Ukraine : pourquoi ce débat autour des chars Leopard ?

Nous espérions que la réunion de ce 20 janvier à Ramstein (Allemagne), entre les principaux pays occidentaux impliqués dans le soutien à la résistance ukrainienne face à l’invasion russe de Poutine, permettrait de trouver une solution pour livrer un parc de chars de combat à l’Ukraine. 

Chars Allemands Leopard 2 à l’entraînement

Fournir à l’Ukraine la capacité de refouler les armées russes

Cette question des chars de combat est d’abord lié à la volonté des Occidentaux de fournir enfin à l’Ukraine une capacité offensive : ne plus se contenter de livrer des systèmes essentiellement défensifs, dont le système anti-missiles américain Patriot est l’élément le plus sophistiqué et coûteux, mais bien de donner aux soldats ukrainiens (hommes et femmes) la clef de voûte d’une capacité à repousser l’envahisseur lourdement blindé et armé : un parc de chars de combat.

Lire aussi : les occidentaux fournissent à l’Ukraine une capacité offensive à l’Ukraine, un tournant dans la guerre ?

La notion de « parc » est importante, j’y reviendrai plus loin, car de tels matériels ne sont efficaces qu’en nombre significatif – plusieurs centaines d’exemplaires pour cette guerre – et de modèles suffisamment proches pour permettre une logistique industrielle.

Par ailleurs, nous parlerons ici de chars modernes, car plusieurs pays comme la Pologne ont déjà fournis à l’Ukraine des chars russes de type T72 (tank modèle 1972) pour remplacer ceux que possédaient les Ukrainiens et qui ont été détruits pendant ces 11 mois de combat. Des matériels anciens qui se sont révélés aussi peu résistants que pauvres en performance. Des chars obsolètes emblématiques de l’armée russe…

Les chaînons manquants pour une contre-offensive ukrainienne

La France avait initié le mouvement d’un équipement offensif en proposant de livrer des chars légers de reconnaissance AMX10-RC, mais il manque encore à ce stade deux armements cruciaux et de nature assez différente pour les Ukrainiens :

Des missiles pour frapper « dans la profondeur », au-delà de 100 km, pour fragiliser l’ennemi et lui interdire de structurer des bases de combat en arrière qui sont essentielles dans ces affrontements lourds : des stocks de munitions en particulier d’artillerie, des dépôts de carburant dont sont très consommateurs les engins blindés du fait de leur poids, et des postes de commandement capables de coordonner de vastes mouvements logistiques et opérationnels.

Actuellement les forces ukrainiennes ne peuvent qu’exceptionnellement frapper au-delà de 60 km par rapport à la ligne de front, soit la portée maximale de 80 km des munitions lancées des Himars (lance-roquettes multiples) diminuée de 20 km pour ne pas les exposer aux tirs d’artillerie russe. 

Lire aussi : les armements utilisés dans la guerre russe contre l’Ukraine 

Cela signifie concrètement que les armées russes peuvent structurer des bases solides à plus de 60 km de la ligne de front, une situation compliquée mais encore gérable. Ça ne serait plus soutenable si elles devaient éloigner leur propre soutien de plus de 200 km de la zone de combat, la logistique étranglerait alors la capacité de combat des armées russes. 

Sur ce sujet, les Etats-Unis ne semblent pas prêts à franchir le pas, ces armes – comme le missile ATACMS de 300 km de portée – étant susceptibles de frapper en Russie, offrant sur un plateau à Poutine la possibilité de déclencher une « guerre patriotique » pour sauver sa sainte patrie et son pouvoir. 

Missile ATACMS tiré d’un Lance-roquettes multiples

L’autre « arme manquante » dans l’arsenal ukrainien, pour pouvoir mener une offensive, est l’engin structurant du combat blindé, le char de combat. C’est l’engin le plus lourd et le plus puissant du champ de bataille terrestre, un blindé lourd (près de 60 tonnes), capable de se déplacer presque partout grâce à ses chenilles, et armé d’un canon très puissant qui tire jusqu’à 4 km tout en se déplaçant. 

Char français Leclerc en manœuvre d’entraînement

Le problème est qu’il est, dans sa version moderne, particulièrement sophistiqué, complexe à entretenir et coûteux. Cela veut dire que livrer une quinzaine d’exemplaires de Challenger britannique ou de Leclerc français n’a pas trop de sens dans la mesure où il faudrait organiser un soutien logistique disproportionné par rapport aux quelques engins déployés.

