La « non-stratégie » d’Israël, en matraquant le peuple palestinien, met en danger l’équilibre de nos sociétés (elle comprise)

Le gouvernement Nethanyaou a pris une grave décision en lançant une offensive contre la bande de Gaza sans stratégie crédible. En affirmant vouloir « détruire les capacités militaires du Hamas », la politique actuelle d’Israël brille par son absence de stratégie. Cela relève même de la « non-stratégie », à la hauteur de l’échec de la politique sécuritaire de Benyamin Nethanyaou et du désastre pour Israël que fut cette attaque bestiale du Hamas le 7 octobre. Et cette non-stratégie se traduit par le matraquage systématique des Palestiniens dans une offensive militaire dénuée de buts de guerre clairs et atteignables.

Lire aussi : Israël, l’offensive terrestre a commencé 

Les Américains ont sans doute dissuadé le gouvernement israélien de lancer une invasion terrestre sur l’ensemble de la bande Gaza, mais l’opération actuelle qui consiste à isoler et à assiéger la partie Nord, avec notamment la ville de Gaza, présente le risque évident de peu gagner et de perdre beaucoup. 

Cette offensive militaire israélienne a peu à « gagner » 

Peu à gagner, parce que les objectifs affichés sont peu structurants et facilement renouvelables. Les dirigeants qui sont visés par les frappes israéliennes ne sont pas des leaders charismatiques difficilement remplaçables, mais bien au contraire des « candidats au martyr » dont l’élimination accélère le recrutement du Hamas. 

Les « infrastructures militaires » visées ne sont pas plus intéressantes : les centres de commandement ne valent que par ceux qui s’y réunissent et ne nécessitent pas de moyens lourds difficilement remplaçables. Ils ne sont équipés que de moyens radios et informatiques pour agiter des miliciens qui ne sont plus capables de lancer des opérations coordonnées d’ampleur après les pertes subies dans les suites de l’attaque du 7 octobre. 

Quant aux « stocks d’armes » révélés par l’armée israélienne, ils sont d’une médiocrité affligeante : ce sont essentiellement des « armes légères » que les futurs combattants du Hamas se procureront sans difficulté dans une région où les armes prolifèrent. Les roquettes découvertes sont du même acabit, des armes bricolées, des bombes avec des empennages pour les faire voler et menacer bien plus que détruire, que de simples ateliers peuvent reproduire. 

En « encerclant » la ville de Gaza, l’armée israélienne compte faire des raids à l’intérieur de cette zone pour obliger les combattants du Hamas à se dévoiler et les écraser. Mais si le Hamas a préparé cette phase autant que la précédente, leurs « meilleurs » éléments sont déjà partis dans le sud de la bande de Gaza au milieu des réfugiés palestiniens. 

Et les miliciens du Hamas vont attendre le moment propice pour reprendre leur harcèlement contre Israël plutôt que d’affronter militairement une armée israélienne contre laquelle ils ne font pas le poids. Plus encore, le réseau de sous-terrains qui sillonne la bande de Gaza va leur permettre de surgir au milieu des zones que Tsahal – l’armée israélienne – croyait contrôler, avant de s’enfuir vers le Sud dès lors qu’ils voudront se protéger. 

Pour bloquer ces tunnels, les militaires israéliens essayent de scanner en profondeur sous la bande de terrain qu’ils occupent notamment au sud de la ville de Gaza, et faire barrage en sous-sol aussi. Mais c’est une tâche très difficile surtout lorsque les sous-terrains sont creusés à plusieurs dizaines de mètres sous terre, les premières couches faisant écran aux réseaux les plus profonds. 

Détruire temporairement un tunnel n’est techniquement pas très compliqué, dès lors qu’il a été repéré : il « suffit » de le miner en plaçant des explosifs à l’intérieur. Mais ce minage détruit en général ce qui est en surface et surtout ne présente qu’une solution temporaire car en quelques semaines ces tunnels peuvent être recreusés dès lors que la zone n’est plus contrôlée. Une alternative consiste à y placer des capteurs pour tracer les mouvements à l’intérieur. 

Quant à leurs incursions dans la ville de Gaza, les forces israéliennes risquent de trouver bien peu à détruire pour « une armée en ordre de guerre » face au Hamas qui n’a en réalité… pas d’armée conventionnelle. La tentation sera grande alors d’afficher que « tous les buts de guerre ont été atteints » pour camoufler l’inefficacité de cette opération militaire dans la mesure où le Hamas est une organisation politique bien plus qu’une armée. 

Tous ceux qui ont été confrontés aux mouvements terroristes en ont fait l’amère expérience : mobiliser de puissantes armées pour « combattre » des fantômes est inefficace, tandis que la notoriété de ces derniers se renforce au fur et à mesure qu’ils sont placés au cœur de nos préoccupations, de nos offensives et de nos médias …

Perdre beaucoup

Les « pertes » du Hamas ne compteront guère pour l’organisation elle-même dont les dirigeants sont déjà au Qatar ou se sont « réfugiés » au Sud de la bande de Gaza… L’armée israélienne pourra toujours afficher les portraits approximatifs des sous-chefs du Hamas qu’elle aura liquidés, mais il faut garder à l’esprit que ces derniers seront aussitôt remplacés. 

Les pertes pour l’armée israélienne sont déjà conséquentes et le seront plus encore dans de telles opérations, où les combats se font de plus en plus « rapprochés », avec des miliciens du Hamas qui peuvent maintenant surgir à quelques mètres seulement des soldats israéliens. Certes, les miliciens du Hamas ne font pas le poids face à Tsahal dans un combat militaire, mais ils éviteront autant que possible ce dernier pour privilégier le harcèlement et les pièges, pour faire des dégâts sans permettre à l’armée israélienne de remporter une victoire tangible. C’est le principe même de la guerre asymétrique.

