Ukraine : enlisement du front, prolongation de l’offensive et collision avec le Proche-Orient


Après 20 mois de combats acharnés, la situation en Ukraine dans la guerre déclenchée par la Russie de Poutine est difficile : le front s’est enlisé du fait d’erreurs tactiques des Ukrainiens, mais aussi des tergiversations des alliés et probablement maintenant de la crise au Proche-Orient.

La grande offensive déclenchée par l’Ukraine le 6 juin 2023 n’a pas atteint son objectif initial de percer la digue russe avant les pluies d’automne, il aurait fallu pour cela qu’elle débouche avant fin septembre. 

Mais les forces ukrainiennes ont changé de tactique durant l’été, estimant que l’offensive massive conseillée par les Occidentaux provoquait des pertes trop importantes. Elles ont donc changé de rythme et décidé de transformer leur opération en « longue offensive », n’hésitant pas à enjamber l’automne et l’hiver si nécessaire. 

Lire : la « longue offensive » de l’Ukraine

En effet, les Ukrainiens ne se voyaient pas accepter les pertes élevées liées à des assauts massifs comme le débarquement en Normandie qui fut un temps la référence jusqu’au choix de la date de lancement de l’offensive un 6 juin.
 Mais aussi parce qu’ils maîtrisaient mal les manœuvres combinées avec toutes les armes, artillerie, manœuvre des blindés et complémentarité de l’infanterie : les militaires ukrainiens se sont finalement concentrés sur de l’artillerie de contre-batterie d’un côté (la destruction des canons et des munitions d’en face) et des actions relativement réduites d’infanterie de l’autre, sans réellement les combiner.
 Personne ne pouvait, parmi les alliés, leur imposer de faire autrement puisqu’ils restent assez seuls « à la manœuvre », pour combattre sur le terrain les troupes de Poutine.


En ralentissant son offensive, l’Ukraine a donné du temps et de la capacité d’anticipation à l’armée russe

Ce changement de rythme dans l’offensive ukrainienne a donné deux avantages importants à l’armée russe : du temps et de l’anticipation.

Du temps d’abord, alors que la Russie dispose fondamentalement de moyens plus importants que l’Ukraine, notamment une population quatre fois supérieure qui lui permet de recruter, de former (hâtivement) et d’envoyer sur le front de la « chair fraîche en abondance », ce qui a surpris jusque dans les rangs ukrainiens. 

Ces derniers espéraient avoir épuisé les unités russes de première ligne, mais à leur grande consternation, de nouvelles recrues ont pris la relève début octobre notamment, peu expérimentées mais suffisamment nombreuses pour les empêcher de passer. 

L’absence d’effet de surprise a permis aussi à l’armée russe de concentrer ses réserves et de consolider ses lignes de défense (sa « digue), tandis qu’une manœuvre plus rapide ou surprenante des Ukrainiens aurait pu les prendre de court et les déstabiliser. En renonçant à la vitesse et à la concentration des efforts – contrairement à ce que leur conseillaient leurs alliés –, les Ukrainiens ont vu leur offensive s’enliser et n’arrivent plus à progresser depuis le mois de septembre. Certes leur offensive continue, mais elle n’avance pas, j’y reviendrai.

Lire aussi : L’offensive de l’Ukraine à un point névralgique, tension des alliés du fait des prolongations

L’armée russe a par ailleurs bénéficié d’un approvisionnement important en obus d’artillerie de la Corée du Nord qui a fourni l’équivalent d’un à deux mois de combat (soit des centaines de milliers d’obus), alors que les tirs très précis des Ukrainiens avaient détruit une grande partie des stocks de munitions russes à proximité du front et diminué significativement leur supériorité en la matière. 


Le front s’est enlisé

Les Ukrainiens avaient fait le choix de ne pas suivre les conseils militaires de leurs alliés, notamment américains, et d’étirer leur offensive dans le temps, mais le temps s’est retourné contre eux à ce stade des combats, les Russes renouvelant leur armée, qui semblait pourtant épuisée, par des recrues aussi inexpérimentées que nombreuses. 

Principales actions ukrainiennes (en bleu) et russes (en rouge) au 31 octobre 2023

Embourbés au milieu de la digue russe, dans le triangle de Robotyne-Novoprokopivka-Verbove, les forces ukrainiennes ne sont pas arrivées encore à déboucher et ne peuvent pas espérer aller plus loin tant qu’elles ne l’auront pas percée. Leur offensive telle que lancée au printemps s’est enlisée. 

