
Alors qu’il a déclenché un guerre incompréhensible contre l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine est désormais dans une situation très difficile, qui s’est violemment dégradée ces dernières semaines.
Vladimir Poutine a perdu la guerre contre l’Ukraine
Après avoir tenté de s’emparer de l’Ukraine par surprise en décapitant le pouvoir fin février, puis réduit ses ambitions à l’invasion de l’Est du pays, l’armée russe est de nouveau en échec : elle est incapable de résister aux différentes contre-offensives des militaires ukrainiens qui sont galvanisés par leur farouche volonté de défendre leur pays. Les Ukrainiens sont d’autant plus efficaces qu’ils sont soutenus et approvisionnés par les pays occidentaux, bien formés et surtout remarquablement informés.
L’armée russe de Poutine est à peu près son double inversé, elle ne sait pas pourquoi elle se bat, elle est très mal équipée et approvisionnée, son niveau d’entraînement et de commandement ne cesse de se dégrader. Elle n’a même pas vu arriver l’offensive ukrainienne de début septembre : le front russe se fissure en plusieurs endroits et ne pourra pas tenir longtemps s’en s’effondrer. Les forces ukrainiennes débordent et contournent les militaires russes qui sont trop lents et mal renseignés. De plus, l’imbrication des unités ukrainiennes dans leurs propres lignes les gêne pour utiliser leur artillerie qui jusqu’ici faisait la différence.

De fait, le front de l’armée russe en Ukraine se fissure irrémédiablement, une troisième contre-offensive ukrainienne lui serait fatale, c’est pour cela que Poutine a déclenché cette mobilisation chaotique.
« Poutine signe son échec et sans doute sa perte, la question est désormais de savoir quand et comment il va sortir du jeu. »
La mobilisation russe est d’abord la manifestation de l’échec de son armée
La décision du président Poutine de recourir à la mobilisation pour alimenter cette guerre contre l’Ukraine est un aveu de faiblesse en soi. La fiction de « l’opération militaire spéciale qui atteignait tous ses objectifs » est un échec, les Russes sont désormais confrontés à une guerre qui n’est pas une menace contre leur propre pays, mais contre la vie de leurs enfants et de leurs parents.
Alors qu’environ 200,000 familles étaient déjà directement affectées par cette guerre (40,000 morts et 4 fois plus de blessés), c’est désormais une large partie des 146 millions de Russes qui sentent leurs familles menacées par cette mobilisation.
Lors d’une manifestation dans le Daghestan, une femme crie aux policiers « Pourquoi se battre, alors que c’est la Russie qui a attaqué l’Ukraine »
La population frémit, tandis qu’elle se sent oppressée par les mesures de plus en plus coercitives annoncées par le pouvoir, l’interdiction d’informer, de manifester et maintenant l’obligation de rejoindre l’armée pour cette guerre que les Russes n’ont jamais souhaitée.
La violation des territoires envahis par leur annexion forcée ne trompe personne
La fiction juridique qui consisterait à déclarer les territoires envahis comme faisant partie de la Russie pour appeler ensuite à leur défense ne peut guère convaincre au-delà des partisans de Poutine, tout du moins ceux qui ne sont pas encore dégoûtés par cette guerre qui dévaste tout et qui les mène à une misère absolue.
Ce ne sont pas des annexions que met en scène le régime russe dans une totale impudeur, mais bien une violation du droit, de la démocratie et d’un État, l’Ukraine.

Vladimir Poutine peut organiser toutes les cérémonies qu’il veut, cela ne l’empêchera pas de perdre la guerre parce que les Ukrainiens n’accepteront jamais cette invasion de leur État .
L’isolement international et la menace nucléaire
Le front en Ukraine se fissure, la mobilisation mine la société russe déjà affectée par les sanctions occidentales, les puissances internationales – notamment la Chine et l’Inde – qui semblaient encore appuyer la Russie retirent prudemment leur soutien pour ne pas faire partie des perdants de ce conflit dont l’issue s’accélère.
Le recours du nucléaire serait-il l’ultime recours d’un président aux abois qui craindrait pour sa propre vie ?
Mais l’arme nucléaire ne permet pas de faire la guerre. C’est une arme de sidération qui n’a été utilisée qu’une seule fois dans l’histoire : par les Etats-Unis pour stopper la guerre contre le Japon en 1945. Les destructions des villes d’Hiroshima et de Nagasaki avaient provoqué un arrêt quasi-immédiat de cette guerre, les Japonais ne pouvant opposer aucune défense à une telle menace. La guerre était terminée.

Dans le cas de l’Ukraine, la situation est très différente, puisque ce pays est soutenu aussi par des puissances nucléaires, les Etats-Unis bien sûr, ainsi que la France et la Grande-Bretagne. Si Poutine décidait d’utiliser une arme nucléaire dans l’espoir de finir cette guerre à son profit, il obtiendrait sans doute la sidération des Ukrainiens, mais surtout la mobilisation directe de nations contre lesquelles jouer de l’arme nucléaire serait un suicide pour la Russie. Rien que la France a la capacité de détruire la partie la plus peuplée de ce pays, mené à sa perte par un dictateur qui perd pieds. L’engagement militaire, avec des armes conventionnelles, d’une partie des pays de l’OTAN en Ukraine précipiterait alors la débâcle de ce qui reste de l’armée russe.
Le sabotage des gazoducs, une diversion désespérée ?
Le sabotage des gazoducs en mer baltique, qui n’approvisionnaient plus l’Europe occidentale, relèvent au mieux d’une manœuvre de diversion, au pire d’une menace supplémentaire. Cette fois, la Russie de Poutine espère démontrer son pouvoir de nuisance contre des infrastructures névralgiques pour les pays occidentaux et l’Europe en particulier, gazoducs bien sûr, mais aussi potentiellement les câbles sous-marins vitaux à notre société de l’information ou d’autres installations liées à nos besoins en énergie (plateformes pétrolières, …).
Entre la menace nucléaire, qui n’est pas une option viable pour le président russe qui la déclencherait, et l’échec de la guerre en Ukraine qui semble désormais irrémédiable, Vladimir Poutine se retrouve désormais entre le marteau et la faucille. Alors qu’il a toujours affirmé avoir été traumatisé par la chute du mur du Berlin en 1989, il cite à nouveau la disparition de l’Union soviétique comme « la source de ces problèmes ». Les prochaines semaines seront déterminantes, Poutine pourrait bien être un des derniers dinosaures d’un empire soviétique révolu et dépassé, dont il aura rejoué l’effondrement.
Lu avec beaucoup d’intérêt. Merci.
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Merci Guillaume,
Ton point de vue est très clair, et plein d’espoir que j’ai envie de partager.
En même temps, je me pose la question de ce qui se passe dans la tête de Poutine, ce qu’il lui reste de lucidité et de pouvoir, et comment son entourage est prêt à le suivre ou à le stopper…
Si il est encore un peu rationnel, et si on le renseigne un peu, il devrait comprendre ce que tu expliques. Mais dans ce cas, il aurait pu chercher une négociation, tant qu’il avait encore des pions à jouer. Là il semble s’enfoncer irrémédiablement vers sa propre fin, mais avec quelles conséquences? Jusqu’où les russes vont-ils le suivre?
On le saura bientôt.
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Excellente analyse cher Guillaume. Ce que nous évoquions il t a quelques mois est en train de se réaliser. Le soutien occidental aura été déterminant bien entendu. Ensuite, il faudra construire les conditions d’une paix durable. 👍😁
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