Ukraine : comment sortir de l’enlisement ?



La situation militaire du front en Ukraine est compliquée : en l’état, la Russie de Poutine n’a pas les moyens d’envahir l’Ukraine (l’objectif qu’elle avait pourtant affiché) et l’Ukraine n’a plus les moyens (avec ce dont elle dispose) de percer les lignes russes…

L’enlisement est évident, même si les forces ukrainiennes continuent courageusement d’attaquer cette digue russe qui n’a pas cédé. Le front a d’ailleurs peu bougé depuis octobre tandis que les pluies d’automne ont transformé le champ de bataille en un vaste espace de boue, que l’hiver est en train de glacer quand elle ne le recouvre pas de neige. 

Pourtant, nous avions bon espoir que les forces ukrainiennes percent le front dans leur offensive de printemps dont l’échéance de réussite était estimée à fin octobre… Cette offensive qui devait être massive – une « grande offensive » – est donc un échec. Il est par ailleurs troublant d’observer que la crise en Israël, déclenchée par l’attaque bestiale du Hamas le 7 octobre dernier, se soit déroulée dans cette temporalité, offrant à Vladimir Poutine l’avantage décisif de voir cette guerre passer au second plan de nos préoccupations internationales, comme de l’attention des médias. 

Lire aussi : Ukraine, enlisement du front, prolongation de l’offensive et collision avec le Proche-Orient

La première raison de cet échec revient néanmoins aux Ukrainiens : effrayés par les pertes occasionnées au début de leurs attaques début juin, ils ont préféré abandonner la concentration massive des moyens (dans l’espace et dans le temps) et l’effet de surprise pour adopter une tactique que leurs conseillers occidentaux leur avaient pourtant recommandé d’éviter. Ils ont en effet préféré basculer sur une guerre d’usure face à la Russie, alors que cet adversaire dispose de moyens autrement plus étendus qu’eux. 

Les Ukrainiens ont fait l’erreur de penser qu’ils pourraient épuiser les Russes

Les forces ukrainiennes, en décidant en août 2023 qu’elles allaient épuiser l’armée russe, se sont concentrées sur un point unique, le triangle Robotyne-Novoprokopivka-Verbove au Sud de Zaporijia, et se sont données du temps pour briser « brique après brique » cette digue érigée par les Russes. 

Lire aussi : Ukraine, la bataille du « triangle », porte de la digue russe 

Début octobre, les forces ukrainiennes espéraient ainsi avoir décimé les régiments russes qui leur faisaient face : ces derniers auraient dû être asséchés par des pertes massives et par l’absence de toute économie de leurs effectifs par le commandement russe. Celui-ci faisait tuer ou blesser des unités entières, avec l’ordre de ne reculer en aucun cas, des équipes « spécialisées » étaient même mises en place pour s’assurer que les soldats russes qui oseraient quitter leur position seraient impitoyablement exécutés par les leurs. 

Jamais les forces ukrainiennes n’avaient été aussi proches de percer qu’en ce mois d’octobre, lorsqu’elles ont vu arriver brusquement des milliers de jeunes recrues, mal formées et mal équipées, mais suffisamment nombreuses pour les empêcher de passer. La « fenêtre d’opportunité » pour passer à travers cette deuxième ligne de défense et atteindre rapidement la troisième et dernière ligne de cette digue s’est alors refermée sous leurs regards stupéfaits. Au même moment, la guerre déclenchée en Israël captait l’attention des médias et commençait à détourner une partie de l’aide militaire fournie à l’Ukraine par ses alliés, américain en particulier. 

Une artillerie russe regonflée par l’arrivée des obus fournis par la Corée du Nord

De la même manière, l’artillerie ukrainienne s’était concentrée sur la « contre-batterie », une forme de combat qui consiste aussi à épuiser l’artillerie russe, en détruisant ses canons (mais leur stock est considérable) et en faisant exploser leurs dépôts de munitions. Ces dernières devenaient une denrée d’autant plus précieuse que ces obus sont lourds et volumineux à transporter, des milliers de tonnes de fret à acheminer et à stocker, un défi logistique. 

Hélas, au moment où les Ukrainiens pensaient avoir ainsi essoré une partie de l’artillerie russe et privé les troupes de Poutine de leur principal atout, l’odieux dictateur de la Corée du Nord fournissait des millions d’obus, certes de médiocre qualité, mais dont le nombre faisait la différence. Peu précise mais massive, l’artillerie russe pouvait de nouveau freiner toute offensive plus importante des Ukrainiens, avec des tirs nombreux et toujours dangereux pour ceux qui se déplaceraient sous leurs feux. 

