Israël contre le Hamas, sortir du tunnel de la guerre

This picture taken from the Israeli side of the border with Gaza on November 10, 2023, shows Israeli bombardment in the Gaza Strip, amid ongoing battles between Israel and the Palestinian Hamas movement. (Photo by Kenzo TRIBOUILLARD / AFP)

Lorsqu’un mouvement radical – le Hamas – déclenche le 7 octobre dernier une vague de terreur contre Israël avec une attaque bestiale qui fait essentiellement des victimes civiles, la plupart des pays ne peuvent que condamner l’agression commise. La réprobation est quasiment unanime jusqu’à ce que le gouvernement d’extrême-droite d’Israël décide de riposter militairement contre un immense camp de réfugiés palestiniens que le Hamas dirige, la bande de Gaza. 

Les faits s’enchaînent selon une mécanique détestable 

Le Hamas, organisation politique sans ampleur ni profondeur, décide d’agresser Israël avec une attaque odieuse, aussi meurtrière que délibérée, qui va faire 1,200 victimes (selon un décompte actualisé au 10 novembre) sur le territoire israélien, pour la plupart sans défense. Le choix du Hamas, comme expliqué dans cette interview au New York Times, était de « sortir du statu quo sur la question palestinienne en instaurant un état de guerre permanent » contre Israël.

Soulignons cependant que le Hamas n’avait aucune obligation d’une telle sauvagerie pour attaquer Israël, ce qui a choqué jusque dans ses rangs : massacrer des enfants, des jeunes qui dansent, des familles et de vénérables anciens relève d’une intention de terreur qui n’avait aucune nécessité et ressort de la tuerie plutôt que d’une opération militaire. 

En face, le gouvernement Nethanyaou brille par les extrémistes qu’il a réuni. Il a promis, en contrepartie de ses violences notamment dans la relance de la colonisation en Cisjordanie, d’apporter la sécurité au peuple d’Israël qui s’est toujours senti menacé. Mais avec cette agression aussi brutale qu’inattendue du Hamas, le gouvernement Nethanyaou fait face au pire de ses échecs : il essuie la plus épouvantable attaque depuis la guerre du Yom Kippour (1973) et l’ultra-sécurité qu’il devait apporter se transforme en un cauchemar terrifiant. 

Humilié devant une société israélienne abasourdie par la violence de cette agression, le gouvernement décide « évidemment » d’une réponse toute guerrière en attaquant militairement le Hamas qui se fond au milieu des 2,5 millions de Palestiniens de la bande de Gaza. La confusion est d’autant plus grande que c’est bien le Hamas qui dirige la bande de Gaza, son administration civile comme ses miliciens. Israël s’attaque à Gaza comme s’il s’agissait d’un Etat et lui confère ainsi une importance qu’il n’avait pas jusque-là.


Une réponse militaire sans stratégie ni politique 

Les principales victimes de cette réponse militaire sont civiles, dans une guerre de siège, de bombardements et d’interventions au sol. 

L’armée israélienne, sur ordre du gouvernement Nethanyaou, assiège immédiatement Gaza. La situation humanitaire devient catastrophique au bout d’une semaine, les plus fragiles meurent faute de soins et de médicaments, puis par manque d’eau et de nourriture après 5 semaines de blocus quasi complet. 


L’armée bombarde « massivement », elle ne cherche pas seulement à éliminer des responsables du Hamas, elle détruit leur environnement pour les atteindre, sauf que celui-ci est fait d’hommes et de femmes qui ne peuvent en rien se protéger puisqu’ils sont bloqués dans l’étroite « bande » de Gaza. 


Enfin, depuis deux semaines, l’armée israélienne intervient aussi au sol, principalement dans la partie Nord de Gaza qu’elle a isolée du reste de la bande du même nom et dans laquelle elle pénètre pour s’assurer de la destruction effective des « capacités militaires du Hamas » qui sont pourtant difficilement dissociables de la population palestinienne…


Une opération militaire menée « hors tout » ?

