jeunes aussi les Israéliens dont la moitié a moins de 30 ans. Tous sont nés dans un climat de violence, les uns ont grandi avec des cartes où ne figure pas l’État hébreu quand les autres, aux prises à des divisions internes, avaient semble-t-il oublié les Palestiniens. Comme les ont oubliés dans leurs transactions les pays arabes et musulmans qui ont signé des traités avec Israël.

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  8. Votre description synthétique, parallèle des deux terrifiants conflits en Palestine/Israël et en Ukraine est remarquable, terrifiante pour les palestiniens, encourageante pour l’Ukraine. Je suis chaque jour aux côtés des ukrainiennes et des ukrainiens, bouleversé par leur héroïsme, leur gentillesse, leur pudeur, sur le front comme dans les villes sous pluies de missiles. Ils nous remercient d’être les ( modestes !) messagers de leur martyr. Je les remercie plus encore de combattre pour l’Europe – leur Demeure- d’éclairer celle-ci, convoitée par le monstre insatiable du Kremlin et sa métastase programmée en France, le RN.

    Je crains le résultat de l’Élection européenne du 9 juin, visée par le sniper Poutine.

    Une nouvelle fois, Merci !

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  9. Merci Guillaume pour cette mise au point sur les campus. Je suis moi aussi effaré de voir tous ces journalistes, politiques et invités de plateaux et de pages, « relativisateurs » du drame de Gaza à travers la mise en exergue des étudiants qui bloquent les campus.

    Certes certains de ces étudiants ont des relents d’antisémitismes, mais cet anti sémitisme est directement provoqué, j’en suis convaincu, par la politique désastreuse du gouvernement israélien et le lourd massacre de Gaza, qui les aveugle certes, mais qui doit être arrêté de toute urgence.

    Les mises en cause de certains politiques (LFI) qui ont refusé le terme « terroriste » préférant celui de « résistant » sont aussi de nature critiquable, par la diversion qu’elle tente d’insinuer, par rapport à un massacre terroriste qui a été accompli en une journée, sur un massacre terroriste en cours qui dure depuis des mois.

    Oui, le Hamas est un mouvement « résistant » qui a commis un massacre « terroriste » le 7 octobre 2023. L’un n’exclut pas l’autre. Mais le fait que le Hamas soit un mouvement « résistant » ne justifie pas qu’il ait eu recours à des actes terroristes. Oui c’est un mouvement dictatorial qui entraine les Palestiniens dans leur perte. Mais c’est le Hamas qu’il faut combattre et pas les Palestiniens usés par 75 ans de mépris et de racisme.

    La résistance au parcage des palestiniens à Gaza, dont les derniers événements ont mis en relief toute l’horreur, et son caractère lui aussi terroriste, d’un terrorisme d’Etat, est parfaitement justifié. Le monde entier appelle à résister à la stratégie du gouvernement israélien. C’est une nécessité politique et morale.

    Sortant des douleurs effroyables de la Shoah, l’Etat d’Israël s’est implanté dans une colonie britannique, la Palestine, dont les seuls Israéliens ont eu droit à une décolonisation de fait et d’emblée. Cette injustice criante et odieuse, méprisante et raciste, est entretenue depuis 75 ans et n’est pas à l’honneur des Israéliens comme de leurs soutiens inconditionnels. Cela doit cesser, sinon cet état de fait génèrera d’autres horreurs « terroristes ». Ceux qui défendent cette injustice sont les véritables responsables de ce chaos humain.

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  10. Israël n’a jamais souhaité la création d’un état palestinien à ses frontières.

    Tant que tous les Palestiniens n’auront pas été rejetés à la mer ,les dirigeants israéliens ne seront pas satisfaits et le génocide continuera.

    Quant à tous ces étudiants « pro palestiniens  » qui manifestent en France, bloquent grandes écoles, facultés et coins de rues pourquoi sont ils tous masqués ? De quoi ont ils peur ? Leur attitude est lâche.

    Et pour certains ce sont nos futurs députés ou dirigeants politiques. Les générations de leurs parents et grands parents ont de quoi avoir peur pour l’avenir de la France.