Une « quinzaine de chars » correspond par ailleurs à l’équipement d’une « unité de combat », appelée « escadron de chars » dans l’armée française et commandée par un capitaine.

En réalité, ces chars ne sont pas très difficiles à utiliser et la motivation des combattants ukrainiens leur permettrait d’employer n’importe lequel de ces engins après quelques semaines de formation. 


Mais le soutien industriel, la capacité à les ravitailler, à les préparer au combat, à les réparer représentent une organisation colossale, mobilisant des centaines de techniciens de haut niveau et un outil industriel considérable qui n’existe pas à proximité de l’Ukraine… sauf pour le Léopard 2.

Le Leopard 2 est le meilleur compromis pour fournir des chars performants et en nombre suffisant à l’Ukraine 

Fabriqué en Allemagne, le char Leopard 2 a fait l’unanimité en Europe, à l’exception de la France qui n’a pas voulu le reconnaître et a préféré construire un concurrent inutile, le char Leclerc, guère plus performant mais bien plus coûteux et limité en nombre, quelques centaines d’exemplaires quand le Leopard 2 a été construit en milliers.


De fait, le Leopard 2 est le meilleur compromis entre capacité opérationnelle (même si ses nombreuses versions ont des performances assez différentes), rusticité relative (il est moins sophistiqué que le M1 Abrams américain qui est le plus compliqué dans le genre), le nombre d’exemplaires mobilisables pour l’Ukraine (plusieurs centaines) et surtout la capacité pour les pays voisins comme la Pologne à les soutenir puisqu’ils en possèdent déjà. 


Le compromis recherché par les Occidentaux consisterait donc à livrer un parc de plusieurs centaines de Leopard 2 à partir des stocks existants dans différents pays européens, en Pologne notamment, et en remplaçant notamment ces derniers par des M1 Abrams. 

La réticence historique et stratégique de l’Allemagne

Mais il faut pour cela lever un obstacle de taille, la réticence de l’Allemagne qui vient d’abord d’un frein historique. Ce sont des chars « made in Germany » qui se chargeraient de flanquer une raclée à l’armée russe, quatre-vingt ans après la deuxième guerre mondiale où les hordes nazis avaient ensanglanté l’Europe et une grande partie du Monde. Certes, cette sensibilité historique de l’Allemagne est un peu paradoxale si l’on considère que l’Ukraine faisait alors partie de l’URSS…

Néanmoins, les Allemands accepteront l’emploi en Ukraine d’un matériel construit par eux seulement s’il s’agit bien d’une coalition internationale qui en supporte la responsabilité. 

Estimation des stocks de chars Leopard 2 en Europe

Juridiquement – car il existe encore des notions de droit dans la guerre – les chars Leopard 2 ne peuvent pas être exportés sans l’accord du pays d’origine. Cette clause de non-réexportation est assez classique dans le domaine de l’armement et elle permet (en termes de droit) à l’Allemagne de s’opposer à l’utilisation des chars Leopard 2 au-delà des acheteurs autorisés. 

La réunion de Ramstein était donc importante, car elle cherchait à sceller cet accord tandis que – et c’est la troisième raison de la réticence allemande – la Russie de Poutine pourrait s’en prendre délibérément à l’Allemagne en considérant que c’est son consentement qui permettrait aux Ukrainiens de mettre en péril l’opération militaire spéciale de Vladimir Poutine. 

L’Allemagne veut une coalition pour livrer des chars à l’Ukraine contre la Russie 

Certes, l’Allemagne bénéficie du pacte défensif de l’OTAN qui veut que tous ses membres doivent se considérer agressés si l’Allemagne était attaquée, mais qui ne définit pas pour autant (pardon pour le jeu de mots) ce que devrait être la réaction de chacun des pays membres. 

Autrement dit, rien n’interdit à un membre de l’OTAN de considérer qu’une lettre de protestation vigoureuse ne soit la réaction appropriée dans son cas… 

Donc, l’Allemagne a besoin de « garanties internationales » sur le fait que ce n’est pas elle qui prendrait la décision de livrer des chars Leopard 2, mais bien une coalition d’alliés qui en supporterait la responsabilité et ses conséquences. 