L’armée israélienne, connue pour son efficacité plus que pour sa retenue, déclenche donc une opération combinée (terre, air, mer) pour détruire les capacités militaires du Hamas. Devant l’insistance de leurs alliés américains, elle renonce à envahir l’ensemble de la bande de Gaza et se concentre sur la partie Nord, celle d’où a été lancée l’attaque du 7 octobre, celle qui comporte la « capitale » de ce territoire et donc du Hamas, la ville de Gaza elle-même. 

La ville de Gaza est en effet présumée être la base principale du Hamas, et devient ainsi la cible prioritaire de cette offensive israélienne, qui n’épargne pas pour autant le reste de la bande de Gaza par des bombardements incessants.

L’objectif affiché de cette opération combinée est de détruire cette infrastructure militaire du Hamas : combattants, armes, centres de commandement et moyens de communication ou de déplacement, en particulier ce fameux réseau de tunnels qui serait ainsi un moyen essentiel au Hamas pour nuire à Israël.



Les bilans quotidiens semblent tout justifier de cette opération, même s’ils transforment en « usines » ou en « industries » de simples ateliers de préparation ou lieux de stockage. Ces bilans éludent surtout la question cruciale des « dommages collatéraux » qui deviennent ici principaux.

©MOHAMMED SABER/EPA/MAXPPP – epa10953269 Palestinians recover bodies among the rubble at the Jabalia refugee camp one day after an airstrike hit the area, in northern Gaza, 01 November 2023. More than 8,500 Palestinians and at least 1,400 Israelis have been killed, according to the IDF and the Palestinian health authority, since Hamas militants launched an attack against Israel from the Gaza Strip on 07 October, and the Israeli operations in Gaza and the West Bank which followed it. EPA-EFE/MOHAMMED SABER ATTENTION EDITORS: GRAPHIC CONTENT (MaxPPP TagID: maxnewsfrfive319770.jpg) [Photo via MaxPPP]


Tsahal, l’armée israélienne, a donc encerclé la partie Nord de Gaza et s’efforce désormais de la « nettoyer », comme l’explique très clairement l’analyse de l’Institute for Study of War (ISW) qui se concentre uniquement sur cet aspect militaire, comme s’il s’agissait seulement d’une opération de guerre :

« Le Hamas et d’autres combattants de la milice palestinienne poursuivent leurs attaques contre Tsahal derrière la ligne d’avancée israélienne, ce qui est cohérent avec la nature des opérations de nettoyage. Les médias locaux ont signalé des affrontements violents à l’est de Beit Hanoun le 9 novembre après que l’armée israélienne a signalé que ses forces y avaient mené des opérations au sol la veille. Les Brigades al Qassem [bras armé du Hamas] ont affirmé tendre une embuscade aux forces d’infanterie israéliennes près de Juhr al Dik, ce qui est conforme à notre évaluation selon laquelle les milices palestiniennes tentent de harceler et de perturber les lignes de communication au sol israéliennes. Les combattants de la milice palestinienne ont aussi tiré au mortier sur un centre de commandement israélien dans le nord-ouest de la bande de Gaza le 8 novembre. Le combat derrière la ligne d’avancée israélienne est conforme à la doctrine de « nettoyage », mission tactique qui « exige que le commandant élimine toutes les forces ennemies et élimine la résistance organisée dans une zone assignée ». » [analyse du 10 nov, ISW]

En bleu, les zones occupées par l’armée israélienne

La mission de Tsahal apparaît simple dans sa conception, même si elle reste difficile dans sa réalisation : éliminer toutes les forces du Hamas et leur capacité d’organisation dans la « zone assignée ». Certains commentateurs « expérimentés » observent avec attention et une pointe d’admiration l’avancée de Tsahal, dans cette opération de guerre qu’ils jugent même très classique : le casque bien enfoncé sur la tête, l’armée israélienne est en train « de péter l’ennemi » et il faut la laisser faire, c’est la guerre.


