Attaque chorégraphiée par l’Iran, riposte calibrée d’Israël pour désescalader, vote d’une aide massive au Congrès américain pour l’Ukraine. Vladimir Poutine en difficulté.


Au Proche-Orient, l’escalade évitée

Nous sommes probablement passés à côté d’un embrasement du Proche-Orient, avec une confrontation directe entre l’Iran et Israël.

Il faut d’abord rappeler que l’Iran a joué un rôle clé dans la préparation et le soutien au Hamas dans son attaque terroriste du 7 octobre contre Israël. L’hostilité entre les deux nations est historique et profonde, alors même qu’elles ne partagent pas de frontière terrestre. Rappelons aussi que l’Iran est l’un des plus proches alliés de la Russie dans son entreprise de déstabilisation de « l’ordre mondial » que mène Vladimir Poutine.

Le 1er avril, le gouvernement Netanyahou déclenchait une frappe en Syrie contre un bâtiment du consulat iranien, tuant deux généraux importants des « gardiens de la révolution », l’armée idéologique du régime des Mollahs. Une frappe de plus contre des responsables iraniens sur les territoires syrien, libanais ou irakien ? Non, pour la première fois l’Iran a considéré que cette attaque visait son propre territoire, et décidait d’une riposte massive contre Israël.

Une attaque « chorégraphiée » par l’Iran contre Israël

Le 13 avril, l’Iran lançait contre Israël une vague massive de vecteurs, tirés essentiellement et pour la première fois depuis son propre territoire : plus de 300 drones, missiles de croisière et missiles balistiques (missiles utilisant une trajectoire balistique), ont été lancés dans la nuit du 13 au 14 avril contre Israël.

La chorégraphie de cette attaque était soigneusement mise en scène par le pouvoir iranien pour la rendre spectaculaire… et cependant sans effet réel contre le territoire de son ennemi juré : les alliés d’Israël avaient été prévenus par l’Iran trois jours auparavant, afin qu’ils disposent du temps nécessaire pour organiser sa défense. Le régime islamique de l’Iran avait pris soin aussi de ne viser que des cibles militaires, de tirer la nuit pour éviter de faire des victimes et de ne pas commettre de dégâts irréversibles contre Israël. Le lancement de cette attaque massive était largement relayée sur les réseaux sociaux comme une démonstration de force d’un pays dont la population est 10 fois plus importante que celle d’Israël.

La mobilisation des alliés (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France mais aussi des pays voisins comme la Jordanie) pour défendre Israël a permis un taux d’interception réel de cette attaque de l’ordre de 95 %, qui semble avoir surpris le pouvoir iranien qui comptait probablement sur un effet plus spectaculaire que d’entrevoir seulement 15 des vecteurs utilisés (sur les 300) atteindre une cible sans réelle importance et quasiment sans image des dégâts occasionnés.

Dôme de fer, efficacité relative et illusion d’invincibilité

Trois éléments ont joué pour obtenir un taux d’interception réel de l’ordre de 95% des vecteurs lancés par l’Iran contre Israël :

1.Israël et ses alliés étaient prévenus (3 jours)

2.Beaucoup de vecteurs ont été interceptés avant d’approcher Israël (probablement l’essentiel des drones et missile de croisière, plus difficile de savoir pour les missiles balistiques)

3.Le Dôme de fer (au sens large, incluant les dispositifs Arrow et Fronde de David) a intercepté le reste, probablement une centaine de vecteurs.

Au moins 15 missiles sont arrivés sur leur objectif militaire, sans que le gouvernement israélien ne révèle les dégâts exacts.

Une centaine de vecteurs auraient atteint l’espace aérien d’Israël et 85% de ceux-ci ont été interceptés par le Dôme de fer -> sa performance réelle maximale dans ces conditions se situe entre 80 et 90%.

Dans une attaque inattendue, sans cercle de protection élargie par les alliés, avec des trajectoires saturantes et « vicieuses » (changement de trajectoire en vol), utilisant des missiles plus modernes de l’Iran, la protection d’Israël serait probablement de l’ordre de 50-60%, à condition d’avoir suffisamment de missiles d’interception (2 à 3 sont utilisés contre un seul missile).