Lire aussi : la bataille du « triangle », porte de la digue russe


Des facteurs déstabilisants pour l’évolution du front

L’armée russe peut même se permettre de lancer depuis quelques semaines des contre-offensives plus à l’Est, comme du côté d’Avdiivka dans la région de Donetsk (où son armée subit des pertes considérables), et plus au Nord du front autour de Koupiansk. Ces contre-attaques russes gênent ostensiblement l’offensive ukrainienne en détournant une partie de ses moyens pour les contrer. 

Des spécialistes de la Russie rappellent à ce propos que nous aurions tort de penser que Poutine seul obligerait ses jeunes gens à partir se battre et mourir dans les tranchées en Ukraine. Tous sont unanimes pour dénoncer l’état d’esprit dominant de la société russe, même lorsqu’elle est éloignée des centres de pouvoir.  

Une majorité de Russes considèrent en effet que l’Ukraine est « son jardin » et n’admettent pas que ses habitants – qui dans leur esprit doivent tout à la Sainte-Russie – puissent oser défier la puissance de leur empire que Poutine tristement symbolise. 

Se battre en Ukraine sert à la grandeur de la Russie et les pertes monstrueuses (les estimations se situent désormais entre 200 et 300 000 morts du côté russe, pour l’essentiel des militaires, avec 3 à 4 fois plus de blessés) constituent aussi dans cette société viciée par Poutine l’opportunité de recevoir un gros chèque d’indemnisation qui peut aller jusqu’à plusieurs dizaines de milliers €. 

La ténacité des Ukrainiens

Enlisés dans la bataille du triangle au cœur de la digue russe, confrontés à des contre-attaques russes, les Ukrainiens ne renoncent pas pour autant. Dans la première bataille citée, ils continuent à attaquer, jour après jour, grignotant les lignes russes et espérant toujours les percer, même si celles-ci ont eu le temps de se reconsolider et probablement de renforcer leur troisième et dernière ligne qui semblait initialement plus faible que les deux premières.


Pour augmenter la pression sur l’armée russe ou créer éventuellement un deuxième front, les Ukrainiens ont aussi pris pied de l’autre côté du fleuve Dniepr dans la région de Kherson plus à l’Ouest. Cette région est d’autant plus sensible pour les Russes qu’elle est juste en face de la Crimée et plutôt mal protégée du fait que les Russes ont largement dégarni cette partie du front après avoir détruit le barrage et inondé cette vallée. 


De plus, les Ukrainiens ont commencé à recevoir des missiles ATACMS des Etats-Unis, une arme particulièrement redoutable tirée d’un lance-roquettes multiples en doublant la portée des munitions utilisées jusqu’ici (au moins 160 km contre 80). Cependant, ces missiles ATACMS n’ont été livrés qu’en quelques dizaines d’exemplaires et ne peuvent pas « renverser la situation », mais ils donnent plus de puissance aux Ukrainiens et surtout une allonge qui, une fois encore, met à mal la logistique russe, cruciale pour alimenter une armée de blindés et de canons d’artillerie. 

La livraison annoncée des premiers avions de chasse F16 est de la même nature, insuffisants en nombre pour renverser le front mais apportant une capacité de combat supplémentaire aux Ukrainiens, notamment en leur permettant d’utiliser des bombes guidées pour mener des frappes puissantes dans la profondeur du front. 

Ces livraisons auraient pu (dû) être effectuées beaucoup plus tôt et ont manqué à l’offensive ukrainienne de printemps. La parcimonie avec laquelle ces armes sont livrées est l’illustration des tergiversations des alliés qui ne veulent pas que la Russie gagne, mais qui ne donnent pas réellement les moyens nécessaires aux Ukrainiens pour remporter une victoire sans appel… La chute de l’empereur russe effrayerait-t-elle encore les esprits ?

La crise au Proche-Orient affaiblit la situation des Ukrainiens

En effet, les Ukrainiens souffrent déjà de la crise au Proche-Orient. D’un point de vue médiatique – dans cette impitoyable « guerre de la communication » – le conflit en Ukraine n’intéresse quasiment plus les opinions publiques, partagées entre la lassitude pour cette dernière et l’hypnotisation sur la guerre qui ébranle maintenant Israël. 