Il est pourtant clair que ces brillants analystes n’ont jamais fait la guerre, sinon ils s’exprimeraient avec un semblant de retenue, avec le doute de ceux qui l’ont pratiquée et en connaissent bien la réalité : la guerre est « une vallée de larmes et de sang », en particulier quand elle prend en otage une population civile qui n’a nulle part où s’enfuir.

Lire aussi : Israël, l’offensive terrestre a commencé ce 27 octobre


Un carnage de civils palestiniens

Sans capacité de dissocier le Hamas des Palestiniens, de différencier les cibles militaires de la population civile, l’offensive militaire de Nethanyaou provoque des carnages

Une guerre consistant à détruire un réseau de tunnels et quelques centaines de miliciens au prix de milliers de victimes civiles s’appelle un carnage. Elle n’apporte aucune solution viable au règlement de ce conflit, si ce n’est d’enfermer les protagonistes dans un tunnel sans issue, comme l’espérait le Hamas. 


La principale difficulté dans une intervention de ce type est que la solution purement militaire est vouée à l’échec. Les exemples récents auxquels ont été confrontés tous ceux qui se sont attaqués au terrorisme nous le rappellent inexorablement : de l’Afghanistan au Sahel, en passant par l’Irak, l’armée apporte une réponse nécessaire pour protéger les populations visées mais largement insuffisante pour en terminer avec un mouvement terroriste… qui n’a pas réellement d’armée, ni d’Etat.

Lire aussi : La « non-stratégie » d’Israël, en matraquant le peuple palestinien, met en danger l’équilibre de nos sociétés (elle comprise)

Une intervention militaire dans Gaza produit nécessairement une succession de carnages qui sont d’ores et déjà impossibles à justifier politiquement. Seuls les pires extrémistes se réjouissent de cette « vallée de sang et de larmes » qu’est cette folie destructrice dans Gaza.
 


Les premiers d’entre eux sont bien sûr les dirigeants du Hamas, qui donnent leurs ordres depuis le Qatar ou qui se sont réfugiés au Sud de Gaza parmi les Palestiniens qui cherchent désespérément à fuir les combats. Le Hamas est le grand gagnant de cette confrontation avec une armée renommée comme Tsahal, qui légitime la place qu’il faudrait au contraire lui refuser.



Israël pouvait-elle agir autrement face à l’agression et la menace du Hamas ?

Cette question m’est souvent posée, comme si Israël n’avait d’autre choix que cette riposte contre Gaza.

Une alternative aurait été de rester hors des sentiers de la guerre pour neutraliser le Hamas en discréditant son action. Israël était légitime d’obtenir de la communauté internationale que le Hamas soit assimilé à Daesh et ostracisée par toutes les organisations et instances qui auraient à traiter de l’avenir du peuple palestinien. C’était d’ailleurs la proposition du président français.

Il est peu probable que l’ONU aurait été capable d’intervenir, entre le droit de veto de la Russie de Poutine et son incapacité chronique à la moindre efficacité. L’exemple de la FINUL au Sud du Liban l’a malheureusement démontré. Mais des coalitions de plusieurs pays ont su intervenir dans des conflits complexes pour désarmer des agresseurs, je pense notamment à la première guerre du Golfe pour chasser l’Irak du Koweït.

Une force internationale serait intervenue pour prendre le contrôle de la bande de Gaza et démilitariser cette zone, tandis que les auteurs des massacres de civils en Israël auraient été traités pour ce qu’ils sont, des criminels qui auraient terminé leurs jours en prison plutôt qu’en martyr d’une révolution…

Cette alternative nécessite bien sûr que l’avenir du peuple palestinien soit enfin tracé. Et Benyamin Nethanyaou reste d’une grande ambiguïté sur ce sujet, notamment sur le jour d’après.