Des carnages parmi les Palestiniens 

Les pertes les plus importantes dans ce conflit se comptent en victimes civiles, parmi les Palestiniens. Les bombardements du camp de réfugiés de Jabaliya, le 31 octobre puis le 1° novembre, sont l’illustration de l’impasse militaire dans laquelle le Hamas a conduit Israël.


Le Hamas utilise en effet ce type de site, surpeuplé et très visible, pour installer des « cellules » de quelques miliciens. Ce ne sont pas des « centres de commandement » comme nous l’imaginons classiquement, mais plutôt une poignée de militants du Hamas avec des téléphones et des ordinateurs portables qui essaient de coordonner leurs prochaines attaques. 

L’armée israélienne estime qu’elle est légitime de les attaquer, mais la disproportion des moyens utilisés (des bombes guidées laser probablement de 250kg) dans un milieu densément occupé provoque de véritables carnages. La première frappe a fait au minimum 50 morts civils pour quelques militants du Hamas, et au moins 200 blessés dans la population palestinienne.

Palestinians search for casualties at the site of Israeli strikes on houses in Jabalia refugee camp in the northern Gaza Strip, October 31, 2023. REUTERS/Anas al-Shareef TPX IMAGES OF THE DAY

Autrement dit, pour frapper une cible du Hamas, l’armée israélienne tue 10 fois plus de civils et en blesse 40 fois plus… un désastre qui est d’ailleurs proscrit dans le droit international humanitaire. Ce sont en effet des « crimes de guerre » de ne pas différencier la population civile de ses cibles militaires. Et c’est exactement ce que recherche le Hamas qui réinstalle une autre cellule au sein de ce camp de réfugiés dès le lendemain, le 1° novembre… et qu’Israel frappe à nouveau : une spirale de violences meurtrières dont il faut sortir au plus vite.


Une situation humanitaire catastrophique

Les Palestiniens ne sont pas seulement victimes des affrontements militaires, ils souffrent aussi – dramatiquement – d’une situation humanitaire catastrophique. Depuis quatre semaines maintenant la bande de Gaza est en effet soumise à un blocus quasi complet, à l’image d’un siège médiéval destiné à affamer et ravager une cité emprisonnée.

Privés de carburant – indispensable au fonctionnement des hôpitaux et à la fourniture de l’eau –, d’approvisionnement en alimentation et en fait de quasiment tout, les Palestiniens meurent aussi de ces privations, les plus fragiles et les malades étant les premières victimes de cette pratique moyenâgeuse. Sous la pression internationale, Israël et l’Egypte ont fini par consentir un début de corridor humanitaire, à peine le 1/5° des besoins vitaux au quotidien pour une population civile qui compte près de 2,5 millions de Palestiniens. 

Du fait des bombardements israéliens, 40% de la capacité hospitalière dans la bande de Gaza est désormais « hors service » quand les besoins ont « explosé », dans tous les sens du terme. Et Israël renvoie même sur cette enclave dévastée les quelques milliers de palestiniens qui travaillaient sur son territoire au déclenchement de l’attaque du Hamas. 

Si aucun crédit ne peut plus être accordé aux chiffres fournis par « l’administration » de la bande de Gaza qui est contrôlée par le Hamas, l’ampleur des bombardements, de la crise humanitaire et maintenant des combats terrestres a provoqué des morts par milliers et quatre fois plus de blessés. Même en diminuant le bilan affiché par le Hamas des pertes civiles palestiniennes de 9,000 à 6,000 morts en un mois de guerre, ce chiffre rapporté à la population française (x27) équivaudrait à plus de 160,000 morts et 650,000 blessés à l’échelle de la France. Un carnage. 

Finalement, les Palestiniens sont devenus les otages de cette guerre déclenchée par le Hamas et alimentée par la non-stratégie du gouvernement Nethanyaou. 

Lire aussi : attaque bestiale du Hamas / riposte dévastatrice contre les Palestiniens de la bande de Gaza


Des attaques et un siège dévastateur pour les Palestiniens, sans relever d’une « intention génocidaire »

« Génocide », l’accusation est portée dans chaque conflit armé, des Ukrainiens aux Palestiniens en passant par les Israéliens. Mais ces crimes de guerre endurés par ces peuples ne relèvent pas pour autant d’un génocide qui consiste en « l’élimination concrète et intentionnelle, totale ou partielle, d’un groupe national, ethnique ou encore religieux, en tant que tel ». Ni les Israéliens, ni les Palestiniens n’ont cherché à éliminer l’autre en tant que tel. 

Pour éviter une vaine querelle de définition, je compare simplement la situation au Proche-Orient avec les trois génocides que j’ai traversés en sept ans, du Cambodge à Srebrenica en passant par le Rwanda où malheureusement la destruction massive comme l’intention étaient effectivement réunies. Alors que j’ai été élevé dans la culture de la Shoah et que je fais partie de cette génération qui croyait au « plus jamais ça », je ne peux pas accepter que ce terme – précis – de génocide soit utilisé à tort par toutes les parties, pour déchaîner une polémique dans une situation qui n’en a nul besoin. 

Des otages plus que jamais menacés 

Impossible dans ce contexte de violences extrêmes de connaître l’état et le nombre réel des otages détenus par le Hamas et les Brigades islamiques. Mais en choisissant la voie d’une invasion militaire, le gouvernement israélien condamne de fait ces otages, même s’il affirme le contraire. Pour en avoir menées, les opérations d’extraction d’otages ne sont pas compatibles avec une offensive terrestre d’ampleur pour laquelle les otages sont destinés à servir de bouclier humain. 