Le temps concédé aux Russes a calcifié la ligne de front et la digue qu’il fallait percer

Le temps a joué aussi contre les Ukrainiens parce qu’en laissant de côté la vitesse et la puissance de l’attaque, ils ont donné la possibilité aux Russes de fortifier et de reconstituer en partie leur digue en trois lignes qui avait été – à un moment – suffisamment endommagée pour laisser espérer une percée.  Des erreurs tactiques donc, que les Occidentaux ont d’autant moins critiquées qu’ils ne se sont jamais engagés directement à leurs côtés et dès lors, il était plus compliqué de les conseiller, leur sang ne coulant pas avec celui des combattants de l’Ukraine…

Contrairement au débarquement du 6 juin, dont les forces ukrainiennes avaient pourtant pris en référence la date comme la tactique de percement d’une lourde ligne défensive ennemie, les alliés n’étaient pas sur le front. Et les Ukrainiens furent effarés par les pertes des premiers assauts, finalement assez semblables à celles des plages de Normandie : larges bandes minées, bunkers et feux d’artillerie, une digue solide et profonde. Heureusement qu’en 1944, les alliés n’avaient pas décidé « d’user » les troupes nazies sur le mur de l’Atlantique, car nous y serions probablement encore…

Une surestimation des compétences militaires collectives des forces ukrainiennes

La cinquantaine de pays qui soutiennent l’Ukraine a aussi surestimé les compétences militaires des forces de celle-ci. Lorsqu’ils ont voulu leur apporter de la formation, les instructeurs occidentaux ont été bluffés par la combativité des Ukrainiens. Nul besoin de les motiver ou de leur expliquer pourquoi se battre, les hommes et les femmes de cette nation en résistance avaient un moral d’acier, de titane même. 

La combativité des soldats ukrainiens et leur aguerrissement après des mois de guerre contre l’armée russe ne faisaient pas de doute. Cependant les instructeurs et conseillers occidentaux ont peu challengé les unités ukrainiennes sur leurs « compétences collectives », et en particulier sur leur capacité à combiner les différentes armes qui fondent la puissance et l’efficacité d’une armée blindée. 

La question n’est pas de savoir se servir des chars modernes livrés (très progressivement) par les alliés, des redoutables canons d’artillerie ou encore des missiles fournis avec les lance-roquettes Himars, mais bien de combiner tout cela sur un champ de bataille saturé par les « défenses » russes. Ce que nous appelons dans nos forces armées les « manœuvres inter-armes » et qui sont la base d’une puissance blindée ne sont en réalité pas maîtrisées par les forces ukrainiennes. Et nous n’avons pas voulu ou su le voir. 

Faiblesse de la manœuvre inter-armes des forces ukrainiennes

La complexité de la manœuvre inter-armes consiste justement à synchroniser au plus près des tirs d’artillerie massifs avec des unités de blindés qui se déploient immédiatement derrière leur puissance de destruction. Pour reprendre l’analogie avec le débarquement en Normandie, la manœuvre inter-armes consiste à détruire un maximum d’obstacles par un bombardement massif, aérien et terrestre (naval en l’occurrence), puis à faire progresser ensemble des unités blindées combinant chars et fantassins pour avancer et enfoncer les lignes de défense ennemie, tout en faisant intervenir de nouveaux bombardements si des obstacles se présentaient tandis que le génie dégage ce qui pourrait ralentir la progression. 

La difficulté d’une manœuvre inter-armes est sa coordination, elle peut être plus ou moins sophistiquée en fonction du degré d’entraînement des troupes et des moyens de communication disponibles. Les forces ukrainiennes étaient supposées disposer de ces connaissances, considérées comme basiques dans les armées classiques, mais c’était sans compter que depuis leur désoviétisation, elles n’avaient plus eu l’occasion de s’exercer ainsi. Et il aurait fallu des mois d’entraînement avec des unités au complet pour permettre aux Ukrainiens de se réapproprier des savoir-faire qui étaient loin d’être acquis. 

Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont démontré leur capacité à mener un combat d’infanterie avec de petites unités (50 à 100 personnes) et à tirer avec de l’artillerie – en particulier en « contre-batterie –, mais pas à combiner tout cela autour d’une manœuvre de chars qui progressent en se protégeant mutuellement, tout en se défendant contre les attaques aériennes russes. Les alliés auraient pu attendre de mener les forces ukrainiennes à ce niveau mais l’impatience de ces dernières se combinait au complexe de légitimité : difficile de convaincre des militaires lorsqu’on ne va pas se battre à leurs côtés et de leur expliquer ce qu’ils devraient faire quand ceux-ci ont plus combattu que nous n’avons jamais pu le faire. 

La peur de critiquer parce que nous ne combattions pas à leurs côtés

Alors les alliés se sont tus et les forces ukrainiennes se sont senties toute puissantes, enorgueillies aussi par leur victoire sans appel contre les Russes à Kherson seulement quelques mois auparavant. Elles avaient cependant oublié qu’à Kherson, le général russe Sourovikine avait consciemment préféré abandonner le terrain conquis au-delà du fleuve Dniepr pour éviter une catastrophe dans l’encerclement qui s’amorçait.

Plutôt que de perdre 30 à 40 mille hommes avec l’essentiel de leur matériel, le général russe avait préféré se retirer face à des forces ukrainiennes qui avaient déjà infiltré le dispositif russe. La casse fut ainsi limitée à « quelques » milliers d’hommes par ce retrait inattendu, qui aurait pu se solder sinon par une débâcle avec des pertes six à sept fois plus importantes. 

Lire aussi : 11 novembre 2022, date de la libération de Kherson par les Ukrainiens

La victoire de Kherson a masqué une fois encore l’absence de manœuvres combinées des forces ukrainiennes et l’arrivée sept mois plus tard face à la digue russe érigée par le même Sourovikine de l’autre côté du Dniepr était d’une toute autre nature. Plus question de repli russe face à une pression limitée et surtout sans surprise quant à l’endroit où les forces ukrainiennes l’exerçaient. Ces dernières ne bénéficiaient ni de la supériorité numérique, ni de la surprise pour percer… Deux éléments pourtant essentiels dans ce type de combat.