Le sort de la guerre en Ukraine est lié en partie à cette décision sur les chars de combat

En effet, les conséquences de cette livraison de chars seront cruciales, l’Ukraine mènera dès que possible une offensive aussi puissante que lui permettront les moyens fournis. Deux à trois cents chars de combat (modernes) sont de nature à renverser le front, tandis que les Ukrainiens disposent déjà des soldats avec un moral d’acier et de tout l’environnement pour mener cette offensive, notamment le renseignement et les états-majors de haut niveau qui font défaut aux Russes. 

La question est désormais le temps, il faudra plusieurs semaines pour acheminer ces chars, et former les équipages et les maintenancier, une fois la décision prise. Le printemps est désormais l’horizon de temps d’une telle offensive, sauf si les Ukrainiens tentaient une percée par la vitesse pendant que tout le monde discute pesamment des moyens lourds dont ils auraient besoin…

Mise à jour le 25 jan : les Allemands ont annoncé officiellement leur accord pour la livraison et la réexportation de chars Leopard 2. Les Alliés annoncent un accord global de livraison de chars Leopard 2 à l’Ukraine, plus de 80 exemplaires avec un complément de chars américains Abrams qui reste à confirmer. La formation des équipages aurait déjà commencé.


(PS : à l’heure des questions de budget pour construire la défense dont la France aurait besoin, la question de l’Europe est tragiquement absente, remplacer le char Leclerc par le Leopard 2 relèverait pourtant de la même logique que celle décrite dans cet article)


Lire aussi : Poutine est la clef de la guerre russe contre l’Ukraine, sa chute est le préalable à toute paix durable

34 commentaires sur “Ukraine : pourquoi ce débat autour des chars Leopard ?

  1. Permettez-moi une question : Il me semble que notre armée a « prépositionné  » des Leclerc en Roumanie. Comment nos stratèges envisagent-ils leur utilisation éventuelle puisqu’ils sont si peu nombreux et , reprenant votre argument, leur coût d’entretien n’y est-il pas prohibitif. ? Posons la question inverse : puis qu’il y en a déjà à proximité avec le soutien ad hoc, peut-on imaginer une synergie avec ceux qu’on serait suceptible d’envoyer ?
    Le plus désagréable est l’impression de désapointement, de cafouillage et de géniale improvisation nos gouvernements autant que de nos généraux. Chaque fois que les politiques franchissent une marche (on ne leur reprochera pas de réfléchir et d’hésiter, les décisions sont lourdes) on a le sentiment que rien n’a été anticipé.
    Sincères salutations

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    1. Le coût du soutien de cet escadron de Leclerc est évidemment une question, il serait à multiplier par deux ou trois s’il fallait les engager en opération et sans doute par dix s’il fallait les engager en Ukraine avec toute la difficulté d’une chaine logistique dans un pays en guerre, ce qui n’est pas le cas de la Roumanie.
      Pour le reste, les militaires aiment bien tout planifier, heureusement cela ne se passe jamais comme « prévu »…

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  2. Monsieur,
    J’ai une question un peu hors sujet. La France dispose de centaines de Mirage 2000, de Gazelle anti-char et de Dauphin + Exocet dont elle se débarrasse au fur et à mesure. Pourquoi ne les donne-t-elle pas à l’Ukraine ?

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  3. Monsieur, je vous remercie pour la pertinence de vos analyses. A un moment de votre intervention à C dans l’air, vous indiquez que les chars Leclerc furent utilisés par l’Arabie Saoudite. La France pourrait-elle prendre ces tanks pour les donner à l’Ukraine ? Et dans le même temps, relancer (car hélas la guerre va durer plusieurs années) l’outil industriel pour produire les pièces détachées, voire reconstruire des chars pour accroître notre dotation en place chez les ukrainiens.

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      1. Monsieur je vous remercie de votre réponse rapide. Je me rends compte de la fragilité de notre défense: pas de matériel en suffisance + chars fragiles et nécessitant une maintenance complexe + ligne d’assemblage démantelée + 4 ans pour relancer une série !!!

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      2. @Gerald. Bonsoir. J’ai un petit avis personnel réfutable.