Le Hamas les a probablement dispersés dans plusieurs sites ou sous-terrains critiques que les Israéliens ont choisi de détruire. Les otages sont donc pour l’essentiel condamnés, même si le Hamas et les brigades islamiques vont encore jouer sur cette corde vicieuse pour obtenir des concessions en échange de leur libération, plus qu’incertaine dans ces conditions. 

L’armée israélienne a certes annoncé avoir récupéré une de ses soldats qui avait été kidnappée lors de l’attaque du 7 octobre, mais il est probable que son cas demeure exceptionnel : soit qu’elle ait réussi du fait de son entraînement à laisser des traces permettant de la localiser, soit qu’elle portait un traceur (peut-être sous cutané) permettant de la situer. C’est d’ailleurs le seul cas en 4 semaines d’une opération réussie de libération, dont personne ne peut confirmer qu’elle n’ait pas consisté plutôt en une négociation…

Plus de 200 otages sont réputés être encore aux mains du Hamas et des Brigades islamiques, leur sort est clairement compromis par cette offensive terrestre israélienne. 

La Cisjordanie est scandaleusement maltraitée par le gouvernement israélien 

Dans le cadre des pertes générées par cette guerre sur la bande Gaza, il faut regarder aussi du côté de la Cisjordanie, territoire palestinien dont le gouvernement Nethanyaou a fort imprudemment relancé la colonisation. Avec la guerre, les colons israéliens les plus extrémistes peuvent donner libre cours à leur violence fanatisée sous l’œil protecteur de l’armée israélienne qui a reçu l’ordre strict de les laisser faire. 

Des Palestiniens sont tués et brutalisés au quotidien en Cisjordanie sans que leurs tortionnaires ne soient inquiétés, les médias et toute la société étant monopolisés par la situation sur la bande Gaza. Les Palestiniens de Cisjordanie sont les victimes collatérales de cette « vallée de sang et de larmes » dans laquelle se sont engouffrés des Israéliens en lutte contre le fantôme du Hamas. 

Et la suite ? La question du « jour d’après »

Après avoir encerclé la partie nord de la bande de Gaza, l’armée israélienne va s’efforcer de montrer qu’elle « a atteint tous ses objectifs militaires » en détruisant les capacités militaires du Hamas qui apparaissent pourtant bien peu consistantes. 

Contrairement aux affirmations du gouvernement Nethanyaou, il est peu probable que ces opérations militaires – menées dans le cadre d’une « non-stratégie » – puissent durer longtemps. En effet, les conséquences internationales sont bien trop importantes pour que les Etats-Unis n’obligent pas leur allié à sortir rapidement de cette impasse militaire, d’autant plus que le coût pour la société israélienne n’est pas soutenable plus de quelques mois sans la ruiner. 

La question du « jour d’après » est désormais cruciale, car cette crise – si elle se prolongeait – pourrait provoquer un chaos mondial, celui que Vladimir Poutine appelle de ses vœux pour sauver son empire malmené. Bien au contraire, la sortie de cette impasse au Proche-Orient pourrait conduire enfin à une mobilisation internationale pour dessiner un avenir au peuple palestinien et discréditer la stratégie de l’ultra-violence portée par le Hamas.
Cette guerre est un non-sens.




Pour approfondir,

L’analyse de Gilles Paris dans Le Monde, Israël et les illusions d’une solution militaire à Gaza


L’analyse de Michel Goya : Gaza, combien de morts ?

26 commentaires sur “La « non-stratégie » d’Israël, en matraquant le peuple palestinien, met en danger l’équilibre de nos sociétés (elle comprise)

  1. Ce qui est étonnant, c’est d’écrire qu’il n’y a pas de stratégie israélienne / Netanyahou.
    Comment ne pas la voir ou la comprendre ?

    Cet homme domine la politique israélienne depuis 30 ans (arrivée à la tête du Likoud il y a plus de 30 ans), 16 ans au pouvoir comme premier ministre, sans compter les années Sharon (dont il était ministre) et Bennett, qui ne sont que des changements de personnes.
    (Parenthèse sur Bennett: il fut l’officier qui réclama le bombardement du camp de Cana au printemps 1996, intéressant n’est-ce pas…)
    Netanyahou ne vient pas de nulle part: son père, qui a vécu jusque 2012, fut l’un des plus grands militants et théoriciens du sionisme de combat, fondé par Jabotonski dont il fut le secrétaire personnel. Cette idéologie – qu’on peut comprendre par certains aspects considérant notamment l’histoire des juifs en Europe de l’Est aux XIXème et XXème siècles – est celle de l’autodéfense du peuple juif qui ne peut compter que sur lui-même et d’une lutte impitoyable pour la survie, et qui doit prendre sa part de terre sur la Palestine historique et ne pourra y cohabiter avec les arabes, qui devront en être chassés. (Voilà des décennies que c’est en cours, à bas bruit, en Cisjordanie, avec la colonisation et son cortège d’injustice et de répression). La guerre sera permanente, la seule paix possible sera avec les Etats arabes « neutralisés », pour le business.
    Par ailleurs, comprenant l’impératif d’avoir une superpuissance protectrice, le père de Netanyahou (qui avait convaincu Jabotonski de quitter le UK pour les USA, à la fin des années 30, pour miser sur le bon protecteur), fera un énorme travail de lobbying au-devant des politiciens américains avant et après la seconde guerre mondiale. Depuis 1949 et plus encore depuis 1967 les USA sont les garants de la survie d’Israël et lui donnent tout ce dont son armée a besoin.
    Cette idéologie a donné naissance à l’Irgoun puis au Herout et au Likoud. Elle a donné certains des plus grands hommes d’Etat « sionistes nationalistes de combat » : Begin, Shamir, Sharon, Netanyahou. Même si l’exercice est pour certaines périodes contestable considérant la nature ultra-parlementaire du régime politique israélien, ces 4 là ont occupé le pouvoir 34 ans. Si on ajoute Olmert et Bennett, politiciens moins importants mais sortis du même moule, on est à 38 ans sur 46.
    Ces hommes ont fait la paix avec de grands Etats « rentrés dans le rang » (Egypte camp David en 1978, projet de paix avec la Jordanie en 1994, accords d’Abraham plus récemment). Les Etats puissants qui demeurent hostiles doivent être défaits militairement: Irak (programme nucléaire bombardé en 1981, armée puis Etats détruits par procuration à deux reprises), Syrie (défaite militairement en 1982, autodétruite depuis 2011, régulièrement bombardée par Israël depuis lors), et bien sûr Iran, dont le tour viendra prochainement, en direct, ou par les occidentaux. Les droits minuscules accordés aux palestiniens doivent l’être dans les conditions les plus humiliantes (exemple: l’évacuation de Gaza en 2005, sans aucune concertation avec l’AP)
    Dans le prolongement du « travail » de Jabotonski et son père, Netanyahou, qui a vécu et étudié aux Etats-Unis, a tenu tête 3 ans à Clinton, 8 ans à Obama; il a eu Trump à sa main pendant 4 ans.
    Un homme comme ça – seulement dépassé par Poutine en nombre d’années au pouvoir – sait où il va, sait pourquoi il a conquis le pouvoir. Il a une mission historique. Ce n’est pas un premier ministre belge.