Du côté israélien, cette offensive terrestre réjouit malheureusement aussi les extrémistes qui affichent leur « espoir » de vider la bande de Gaza des Palestiniens, de même qu’ils cherchent à les chasser de la Cisjordanie. Et s’il fallait en arriver à les tuer, cette guerre ne constituerait-elle pas une opportunité de le faire ?

La tentation du trou noir

Faire chuter internet, brouiller les communications, empêcher les journalistes de couvrir ces événements ne suffiront pas à camoufler les carnages générés par ce siège, ces bombardements et ces attaques au sol au milieu d’un immense camp de réfugiés.

 


Une simple illustration des dégâts commis et de l’importance des « victimes collatérales » se trouve dans la tuerie, au quotidien, de ceux-là même qui sont censés nous informer ou soigner les victimes. Ils sont d’ailleurs tués le plus souvent avec leur famille, car personne n’est épargné dans cette guerre contre Gaza qui a atteint l’objectif affichée… du Hamas : instaurer un état de guerre contre Israël pour conférer au premier un statut d’acteur étatique incontournable. 

Quant à la barbarie, faire exploser une famille avec une bombe ou les écraser sous les décombres n’a-t-il pas pour effet de répandre en miroir une même forme de terreur ?




Protéger nos différentes communautés est vital pour nos sociétés

L’autre objectif de cette guerre, largement soutenue par la Russie de Poutine, est de déstabiliser l’équilibre des sociétés qui refusent la domination de l’Empire qu’il croit diriger. Quelle absence de surprise d’observer que des officines russes sont derrière des campagnes de diffusion de l’antisémitisme, en France notamment.

En réalité, peu de sociétés ont intégré l’importance de protéger leurs différentes communautés et l’équilibre qui permet seul de vivre ensemble. C’est le cas assez exemplaire du Maroc qui fait de la défense des différentes croyances une politique d’Etat, afin de préserver cette richesse qu’est la diversité. 

L’antisémitisme comme l’islamophobie constituent en cela un véritable fléau, en appelant à la haine de l’autre et à la négation de l’importance de sa culture. Cette guerre d’Israël contre le Hamas est l’occasion attendue par les extrémistes de tous bords d’attaquer une communauté pour la politique d’un Etat auquel elle est liée sans en avoir jamais eu la responsabilité.

 


S’attaquer à la communauté juive sous prétexte de la politique de Nethanyaou est aussi grotesque que vouloir faire payer à la communauté musulmane l’agression du Hamas contre Israël…

Sortir de la confrontation attendue par le Hamas et construire un avenir aux Palestiniens ainsi qu’à Israël

Protéger toutes nos communautés est donc vital si nous ne voulons pas que ces guerres détruisent nos équilibres et ne menacent notre propre avenir. 

Mais nous avons aussi une responsabilité collective, politique, de nous intéresser à l’avenir d’Israël comme de la Palestine pour ne pas nous retrouver piégés dans l’impasse de la violence et de la vengeance, en sortant de ce tunnel de haine et de destruction initié par le Hamas et alimenté par l’absence de stratégie politique du gouvernement Nethanyaou. 

Le 11 novembre n’est pas une date anodine dans l’histoire, c’est celle où nous avons pu mettre fin à une immense boucherie, celle de la première guerre mondiale.

Picasso : un homme et une femme



Pour approfondir,

L’enquête du journal Le Monde sur l’instrumentalisation de l’antisémitisme par le Kremlin : Pochoirs d’étoiles de David à Paris, la piste d’une opération d’ingérence russe privilégiée


L’analyse de Jean-Philippe Rémy pour Le Monde, A Gaza, avec l’armée israélienne : « Chercher les tunnels du Hamas, et les détruire »


Stupeur et fureur, article de Michel Goya dans la Voie de l’Epée

28 commentaires sur “Israël contre le Hamas, sortir du tunnel de la guerre

  1. Merci pour votre réponse.

    Auriez-vous l’explication de l’attitude de la plupart de nos médias qui veulent nous obliger à choisir un camps et qui donnent rarement (pour ne pas dire jamais) la parole aux bonnes volontés qui seront peut être un début du chemin de la solution ?