        Permettez-moi d’apporter une précision sur l’état des forces en France. La relance générale, partout, des armements dans un contexte conflictuel peut en effet inquiéter ici, après vingt ans de réduction des moyens offensifs. Néanmoins, il ne faut pas faire abstraction des alliances militaires et de la capacité de dissuasion ultime nationale.

        D’une part, la France étant dans le commandement intégré de l’OTAN, l’article 5 de défense mutuelle est applicable en cas de défense du territoire (sans parler des accords stratégiques bipartites). Dans cet esprit, quand 200 Leclerc apparaissent légers en conflit solo, leur intégration à un ensemble interopérable ne suscite pas la même décontraction en face. Ajoutons que les doctrines d’emplois des forces modernes suggèrent des interactions multiples d’armes différentes: les GTIA sont précédés d’assaut aériens, domaine que la France maîtrise en occident. Bref, même si 200 chars lourds seuls pourraient faire sourire en ligne, tout ce qui les accompagne et précède, engendre un mix pas si fragile sur les terrains d’opérations.

        D’autre part, même si la dissuasion nucléaire française ne résoud pas toutes les équations en 2022, loin de là, elle invite quand même à un peu de diplomatie le jour où quiconque voudrait un choc frontal réel. Ne pouvant pas s’aligner sur des quantités de matériels conventionnels en masse chez des nations où le budget militaire et la démographie en imposent, inutile de chercher l’alignement permanent. En cas de menace massive confirmée, ce ne sont plus les chars lourds seuls, ni les GTIA, qui assouplissent les ambitions de l’agresseur. Des gens très calmes, formés pour les moments difficiles, prennent le relais et interdisent les grosses bêtises. Vous payez vos impôts pour ça. C’est triste mais ça semble fonctionner comme ça.

        La guerre en Ukraine ne serait pas arrivée avec la France dans les mêmes conditions et sur une telle durée. Les deux points du dessus ne concernent pas l’Ukraine: pas encore d’alliance défensive et pas de dissuasion défensive. Même si la France a un nombre de chars lourds limité, le retour d’expérience de la guerre à l’est de l’Europe invite à des questionnements auxquels la cavalerie ne peut répondre directement. La multiplication des arsenaux nucléaires n’est surtout pas la réponse (ce qui nous impose d’aider l’Ukraine, pour ne pas encourager des nations à s’équiper si le Kremlin envahit qui il veut en menaçant avec le bouton rouge).

        La réponse est l’alliance et l’interopérabilité. La souveraineté ne peut s’exprimer dans les tranchées au XXIe siècle, il faut prendre la mesure des domaines où investir pour dissuader (hors nuke). Désolé pour la longueur et la subjectivité.

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  4. Bonjour Guillaume,

    Concernant « la réticence historique » de l’Allemagne du fait de la Deuxième Guerre mondiale, je la percevrais davantage dans l’engagement direct de militaires allemands sur le terrain (conseillers militaires ou autres forces) que dans la vente de matériels militaires qui se fait déjà. L’Allemagne participe déjà, et de facto même si cela reste encore indirect, et comme tous les États membres de l’OTAN, à la guerre contre la Russie.

    Par ailleurs, ce n’est pas un type de matériel, si performant soit-il, qui va faire basculer le cours du conflit. En revanche, il pourra accélérer (par sa dimension politique et symbolique) l’extension de celui-ci au-delà de la confrontation initiale, ce qui ne me paraît pas être dans l’intérêt des Européens.

    Je vous trouve injuste avec l’AMX Leclerc mais peu importe. Quand bien même le Léopard 2 a t-il la masse industrielle pour lui, n’oublions pas ce que les Kurdes ont pu faire à quelques-uns de ces chars (sous les couleurs turques) avec des missiles TOW. Les Russes ont également d’excellentes armes antichars.

    Bref, la fiche technique d’un matériel n’est pas suffisante en soi et je doute que l’on puisse former d’excellents équipages en quelques semaines seulement sur des engins blindés qui seront de toute manière comptés. Cela pose aussi, et surtout, la question de la doctrine d’emploi desdits blindés. Quelle est la doctrine ukrainienne en matière de guerre blindée ? Ma question reste ouverte mais quand on observe le carnage de chars de part et d’autre, je ne vois pas en quoi leur emploi renverserait de façon décisive le front. Il y aurait certainement des percées ponctuelles mais après ? Les Russes ont échoué en première phase alors qu’ils n’avaient pas attaqué avec 200 chars.