Certes, les alliés ont aussi insuffisamment équipé les forces ukrainiennes. On se souvient des débats sans fin sur la livraison de chars de combat, comme si la Russie de Poutine allait bombarder l’Allemagne en voyant des chars Leopard 2 sur le champ de bataille. Pas assez nombreuses, pas assez rapides, ces livraisons n’ont équipé qu’en partie un corps de bataille offensif ukrainien pourtant très motivé. 

Cependant, il convient de ne pas alimenter plus longtemps la fiction de « l’arme qui va tout changer », du game changer qui n’est souvent que la manifestation de nos propres frustrations : même si nous avions envoyé plus de ceci ou de cela, ça n’aurait probablement rien changé à l’issue de cette offensive dans de telles conditions. 

Quelles solutions face à cet enlisement ?

Alors que les Américains remettent régulièrement en cause le soutien militaire apporté aux Ukrainiens – qui dure depuis presque deux années maintenant –, la guerre en Israël finit de perturber le soutien à l’Ukraine. Les Etats-Unis fournissent en effet, à partir du même stock qui reste limité, les munitions d’artillerie et les bombes guidées utilisées massivement par l’armée israélienne pour mener son offensive contre la bande de Gaza. L’arrivée des élections présidentielles remet en cause le montant de cette aide militaire américaine et son principe même en cas de victoire de Trump. 

Le soutien des États-Unis n’est plus assuré tandis que celui des pays européens n’a pas pris le relais pour ce qui concerne les matériels militaires et les munitions. De fait, l’initiative du commissaire européen Thierry Breton d’organiser une production coordonnée par l’Union européenne d’un million d’obus d’artillerie était bienvenue. Mais elle n’a pas réellement mobilisé les pays membres qui restent dans une logique nationale et ne consacrent pas les ressources militaires suffisantes pour garantir le soutien à l’Ukraine, comme si l’enjeu était plus industriel que politique. 

La tentation de Munich, une négociation pour consacrer notre défaite

Alors, pour en finir (temporairement) avec cette guerre et sortir de cet enlisement du front, il serait tentant de négocier un accord avec la Russie de Poutine. En lui reconnaissant une partie de ses conquêtes – totalement illégales et surtout illégitimes –, la ligne de front pourrait ainsi se figer, voire même se geler. C’est le scénario « à la Corée » avec un armistice qui dure depuis plus de 70 ans de part et d’autre d’une ligne de démarcation… Sans avoir jamais rien réglé et qui a même laissé prospérer une dynastie de dictateurs aussi effrayants que menaçants.

Concéder la Crimée et une partie – voire l’intégralité – du Donbass à la Russie en échange de l’arrêt des combats serait un soulagement pour le monde entier et même pour une partie du peuple ukrainien qui souffre tout particulièrement de cette guerre intense et meurtrière. La Russie de Poutine en sortirait renforcée et elle attendrait probablement peu d’années avant de reprendre ce qu’elle estime des « conquêtes normales » pour reconstituer son empire fantasmé. 

Non seulement la guerre reprendrait dans un horizon court, exactement comme les troupes nazies avaient préparé la suite de leur guerre après « la paix de Munich », qui signait d’abord l’échec de la volonté de résister des démocraties. Mais pire encore, une fois l’Ukraine tombée – car c’est bien l’objectif que poursuivra la Russie – cette guerre continuera sur la même logique. L’Est de la Pologne comme les pays baltes seront attaqués et nous nous retrouverons face à la situation que nous ne voulons pas envisager, par peur autant que par lâcheté : la quasi-obligation d’aller se battre aux côtés de nos alliés, membres de l’OTAN.

L’OTAN attaquée déclencherait immédiatement une réponse coordonnée de ses membres, mais avec quels moyens car le traité de l’Atlantique Nord ne définit pas pour autant l’engagement de ses signataires ? Face à une armée russe reconstituée et fortement blindée, les armées des membres de l’OTAN auraient bien peu à leur opposer, et croire que les États-Unis utiliseraient l’arme nucléaire pour stopper une agression de ce type n’est guère crédible.

De fait, les armes de « dissuasion nucléaire » peuvent éviter une confrontation dans ce champ, mais elles ne permettent pas de faire la guerre sauf à risquer sa propre disparition d’autant que l’agression russe ne concernerait pas les « intérêts vitaux » des États-Unis, pas plus que ceux de la France ou de la Grande-Bretagne…

Nos sociétés sont-elles tétanisées à l’idée de faire la guerre ?

Dans le cas très probable d’une agression militaire de la Russie contre les pays baltes et la Pologne, il faudrait alors aller se battre avec des moyens « classiques » auprès de nos alliés. Pourtant, les plus hautes autorités de l’armée françaises comme les responsables politiques de notre défense ne veulent pas en « entendre parler ». Ils se sont convaincus que nous n’aurons pas à mener de combats de haute intensité et que les efforts financiers (non négligeables) de la France peuvent être consacrés à des investissements sur le futur qui consistent souvent à faire un peu plus de la même chose… en omettant ce qui est essentiel dans ces combats : la puissance et la masse, les canons, les blindés et les munitions. 