    Quel est l’intérêt de leur attitude partisane, d’un côté ou de l’autre

    Ce conflit sera négatif à long terme même pour nous français, on le sait et nos élites (cultivés de principe ), le savent mieux que personne

    Ils sont où nos philosophes, nos vrais journalistes, nos anciens généraux, nos experts

    Pourquoi les héritiers (des principes) de Jean moulin et brossolette ne prennent pas la parole face aux médiocres

    Merci

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    1. Les journalistes font un très gros travail d’information, alors que la scène principale, la bande de Gaza, leur est interdite par l’armée israélienne, et que la plupart des évènements dramatiques ont ici pour origine le Hamas qui ne cesse pourtant de le nier…
      Certains hommes et femmes politiques sont d’une grande lucidité. Je citerai par exemple Catherine Colonna aux affaires étrangères ou Raphaël Glucksmann au parlement européen.
      Les généraux se taisent comme ils ont appris à le faire (je publierai à ce sujet chez Flammarion, un récit sur Saint-Cyr fin janvier).
      Beaucoup d’experts font un travail remarquable d’éclairage, la liste est longue, je voudrais citer néanmoins Vincent Lemire et Alexandra Schwartzbrod en exemple

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  2. Bonjour

    Si on s’intéresse à nous un peu. Auriez vous le nom d’un seul homme politique français capable d’être l’homme de la situation ??

    Vu l’effet des médias, on n’a pas le droit d’arrêter cette guerre, on est obligé de choisir un camp

    Pour nous, français: Jean moulin de 2024 sera la ?

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  3. 1) Que pensez-vous du plan de Naftali Bennett qui prévoyait asphyxier le Hamas sans bain de sang? Savez-vous pourquoi il n’a pas été retenu? https://www.nytimes.com/2023/10/27/opinion/israel-hamas-strategy-bennett.html

    2) vous semblez oublier que l’Autorité palestinienne a rejeté trois plans de paix qui auraient créé un État palestinien dans les frontières de 1967 (en 2001, 2008 et 2014). Israël n’est pas le seul responsable de l’impasse actuelle. Tant que l’on accablera qu’Israël pour l’impasse actuelle, les Palestiniens n’auront aucun incitatif à signer quoi que ce soit. S’il faut imposer un plan de paix, il faut l’imposer aux deux parties.

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      1. Merci! Dernière question: êtes-vous surpris de voir les réactions de vos collègues israéliens (les hauts-gradés de l’armée israélienne penchent pourtant à gauche, j’explique mal leur jusqu’au-boutisme actuel)?

        J’ai entendu Ami Ayalon, Yair Golan et Yossi Alpher qui parlent pourtant d’apartheid en Cisjordanie et qui réclament que l’on impose un plan de paix à Israël, dire eux aussi qu’ils n’ont entendu aucune alternative crédible à cette guerre.

        Je suis surpris de voir qu’il y a consensus en Israël autour de cette guerre (dans son format actuel), même chez des gens beaucoup plus à gauche que moi. La position hégémonique est que si Israël ne détruit pas le Hamas d’ici la fin de l’année (les gens savent que la fenêtre de temps est très courte), un nouveau massacre comme celui du 7 octobre n’est qu’une question de temps.

        La gauche israélienne semble tout juste commencer à réaliser que cette guerre ne ressemble en rien à celles de 2008-2009 et 2014. Jusque-là, elle invoquait le fait que le Hamas se cache derrière les civils pour justifier l’immensité des pertes, et les comparait à Mossoul ou Raqqa. Les échos des critiques étrangères commencent à peine à se faire entendre (même au sein de Haaretz, ça a pris du temps).

        La conclusion n’est pas qu’il faut arrêter, mais plutôt qu’il faut finir le travail le plus rapidement possible pour ne pas faire durer la catastrophe humanitaire… Voilà un parfait exemple de population abasourdie qui perd le Nord. Le réveil sera brutal.