Face au risque d’escalade régionale du conflit israélo-palestinien et à la tension internationale que celui-ci crée, l’Ukraine passe au second plan et ne bénéficie plus de la même attention de ses alliés. Il est très frappant de constater que les Américains, qui sont les principaux détenteurs de stocks militaires du côté des alliés, doivent maintenant opérer des choix drastiques dans la livraison d’armements tandis qu’ils ne disposent finalement que d’une ressource limitée. 

En particulier pour les munitions les plus sensibles, obus d’artillerie, missiles et bombes guidées, les choix à venir seront cruciaux si les Américains veulent protéger en même temps Israël et l’Ukraine d’une menace existentielle.

Au sein des alliés, une cinquantaine de pays et pas seulement des « Occidentaux », la guerre en Israël provoque aussi des tensions fortes : le Maroc par exemple qui était exemplaire dans son soutien à la défense de l’Ukraine est bouleversé par l’offensive menée par Israël contre la bande de Gaza qui dévaste les Palestiniens en faisant des milliers de morts. 

Sortir d’une impasse tragique

Ce que ces pays alliés n’auraient jamais accepté de l’Ukraine – que celle-ci bombarde la population civile russe pour se défendre de leur invasion –, n’est que laborieusement exprimé lorsqu’il s’agit de la Palestine. La plupart de ces pays alliés condamnent en effet l’attaque bestiale du Hamas du 7 octobre dernier, mais ne condamnent pas aussi fermement le matraquage que fait subir Israël à la bande de Gaza depuis trois semaines et demi. 

D’un point de vue de l’intérêt – la question « à qui profite le crime ? » –, Vladimir Poutine est le (si ce n’est le seul) dirigeant à tirer profit de cette guerre au Proche-Orient qui s’inscrit clairement dans sa volonté de recomposer l’ordre mondial. 

La réception de dirigeants du Hamas à Moscou, les méthodes utilisées pour choquer les esprits qui ne sont pas sans rappeler celles de Wagner en Afrique, l’agitation antisémite dans certaines régions de Russie comme le Daghestan, conduisent à penser que Moscou joue un rôle dans la crise actuelle qui secoue le Proche-Orient et qui pourrait affecter cet « ordre mondial » que ce dernier veut contester à tout prix. 

Ces deux « fronts », d’Israël face au Hamas dans la bande Gaza et de l’Ukraine face à la Russie, ne sont pas directement liés, mais leurs conséquences respectives affectent une grande partie du monde et interagissent l’un sur l’autre malgré les 1,800 km qui les séparent.

Saurons-nous sortir de cette impasse sans reproduire « l’esprit de Munich » – tout sacrifier pour une paix éphémère – mais en construisant collectivement aux Israéliens, Palestiniens et Ukrainiens un avenir autre que la guerre, cette vallée de larmes et de sang ?




Pour approfondir,

Lire aussi la chronique de Sylvie Kauffmann, éditorialiste pour Le Monde : Après le déclenchement de la guerre Israël-Hamas, « Vladimir Poutine se frotte les mains »

24 commentaires sur “Ukraine : enlisement du front, prolongation de l’offensive et collision avec le Proche-Orient

  1. « La chute de l’empereur russe effrayerait-t-elle encore les esprits  » est un piètre argument car il peut tout aussi bien décéder bientôt car il n’est pas immortel et il vaudrait mieux qu’il perde assez de crédibilité avant, pour que son ou ses successeurs soient dissuadés de recommencer de sitôt.
    Plutôt que de le cibler, il serait d’ailleurs préférable qu’il soit renversé par d’autres car, comme son petit disciple de Corée du Nord ou le dictateur dont il s’inspire en stigmatisant ses adversaires, il préfèrera allez jusqu’au bout plutôt que de perdre la face.
    Pour au moins protéger son territoire encore libre, malgré ce grand déséquilibre humain et matériel, il faut donc intégrer l’Ukraine (comme la Moldavie) dans l’OTAN au plus tôt même si, comme la RFA à l’époque, elle ne dispose pas de tout son territoire, voire dans l’UE si cela peut servir à quelque chose, avec Chypre comme précédent.
    Je ne comprends pas d’ailleurs pourquoi on n’installe pas plus de moyens anti-aériens chez ses voisins membres de l’OTAN pour en faire un parapluie frontalier débordant le plus largement possible (comme le fait le GAN américain face au Liban sud en protection d’Israël).