    Arrivent les attaques du 7 octobre, audacieuses et presque « remarquables » dans leur exécution militaire pour certaines (c’est une défaite militaire pour Tsahal, quoiqu’on en pense, puisque le CentCom de la clôture de sécurité a été attaqué et investi – que ne s’en sont-ils tenus à cela), abominables pour d’autres (notons que ce déchaînement de violence connaît de nombreux précédents historiques dans les modalités et l’horreur, par exemple: indiens qui s’attaquaient aux pionniers au far-west, massacres du constantinois en 1955, massacres de Hué en 1968, massacres au Rwanda en 1994, guerre civile Syrienne… on pourrait en trouver des dizaines d’autres et diverses « raisons » explicatives de la cruauté pour chacun).
    Deux remarques: 1) sur la sauvagerie et l’effroyable bilan: on ne sait pas ce qui motivait ces hommes ni comment ils ont été préparés, ni leur état « mental » du moment (drogués pour être intrépides et ultra-agressifs?). D’autant que des prises d’otages sont bien plus payantes. Une chose paraît mériter introspection: personne, parmi les lecteurs mâles de ce blog, ne peut jurer qu’il ne serait pas militant du Hamas candidat au martyr, voire même animé d’une haine incontrôlable, s’il était né et avait vécu sur cette bande de terre dans les 40 dernières années.
    2) on ne sait ce qu’ils espéraient réellement « réussir ». Un peu comme le 11 septembre: tout s’est joué sur des mois de préparation passés sous les radars, mais aussi en quelques heures « d’exécution » parfaitement réussie. Un tel « succès », ou plutôt une telle capacité à passer ente les mailles du filet, n’était pas garanti. Comme au matin du 9/11 Mohammed Atta et ses sbires ne pouvaient pas savoir qu’ils réussiraient à percuter trois immeubles aussi symboliques par leurs avions détournés et tueraient 3000 personnes (chiffre qui était peut-être moins l’objectif que l’aspect spectaculaire), au matin du 10/7, les commandos du Hamas ne pouvaient savoir qu’ils réussiraient à « rentrer » si facilement sur le territoire Israélien et on ne peut savoir si leur objectif initial raisonnable était réellement de tuer AUTANT de monde AUSSI SAUVAGEMENT ou juste de s’attaquer à deux des symboles de leur malheur : les avant-poste villageois construits autour de Gaza à partir des années 50, et les bases militaires.

    Les attaques arrivent donc. Elles font mal (comme la série d’attentats de 2000-2003 qui avait fait le même nombre de morts), mais pour un homme comme Netanyahou, qui connaît la souffrance des juifs dans l’histoire, c’est non seulement la confirmation d’un cadre d’interprétation d’ensemble, mais aussi une fenêtre de tir à exploiter rapidement, pour faire avancer son dessein historique (qui est aussi celui exprimé démocratiquement par les israéliens, dont la composition démographique et idéologique a beaucoup évolué depuis 50 ans) : chasser les palestiniens du Grand Israël. La méthode? Au nom de « l’éradication du Hamas » (avec des termes notamment dans son gouvernement qui sont vraiment annonciateurs du pire… le « butter les terroristes jusque dans les chiottes » de Poutine qu’on nous a ressassé depuis 20 ans fit rigoler à côté…), commettre le plus de destructions possibles et tuer le plus d’individus mâles possible parmi ceux qui se seront autodésignés comme cibles militaires légitimes, puisque restés à Gaza City, Khan Younes, Jabalya… (dans un premier temps), pour convaincre définitivement les palestiniens qu’il faut partir. Ca ne marche pas parfaitement, puisque l’Egypte a refusé de les prendre sur son sol, même « temporairement » (ce serait évidemment sans retour). Mais tout gazaoui aspirant à une vie « normale » – travailler, être libre, avoir une famille, une maison, des biens, un minimum de confort et de dignité – sait qu’il ne pourra jamais l’avoir là. Sa maison est en ruines, il a des morts tout autour de lui, ses fils voudront devenir martyrs à leur tour, et dans 5 ou 10 ans, ça recommence.
    La stratégie Netanyahou, c’est le nettoyage ethnique de grande ampleur, la Nakba III, sous couvert d’éradication du Hamas et de blanc-seing donné par les occidentaux au nom du « droit d’Israël à se défendre » (sans parler des JDAM livrées par milliers et du signal GPS, qui font des US des acteurs de fait de cette gigantesque opération de répression)