    S Cazeneuve

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  11. Merci de nouveau pour cette lecture des faits, tactiques et intentions de part et d’autre, qui prouvent qu’il n’est nul besoin d’aller agiter encore plus le monde, bien au contraire. Les réseaux sociaux font mal,… même aux meilleurs visiblement, et le mal est souvent pavé de bonnes intentions. ‘Et si les dirigeants prenaient les bonnes décisions et que les étudiants donnaient le meilleur de leurs idées au lieu que les dictateurs restent assis en se frottant les mains pendant que les étudiants se délogent de leurs bancs?’

    Charlie Chaplin me manque…

    Je retiens pour ma part dans ce texte ces phrases qui me semblent d’une importance majeure pour la suite : « Netanyahou, en fragilisant Biden dans l’espoir de voir revenir au pouvoir son ami Donald Trump, met en danger plus que jamais l’avenir d’Israël. » Et : « À Moscou, Vladimir Poutine suit avec la plus grande attention le conflit au Proche-Orient dont le principal intérêt est de détourner une partie de l’attention et de l’aide militaire qui se mobilisent contre sa guerre de soumission de l’Ukraine. » 

    Une parfaite illustration de ce que peut donner comme résultat ce mélange extrême de soit disant bonne volonté et manque de discernement dans l’article du Monde sur ce monsieur appelé Texas, tout droit sorti du Monde Libre et arrivé dans le monde impitoyable de Poutine. Comment déchanter et perdre bêtement la vie avec une ridicule poignée de médailles qu’on emmène pas dans la tombe, après avoir empilé des théories toutes plus contradictoires les unes que les autres. À méditer.

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  12. je me demandais aussi si vous savez pourquoi les frontières d’israël ont été ainsi délimitées, et ce qui restait laissant deux territoires séparés pour la Palestine. Ce n’est pas une frontière logique ni idéale pour la Palestine. Ça me pose question sur l’origine le pourquoi de cette frontière ça me semble assez n’importe quoi. Déjà que les palestiniens étaient dégagés de leur territoire actuel à l’époque.
    Il fallait trouver un territoire pour Israël après la Shoah et la responsabilité collective de nous tous. Mais comme ça ?
    Sinon j’adhere absolument. C’est vrai que l’on met des projecteurs sur les écoles notamment science po. Alors que c’est naturel que la jeunesse se sente concernée par cette guerre, encore que j’aimerais qu’elle le fasse autant pour l’Ukraine et c’est vrai qu’elle n’oublie pas l’attaque horrible du Hamas (je n’ai pas regardé les images ni écouté les descriptions des faits, je trouve ça insupportable, je ne peux pas). Je désespère pour la Palestine depuis l’échec de Clinton j’ai tellement espéré. Et depuis je ne veux pas écouter sauf maintenant un peu pour ne pas trop espérer une solution qui ne vient pas.

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  13. Netanyahou est un dangereux extrémiste dont la guerre contre le Hamas martyrise une population prise en otage. Mais par ailleurs Israël et ses habitants ont le droit d’être là et d’y vivre en sécurité. La seule solution aujourd’hui est le voisinage apaisé d’un état palestinien et d’un état israélien mais les extrémistes des deux camps n’en veulent à aucun prix. Pendant que là bas des dizaines de milliers de vies sont fauchées, quelques centaines de wokistes-islamogauchistes occupent sans aucun risque les grandes universités et écoles occidentales et imposent trop facilement leur antisémitisme. Nous y voyons que nos démocraties fatiguées ne sont pas loin de la soumission. L’attaque anti occidentale étant globale, la défense doit l’être aussi. Du front russo-ukrainien au front israélo-palestinien tout en neutralisant les termites qui s’occupent activement à faire disparaître notre civilisation occidentale.