Lire aussi : La France débat-elle suffisamment des conséquences militaires de la guerre russe contre l’Ukraine ?

En réalité, la France n’a plus les moyens depuis longtemps d’une guerre « classique », alors elle se cache derrière la dissuasion nucléaire comme si cette dernière pouvait nous dispenser de nous engager « significativement » auprès de la Pologne ou des pays baltes quand ils seront attaqués à leur tour. 

Seule l’Europe dispose aujourd’hui des moyens financiers, technologiques et humains nécessaires pour bâtir un système de défense qui protège notre société, nos sociétés, de ces empires menaçants. Pouvons-nous encore croire que nous n’avons plus d’ennemis et que la centaine de canons qui reste à l’armée française puisse constituer plus qu’une pièce sous-dimensionnée d’un dispositif de sécurité que nous refusons de dessiner : celui de l’Union européenne et pas d’une puissance moyenne qui se voit parfois encore comme un empire ?

Même en concédant une « paix honteuse », les quelques années qui resteraient pour nous préparer à une agression par la Russie de Poutine ne verraient probablement aucune mobilisation de l’Union européenne. Bien au contraire, chaque pays membre voudra croire qu’il n’est pas si concerné, à l’instar de la France, et nous continuerons à nous demander qui construira le char du futur au lieu de construire celui du présent. 

Pour faire basculer le front en Ukraine, nous sommes obligés de nous engager

Vos cheveux se dresseront sur la tête en lisant ces lignes : aller se battre alors que nous n’avons plus fait la guerre depuis celle d’Algérie qu’il ne fallait même pas nommer ainsi ? En réalité, la France a participé à 32 guerres depuis – sans jamais le reconnaître – et nous n’avons pas encore perdu notre capacité à mener un engagement militaire qui puisse réellement défendre, avec courage et ténacité, les valeurs auxquelles nous sommes attachés. Les Allemands ont parfaitement compris le danger qui les menace et les Polonais se préparent à cet affrontement par un investissement massif en forces blindées. 

Si nous voulons en finir avec cette guerre, nous – Européens et Européennes – nous devons aller nous battre aux côtés des Ukrainiens, combattre avec les Ukrainiens dans une coalition internationale, non pas pour déclencher une guerre mondiale contre une puissance nucléaire, mais en s’engageant dans une guerre tout aussi « classique » pour faire respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine, qui représente de fait l’intégrité du vaste monde auquel nous sommes attachés. 

Il ne s’agirait nullement d’attaquer la Russie, mais de monter une coalition internationale pour reprendre le territoire de l’Ukraine sans jamais dépasser la frontière de celle-ci, comme cela avait d’ailleurs été habilement fait pour chasser l’Irak du Koweït lors de la première guerre du Golfe. La Pologne pourrait prendre la tête de cette coalition et déclencher un engagement que rejoindraient d’autres pays, à commencer par ceux qui sont immédiatement menacés comme les pays baltes et la Finlande. 

Une menace de riposte nucléaire de la Russie serait tout aussi peu crédible face à quelques pays par ailleurs membres de l’OTAN qui ne mettraient pas en cause les « intérêts vitaux » de la Russie, la question de la Crimée pouvant être mise de côté dans un premier temps. Cette coalition n’a pas besoin d’être gigantesque pour permettre aux forces ukrainiennes de percer enfin cette digue russe et de déstabiliser un dispositif sur lequel repose l’autorité de Poutine. Faire reculer celui-ci, c’est se donner enfin la possibilité de le voir renversé par son propre régime, car aucune paix durable n’est envisageable tant que Vladimir Poutine sera au pouvoir. 

S’engager dans cette guerre nous fait peur ? Mais comment protéger autrement notre liberté, car c’est aussi de courage et de fierté dont nous avons besoin, plus que jamais. 




Pour approfondir 

L’aide internationale à l’Ukraine au plus bas depuis le début de l’invasion russe, par Pierre Breteau dans Le Monde


Suivre la situation sur le front avec Macette @escortet


L’analyse de Xavier Tytelman 

50 commentaires sur “Ukraine : comment sortir de l’enlisement ?

  1. Bonjour Guillaume,

    Vous écrivez « Une menace de riposte nucléaire de la Russie serait tout aussi peu crédible face à quelques pays par ailleurs membres de l’OTAN qui ne mettraient pas en cause les « intérêts vitaux » de la Russie »

    Les intérêts vitaux c’est volontairement flou donc je ne comprends pas comment nous (une force de coalition) ne pourrions pas menacer quelque chose qui n’est pas clairement défini.