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      2. Il n’y a pas d’unanimité, y compris au sein de l’armée, sur la stratégie militaire actuelle décidée par le gouvernement Netanyahou : beaucoup de rage, de colère mais surtout d’inquiétude d’une société israélienne qui se sent menacée, ce qui était exactement l’objectif du Hamas.
        Le débat est très dur sur le sujet, en particulier avec l’allié américain…

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  4. Bonjour, j’apprécie fortement vos analyse et votre travail. Mais je dois admettre que quand j’ai lu « L’ONU serait intervenue pour prendre le contrôle de la bande de Gaza », j’ai beaucoup rigolé. Vous avez changé en « une force internationale », mais les questions que je voulais poser demeurent:
    – quelle force internationale est intervenue en Ukraine ?
    – quelle force internationale est intervenue au Haut-Karabagh ?
    Pourquoi en serait-il différemment ici ? Parce que une instance va les qualifier de « terroriste », mot tellement utilisé par tout le monde (Russie,…) que c’en est devenu le nouveau point Godwin.

    L’Europe et les USA n’interviennent pas (vraiment) pour les guerres à sa porte. Pas besoin d’être un génie militaire pour savoir elles ne feront rien pour les conflits plus éloignés et que les autres n’en ont pas les moyens.

    Quand même pour votre travail 🙂

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  5. Bonjour Guillaume (rectification). Merci encore pour cet article, mais je m’excuse par avance d’être sans détours.
    Pour être franc, je préfère largement te lire sur l’Ukraine. De toutes façons, qui d’autre que les USA, pourrait convaincre Netanyahou qu’il fait, encore, les mauvais choix?
    Et puis je suis convaincu que ces atrocités n’auraient pas eu lieu si Poutine n’avait pas envahi l’Ukraine, tout est lié : qui et/ou qu’est ce qui a fait « pousser des ailes » au Hamas pour décider une telle opération ? À qui cela profite? L’attention des médias et des USA a bien été détournée, encore une victoire pour Poutine. L’aide occidentale perfusée a provoqué l’échec de la contre offensive éclair, encore une victoire pour Poutine, s’il avait d’ailleurs annoncé en personne.
    Pendant ce temps, la Russie se rapproche et développe ses relations avec la Chine, Iran, Corée du Nord et maintenant Birmanie.
    Et pendant ce temps, l’Occident continue de perfuser son aide tandis que Poutine assomme Avdiïvka en sacrifiant jusqu’à sa propre armée sans compter, pourvu qu’ils avancent, et ils avancent, inexorablement.
    Pendant ce temps, l’Europe commence seulement à réaliser qu’il faut aider plus massivement et plus technologiquement l’Ukraine, comme le demande Zaloujny. Pendant ce temps, avec le détournement de l’attention US, l’Europe commence à prendre conscience qu’elle va devoir faire face à ses responsabilités: combien de temps encore avant l’Action?!!!
    Le Temps: on en revient toujours au temps qui passe et qui constitue le meilleur allié de Poutine, qui dépense sans compter en argent et chair fraîche car rien jusque là ne peut lui faire douter que la quantité ne pourra pas surmonter la qualité, pas même la formidable détermination ukrainienne.
    A quand le sursaut? A quand des signes forts pour infliger des gifles à l’agresseur? La destruction du Pont de Kerch, une aide éclair massive et technologique discrète pour tuer dans l’oeuf l’offensive d’Avdiïvka? Il faut des gifles!!! Il n’y a pas que De Gaulle ou Churchill qui nous manquent aujourd’hui, Audiard serait déchaîné, pour se permettre de faire un peu d’humour…
    La France a livré discrètement cette semaine des missiles anti char dernière génération Akeron, ce qui suppose le secret d’autres livraisons. Josep Borel à prévenu l’Europe de faire face à ses responsabilités, mais en attendant nous palabrons toujours et encore… Qui, pour motiver l’Europe, pour nous faire ouvrir les yeux, enfin, sur l’urgence de la situation?
    Je suis désolé, ces questions m’importent davantage que le conflit israélo-palestinien, qui mérite bien entendu intérêt et condamnations, mais d’abord parce qu’il nous concerne bien plus directement. Pour la simple raison qu’il menace déjà la sécurité des états membres de l’Otan à court, moyen et long terme. Et la décision du Hamas en fait partie et concourt aux aspirations poutiniennes d’instituer un « nouvel ordre mondial »…
    Alors, au plaisir de vous lire sur l’Ukraine!