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    1. Déjà on n’intègre pas un Etat en guerre dans l’Otan. C’est la base. L’article 5 est certes de conception large, mais il existe. Et, en toute hypothèse, cela donnerait raison à Poutine sur la cobelligérance de l’OTAN. De toute façon, mise à part les Anglais et les Polonais, aucun autre chef d’Etat européen membre de l’Otan n’accepterait cette perspective.
      Ensuite, vous partez du principe que c’était la RFA qui n’avait pas la disposition de tout son territoire. Mais on peut en dire autant de la RDA. Question de point de vue. L’histoire est allée dans le sens de l’absorption de la RDA par la RFA (du reste, dans des conditions juridiques franchement bancales, mais cela correspondait sans doute à une volonté majoritaire des allemands de l’Est). mais ça aurait pu être l’inverse si une guerre en Europe avait mal tourné pour nous. Les deux Etats Allemands étaient légitimes et reconnus.

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  2. « Les Ukrainiens avaient fait le choix de ne pas suivre les conseils militaires de leurs alliés, notamment américains, et d’étirer leur offensive dans le temps »
    J’ai souvenir qu’à la fin de l’été 2022, les Ukrainiens privilégiaient une offensive au sud de Zaporijjia, mais qu’ils y avaient renoncé après des simulations war games des américains. Simulations qui établissaient que l’armée ukrainienne n’avait pas assez de souffle (manque de munitions, insuffisances logistiques) pour atteindre la Mer d’Azov. Alors qu’à l’époque, Surovikine n’avait pas encore fortifié la zone.

    Sur les conseils des américains, l’armée ukrainienne s’est donc rabattue sur les fronts de Kharkiv et de Kherson, mais ce n’étaient que des solutions de second choix.

    Déjà à l’époque, j’avais sur lavoixdelepee (version blogspot) évoqué l’intérêt d’une double offensive vers Melitopol et Marioupol, en indiquant que si c’était aussi apparent pour un total néophyte de la chose militaire comme moi, cela l’était évidemment encore plus pour les stratèges russes. Et donc que déjà, l’armée ukrainienne y était attendue, pas le lieu d’une offensive surprise.

    Je comprendrais que des stratèges ukrainiens en veulent beaucoup à la mollesse initiale du soutien occidental, car si ce soutien a bloqué l’agression russe, cette mollesse a eu pour conséquence une beaucoup plus grande difficulté à rejeter l’armée russe hors du territoire ukrainien, avec ou sans Crimée + Donbass.

    Si la Russie poutinienne persiste à poursuivre « what ever it takes » (pour paraphraser Draghi en macroéconomie), l’Occident va être confronté à un choix douloureux. Car le seul soutien matériel et économique occidental risque de ne pas suffire à l’Ukraine pour résister à la pression militaire russe (supériorité démographique durablement écrasante, stock matériel militaire encore très conséquent même si moins performant, ravitaillement assuré en munitions et en drones-suicide/missiles).

    Ce choix serait entre :
    – laisser souffrir (et probablement reculer progressivement) l’Ukraine, avec un coût géopolitique élevé (l’Occident n’assiste pas suffisamment ses alliés, contrairement au précédent de la Guerre de Corée), voire un doute sur une mise en oeuvre de l’article 5 au sein de l’OTAN, et
    – intervenir activement sur le front ukrainien (matériels vraiment pointus, voire troupes formées avec ou sans étendard), politiquement très délicat face aux opinions occidentales très pacifiques, sorties de l’Histoire.

    Certaines décisions actuelles conduiront in fine à un tel choix.

    Fabrice

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  3. Merci Monsieur Ancel pour vos points de vue toujours instructifs.
    Dans The Economist du 1/11 plusieurs articles et une analyse approfondie intéressante du Général Zaloujny pour compléter les vôtres.

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  4. Il y a déja eu 4 conflits entre le Hamas et Tsahal. Chaque fois, les israéliens ont accepté un cessez-le-feu pour des raisons humanitaires. Et, chaque fois, ils sont attaqués de nouveau par le Hamas.

    En Ukraine, on a deux grandes armées en uniforme.

    Au Proche-Orient, c’est la guerre asymétrique.

    Si le Hamas combattait comme les Ukrainiens, dans un champ ouvert, ils seraient vite anéantis. Leur stratégie militaire repose sur la densité urbaine de Gaza. Ils stockent leurs armes et leurs centres de commandement sous les zones les plus sensibles, comme les hopitaux et les écoles. Leurs combattent se mélent aux populations civiles.