    La deuxième opportunité qui rejoint la vision stratégique, c’est la mise hors d’état de nuire de l’Iran, seule vraie menace existentielle qui demeure pour Israël (en tout cas, menace capable de tuer un jour un million d’israéliens si l’Iran accède à la bombe, etc – même si évidemment c’est faire fi de toute la logique sur la dissuasion nucléaire : si l’Iran faisait péter une bombe à Tel Aviv, il en recevrait 50 en retour… Il est vrai que c’est proportionnellement ce que vient de faire le Hamas… l’irrationalité n’est donc pas à exclure). N’ayons pas de doute que Netanyahou saura saisir le Kaïros. On saura peut-être un jour si c’est lui qui a convaincu le malléable Trump de sortir du JCPOA, puisque la dénucléarisation de l’Iran, dans la vision de BN, ne peut se produire que par une démonstration de force. L’Iran a une carte principale en main : le Hezbollah. Si ce dernier commet un faux pas (la répression de la bande de Gaza a aussi pour but de pousser à cela), Israël et les US iront l’écraser. Plus rien ne s’opposera alors à une campagne de bombardement de l’Iran, par Israël, et/ou par nous occidentaux, éventuellement par les pétromonarchies sous égide US si l’Iran essaie de s’attaquer au détroit d’Ormuz. En la matière, plus ça dérape, plus l’Iran se prendra de bombes, et plus ça fera les affaires d’Israël.
    Ça, c’est le second volet de la stratégie Netanyahou. On verra où on en est dans les prochains mois.

    Quand même étonnant que les commentateurs ne le voient pas. Ou considèrent que ce qui se joue, ce sont quelques points de croissance pour l’économie israélienne si la mobilisation dure…

    Une dernière chose: dire que le Hamas utilise son peuple comme bouclier, que c’est lâche, criminel, etc, c’est de la moraline occidentale. Tous les grands mouvements d’indépendance populaire ont joué de cette confusion entre le peuple et la lutte armée. Les Vietnamiens, les Kurdes, les Algériens… Tous font évidemment de la répression aveugle/disproportionnée attendue après des opérations asymétriques voire terroristes, une arme intérieure (souder tout leur peuple derrière eux) et extérieure (attirer la sympathie internationale). Le fait de sacrifier les vies des leurs ne fait que renforcer leur combat, perpétuer leur volonté, et de toute façon le réservoir humain est important, sinon inépuisable.
    A contrario, si 50.000 miliciens du Hamas armés de Kalashnikov et RPG attaquent en terrain découvert l’armée israélienne, on aura 50.000 morts à zéro. Facile de leur dire qu’ils sont lâches en regardant les news de derrière nos écrans. Ils font la guerre avec les armes qu’ils ont, la foi qu’ils ont, et bien sûr, la morale qu’ils se donnent dans le contexte qui est le leur.
    Là aussi, il y a une stratégie. (Et, aussi horrible que cela soit à dire, il y en avait peut-être une à monter une opération de massacre de civils qui déclencherait une telle répression: internationaliser un conflit tombé dans l’oubli, par la force de la répression qui allait s’ensuivre ; donner un coup d’arrêt à la « paix » par le business qui se faisait entre les pétromonarchies et dictatures arabes pourries, indifféremment au sort des palestiniens ; peut-être déclencher un soulèvement mondial de l’Oumma…). Ce qui est surprenant est d’avoir lancé une telle opération qui, en ayant obtenu de tels « résultats », ne pouvait que déclencher ce qui se passe en ce moment et pourrait signifier la très vive accélération de la « solution finale » à la question palestinienne à Gaza, tandis qu’il était à peu près évident que le monde arabo musulman n’allait pas se lancer dans une guerre contre Israël pour ça.

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    1. On peut se demander aussi ou était les « services » avant les attaques dans les « colonies »?!Faut rappeler le contexte politique défavorable d’un netanyahu qui voulait imposer des « lois antidémocratiques » dans son pays …tout cela à point nommé!non?

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      1. Je pense qu’il faut se garder d’avoir une lecture trop européocentrée (l’Etat de droit, la dérive illibérale, les manifestations, un homme avide de pouvoir…). L’enjeu du contrôle du pouvoir c’est de faire avancer l’agenda du Grand Israël, de préférence du vivant de Netanyahou qui doit se penser le seul capable de le faire méthodiquement. Ce n’est pas facile quand même: il faut « tenir » les USA (résister à leurs pressions, obtenir d’eux le maximum de soutiens, faire progresser la colonisation et l’éviction des palestiniens sans qu’Israël soit mis au ban des nations). Netanyahou n’est pas très religieux, il ne doit pas tenir en grande estime certains des cinglés avec qui il est obligé de gouverner, car le système électoral israélien reflète leur poids dans la société (mais il y a un intérêt bien compris entre eux et lui).
        On ne va pas faire l’hypothèse quand même qu’il aurait souhaité ou facilité un tel désastre le 7 octobre, même si, pour faire avancer l’agenda, un ou des attentats bien dégueu ouvrent toujours une fenêtre de tir à exploiter rapidement. Là elle est énorme. Peut-on vraiment croire qu’il ne va pas la saisir, même si ça doit coûter 10 points de PIB à Israël cette année?
        On peut prendre les paris sur la séquence suivante:
        1) « éradication du Hamas » (donc destruction de Gaza avec l’espoir que tout ou partie des palestiniens comprendront qu’il faut partir; en Cisjordanie, rien de nouveau)
        2) conflit régional avec le Hezbollah pour le détruire (if not now, when) ouvrant la possibilité à un désarmement de l’Iran par une campagne de bombardements. L’Iran c’est LA menace existentielle pour Israël si jamais il accède à la bombe
        3) Netanyahou prendra sa retraite, une fois sa mission accomplie. Pour être plus lucide encore: un homme qui porte une telle mission historique craint-il de finir ses jours en prison pour corruption ou autre? Que la presse occidentale dise que c’est un populiste illibéral, voire criminel? Un homme de bientôt 75 ans qui a été au pouvoir plus de la moitié des trente dernières années et a fait la politique israélienne depuis tout ce temps: 30 années sur les 75 de l’histoire d’Israël comme Etat, presque 1/3 du « siècle sioniste », ne peut-il avoir envie de se reposer et de regarder l’oeuvre accomplie? Mais il doit l’achever d’abord.