Pour la première fois dans cet interminable conflit au Proche-Orient, l’Iran attaquait directement Israël, et ouvrait la porte d’un embrasement régional, tout en affichant vouloir l’éviter… La frappe iranienne n’était pas encore terminée que le régime des mollahs déclarait que « le sujet était clos ».

La crainte d’une riposte disproportionnée

La riposte préparée par le gouvernement Netanyahou laisser craindre le pire compte tenu de la politique de dévastation qu’il mène déjà contre la bande de Gaza… De plus, il n’échappait à personne que Netanyahou a tout intérêt à s’installer dans la guerre, et que l’Iran lui offrait la possibilité de déclencher ainsi une vaste opération terrestre contre le Hezbollah, son principal relais au Liban.

Après des discussions âpres, au sein même du gouvernement israélien, la riposte contre l’Iran s’est avérée très « calibrée » et clairement destinée à faire descendre la pression, à « désescalader » la situation.

En effet, les militaires israéliens sont conscients que la performance d’interception de cette vague de missile iranien était liée aux circonstances exceptionnelles, décrites plus haut, et qu’en cas d’attaque massive non anticipée, utilisant des trajectoires beaucoup plus vicieuses et des missiles plus performants, les dégâts sur Israël pourraient être considérables. En particulier, si l’Iran appliquait les techniques de bombardement utilisées par la Russie contre l’Ukraine consistant à cibler des civils en plein jour et en décalant des tirs pour faire des dégâts y compris chez les sauveteurs.

Par ailleurs, plusieurs membres du cabinet de guerre de Netanyahou ont fait valoir que l’attaque contre le consulat d’Iran, le 1er avril dernier, était une erreur, en ayant mal mesuré l’impact que cela aurait sur le pouvoir iranien. Le débat s’est cristallisé entre ceux qui voulaient à tout prix lancer une guerre contre le Hezbollah, voir essayer de détruire les capacités militaires nucléaires de l’Iran, et ceux qui ont conscience qu’Israël est déjà suffisamment éprouvée par cette guerre sans fin contre le Hamas, les troubles permanents en Cisjordanie et par la tension sur la frontière du Liban. Ces derniers estiment qu’Israël ne peut pas se permettre un conflit régional.

Le coût de la mobilisation d’une partie de son armée, même si elle a été réduite depuis le début de l’opération contre Gaza, est considérable et largement sous-estimée par un Benjamin Netanyahou qui joue principalement la carte de son maintien au pouvoir en s’installant dans la guerre. Et pourtant, en l’absence de stratégie adaptée, le premier ministre israélien n’a aucune chance de remplir les objectifs qu’il avait affichés dans sa guerre contre Gaza, détruire militairement le Hamas et libérer les otages.

Lire aussi : Netanyahou a-t-il fini de dévaster la bande de Gaza ?


Une frappe « calibrée » par Israël, de désescalade

C’est probablement une combinaison de la pression américaine par l’administration Biden, à la veille d’un vote crucial au congrès pour financer une aide indispensable à Israël (22 milliards de dollars), et de la réticence des responsables israéliens qui ont bien compris que l’absence de stratégie de Netanyahou conduisait l’État hébreu vers un gouffre.

La riposte israélienne, lancée sans bruit (médiatique) le 19 avril aurait consisté à tirer plusieurs drones contre des cibles militaires dans la région d’Hispahan au centre de l’Iran, probablement à partir du territoire même de l’Iran, et commettant à son tour des dégâts suffisamment limités pour que les médias ne puissent pas s’en emparer, d’autant que le pouvoir iranien avait tout intérêt à les minimiser. Une riposte « calibrée », miroir inversé de la frappe spectaculaire et « chorégraphiée » des Iraniens.