    D’où ma question : quels sont les éléments qui vous permettent de dire que la Russie n’utiliserait pas l’arme nucléaire si nous intervenions militairement ? Merci

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  2. Bonjour Guillaume. Je constate que ton article est toujours d’actualité…
    Je n’ai jamais été aussi d’accord avec toi. C’est maintenant qu’on doit agir, au lieu de laisser la situation continuer de s’empirer, d’autant que l’armée russe est largement affaiblie.
    Et pardon pour le coup de gueule, mais nos aînés ont créé l’OTAN POUR ÇA !!!
    Les 2 grands principes de l’Otan consistent à intervenir si un de ses Membres est agressé ou si leur sécurité est menacée.
    Or, il est avéré depuis déjà longtemps, que par ses exactions, directes et indirectes, Poutine menace bel et bien notre sécurité à court, moyen et long terme. C’est désormais indubitable.
    Un ultimatum bien méchant suffira certainement à faire rentrer les russes au bercail. Et si il ne suffit pas, la force de l’Otan se chargera de les repousser chez eux, c’est sa raison d’être.
    L’Otan a justement été créée pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Et on fait quoi? On reproduit quand même ces erreurs. Si vous saviez à quel point ça m’énerve…

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    1. Tout à fait d’accord avec vous. Toutefois, à propos de nos erreurs, faisons attention de ne pas tomber dans le piège du fusil à un coup en surestimant la capacité de l’OTAN à bouter les russes hors d’Ukraine en quelques semaines. A fortiori si les Américains, en pleine dynamique trumpiste, ne nous suivent pas suffisamment. Il faut donc en premier lieu préparer notre réserve et nos civils au combat afin de s’assurer d’avoir de la marge en hommes contre la plethorique armée russe. Actuellement nous ne sommes pas prêts à une guerre longue

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      1. Attendre…. Encore??? Je le répète depuis des mois, souvent ici d’ailleurs, le temps est notre pire ennemi et le meilleur atout de Poutine. Attendre plus de morts, attendre que Poutine développe encore des relations avec les pires dictateurs de la planete, attendre de voir l’opportunité des Ukrainiens de l’emporter, attendre un soulèvement d ela population russe, un accident pour Poutine, attendre qu’il continue à déstabiliser l’Occident, attendre le risque que Trump arrive au pouvoir… On déambule d’ailleurs entre attendre et espérer!!! Churchill avait déjà trouvé les mots justes.
        On ne devrait pas attendre, on n’aurait déjà pas du attendre!!! Si l’Otan menace demain Poutine, les USA suivront -l’opportunité sera trop belle – et quand bien même il y serait réfractaire, Biden n’aura pas le choix.
        Alors oui, je l’ai déjà répété eil y a plusieurs mois et je le répète encore: mais qu’attendons nous, qu’attend l’Otan, qui a été créée pour ça, qui a été créée pour éviter de revivre ça, qui a les preuves formelles que la Russie menace la sécurité de ses membres, qui est même intervenue pour moins que ça en Serbie.
        Qu’en penses-tu, Guillaume?! Sérieusement, même en faisant fi de toute véhémence, cette attente devient insupportable et pourrait même faire transpirer un sentiment de peur chez les occidentaux de s’engager dans une nouvelle guerre, chose qu’ils pensaient désormais inconcevable aujourd’hui. Et donc, presque mathématiquement, ils laissent pourrir la situation en attendant, en espérant… Donc je persiste, agissons…

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      2. Je ne propose pas d’attendre mais de former un minimum nos civils avant de les envoyer à la boucherie pour pallier notre armée trop peu nombreuse. Vous comprenez cette idée ou vous faites partie des gens persuadés qu’avec l’OTAN ça sera une histoire de semaine et nul besoin de renfort ?

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      3. Ni l’un ni l’autre. Mais comment préparer nos civils à la guerre quand nos gouvernants eux-memes ne le semblent déjà pas?!
        Nous rarement près pour une guerre, c’est d’ailleurs bien souvent pour cette raison que l’agresseur nous tombe dessus.
        Sauf votre respect, préparer nos civils au combat le semble être une pure utopie. Et l’Otan, avec les USA évidemment, doit être en capacité de répondre à une telle agression et est largement supérieure à l’armée Russe d’aujourd’hui, c’est d’ailleurs aussi sa raison d’être.

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      4. La Russie était censée être largement supérieure à l’Ukraine et se trouva pourtant obligée de mobiliser des centaines de milliers de civils un an plus tard. Et nous ? Pouvons nous faire cela ? Pouvons nous mobiliser massivement, y compris de force, nous a administrés, comme le font nos ennemis ? Et les envoyer dans un pays tiers se battre dans des tranchées ? Nos boulangers, comptables, maçons, professeurs, qui n’ont jamais vu un fusil ? Avons-nous assez de matériel, de casernes ? Répondons à cette question à avant de nous plonger dans une guerre mondiale de plusieurs années.

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  3. Merci pour cet article. La coalition internationale pourrait être nécessaire, mais elle pose une question qu’il faut déjà anticiper. Jusqu’où engager nos hommes ? Un résultat positif rapide est un souhait, mais l’enlisement pourrait être une réalité. Dans ce cas, qui envoyer en renfort ? Nos réservistes ? Nos civils volontaires ? Non-volontaires ? Dans un conflit aussi complexe, la question est surtout de savoir si nous voulons mobiliser nos jeunes civils de force, et au bout de combien de temps. Som

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      1. L’auteur semble proposer le contraire. Par ailleurs, il avance la probabilité que l’OTAN soit attaqué via les Baltes ou la Pologne, ce qui engagerait nos troupes. Quels sont nos moyens de mobilisation ? Merci

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  4. Merci pour cet article. La coalition internationale pourrait être nécessaire, mais elle pose une question qu’il faut déjà anticiper. Jusqu’où engager nos hommes ? Un résultat positif rapide est un souhait, mais l’enlisement pourrait être une réalité. Dans ce cas, qui envoyer en renfort ? Nos réservistes ? Nos civils volontaires ? Non-volontaires ? Dans un conflit aussi complexe, la question est surtout de savoir si nous voulons mobiliser nos jeunes civils de force, et au bout de combien de temps. Somme-nous prêts à ça ?