    Comme le souligne un rapport de l’OTAN, toute la stratégie du Hamas repose sur les boucliers humains :

    Cliquer pour accéder à hamas_human_shields.pdf

    Plus les Israéliens frappent, plus ils peuvent dénoncer les israéliens médiatiquement et détruire leur image sur le plan médiatique. Le Hamas adore le sang palestinien. C’est tactiquement intelligent mais particulièrement cynique.

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  5. Bonjour Monsieur,
    Un grand merci pour vos explications. Clairement la création d’un second front en Israël permet à Poutine de détourner le regard de l’Occident et des Etats Unis, de la guerre en Ukraine.

    Je vous rejoints totalement sur l’indépendance militaire de l’Europe. Je pense qu’elle est vitale.
    Pourtant le jeu de l’Allemagne n’est pas clair (achat d’armement aux USA, Voyage de Scholz en Chine).

    Comment voyez-vous évoluer la situation ?
    Qui sont nos vrais et sérieux principaux alliés (Le Royaume-Unis) ?
    L’évolution la plus probable ne serait elle pas un enlisement jusqu’à une situation rappelant la Guerre de Corée ?
    Merci d’avance
    Cordialement
    Eric

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    1. Bonsoir Éric
      L’Ukraine ne peut pas perdre, mais est-ce que ses alliés lui donnent réellement les moyens pour qu’elle gagne ? Le risque est fort effectivement que cela s’embourbe dans une ligne de démarcation tandis que la situation au Proche-Orient est des plus inquiétantes…
      Quant aux Britanniques, il me semble malheureusement impossible de fo-construire quelque chose avec eux… c’est bien l’UE qui semble la plus appropriée

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  6. J’imagine bien Wladimir Poutine encourager le patron du Hamas : « Vas y mon gars, tu ne feras qu’une bouchée de ces dégénérés ». Laisser défendre nos démocraties par substitution ne me semble pas le meilleur choix même s’il ne semblait que le seul possible.

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  7. Aucun autre pays n’a payé et ne va probablement jamais payer plus cher que l’Ukraine son désir de faire partie de l’UE et de l’OTAN.
    En sachant qu’un pays a même choisi de quitter l’UE, c’est quand-même très impressionnant.
    Comment peut-on penser une seconde qu’on pourrait abandonner un tel pays ou qu’on pourrait lui réduire l’aide militaire, pour le forcer à accepter les conditions de l’agresseur, dont le premier but est justement de l’empêcher de faire partie du Monde Libre, surtout lorsque l’agresseur est un régime avec des prisons, du Novichok et des fenêtres pour ceux qui ont le courage de dire la vérité?

    L’UE et l’OTAN avaient grand besoin d’un tel pays, pour nous faire conscientiser quelle grande valeur peut avoir dans les yeux d’un autre peuple ce que nous avons déjà et qu’on n’apprécie plus à sa vraie valeur. Souvent les gens n’apprécient pas assez ce qu’ils ont déjà et ils s’en rendent compte seulement après qu’il le perd ou lorsqu’ils comprennent quelle grande valeur ça peut avoir dans les yeux d’autres personnes.

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  8. Triste de lire ce constat un 1er novembre, étant donné que vos analyses étaient jusqu’à présent toujours teintées d’optimisme.
    Entre l’accueil des américains fait à V. Zelensky en 2022 et 2023, il y a un univers.
    Le dernier article du Time met en exergue un président Ukrainien quasi-seul dans son optimisme .
    Merci en tout cas pour vos écrits.

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      1. Bonsoir, je voudrais écrire ici mon agacement quant au conflit Hamas/Israel. Avant le 24/2/22, ma priorité absolue était la dégradation de notre Terre. J’ai accepté l’idée qu’il fallait abattre ce régime Poutinien pour qu’il nous laisse tranquille, et aussi parce qu’il représente le passé, inondant le monde avec ses produits pétroliers et gaziers toxiques pour notre Terre. Maintenant, on nous inonde littéralement d’infos et de débats sur un conflit mineur du point de vue de l’avenir de la planète. Alors, je l’ai mauvaise, surtout avec les tempêtes destructrices qu’on vit en ce moment-même. Alors, pitié, revenons à la dure réalité du moment qu’il faut arrêter Poutine, et s’occuper de manière drastique de notre Terre. Bien cordialement

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    1. Selon moi, pour mieux interpréter ce qui se passe il faut partir de l’hypothèse que le but principal est de provoquer un changement de régime au Kremlin. Ça serait d’ailleurs anormale que tous les sacrifices et les dépenses énormes soient faits pour un but plus modeste que ça.