Le message pour l’Iran était cependant très clair : vous pouvez lancer des attaques contre Israël, mais vous pouvez aussi en être l’objet, mettant notamment en évidence que le système de défense anti-aérienne de l’Iran – dont le territoire est 75 fois plus vaste que celui d’Israel – n’est pas vraiment à la hauteur…

Un tournant dans les guerres au Proche-Orient et en Ukraine

Sans aller jusqu’à penser que Netanyahou est revenu à la raison, le gouvernement israélien a été bien inspiré de rester mesuré dans sa riposte contre l’Iran et d’éviter un embrasement régional, qui aurait mis en difficulté son principal allié : les États-Unis. En effet, un vote crucial a lieu, au Congrès américain le 20 avril, pour octroyer une aide financière militaire considérable à Israël (22 milliards de dollars), et plus encore à l’Ukraine (61 milliards de dollars) qui sont de nature à renverser la tendance actuelle sur ce front.

Cette aide vient à point nommé pour Israël, dont la société souffre de la mobilisation militaire et de la neutralisation d’une partie de la bande nord de son territoire, du fait des échanges de tir réguliers avec le Hezbollah libanais. Sans ce soutien des États-Unis, Israël risquait de sombrer dans une dépression économique, alors que l’État hébreu ne s’est pas vraiment remis de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, qui l’interroge plus que jamais sur son avenir, menacé par ses voisins d’autant plus que sa politique actuelle ne cesse d’attiser leur hostilité.

America is back… in Ukraine

Le retour de l’aide américaine, qui n’avait jamais vraiment cessé pour Israël, mais qui avait été véritablement essorée pour l’Ukraine depuis le déclenchement de la guerre au Proche-Orient en octobre 2023, marque probablement un tournant dans ce conflit. Vladimir Poutine, qui a été le principal bénéficiaire du déclenchement de cette crise sans précédent pour Israël, voit d’un seul coup l’espoir d’un embrasement régional s’éloigner et le retour d’une aide massive militaire américaine aux Ukrainiens revenir.  Certes, ces derniers n’ont jamais manqué de courage, mais ils commençaient sérieusement à manquer de munitions et d’équipements militaires.

Combinée à l’aide de l’Union européenne, dont la plupart des pays se mobilisent enfin pour défendre leur propre sécurité contre l’empire menaçant de la Russie de Poutine, l’aide militaire américaine va marquer une nouvelle phase dans le déroulement de ce conflit qui dure depuis plus de 2 ans maintenant. Rappelons aussi que des avions de combat F16 vont enfin être opérationnels en Ukraine, livrés par des pays européens avec l’accord des Etats-Unis.

Le Printemps 2024 va être difficile… pour la guerre de Poutine

D’une posture purement défensive et contrainte par le manque de munition, les courageux défenseurs ukrainiens pourraient ainsi reprendre l’ascendant sur une armée russe confrontée à des pertes colossales, du fait d’une stratégie d’usure impitoyable – imposée par Poutine – sans aucune considération pour ses propres soldats.

« Le printemps 2024 va être chaud » pour Vladimir Poutine qui se voyait en grand joueur d’échecs, mais dont les différentes parties prennent un tournant bien différent de ce qu’il pouvait espérer.

Le « maître du Kremlin » avait parié sur la multiplication des fronts pour disperser la capacité de réaction de pays occidentaux, empêtrés de plus dans des élections démocratiques qu’il méprise profondément et qu’il perturbe avec ses relais ancrés dans nos sociétés, de Donald Trump au Rassemblement national en France.

Relier la crise au Proche-Orient et la guerre en Ukraine

De fait, une forme de concurrence s’était établie entre la crise au Proche-Orient et la guerre en Ukraine, tandis qu’il convient pour les États-Unis comme pour les pays européens de ne pas dissocier ces conflits qui pèsent sur notre avenir, notamment du fait de leur interaction.

Lire aussi : Ces deux guerres qui nous mettent en danger et qu’il nous faudra régler 

Les Etats-Unis ont réussi à neutraliser – au moins pour un temps – l’incroyable pouvoir de nuisance de Donald Trump. La plupart des pays de l’Union européenne se mobilisent pour défendre l’Ukraine et leur propre avenir face à la guerre d’agression de Poutine. Un conflit régional a été évité pour Israël. Mais il reste une ombre, ou plutôt un trou noir à ce tableau qui porterait presque à l’optimisme : l’absence totale d’inflexion dans la guerre que mène Netanyahou contre la bande de Gaza, pourtant sans résultats.