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    1. Bonjour.

      Lors d’une interview dans « C dans l’air » il y a quelques semaines, le Colonel Goya a remarqué qu’en dehors des matériels blindés datant de la guerre froide mobilisés sur les fronts en Ukraine, les tactiques d’emploi des forces dataient Aussi de de la fin de guerre froide, époque Bloc de Varsovie.

      Trois à quatre décennies plus tard, les tactiques d’emploi des armes ont évolué pour privilégier des interactions locales entre armes différentes. Les GTIA français sont un exemple contemporain :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupement_tactique_interarmes

      Après avoir reçu des transports de troupes blindés, des chars légers et des systèmes sol-air mobiles, l’arrivée future de chars lourds peut suggérer une approche tactique différente de la version russe de l’assaut blindé par l’armée ukrainienne. Par exemple imaginaire, une compagnie d’infanterie motorisée pourrait être protégée par quatre chars lourds, eux mêmes protégés contre les drones par un système sol-air mobile.

      En répartissant des chars lourds en appui dans des zones d’attaque ou défense espacées, l’effet est différent de l’assaut massif privilégié par les russes (par une route en file indienne :s). Ce point de vue subjectif va choquer les spécialistes, mais le nombre de chars lourds nécessaires aux ukrainiens n’impose pas un alignement systématique sur les effectifs russes déployés.

      Opinion réfutable. Merci pour la question intéressante de la doctrine ukrainienne. Je ne suis pas pro mais ça interpelle.

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    2. Bonjour,
      Je suis sévère sur le char Leclerc, non pas sur la performance de l’engin blindé, mais sur l’impasse en termes de politique européenne et aussi du fait du surcoût incroyable d’avoir voulu réaliser notre propre Leopard 2… Si nous voulons une Europe forte, nous devons changer de logiciel en particulier par rapport aux fabriquants d’armes, nous avons besoin d’un Airbus de l’armement.
      Pour ce qui est de l’impact de la livraison d’un parc de chars lourds et modernes à l’Ukraine, on peut aussi le regarder en sens inverse : quelles sont leurs faiblesses actuelles du fait de l’absence de ces engins qui sont clefs dans le combat blindé ?
      Pour ce qui est des nouvelles doctrines d’emploi, les Ukrainiens se font utilement conseillés et formés par les meilleurs experts occidentaux sur ces sujets qui évoluent vite.
      Amicalement, Guillaume

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  5. Merci Guillaume pour cette superbe et très pertinente analyse. Je partage ton avis sur le fait que les Leclerc et les Abrams ne sont pas une solution sans la mise à disposition aussi d’une solution logistique aussi lourde que ponctuelle. Ne penses-tu pas que la réticence allemande ne serait pas aussi due à la crainte de désarmer l’Europe en envoyant au combat (donc à la casse) une bonne partie de son parc restant de chars lourds ?

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  6. Cette frilosité allemande, due à la fameuse ligne rouge à ne pas franchir, (la co-belligérence) est selon moi, irrecevable, vu que Poutine a déclaré à plusieurs reprises que par dela l’Ukraine, son ennemi, c’est nous (l’Occident) !! Dans ces conditions, pourquoi prendre des gants avec lui ? Au plus on tarde à livrer ces chars, au plus l’AGONIE de l’UKR se prolonge !!!

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  7. bonsoir, effectivement la livraison de ces Leopard serait un bon compromis entre divers paramètres très bien décrits ici. On parle d’une quantité d’environ 200-300 exemplaires: qui seraient les donateurs? Pologne env.20? Finlande env. 30?, le reste d’ Allemagne?
    la coalition de fournisseurs est déjà actée mais le parapluie US est indispensable pour les Allemands

    Quelques soient les matériels livrés (ATACMS, Abrams voire F16 ou AH-64) je pense que les ukrainiens respecteraient les exigences américaines comme c’est le cas actuellement (pas d’attaque avec des armes US sur le sol russe)

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  8. Merci pour cette analyse et la notion de temps abordée. La seconde vague de mobilisation russe pourrait accélérer les perceptions chez des alliés occidentaux. Les ukrainiens recevront sûrement le matériel nécessaire contre la violence du Kremlin, la question est quand, pas trop oui ou non. Espérons pas trop tard. Avis personnel réfutable.