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  14. merci pour votre article. Est-ce que vous avez fait des recherches sur un lien entre l’attaque du Hamas et je crois une réunion avec l’Iran en Russie qui aurait précédé l’attaque ? Ça a été évoqué mais sans plus je crois.
    Je me pose aussi la question d’un intérêt des usa de ne pas précipiter l’issue du conflit Ukraine Russie parce que tant que ça dure la Russie s’affaiblit non ? 500.000 pertes (morts et blessés mais est-ce que dans ce décompte les blessés peuvent repartir combattre ? Le savez-vous ?) plus toutes les véhicules armes perdus l’économie réelle qui est arrêtée au profit de l’industrie de l’armement qui ne devrait durer qu’un temps au final ? Et de notre implication qui devrait être plus concrète puisque selon moi les ukrainiens protègent nos frontières ils nous défendent réellement et on les laisse mourir seuls même s’il leur revient aussi de vouloir défendre leur territoire ? C’est un peu confortable pour nous ? On oublie aussi de parler des garanties qui avaient été données à l’Ukraine quand elle a cédé à la Russie ses armes atomiques on ne le rappelle pas assez. La Russie s’était engagée à ne pas attaquer l’Ukraine les usa et l’Europe à défendre leur territoire ? C’était en 1991 ? Et qu’à t’on fait jusqu’à maintenant ? Interdire à l’Ukraine de frapper en Russie ? (Uk a finalement reconnu ce droit à l’Ukraine hier. Mais elle reste la seule encore) il y a tant à dire sur toutes ces ambiguïtés. Comme l’Allemagne qui poursuit ses intérêts économiques avec la Chine et donc ménage la Russie avec laquelle elle s’était tant liée à un point suspect si on peut dire. Évidemment il y a pour elle la responsabilité de la dernière guerre mais finalement ne risque t’elle pas de s’être justement encore liée au mauvais la Russie. Pourquoi fait-elle tjs les mauvais choix même si c’est un raccourci trop rapide et facile ?
    Merci pour votre article

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  15. Merci beaucoup pour cette nouvelle analyse hebdomadaire toujours aussi objective et pertinente.

    Si j’apprécie beaucoup votre plume, votre prose et vos interventions et que je vous rejoins sur la majorité des points, il y en a un sur lequel, j’ai de plus en plus de mal, c’est la définition de ce que le régime Netanyahou inflige aux palestiniens dans la bande de Gaza. Si on considère qu’il y a la guerre, alors ce sont des crimes de guerre, sinon au moins des crimes contre l’humanité. Quant au terme génocide, je suis tout à fait d’accord qu’il faille l’employer avec précaution. Avant tout, un petit rappel de la définition de 1948 adoptée par l’assemblée générale des nations unies (merci Wikipédia) :

    La Convention en son article 2 et le Statut en son article 6 entendent par (crime de) génocide

    « l’un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

    a) meurtre de membres du groupe ;

    b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

    c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

    d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

    e) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

    Le but de Netanyahou étant de rendre la bande de Gaza invivable pour les Palestiniens en la détruisant quasiment complètement et en interdisant ou limitant très fortement l’accès à l’aide humanitaire, les Palestiniens ont donc le choix entre rester sur place et risquer fortement de mourir sous un bombardement ou de faim ou faute de soin approprié ou de fuir par la Méditerranée où ils risquent fort de se noyer, alors Netanyahou condamne à mort indirectement ces Palestiniens et il me semble que ça rentre plutôt bien dans le cadre du c).

    J’espère que vous ne m’en voudrez pas d’avoir donner mon point de vue sur ce sujet épineux. Bonne continuation et encore un très grand merci pour tous vos articles et vos interventions toujours très intéressantes et instructives.

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    1. A partir du moment où l’on bombarde des hôpitaux et maternités et surtout dans la mesure où l’on empêche aujourd’hui les fuites, que ce soit par terre ou mer, le terme génocide peut effectivement être questionné et évidemment celui de ghetto quand on affame délibérément une population, voire de pogrom (comme dans certaines régions de Cisjordanie).

      J’écoute actuellement Alain Finkielkraut qui feint de croire qu’on ignore l’histoire, mais un génocide ou des pogroms ne peuvent indéfiniment justifier des ghettos, même si le Hamas s’est approprié, et souvent avec la complicité de responsables israéliens, cette bande de Gaza.

      L’argument d’antisémitisme (déjà détourné de son étymologie) devient éculé, à force de le détourner systématiquement comme l’anti-islamisme primaire.

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      1. « L’argument d’antisémitisme (déjà détourné de son étymologie) devient éculé… »

        On pourrait vous répondre que votre propos lui-même est éculé, et surtout (volontairement ?) ignorant.

        Le mot « sémite » est un mot qui apparaît au 19e siècle. Bien après l’antijudaïsme qui définissait l’idée que chaque chrétien devait combattre sa propre judéité, c’est-à-dire son interaction avec le monde des juifs, un contact judaïsant contraire à l’idée du bien. Cette idéologie permettait à chacun de critiquer toute autre personne en la qualifiant de « trop juive ».

        En linguistique, nous savons que l’apparition d’un nouveau mot répond au besoin d’exprimer des sentiments à une époque donnée, de réagir à un phénomène nouveau que le vocabulaire existant ne parvient pas à qualifier.