        Pour comprendre Netanyahou, regarder Poutine. Il y a chez les deux hommes la même idée de mission historique et la conviction qu’eux seuls peuvent, et donc doivent, la mener tant qu’ils sont au pouvoir

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    2. En réponse à la vôtre à l’encontre de vos paris :

      1) il n’y aura pas d’éradication du Hamas ou il se reformera bien vite avec encore plus de membres sous un autre nom on non, avec l’aide ultérieure du Hezbollah et peut-être en se basant en Cisjordanie pour anéantir ce qui reste de l’AP dont le président ne tient plus que par un fil,
      2) le Hezbollah a bien prétendu son absence d’intention dans l’attaque d’octobre, n’a jamais fourni ses missiles bien plus agressifs au Hamas et a souligné son indépendance de l’Iran en noyautant toujours plus le Liban dont il profitera pour la suite. L’Iran voit bien avec les GAN et SNLE ce qu’il aurait à perdre en s’impliquant plus maintenant et, tout en peaufinant sa bombe, thésaurisera sur l’opinion publique internationale anti-occidentale (pour simplifier) qui ne réagit pas plus à l’invasion de l’Ukraine,
      3) Quand on cumule ses échecs étatiques avec des incriminations personnelles, peu importe que Netanyahou parte en retraite ou en prison.

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  2. en quelque sorte, Israël
    sur de l’efficacité de son dôme de fer,
    sur que les relations avec les pays arabes étant apaisées,
    sur que la question du hamas pouvait être mis sous cloche à Gaza
    sur que le problème des palestiniens devenait invisible au regard du manque d’ambition des USA et de l’Europe
    et puis surtout, la coalition gouvernementale récente avec des suprémacistes, racistes , etc.. permettait à l’insubmersible bibi qu’il pouvait encore sauver son cul au regard des poursuites judiciaires qu’il espérait juguler, etc…
    et vlan, le hamas groupe effectivement terroriste et islamiste à réussi un coup, avec du sang
    mais ce coup d’éclat nihiliste à permis de monter au monde arable qu’Israël n’était pas invincible
    et pour une grande partie du monde arabe, le 7/10 a un peu lavé l’honneur bafoué de ce monde arabe
    bref, maintenant, il reste le sang pour sang
    avec des déclarations guerrières pour éradiquer le hamas, etc…
    mais ensuite, si l’armée israélienne arrive à éradiquer le hamas, c’est quoi l’avenir diplomatique de ce gouvernement israélien, hormis rien, nous propose un grand vide abyssal pour avenir commun entre Palestiniens et Israéliens
    est ce qu’une fois avoir éradiqué le hamas, on va assister à un retour de l’occupation de la bande de Gaza par Israël
    qui aura le courage aux USA de tordre le bras de bibi pour l’obliger à esquisser un projet de deux états, et même si doit participer à ces pourparlers, la branche politique du hamas
    bref, comme le pire n’est jamais certain, on peut craindre le pire dans cette région du monde

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  3. Analyse pertinente comme toujours ! Sans vision on ne crée pas de chemin ! Et en répondant émotionnellement aux divers massacres on ne prend pas le temps de la réflexion et de penser à la meilleure riposte ! Intelligente et structurée…

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  4. Bonjour,

    merci pour cet intéressant article.

    En allant au bout du raisonnement : si tout cela « pourrait conduire enfin à une mobilisation internationale pour dessiner un avenir au peuple palestinien », alors ne doit-on pas en conclure que la stratégie du Hamas… aura été payante ? Le sujet était tombé assez loin dans les préoccupations de beaucoup de partenaires, il faut bien reconnaitre que les attaques du Hamas l’ont remis sur le devant de la scène.

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    1. Ravager au maximum Gaza pour convaincre ses habitants qu’ils doivent partir, puisque de toute façon une fois que l’UE et les pays arabes auront payé la reconstruction, les bombes US sous F-15/F-16/F-35 à cocarde israélienne, recommenceront à pleuvoir dru sur la bande au moindre prétexte. Le coup de la mise à l’abri « temporaire » (LOL) au Sinaï n’a pas marché car heureusement Sissi ne s’est pas laissé faire. Il faudra trouver une autre « solution finale » à la question palestinienne de Gaza.
      Cela dit, le protectorat égyptien permettant de desserrer la bande de Gaza (800.000 habitants il y a 30 ans, 3 fois plus aujourd’hui… une fois et demi la Seine Saint-Denis en superficie et en population, à 35°C la moitié de l’année et avec une clôture autour et interdiction de sortir… invivable) est peut-être la seule solution raisonnable – sachant qu’ils devraient prendre en main la répression du Hamas, comme ils savent le faire…
      Quant à la Cisjordanie, c’est fichu. Les palestiniens n’y auront jamais mieux que 15 mini Gaza. Là aussi, ça va finir à Madagascar.