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  5. Merci pour cet article. La coalition internationale serait peut-être nécessaire mais elle pose une question : jusqu’où engager nos hommes et qui irait se battre en Ukraine ? Dans un premier temps c’est une évidence : nos militaires de métier. Mais si, comme c’est probable malheureusement, le conflit s’enlise… vu nos effectifs faméliques, sera-ce les réservistes ? Les civils volontaires ? Non-volontaires ? En un mot : si le résultat n’est pas rapidement conforme à nos espérances, combien de temps avant d’envoyer nos jeunes civils dans les tranchées comme il y’a 110 ans ?

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  6. Merci pour vos analyses aussi bien sur la guerre en Ukraine que sur le conflit Israel-Palestine. Je voudrais revenir sur un aspect de votre publication. Vous semblez reprendre à votre compte que les causes de l’échec de la contre-offensive est d’une part la non-maîtrise des combats inter-armes, et d’autre part le choix des Ukrainiens de ne pas avoir suivi les conseils des militaires Américains qui était de concentrer leur attaque en un point unique. Vous semblez aussi relativiser l’effet des (non-)fournitures d’armes. N’étant pas militaire je suis pas en mesure (ni en droit) d’afficher un avis tranché sur la question. Je comprend l’intérêt de concentrer les forces sur un point unique du front. En revanche j’ai plus de mal à saisir en quoi une meilleure coordination inter-armes aurait facilité une percée au travers de champs de mines sur des Km de profondeur, couvert par une artillerie puissante. J’ai en mémoire la vidéo de cette colonne Ukrainienne (de mémoire 2 leopard A2 et une dizaine de Bradley) bloquée par ces mines et subissant le feu de l’artillerie Russe. C’est la vidéo où on voit un soldat Ukrainien sauter d’un Bradley pour secourir un de ses camarades, et qui lui-même saute sur une mine (le soldat est vivant mais il a été amputé de sa jambe depuis). Le sentiment que j’ai ressenti à ce moment c’est que les Ukrainiens n’avaient pas d’autres choix que de préalablement détruire les champs de mine et donc d’affaiblir fortement l’artillerie Russe avant d’envisager une attaque massive pour percer. Pour conclure j’ai tendance à juger les critiques occidentales aux militaires Ukrainiens quelque peu injustes. qu’en pensez-vous?

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    1. Je ne l’ai sans doute pas assez expliqué dans cet article : la tentative de percement de la digue russe ressemblait à celui du mur de l’Atlantique pour les alliés en juin 1944.
      C’est la concentration des moyens et surtout la combinaison des différentes armes qui ont permis de percer, ce que les Ukrainiens n’ont pas su faire. Notre responsabilité désormais est d’arrêter de penser que nous pouvons gagner une guerre par procuration…

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  7. Monsieur Ancel,

    Je suis un lecteur assidu de vos écrits ainsi que de ceux de Phillips P. O’Brien. Ce dernier souligne judicieusement l’importance du contrôle aérien dans les manœuvres combinées, à l’instar de l’OTAN. Une capacité, fait il remarquer, qui faisait défaut à l’Ukraine durant l’offensive.

    J’aimerais connaître votre opinion sur la viabilité de telles manœuvres en l’absence d’un contrôle aérien total, comme c’était le cas pour l’Ukraine.

    Cordialement,

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    1. Le contrôle aérien avancé (guidage au sol des frappes) a été mon métier pend anti plusieurs années, je le raconte notamment dans Vent glacial sur Sarajevo. C’est un élément important mais insuffisant / la manœuvre inter armes… de plus, l’armée Ukr dispose de peu de moyens aériens pour ce faire et les hélicoptères d’attaque se tiennent à distance de la ligne de front compte tenu de la densité de missiles portables anti aériens.
      Dans ce contexte, je pense que cet élément n’a pas été clef, mais n’a pas amélioré la situation

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  8. Alléluia ! Vous traduisez enfin le voeux pieux que j’ennonçais il y a déjà plusieurs mois, dont au moins une fois sur votre blog. De manière plus claire, logique et expérimentée évidement. Nous nous retrouvons. Bien-sûr que nous devons y aller, tous les européens, France en fer de lance. Nous français, aux côtés de nos alliés, au prix d’une 50aine de milliards d’euros, de la mort d’un millier d’hommes et de la perte une centaine de matériels nous serions débarrassés du problème pour les 60 prochaines années, voir plus. Très heureux M. Ancel que vous puissiez dire aujourd’hui publiquement ce qui est hélas nécessaire. J’espère que vous pourrez le dire à la télévision, notamment dans C dans l’Air avec M. Trinquant et M. Palomeros. Aussi, peut-être que M. Servent, M. Richaud et M. Goya arriveront aux mêmes conclusion que vous chez LCI. L’opinion française doit envisager cette triste option. Au moins la faire émerger dans son esprit, la comprendre, puis éventuellement en debattre si nos dirigeants restent dans le déni, le défaut d’analyse et de courage. J’ai compris la nécessité d’aller nous battre, alors que je ne suis ni militaire ni rien, le jour où j’ai saisis la conjonction de deux choses : que malgré tous nos efforts nous serrons globalement de plus en plus faibles au fil que le temps avancera en comparaison d’autres puissances ou blocs, et que dans la vie, parfois et hélas, on ne choisi pas son ennemi, c’est lui qui nous choisi, quoi qu’on fasse et quoi que l’on puisse penser. Il ne faut plus attendre. Surtout pas attendre que le régime Poutinien se constitue une force offensive d’1 000 000 de pauvres malheureux suicidés pour l’égo d’un seul ou d’un petit clan.