Considérant même avec une forme de dédain l’attaque pourtant historique de l’Iran contre le sol israélien, Netanyahou se concentre dans son opération contre la bande de Gaza, et il n’a toujours pas abandonné son idée d’une grande offensive contre Rafah, la dernière partie de ce territoire à ne pas avoir été systématiquement devastée et réduite en ruines… Est-ce que les Israéliens mettront enfin un terme à cette politique sans stratégie et sans issue pour leur avenir ?

Lire aussi : Hiroshima sur Gaza, peut-on encore arrêter l’offensive Netanyahou ?




Pour approfondir,

Iran-Israël : ce que l’on sait de la riposte militaire israélienne (Ghazal Golshiri et Louis Imbert, Le Monde)


Emmanuel Dupuy : Un nouveau Moyen-Orient est en train d’émerger (MENA research center)


13 commentaires sur “Attaque chorégraphiée par l’Iran, riposte calibrée d’Israël pour désescalader, vote d’une aide massive au Congrès américain pour l’Ukraine. Vladimir Poutine en difficulté.

    1. Vladimir Poutine veut absolument pouvoir afficher des « victoires » dans cette opération militaire spéciale devenue guerre qui n’avance pas. Il n’hésite pas à utiliser des armes légalement interdites et à provoquer des pertes considérables dans les rangs de sa propre armée. Sa prochaine échéance est le « jour de la victoire » commémoré le 9 mai en Russie

      J’aime

  1. « Le Printemps 2024 va être difficile… pour la guerre de Poutine »

    C’est aller peut être un peu vite en besogne. Le printemps 2024 a déjà un mois et c’est surtout pour les Ukrainiens qu’il est très difficile.

    Si de l’armement US va rapidement arriver, il ne va pas arriver non plus en un jour. Il va falloir du temps pour reconstituer des stocks si les Ukrainiens veulent repasser un jour à l’offensive.

    Rien ne serait pire pour les Ukrainiens que d’utiliser les munitions au fur et a mesure de leur livraison pour arrêter les Russes et obérer leur chance de reprendre l’initiative et de passer à l’offensive.

    Mieux vaut peut être pour les Ukrainiens accepter la perte de terrain pour favoriser la constitution de stocks.

    Les armes ne font pas tout. La pénurie d’armes est généralisée sur tout le front mais il y a des secteurs ou les Ukrainiens résistent très bien avec des Russes qui n’avancent pas ou que très marginalement.

    Et puis il y a ce qui ce passe du coté d’Adviivka ou l’on peut supposer qu’avec le colonel Général Andreï Mordvitchev, les Russes tiennent la un élément promis à un brillant avenir. En toute objectifité, il faut reconnaitre que la manœuvre en direction d’Ocheretyne a été exemplaire avec une progression toute le long de la ligne de niveau des 240m.

    Par contre, on peut se poser des questions sur la qualité des troupes et du commandement Ukrainien dans ce secteur.

    Et si les cartes de Clément Molin correspondent à la réalité, l’implantation des fortifications UKR interpelle.

    J’aime

  2. Bonjour,

    Et si l’Ukraine a quand même perdu la guerre ?

    Par cette réflexion, je ne veux pas passer pour ce que je ne suis pas. Je ne suis certainement pas un stratège, je ne suis en aucun cas militaire ou homme politique. Je ne milite absolument pas pour le gouvernement russe actuel, ni pour toutes les franges extrémistes.

    Je donne par ces mots simplement mon point de vue ; ouvert à toutes critiques sans outrecuidance aucune.

    Et si l’Ukraine a quand même perdu la guerre ?

    Je persiste à le penser !

    De tous les points de vue

    Economique

    Selon l’article du courrier international du 05 août 2022 (https://www.courrierinternational.com/article/finance-l-ukraine-ne-peut-plus-payer-ses-dettes) la dette mensuelle Ukrainienne s’élèverait à près de 5 milliards de dollars. Après 26 mois de guerre la somme de cette dette se situerait donc à près de 130 milliards de dollars ; et la guerre est loin d’être terminée. Ce qui signifie qu’à chaque mois qui passe s’ajoute quelques milliards supplémentaires.