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  5. Bonjour Guillaume,
    Vos analyses sont extrêmement fines, cependant,
    A votre avis, quand décrira t-on ce conflit comme conflit ancestral religieux relevant simplement de la récupération de terres « divinement allouées », reflet d’un obscurantisme qui fait peine à comprendre en 2023 ? La Palestine étant partiellement contenue dans ces terres, on peut penser que ce conflit ne se résoudra pas, même politiquement. Quel gâchis et quelles peines ! On régresse de 50 ans pour n’avoir pas su (et on peut honnêtement dire que 50 ans c’est un délai raisonnable) départager politiquement ces territoires impartialement.
    A 71 ans aujourd’hui, j’ai mal au ventre tous les jours de regarder ce malheur de part et d’autre…
    Va t-on continuer encore 50 ans d’intellectualiser ces débats ?
    Honnêtement…

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  6. Oui le 7 octobre fut une journée de massacres à caractère génocidaire de la part du Hamas.

    Dans les discussions, les Israéliens prétendent que rapporté à leur population le nombre de mort est énorme proportionnellement. 1400 sur 10 millions donc.

    Dans la bande de Gaza en divisant par deux les décomptes du Hamas cela fait 5000 morts sur deux millions d’habitants soit 25000 morts pour 10 millions. On est très au-delà de la loi du talion ! Combien de membres du Hamas tués dans tout cela ? Probablement très peu grâce aux tunnels.

    Cela fait en outre plus d’un million de déplacés qui ne reviendront pas dans leurs maisons dévastées, dans leur ville dévastée. Où iront ils ?

    En réalité les Palestiniens de Gaza vivent en enfer depuis des décennies. Leurs échanges extérieurs sont souvent bloqués par Israël. Ils ne peuvent pas se développer. Ceux de Cisjordanie sont tués et chassés à petit feu par des colons criminels. Ce parcage des palestiniens est un crime contre l’humanité, clairement, mais auquel on s’est accoutumé notamment depuis l’assassinat de Rabin par un courant criminel actuellement au pouvoir en Israël. Quand on dialogue avec des Juifs, il n’ont comme argument en réponse que la journée du 7 octobre. Les durs des palestiniens n’admettent pas l’invasion sioniste qu’il considèrent comme étant une colonisation. Comme dans tous pays colonisé.

    Que diraient les Tutsi rwandais qui ont subi 3 World trade center par jour pendant 100 jours ou 90 bataclans par jour pendant cent jour ou sept 7 octobre 2023 en Israël par jour pendant 100 jours ? Et on reproche à Kagame d’avoir attaqué les camps de génocidaires en fuite au Zaïre deux ans plus tard, non pas parce qu’ils étaient génocidaires, mais parce qu’ils continuaient de faire des raids meurtriers au Rwanda… au passage réarmés et entrainés par la France.

    Toute les vies se valent, mais toutes les analyses ne se valent pas.

    J’ajoute une considération théologique schématique pour faire réfléchir : La Bible fait le récit d’une conquête de la Palestine retardée par Yahvé jusqu’à ce que les Israélites reconnaissent qu’elle est un don de Dieu dont ils purent jouir par leur soumission à sa parole. Les récits de la Bible juive s’arrêtent environ 400 ans avant l’avènement de Jésus, un juif qui a combattu moralement le pouvoir Juif, plutôt que le colonisateur romain. Au-delà plus rien ! 30 ans après la mort de Jésus (et sa résurrection selon les chrétiens, excusez du peu !) le peuple juif se dispersa à travers le monde, un échec à garder leur terre.
    Au dix neuvième siècle des Juifs commencèrent à revenir en Israël ou plutôt dans la colonie britannique de Palestine administrés sous forme de protectorat. Ils rêvaient de recréer Israël… mais cette reconquête ne semblait pas « suivie » par Yahvé comme dans le récit biblique. Pire l’horrible Shoah voulue par les Nazis, convainquit la nouvelle ONU de retirer aux britanniques le protectorat et de donner brutalement aux Sionistes un pays en Palestine, disposant ainsi du peuple palestinien sans s’en soucier.

    Le seul problème est qu’Israël ne respecte pas les résolutions du Conseil de sécurité, comme les Israélites dans le désert ne respectaient pas les volontés de Dieu, et que l’ONU n’est pas Yahvé ! Donc cette entreprise semble à long terme vouée à l’échec … mais je ne suis pas Yahvé pour oser porter un tel jugement de façon implacable ! C’est, disons, un de mes angles de réflexion dont je ne suis en aucun cas certain.

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  7. Bonjour.

    D’autres moyens comme des torpilles bangalore (tractées par robots) pourraient être utilisées pour neutraliser des portions entières de tunnels sans forcement détruire les habitations au-dessus s’il en reste, avec bien sûr des mines antipersonnelles ou télécommandées…
    Vous avez cependant raison sur le plan militaire et s’il ne sert à rien condamner telle ou telle organisation plus ou moins représentative, sans uniforme et coupable de rapts ou d’atrocités, il faut rappeler que les gouvernements israéliens n’ont jamais réussi dans leur loi du talion depuis Munich, ou même avant, à obtenir une paix durable. Bien pire, en se commettant aussi dans la colonisation en Cisjordanie, Tsahal ne contribue pas à apaiser la situation.
    Même nous, nous avons comme d’autres pays subi des attentats collatéraux comme celui de la rue des Rosiers, en plus de ceux d’origine irako-iranienne, algérienne ou même turque. Sur le plan politique, même si notre reconnaissance de l’état d’Israël a été assez laconique, cet état né de la résolution 181 des NU n’en respecte plus les autres, avec la connivence des EU membre du CS.
    A part annexer une fois pour toute Gaza et en expulser la plupart des habitants restants vers l’Égypte (si elle en veut bien) ou la Cisjordanie, il n’y a plus de perspective de paix durable car des frappes plus ou moins aveugles, naissent d’autres radicaux qui, s’ils s’inspirent des iraniens ou du Hezbollah perpétueront leurs exactions jusqu’à la mort.
    C’est d’après moi son intervention qui est le risque le plus grand et que les EU ont raison de prévenir avec leurs GAN, mais sans pourtant obtenir d’autre contrepartie d’Israël. Il faut donc arrêter de part et d’autres les soutiens « inconditionnels » et perpétuels car le passé, même très récent, ne peut plus justifier n’importe quoi, sous peine de prolonger et d’étendre cette guerre.