        Il s’est donc passé quelque chose, en Allemagne, au 19e siècle, qui a fait émerger le mot « antisémitisme », un mot créé par des antisémites pour exprimer leurs sentiments.

        C’est un mot allemand en trois parties, et non deux.

        ANTI – SEMITE – ISMUS

        ANTI a été choisi pour sa signification moins psychologique et émotionnelle que le mot « haine ».

        SEMITE désigne uniquement les juifs et le judaïsme car le mot émerge en Allemagne vers 1870, à une époque où les recherches savantes envisagent l’idée qu’à des langues différentes correspondent des manières différentes de penser, par des individus dont la nature serait différente. Aux aryens et aux langues latines, on a opposé des langues et des populations sémites. Et, à l’époque de ces recherches, les seuls sémites représentés en Europe sont les juifs. L’esprit de l’époque est celui des théories raciales, anti-juives, basées sur des considérations scientifiques.

        ISMUS montre le souci de donner un vernis académique au terme. En en faisant une école, un mouvement qui cohabite avec ceux qui émergent alors (libéralisme, socialisme, communisme…) on tente d’intellectualiser ce mot, de gommer le fait qu’il est le résultat d’émotions et de rejet.

        C’est en 1879, dans un pamphlet écrit par le journaliste Wilhem Marr, que le mot est utilisé pour la première fois hors du monde de la recherche.  

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      2. Mon sujet, c’est la linguistique. Et vous déformez mes écrits en en déplaçant les guillemets, ce qui change le sens de mon questionnement sur l’emploi inapproprié du mot ghetto. Je crains que cet emploi soit destiné à cautionner/renforcer/valider… celui du mot génocide.

        Pour le reste, outre que je ne prise guère, ni les outrances, ni les polémistes anonymes, je ne fais pas partie des gens qui pensent indispensable d’avoir tout le temps un avis sur tout. Je m’en tiens à mes domaines de compétences, de connaissances et d’études, à mes expériences ainsi qu’à ce dont j’assiste au quotidien. Et ce qui se vit autour de moi, à Paris, depuis le 7 octobre, c’est un antisémitisme de plus en plus affiché, pas un « discernement très mal partagé ».

        Hier encore, j’ai fait un signalement à la Ville de Paris suite à des tags « ogre » et « meurtrière » que j’ai constaté sur deux œuvres de Street-Art représentant Simone Veil, ces mêmes œuvres couvertes de croix gammées il y a un peu plus d’un an. Elles sont situées à deux pas du commissariat de police, sur la façade de la mairie… Le moins que l’on puisse dire, c’est que les auteurs de ces dégradations ne sont pas intimidés.

        Je n’ai pas vécu le fait que trois étudiantes m’agressent verbalement à la terrasse d’un café parce que je lisais un livre graphique d’un auteur juif comme un simple « discernement très mal partagé », d’autant que je suis une dame d’un certain âge, handicapée de surcroît. Si j’avais répliqué à leurs questionnements virulents avec une même agressivité, les choses auraient pu mal tourner.

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    2. Le site des Nations Unies précise :

       » L’idée que se fait le grand public de ce qui constitue un génocide va généralement au-delà de ce que renferme la norme au regard du droit international. […] L’intention est l’élément le plus difficile à établir. Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe. C’est cette intention spéciale, ou dolus specialis, qui rend le crime de génocide si particulier. En outre, la jurisprudence associe cette intention à l’existence d’un plan ou d’une politique voulue par un État ou une organisation, même si la définition du génocide en droit international n’inclut pas cet élément. Il est important de noter que les victimes de génocide sont délibérément visées – et non pas prises au hasard – en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’un des quatre groupes de population protégés par la Convention (ce qui exclut les groupes politiques, par exemple). La cible de la destruction doit donc être le groupe, en tant que tel, et non ses membres en tant qu’individus. Le génocide peut également être commis contre une partie seulement du groupe, pour autant qu’elle soit identifiable (y compris à l’intérieur d’une zone géographiquement limitée) et « significative ». « 

      Il faut prendre garde à l’emploi des mots, d’autant plus quand ils sont définis par le droit international, et se méfier de notre interprétation.

      Les attaques terroristes du 7 octobre ont détruit des habitats (tentes de bédouins israéliens, kibboutz, maisons individuelles), fait de nombreux orphelins et déplacé une population qui se trouve « réfugiée » dans son propre pays, toujours dans une situation précaire pour beaucoup.