    Quand je regarde les cartes, actualisées journellement, je constate que 25% du pays est occupé par les troupes d’occupation russes.

    Après plusieurs mois de combats acharnés (exemple Marioupol), c’est aussi un énorme potentiel industriel ukrainien qui est désormais réduit à néant.

    Humain. La guerre est consommatrice d’hommes et de femmes. Après 26 mois de guerre, selon le Président ukrainien (https://fr.euronews.com/2024/02/25/volodymyr-zelensky-devoile-les-pertes-humaines-ukrainiennes) 31 000 hommes seraient morts au combat, et sans doute un nombre aussi important de blessés (nombre non dévoilé à l’heure actuelle), ce qui augmente l’incapacité à la fois des combattants mais aussi de soldats non de métiers enrôlés pour défendre leur patrie et qui ne pourront plus à l’avenir exercer un quelconque métier, sans compter un nombre chaque jour plus réduit de combattants formés.

    Militaire.

    Pour lutter contre l’invasion une consommation effrénée d’armes et de munitions est faite quotidiennement. D’une part il faut les produire et d’autre part il faut en acheter. Les armes en usage sont de plus en plus sophistiqués et requiert non seulement un potentiel militaro-industriel, mais aussi des fournisseurs de qualité.

    La notion seule de guerre étant quasiment bannie de notre langage et culture, les pays européens, dont la France, ne sont malheureusement pas en capacités industrielles de produire des armes et des munitions en quantité suffisante pour soulager un pays seul. Si le cas se produisait pour la France, nous n’aurions-nous-même plus la capacité pour fournir nos propres armées.

    L’Europe, après avoir vidé ses stocks d’armes obsolètes, l’Ukraine a donc recours logiquement directement aux fournisseurs des pays européens.

    Financier. L’argent est le nerf de la guerre.

    Comme nous l’avons vu plus haut, l’Ukraine perd tous les mois une somme colossale qui ne fait que s’accroitre. Aucune compensation n’est actuellement possible sans avoir recours à des aides des pays « partenaires ». Les Américains viennent de libérer une somme de 60 milliards de dollars. Soit, si j’en crois les chiffres précédents, cela représente l’équivalent d’une année de guerre.

    D’autre part, certains pays européens se sont semblent-ils concertés pour effacer une partie de la dette en due par l’Ukraine vis-à-vis d’eux. Ce qui signifie que la somme des dépenses toujours plus importantes ne change strictement rien aux remboursements futurs.

    Diplomatiques

    La Russie développe une intense activité diplomatique.

    D’abord, l’attaque du Hamas le 07 octobre dernier en Israël n’est certainement pas le fruit du hasard (ce point de vue est issue de la lecture des autres articles de Guillaume Ancel que je rejoins, parce que cela me semble parfaitement logique). Les américains financent et aides Israël en terme de production d’armement et de munitions. Ce sont donc, autant de munitions qui vont manquer à L’Ukraine.

    Ensuite, les attaques de la part de l’Iran quelques mois plus tard, et qui ne sont que la réponse des Mollahs, s’exercent dans ce contexte de déstabilisation de la région du Proche orient, pour d’une part créer une sorte de second front ; en particulier américain et européen. D’autre part, cette situation pourrait s’envenimer par la potentielle fermeture des détroits (principalement Tiran et Ormuz) nécessaires à la livraison  du pétrole ; ayant pour but de provoquer une augmentation des coûts et donc de chercher à déstabiliser l’économie européenne majoritairement dépendante et déjà fragilisée.

    Pour l’heure la Russie est l’alliée de l’Iran.

    (https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/17/apres-l-attaque-de-l-iran-sur-israel-moscou-et-pekin-font-bloc-derriere-teheran-et-contre-washington_6228303_3210.html)

    Enfin la Chine. Un jeu trouble de la part de ses services en particulier vis-à-vis de Taïwan, qui nécessite pour les américains de déployer en plus des forces maritimes supplémentaires sur cette région du globe.