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  8. Je ne crois pas que Nethanyaou n’a pas de stratégie mais elle ne nous apparaît pas évidente.
    Il se protège face au Nord contre des ennemis qui ne feront rien. L’Egypte non plus. L’Iran n’est pas en mesure de faire autre chose que de fournir de l’armement et des munitions.
    Quoiqu’il fasse il aura toujours les peuples arabes contre lui.
    Alors, tant que les USA maintiendront leur protection sur Israël il va « nettoyer » Gaza du Hamas malgré la réprobation des Nations pour les victimes « collatérales ».
    Mais que font Poutine, Erdogan et consorts ? Ils bombardent et personne ne dit rien. Il me semble que c’est sa « stratégie » !

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    1. Il avait tout de même sous l’influence des EU tenté les accords d’Abraham avec certains régimes arabes (qui tolèrent les colonisations), mais le naturel revient vite, de part et d’autres…
      Même si beaucoup parlent contre Poutine, Erdogan et consorts, personne n’en fait effectivement rien (ou si peu) mais le jusqu’au-boutisme n’est pas une stratégie et c’est remettre à nouveau quelques dizaines d’années de haines dans la machine infernale si on tolère encore ces régimes, que ce soit dans l’OTAN ou à l’ONU (car il faut rappeler qu’il y a des motifs d’exclusion).

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  9. Le but du gouvernement israëlien est simple: laisser croire au monde à une attaque surprise du Hamas et enclencher une riposte meurtrière et aveugle pour expulser le peuple palestinien vers l’Egypte. Tout cela pour justifier une « vengeance ». Le but ultime est la possession du territoire palestinien y compris la Cisjordanie qui dans une ou deux générations sera devenue terre israëlienne .

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    1. Tout finit par se savoir dans les pays libres et si ce dirigeant a volontairement laissé massacrer ses compatriotes et un certain nombre d’étrangers avec cette intention, je ne pense pas qu’il lui survive, au moins politiquement (car il y a eu des précédents).

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  10. Un point pêche dans votre raisonnement. Les « civils palestiniens » d’après de nombreux témoignages, sont aussi des terroristes du Hamas, armés ou pas. En se dissimulant dans la populations, et les infrastructures civiles, ils les désignent eux mêmes comme cibles justifiées. Mais c’est peut être leur but, car leur stratégie a déja déclenché les « bons sentiments » qui empêchent de regarder le terrorisme en face.

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    1. Dans cette histoire je vois deux formes de terrorisme : celui du Hamas et celui de la droite israélienne. Ces deux terrorismes enfoncent la région dans le chaos. Chacun d’eux accuse l’autre d’être Le responsable.
      La cause initiale est la création de l’Etat d’Israël en maintenant l’état colonisé des Palestiniens sous le protectorat britannique au profit d’Israël. Au bout de 75 ans, la promesse de l’Etat palestinien arrivée entre temps apparait comme un mensonge. Lorsque Rabin a accepté de serrer la main d’Arafat, les ennemis de l’Etat palestinien l’ont assassiné. Ils sont actuellement au pouvoir en Israël. L’un des deux terrorismes est donc actuellement au pouvoir en Israël, l’autre est au pouvoir à Gaza et potentiellement en Cisjordanie.
      A long terme cela se règlera comme tous les colonialismes : par la décolonisation de la région.

      Aucune considération autre que le rêve biblique ne justifie la démarche sioniste… sauf peut-être la culpabilité occidentale d’avoir laissé émerger la Shoah en son sein.
      A mon sens c’est une vraie culpabilité. Les penseurs européens qui ont généré la haine stupide des Juifs sont à l’origine de tout cela.
      Mais ces considérations sont étrangères au reste du monde. Cela ne tiendra probablement pas, sauf si la droite israélienne éradique les Palestiniens. C’est ce que les événements actuels montrent qu’elle essaye de le faire et c’est inacceptable.

      Le « peuple élu » a cessé de l’être depuis la naissance du christianisme par des Juifs qui ont étendu à toute l’humanité le sens biblique à travers Jésus et son message. Qu’on y croit ou pas, de toute façon rien ne montre que, si Dieu existe, il souhaite l’anéantissement des Palestiniens. Mais sans doute vous pourrez vous réfugier dans l’idée que je suis indigne de prétendre saisir les voies divines. Moïse n’est plus là et je ne lui vois pas de remplaçant. Eclairez-moi !

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  11. Bonjour Guillaume et merci pour votre analyse.
    Pour ce qui est de la question d’un génocide, je dirai que s’il n’est pas avéré, on peut se demander quelles seront les conséquences d’avoir rendu un territoire invivable ?
    Le peu d’images diffusées montre que tout est systématiquement détruit, plus aucune population ne pourra revenir vivre décemment en ces lieux avant des mois ou années.
    Pour mon humble avis, Israël ne cherche pas à éliminer la population, il se contente de faire en sorte que ses habitants soient forcés à partir.
    D’autre part j’ai envoyé hier un post à mm.Zemmour afin de lui dire qu’il avait raté son rendez-vous avec l’histoire lui qui l’aime tant. Mon propos était de lui dire qu’aller apporter son soutien suite au massacre c’était bien mais oublier les 280 colonies et ses 480 000 colons qui occupaient illégalement la Cisjordanie c’était moins bien.

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