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  9. De François Coutin

    Merci beaucoup Guillaume pour votre analyse très factuelle et réaliste, hélas.
    Je pense qu’effectivement la Pologne peut être très motrice avec les pays Baltes pour une action. Ils ont, eux une réelle conscience des risques…
    Personnellement, je m’interroge sur ce que peut penser le peuple russe aujourd’hui…Je ne crois guère à un renversement rapide du régime, mais il peut y avoir des surprises, avec des risques de troubles de la part de régions périphériques intérieures de la fédération russe… Je lis avec intérêt les propos de Hanna GAUER, Philippe SOUAILLE, et des infos de Domagoj Franic (croate qui a connu la guerre contre les Serbes) (infos souvent trop optimistes sans doute).

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  10. La France et l’Europe pensent que les dangers qui menacent l’humanité sont ailleurs. En l’objet le climat notamment.
    Et sont en train de saborder nos économies avec des transitions énergétiques et écologiques complètement inutiles.
    Elles ne veulent pas admettre que l’accès aux ressources agricoles, énergétiques et minières resteront des questions cruciales pour être une puissance économique et politique et investir dans une défense digne de ce nom.

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      1. Votre réaction est la preuve de ce que j’ai écrit
        Alors dites-moi: est-ce que le bilan carbone des guerres en général et de la guerre russo ukrainienne en particulier est-il bon pour le climat ?
        Indice : on voit beaucoup de publications avec des chats et des chiens en compagnie des combattants ukrainiens…or le GIEC a dit qu’ils sont néfastes pour le climat et l’avenir de la planète

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      2. Excusez-moi, vous êtes dans le déni complotiste… et je ne polémiquerai pas, car c’est perdre son temps avec des gens comme vous. Adieu, NPK…

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  11. On va sortir de l’enlisement en provoquant un changement de régime au Kremlin.

    Le but de « l’occident » (au moins des États-Unis et de quelques autres pays, dont probablement la France) n’est pas (en ce moment) de gagner la guerre, mais de provoquer un changement de régime en Russie, pour que la Russie puisse devenir un allié par après et parce que c’est la seule véritable solution au problème.
    Sur le front le but en ce moment est seulement que « l’opération spéciale » de Poutine soit un échec, ce qui est le cas.

    Gagner la guerre n’est pas (au moins en ce moment) la meilleure stratégie pour atteindre l’objectif.
    Les Russes seront plus motivés à tenter d’échapper d’une manière ou d’une autre au régime de Poutine afin d’échapper aux conséquences d’une guerre échouée, sans issue possible à l’horizon, avec d’énormes pertes et exigeant toujours plus de sacrifices inutiles, qu’ils ne seraient motivés à le faire à cause que la guerre s’est déjà terminée par une défaite.
    Si « la contre-offensive ukrainienne » était un grand succès, est-ce que les russes seraient plus motivés qu’en ce moment à tenter de renverser le régime? Je ne crois pas.

    Au printemps, à l’occasion des « élections » en Russie, si une révolte va éclater elle sera cette fois très dangereuse pour le régime. À ce moment-là, les soldats russes enlisés sur le front vont se rendre compte que la réussite de la révolte les sauverait aussi de leur situation désespérée. Qui serait alors plus en mesure de s’assurer de la réussite de la révolte qu’eux mêmes?
    Il y a déjà en Ukraine des unités formées par des citoyens russes, qui ont comme but déclaré de renverser le régime au Kremlin. Elles auront probablement un rôle important de déclencheur.
    Des conversations interceptées par les Ukrainiens montrent que l’idée de marcher vers Moscou pour renverser le régime est de plus en plus répandue au sein même de l’armée russe.

    Le fait que l’armée russe soit, aux moment des « élections » (moment le plus favorable au commencement d’une révolte), encore enlisée en Ukraine, sans sortie possible à l’horizon, est un facteur essentiel dans la stratégie de changement de régime en Russie. C’est ce qui explique les « hésitations occidentales ».

    À mon humble avis, quasiment toutes les analyses qui sont faites arrivent à des conclusions erronées à cause qu’elles partent d’une hypothèse fausse quant à l’objectif (non officiel) de « l »occident ».

    L’enjeu de cette guerre n’est pas l »Ukraine (dont le régime pro occidentale ne peut plus être changé), l’enjeu c’est la Russie, c’est à dire le régime au pouvoir au Kremlin, régime qui peut être changé par un régime pro occidentale, même si ça nécessiterait plusieurs étapes. Mais dans tous les cas, la première étape est le renversement du régime de Poutine.

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    1. « la première étape est le renversement du régime de Poutine »
      Wishful thinking. Poutine n’est que le restaurateur de l’impérialisme russe, mis en veille lors de la dislocation de l’URSS, mais n’en est pas le créateur.