    Les aides américaines ne pourront pas tout faire, les européens non plus !

    Et Demain ?

    C’est un véritable drame qui se joue sous nos yeux. Par la seule volonté d’un seul homme, l’Ukraine n’a, dans un avenir proche, plus aucune perspective d’évolution économique, social, et culturelle.

    Ce pays est détruit. Il va falloir des masses colossales d’argent, de travailleurs, de fournitures, pour proportionner les infrastructures et reconstruire le pays. Sans doute au moins un bon quart de siècle sera nécessaire pour redonner un semblant de stabilité.

    Quel est le rôle de la France ? A part les effets d’annonces, quelles actions mettons-nous en œuvre ?

    L’Europe ? Notre pays se retranche derrière les positions européennes. Et malgré la courageuse intervention de notre Président de la République, la guerre n’a pas cessé, et la situation actuellement stabilisée sur le front ne réduit en rien les offensives russes, ni ses actions diplomatiques en dehors de ce théâtre des opérations.

    C’est à la suite de toutes ces réflexions que je pense que l’Ukraine a perdu la guerre !

    A suivre

    Merci Guillaume pour tous ces billets. A bientôt

    René

    J’aime

  3. Les États Unis savent que ce qui se joue depuis le 7 octobre c’est la fuite en avant d’un Netanyahou réélu pour échapper à des poursuites pour corruption, pris en otage par des fanatiques religieux et des suprémacistes messianiques.

    Si aucun président américain ne peut être élu en étant ouvertement opposé à Israël, l’inverse est vrai également, aucun premier ministre israélien ne peut rester au pouvoir sans l’aval des États Unis, et les Américains sont excédés par l’hybris exorbitant de Bibi.

    En pleine marche vers les élections présidentielle, les Américains ne peuvent se permettre de donner l’impression de se laisser forcer la main par Israël.

    Après les massacres perpétrés depuis le 7 octobre, l’opinion publique américaine (pas les médias en charge de l’entretien du narratif sioniste) voit d’un très mauvais œil l’usage fait par les Israeliens de l’aide financière et militaire qui en ces temps de crise leur apparait plus que jamais comme une privation, à l’instar de l’argent public américain préempté par Zelenski.

    Aucun Américain ne veut aller mourir pour Israël. Les horreurs et les crimes de guerre israéliens ne sont pas compatibles avec l’image que les Américains ont d’eux mêmes et avec les valeurs de l’Amérique. Les Américains ont compris que Netanyahou et ses fanatiques veulent un embrasement régional pour se maintenir au pouvoir. 

    Une intervention américaine contre l’Iran donnerait l’impression d’une Amérique tenue en laisse et menée à sa perte dans un chaos régional qui deviendra mondial, et les Américains ont compris qu’ils n’ont aucune obligation de se sacrifier pour Israël.

    Les Israéliens sont tombés dans le piège du Hamas. Ils ont perdu la guerre contre le Hamas à Gaza puisque malgré les destructions, ils sont obligés de mobiliser 60% de leur puissance militaire pour résister à Gaza.

    Ils ne peuvent pas vaincre le Hezbollah au Liban. Ils ne peuvent pas vaincre la Syrie.

    L’Iran a réagi très intelligemment, les autres acteurs de la région n’interviendront pas pour souligner qu’il s’agit d’une réponse justifiée et mesurée à une agression israélienne caractérisée.

    Avec une crise énergétique pétrolière et gazière à la clé et une rupture du trafic de marchandise mondial, un embrasement régional aurait des conséquences fatales pour l’économie américaine.

    Les Américains laisseront Netanyahou et sa clique de fanatiques assumer les conséquences de leurs actes.

    J’aime

  4. Et si l’Ukraine a quand même perdu la guerre ?

    Par cette réflexion, je ne veux pas passer pour ce que je ne suis pas. Je ne suis certainement pas un stratège, en aucun cas je ne suis militaire ou homme politique. Je ne milite absolument pas pour le gouvernement russe actuel, ni pour toutes les franges extrémistes.