      Il y a déjà des unités de plus en plus nombreuses formées par des citoyens russes qui se préparent en Ukraine et qui ont comme but de renverser le régime de Poutine. Les « élections » en Russie s’approchent (mars 2014).

      Je suis très optimiste quant à l’atteinte de ce but, qui va implicitement amener la victoire de l’Ukraine, la paix véritable et durable et va faire en sorte que la Russie va emprunter aussi le chemin que l’Ukraine a emprunté.

      Selon moi les américains ont fait en sorte que les dirigeants de l’Ukraine comprennent que le chemin le plus simple vers la victoire est de provoquer la chute du régime au Kremlin, c’est pour ça que le chemin de la victoire sur le front n’est pas plus facile.

      Zelenski a dit il y a pas longtemps que « c’est le peuple qui va gagner, pas le Kremlin », sans spécifier de quel peuple il s’agit.
      Biden a dit lors de son dernier discours du bureau ovale:
      « nous ne cherchons pas à ce que les troupes américaines combattent en Russie ou contre la Russie »
      « en Russie » donc! C’est nouveau et c’est très important selon moi, ça fait référence de manière subtile à une possible guerre civile en Russie. Dans un tel discours chaque mot est bien réfléchi d’avance, rien n’est laissé au hasard.

      Il ne faudrait pas oublier que Zelenski est quand même un acteur. Il est en train de jouer le rôle de sa vie.

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    1. Principalement parce que les Ukrainiens ne se voyaient pas accepter les pertes élevées liées à des assauts massifs comme le débarquement en Normandie.
      Mais aussi parce qu’ils maîtrisaient mal les manœuvres combinées avec toutes les armes, artillerie, manœuvre des blindés et complémentarité de l’infanterie, ils se sont finalement concentrés sur de l’artillerie de contre batterie d’un côté et des actions relativement réduites d’infanterie de l’autre sans réellement les combiner.
      Personne ne pouvait, parmi les alliés, leur imposer de faire autrement puisqu’ils sont assez seuls « à la manœuvre ».
      Je vais rajouter cette partie à l’article car je bois dans ta question qu’elle manque effectivement.
      Amitiés
      Guillaume

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  9. « Une majorité de Russes considèrent en effet que l’Ukraine est « son jardin » et n’admettent pas que ses habitants – qui dans leur esprit doivent tout à la Sainte-Russie – puissent oser défier la puissance de leur empire »
    Une fois ceci admis, il faut en tirer les conséquences quant à la conduite de la guerre, y compris la « nouvelle Guerre Froide ».

    L’ebouillantement progressif de la grenouille, requis initialement surtout face aux opinions occidentales, n’est plus d’actualité. Il faut désormais pallier le lent poison du désintérêt installé par les relais occidentaux de la propagande russe.

    On n’a pas arrêté de gloser sur des « game changer » (toujours utiles, jamais suffisants, sauf pour la rive droite du Dniepr), mais il faudrait surtout ne pas lésiner ni tarder à livrer. Tristement, on ne retrouvera l’opportunité quasi miraculeuse de l’automne 2022.

    Fabrice

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  10. Bonjour Guillaume,

    Après lecture de ton dernier papier, la question cruciale pourrait être la suivante pour l’Ukraine. L’industrie d’armement aux USA a-t-elle les moyens de fournir notamment des obus de 155 pour les deux champs de bataille d’Ukraine et du Proche Orient. Et quid du déficit américain ?

    L’Iran et la Russie veulent installer un ordre mondial à leur avantage et la Chine pourrait bien être d’accord. La Corée du Nord trouve là au passage une utilisation lucrative de son industrie d’armement.

    Amicalement,

    Philippe

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      1. Bonjour,
        c’est assez inquiétant alors: d’une façon ça revient à dire que la capacité stratégique étatique est pilotée (limitée) par la stratégie d’investissement des industriels privés … dans un des deux camps.
        est-ce que l’état ne devrait pas contraindre et financer la construction des capacités industrielles alors ? on se rapproche certes de la notion d’arsenal mais dans une guerre longue , celui qui ne bâti pas -ou moins- de capacité industrielle va forcement perdre, non ? déjà deux ans de retard

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