    Il y a un petit passage qui m’a interpellé dans votre approche:
    « Fabriqué en Allemagne, le char Leopard 2 a fait l’unanimité en Europe, à l’exception de la France qui n’a pas voulu le reconnaître et a préféré construire un concurrent inutile, le char Leclerc, guère plus performant mais bien plus coûteux et limité en nombre, quelques centaines d’exemplaires quand le Leopard 2 a été construit en milliers. »

    Économiquement d’abord. L’arrêt definitif de la construction/maintenance de chars après l’Amx30 aurait définitivement condamné GIAT, futur Nexter, à Roanne et St-Étienne. L’ingénierie aurait disparu ensuite pour les véhicules blindés. Cette région avait déjà perdu beaucoup industriellement, dans un bassin d’emplois en souffrance à cette époque. Rien ne dit que la France aurait tiré profit du programme allemand Léopard, en termes de débouchés RD. Politiquement parlant, pour l’époque, lâcher GIAT en difficulté et s’offrir des mouvements sociaux dans cette région aurait été aventureux. Le chômage et l’avenir de la filière sont deux critères à ne pas sous-estimer.

    Techniquement ensuite. Un Leclerc recharge automatiquement en roulant tout en gardant le pointage de cible. Quid du Léopard ? Le char allemand est plus facile au niveau du châssis et du moteur, mais pour la tourelle le Leclerc a nettement l’avantage. Pas vraiment inutile, avis personnel. Par extrapolation hors-sujet, je dirais que le prototype EMBT de KNDS avec le châssis du Léopard amélioré et la future tourelle de Nexter, profite des atouts des deux constructeurs. La même chose était-elle possible à l’époque du Léopard 1 ?

    Désolé d’écrire à contre-courant pour cet extrait entre guillemets, mais l’ingénierie nationale, l’activité économique et la capacité intrinsèque de la tourelle sont à prendre en compte. Après dans l’absolu, je suis très favorable aux programmes communs en Europe, quand tout le monde s’y retrouve. Merci pour l’approche générale à laquelle je souscris.

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  9. Merci Monsieur pour vos informations claires et compréhensibles par une antimilitariste convaincue. J’ai bcp apprécié le listing de vos sources dans un article précédent et l’emploi régulier de cartes géographiques

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  10. Un point spécifique de cet article me chagrine alors que j’en partage l’essentiel.
    Le leclerc n’est pas inutile, il est ‘independant’. On peut sans doute avoir mieux, moins cher en achetant mais on est plus chez soit. Demandez aux Polonais si aujourd’hui ils n’auraient pas preferé maintenir leurs chaines.

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  11. Bonjour M. Ancel, toujours intéressant de lire vos propos pertinents. Symboliquement, que ce soit des chars allemands qui aident à libérer d’une agression fasciste, va dans le bon sens de l’histoire. Il manquera aussi les avions de combats. L’utilisation de char demande le contrôle de l’espace aérien. Actuellement aucun des 2 pays ne possède ce contrôle. Les russes ont suffisamment d’avions pour briser une attaque de blindés, même si c’est avec de lourdes pertes. Fournir un pays qui a été démilitarisé au nom d’un traité est long, très long… Les Léopard finiront par arriver: les ukrainiens vont s’y former avec l’accord allemand. On ne peut qu’avoir de la compassion pour la nation ukrainienne qui souffre et qui implore une aide pour que ce conflit termine au plus vite avec une paix juste.

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    1. Merci Robert, la question de l’appui aérien est particulière, les Ukrainiens ont détruit une grande partie de la defense sol air russe sur la ligne de front grâce aux missiles HARM livrés par les Américains, mais pour autant les unités russes disposent de nombreux missiles portables difficiles à neutraliser.
      Les avions et hélicoptères d’attaque russes ont la plus grande difficulté à approcher la ligne du front du fait des missiles portables livrés aux Ukrainiens mais aussi de leur peur d’être abattus par leur propre artillerie sol air faute de coordination.
      A mon avis, cette composante aérienne pilotée est en grande partie neutralisée par cette situation… les pilotes ont laissé la place aux drones !

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