    Je donne par ces mots simplement mon point de vue ; ouvert à toutes critiques sans outrecuidance aucune.

    Et si l’Ukraine a quand même perdu la guerre ?

    Je persiste à le penser !

    De tous les points de vue

    Économique

    Selon l’article du courrier international du 05 août 2022 (https://www.courrierinternational.com/article/finance-l-ukraine-ne-peut-plus-payer-ses-dettes) la dette mensuelle Ukrainienne s’élèverait à près de 5 milliards de dollars. Après 26 mois de guerre la somme de cette dette se situerait donc à près de 130 milliards de dollars ; et la guerre est loin d’être terminée. Ce qui signifie qu’à chaque mois qui passe s’ajoute quelques milliards supplémentaires.

    Quand je regarde les cartes, actualisées journellement, je constate que 25% du pays est occupé par les troupes d’occupation russes.

    Après plusieurs mois de combats acharnés (exemple Marioupol), c’est aussi un énorme potentiel industriel ukrainien qui est désormais réduit à néant.

    Humain. La guerre est consommatrice d’hommes et de femmes. Après 26 mois de guerre, selon le Président ukrainien (https://fr.euronews.com/2024/02/25/volodymyr-zelensky-devoile-les-pertes-humaines-ukrainiennes) 31 000 hommes seraient morts au combat, et sans doute un nombre aussi important de blessés (nombre non dévoilé à l’heure actuelle), ce qui augmente l’incapacité à la fois des combattants mais aussi de soldats non de métiers enrôlés pour défendre leur patrie et qui ne pourront plus à l’avenir exercer un quelconque métier.

    Militaires.

    Pour lutter contre l’invasion une consommation effrénée d’armes et de munitions est faite quotidiennement. D’une part il faut les produire et d’autre part il faut en acheter. Les armes en usage sont de plus en plus sophistiqués et requiert non seulement un potentiel militaro-industriel, mais aussi des fournisseurs de qualité.

    La notion seule de guerre étant quasiment bannie de notre langage et culture, les pays européens, dont la France, ne sont malheureusement pas en capacités industrielles de produire des armes et des munitions en quantité suffisante pour soulager un pays seul. Si le cas se produisait pour la France, nous n’aurions-nous-même plus la capacité pour fournir nos propres armées.

    L’Europe, après avoir vidé ses stocks d’armes obsolètes, l’Ukraine a donc recours logiquement directement aux fournisseurs des pays européens.

    Financier. L’argent est le nerf de la guerre.

    Comme nous l’avons vu plus haut, l’Ukraine perd tous les mois une somme colossale qui ne fait que s’accroitre. Aucune compensation n’est actuellement possible sans avoir recours à des aides des pays « partenaires ». Les Américains viennent de libérer une somme de 60 milliards de dollars. Soit, si j’en crois les chiffres précédents, cela représente l’équivalent d’une année de guerre.

    D’autre part, certains pays européens se sont semblent-ils concertés pour effacer une partie de la dette en due par l’Ukraine vis-à-vis d’eux. Ce qui signifie que la somme des dépenses toujours plus importantes ne change strictement rien aux remboursements futurs.

    Diplomatiques

    La Russie développe une intense activité diplomatique.

    D’abord, l’attaque du Hamas le 07 octobre dernier en Israël n’est certainement pas le fruit du hasard (ce point de vue est issue de la lecture des autres articles de Guillaume Ancel que je rejoins, parce que cela me semble parfaitement logique). Les américains financent et aides Israël en terme de production d’armement et de munitions. Ce sont donc, autant de munitions qui vont manquer à L’Ukraine.

    Ensuite, les attaques de la part de l’Iran quelques mois plus tard, et qui ne sont que la réponse des Mollahs, s’exercent dans ce contexte de déstabilisation de la région du Proche orient, pour d’une part créer une sorte de second front ; en particulier américain et européen. D’autre part, cette situation pourrait s’envenimer par la potentielle fermeture des détroits (principalement Tiran et Ormuz) nécessaires à la livraison  du pétrole ; ayant pour but de provoquer une augmentation des coûts et donc de chercher à déstabiliser l’économie européenne majoritairement dépendante et déjà fragilisée.