      Les touristes ont fui, tous ces gens qui appréciaient tellement l’accueil, la diversité, l’ouverture d’esprit, le soleil, les plages, le dynamisme culturel et technologique, la médecine de pointe, la jeunesse, la vigueur et l’énergie qui se dégageaient dès lors que l’on mettait un pied hors de l’aéroport…

      Où sont tous ceux qui vantaient les mérites du Mossad pour mieux critiquer nos propres services, qui s’émerveillaient devant « Fauda »… On ne diffuse plus de séries israéliennes, on ne distribue plus de films israéliens sinon en catimini. En quelques mois, sous le couvert d’un désaveux – que je partage – de la politique menée par un gouvernement, c’est toute une société qui semble bannie, et cela ressemble fort à de l’antisémitisme. Un antisémitisme qui explose littéralement en France.

      J’habite non loin d’une synagogue et de commerces, restaurants et autres salons de thé… tous casher, que je fréquente de temps à autre. A la stupeur et l’affliction a succédé le soutien à la population israélienne ; désormais il y règne un climat de profonde et sourde angoisse. Les gens partent, chassés par la peur, et c’est bien un des buts des actes antisémites. Ils rejoignent cet État qui pourtant ne leur assure plus aujourd’hui qu’un semblant de sécurité. Et à ceux qui voient en Gaza un « ghetto » à ciel ouvert, on pourrait opposer qu’à ce rythme Israël deviendra également un « ghetto » à ciel ouvert. Méfions-nous des mots. De même que nous interprétons celui de génocide en fonction de notre propre sensibilité, celui de ghetto ne peut être employé à tort et à travers.

      Je termine par une anecdote qui dit bien la bêtise et la violence de l’antisémitisme qui saisit certains de nos compatriotes qui se complaisent dans l’ignorance et le rejet.

      J’apprécie énormément le genre littéraire du roman graphique, et j’ai donc acheté le dernier ouvrage de Joann Sfar « Nous vivrons », un gros pavé qui ne tenait pas dans mon sac. En chemin, j’ai commencé à le feuilleter et, aussitôt happée, je me suis installée à une terrasse, à côté de la fac de Tolbiac. Il n’a pas fallu cinq minutes pour que je sois abordée de façon agressive par des étudiantes qui jusque là buvaient tranquillement leur café. « Vous êtes juive ?  » « Vous êtes sioniste ? » « Vous soutenez Israël ? »… J’ai eu droit à un feu continu de questions auxquelles j’ai refusé de répondre.

      Pas une seule de ces étudiantes ne savait de quoi traite ce roman graphique particulièrement fin et intelligent. Pas une seule n’a accepté de le tenir en main, de le feuilleter, elles le regardaient comme si elles allaient vomir…

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      1. « À la fin du XVIIIe siècle, un orientaliste allemand inventa le terme sémite pour regrouper des langues parentes : l’arabe, l’hébreu et l’araméen (selon les descendants prétendus de Sem et pas de Cham ou Japhet). On parle aussi de chamito-sémitisme pour désigner les langues afro-asiatiques ». Je ne pense pas qu’un orientaliste, même allemand, se soit contenté de décrire la seule population présente en Europe; d’ailleurs, on retrouve cette définition de plusieurs peuples sémites dans le Littré français de l’époque.

        Bref, mon sujet n’est pas la linguistique, en particulier de distinguer un ghetto « à ciel ouvert (?) » d’un autre mais je constate qu’on peut entrer ou sortir d’Israël à sa guise, comme d’y acheminer ou en exporter des biens et de la nourriture, alors que ce n’est plus le cas de Gaza que l’on rend invivable et dont on cible en même temps que la population incluant femmes, enfants et probablement otages, sans distinction de responsabilité ou non dans le massacre du 7 octobre, les responsables politiques.

        Je vois que vous ne contestez pas par contre le terme de pogrom pour désigner les confiscations ou destructions de biens arabes (accompagnées de quelques assassinats tolérés par les autorités) en Palestine. Même si le discernement est très mal partagé chez nos étudiants, si vous faisiez partie d’une partie de cette population qui a dû fuir la Palestine après 1948, que penseriez vous de ceux qui en France tentent de justifier ou se taisent devant ce colonialisme en cours ?

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