      Soutenu en cela par les vieilles générations, et par les plus jeunes actuellement endoctrinés dès les petites classes, depuis 2012, plus encore avec les nouveaux programmes scolaires de 2022.

      Je doute fort que des vicissitudes économiques suffisent pour mettre à bas cet adhésion populaire à cet impérialisme russe.

      Fabrice

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  12. Bonjour Guillaume,

    Probablement vrai mais c’est trop lourd à porter avec un agenda déjà chargé (Afrique, Moyen Orient, réchauffement climatique, immigration, etc…).

    L’état du monde pause plus que jamais question. Je te souhaite quand même un bon Noël.

    Amicalement,

    Philippe

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  13. Croyez-vous possible une telle prise de décision (un engagement européen pour éjecter les troupes russes du territoire ukrainien) par les gouvernements en place? Est-ce que certains état-majors partagent votre analyse?
    Sans avoir aucune compétence militaire particulière, et détestant la guerre, j’ai cependant du mal à voir comment faire plier Poutine autrement que par le seul langage qu’il comprend: la force brutale.

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    1. « un engagement européen pour éjecter les troupes russes du territoire ukrainien »
      Difficile d’imaginer un pays européen s’engageant militairement sur le territoire ukrainien sans un fort soutien de son opinion publique, en sus de l’adhésion de ses dirigeants.

      Si des pays d’Europe orientale (Baltes, Pologne.. possiblement aussi Roumanie, Royaume-Uni…) y sont prêts, cela n’est pas le cas pour un pays comme la France et l’Allemagne où le seul soutien matériel est déjà menacé.

      A tort, les opinions locales ne se sentent pas menacées. Il est vrai que les enjeux de moyen terme sont très rarement abordés. De plus, une partie de nos nationalistes et populistes sont prêts à toutes les alliances (Poutine en l’occurrence) pour mettre à bas une construction européenne honnie.

      Fabrice

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    1. Osons le dire. Tous nous souhaitons la paix pour les ukrainiens comme pour le peuple russe, pour les palestiniens qu’ils soient juifs, arabes ou druzes. Comme pour nous qui risquons d’être aspirés dans la spirale infernale de la guerre. Le fait est que qu’il ne suffit pas de la désirer ardemment, de l’appeler régulièrement de nos seuls voeux.

      La question palestinienne était reléguée au second plan de l’actualité internationale depuis une décennie, voire plus. Le souci de trouver et de mettre en oeuvre une solution s’était évaporé et ne semblait plus être à l’ordre du jour, ni des Nations Unies, ni de l’Union européenne. Pourtant, ni la sécurité des Israéliens, qu’ils soient juifs ou musulmans, druzes ou chrétiens, ni les simples droits humains et la dignité des habitants de Cisjordanie et de la bande de Gaza ne pouvaient être durablement garantis par un équilibre toujours fragile, parce que ne reposant que sur la seule force d’un Etat qui imposait sa seule volonté. La preuve !

      Une question reléguée à l’arrière-plan, certes toujours à l’esprit des principaux concernés, mais également de ceux qui sont plus que jamais prêts à toutes les instrumentalisations, tantôt des frustrations et des privations, tantôt de la légitime aspiration à la dignité et à la sécurité. Il est de notoriété publique que le régime des ayatollahs et des mollahs chiites arme et téléguide depuis toujours l’action du Hezbollah et du Hamas, et depuis plus récemment des Houthis du Yemen.

      Quand dans la guerre qui oppose les Ukrainiens à la Russie de Poutine nous apprenions que ce dernier avait demandé l’appui de l’Iran, nous nous doutions bien que ce ne sont pas seulement des fournitures en armements divers que Poutine attendait d’eux. Un autre « renfort », celui de l’ouverture d’un second front était attendu, bien plus utile que la fourniture d’armes dont d’autres pouvaient se charger. Il devenait urgent de détourner les regards de la communauté internationale, mais surtout des opinions publiques vers un autre conflit, il fallait assécher les ressources en armements et en munitions disponibles dans les réserves des alliés de l’Ukraine.

      Mieux encore, d’une pierre, l’alliance des deux autocraties fait double coup : elle affaiblit la solidarité des démocraties avec un Etat qui subit une agression militaire par son voisin dominateur ; elle crée et accentue les inévitables contradictions entre alliés mais surtout tente d’enfoncer autant de coins que possible entre membres de l’Union Européenne, celle-ci désignée comme obstacle politique à une volonté d’hégémonie, donc cible militaire possible des aspirations impériales.

      En un second temps, elle affaiblit les démocraties ouvertes au débat contradictoire en mettant au centre du jeu la question israélo-palestinienne qui concentre généralement plus de réactions émotionnelles que de raison. Autant il nous est facile de condamner une agression d’un Etat contre un autre en raison de notre propre mémoire, autant il nous est difficile d’appréhender sereinement la question palestinienne dans laquelle les nations européennes ont une part de responsabilité.

      Il appartient aux gouvernements des pays de l’Union Européenne de ne pas se laisser égarer par les manoeuvres de diversion des autocrates de tous poils et de toutes les obédiences. Il nous appartient comme citoyens de ce qui doit rester une Union des démocraties de ne pas nous laisser abuser par tous ceux qui agissent en sous-main et qui sont capables du pire

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