    Pour l’heure la Russie est l’alliée de l’Iran.

    (https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/17/apres-l-attaque-de-l-iran-sur-israel-moscou-et-pekin-font-bloc-derriere-teheran-et-contre-washington_6228303_3210.html)

    Enfin la Chine. Un jeu trouble de la part de ses services en particulier vis-à-vis de Taïwan, qui nécessite pour les américains de déployer en plus des forces maritimes supplémentaires sur cette région du globe.

    Les américaine ne pourront pas tout faire, les européens non plus !

    Et Demain ?

    C’est un véritable drame qui se joue sous nos yeux. Par la seule volonté d’un seul homme, l’Ukraine n’a, dans un avenir proche, plus aucune perspective d’évolution économique, social, et culturelle.

    Ce pays est détruit. Il va falloir des masses colossales d’argent, de travailleurs, de fournitures, pour proportionner les infrastructures et reconstruire le pays. Sans doute au moins un bon quart de siècle sera nécessaire pour redonner un semblant de stabilité.

    Quel est le rôle de la France ? A part les effets d’annonces, quelles actions mettons-nous en œuvre ?

    L’Europe ? Notre pays se retranche derrière les positions européennes. Et malgré la courageuse intervention de notre Président de la République, la guerre n’a pas cessé, et la situation actuellement stabilisée sur le front ne réduit en rien les offensives russes, ni ses actions diplomatiques en dehors de ce théâtre des opérations.

    C’est à la suite de toutes ces réflexions que je pense que l’Ukraine a perdu la guerre !

    A suivre

    J’aime

  5. Où va le monde?

    Des conflits reprennent dans des zones sensibles du Proche Orient.

    Souvenons-nous des croisades où ces milliers de Chrétiens partaient de l’Europe de l’époque vers Jérusalem pour délivrer le tombeau du Christ des  » Infidèles », ceux qui maintenant nous traitent de « mécréants  » et nous assassinent chez nous.

    Quant à la Vieille Europe, même élargie, elle a encore besoin une fois de plus des USA pour se défendre de l' »ogre stalinien ».

    Le rideau de fer et la guerre froide avaient du bon. Chacun se regardait en chien de faïence mais personne n’osait bouger.

    Payons – nous la chute du mur de Berlin et la fin de l’URSS ? Certainement.

    Merci pour toutes vos interventions sur diverse chaines de TV. Vous êtes dans l’information juste, modérée et rassurante.

    S. Cazeneuve

    Aimé par 1 personne

  6. Bonjour M. Ancel

    vous dites souvent que la société israélienne n’est pas au courant de ce qui se passe à Gaza. Nul doute que les foyers israéliens sont équipés de chaînes satellitaires et notamment Al Jazira. De plus , je pense que beaucoup d’Israëliens comprennent la langue arabe. Enfin, si la société israélienne étaient au courant de ce qui se passe à Gaza, pensez-vous que cela aurait une influence sur Netanyahou et son cabinet de guerre ?

    cordialement

    J’aime

  7. Pour voir les « photos pas classe » d’une association de malfaiteurs qui a pris racines de longue date, et continuer la visite, feuilleter le livre suivant et y admirer ces types (je parle de Donald et Vladimir P.) qui ne risquent pas grand chose à part la vie des autres jusqu’ici :

    « Les hommes de Poutine » (ou version anglaise: « Putin’s people ») de C. Belton.

    Vu les ramifications, et la complexité du puzzle, ne serait-on pas en droit de se poser des questions aussi sur le silence d’un futur pro du son et lumières : MBS… en mode observation, ou participation?

    J’aime

  8. merci Guillaume pour cette analyse multi-fronts qui a le mérite d’afficher les forces et faiblesses des belligérants – et le rôle central des Etats Unis, donc de la future élection présidentielle.

    pourvu que les deux faiseurs de guerre, Poutine et Netanyahou, comprennent avant d’en être réduits aux « dernières extremités », l’impasse dans laquelle ils mènent leur pays.

    Aimé par 2 personnes

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.