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  6. Bonsoir et merci pour l’analyse de situation.

    J’apprécie le titre qui fait penser à « l’effet tunnel », dont P-H Chuet parle souvent dans des situations hors-controle. La tunnelisation correspond parfaitement à l’enchaînement des évènements depuis les massacres barbares du 7 octobre. Dans les interactions puis les interprétations, des zones touchées par la mort jusqu’à la région incandescente.

    Avant d’oser écrire une petite hypothèse de mitigation de crise compliquée, je pense d’abord à un espace géographique disputé depuis trois millénaires. Le climat a changé, les monothéismes sont passés par là, les connexions aux ressources ont engendré des conflits territoriaux où les mentalités n’ont pas toutes évolué à la même vitesse (au sein des mêmes camps). Retenons en partie qu’à chaque époque depuis l’antiquité, la paix a rarement été définitive. Certains hommes qui y ont contribué ont parfois payé chèrement, rarement de face par « les autres ».

    Depuis la reconnaissance de la Nation Israélienne au XXe siècle, les esprits modérés ont mal au crâne dans chaque camp. La paix durable est presque un voeu pieux au milieu des nombreux (penseurs) partisans radicalisés.

    Les pouvoirs actuels n’aident pas à calmer les choses: la droitisation absolue de l’exécutif israélien, quasi messianique dans sa démarche, l’incapacité palestinienne à organiser un État sous perfusion, l’organisation terroriste hamas qui arrange les polarisations régionales à son avantage. L’infamie absolue du 7 octobre se transforme en détail chez les uns, en guerre totale chez les autres. Beaucoup de choses se mélangent pour le pire, quand des familles de tous bords n’avaient rien demandé, quand des intervenants voisins envisagent d’exploiter la situation dramatique.

    C’est ici et maintenant que l’ONU doit montrer qu’elle n’est pas la SDN. Quelles que soient les polarisations bloquantes depuis longtemps au Conseil de Sécurité depuis trop d’années, le contexte et la situation imposent une intervention internationale. Désolé pour Netanyahou qui est très sur-confiant (lucide?), merde au hamas qui démontre définitivement sa barbarie dégueulasse, attention à l’Iran qui veut organiser la réponse islamiste.

    L’hypothèse d’intervention internationale consisterait prioritairement en beachage rapide des ressources de première nécessité sur zone, avec si possible RESEVAC maritime des double-nationalité ET des familles pouvant être prises en charge par des nations régionales en contact avec elles. Même si seulement 10000 personnes étaient concernées, ce n’est pas rien dans l’enfer de la guerre. On sait que l’Égypte, la Jordanie et le Liban ne supporteront pas SEUL le fardeau pour de multiples raisons. Sur les 2 millions de Gazaouis bloqués dans la nasse mortelle, 10000 sont evacuables en une semaine (4 navires amphibies).

    Les camions d’approvisionnement à Rafah ne suffiront pas pour faire face aux besoins du sud de Gaza. L’ajout de moyens amphibies peut démultiplier les apports médicaux, alimentaires et hygiéniques dans l’urgence absolue. Cette démarche, si elle contourne l’ (autorité) du hamas, impose une sécurisation en zones de débarquement/embarquement. En quoi le pouvoir exécutif israélien opposerait-il un véto, à l’heure où la Ligue Arabe rassemble en Arabie Saoudite quelques ennemis d’Israël qui ne cherchent pas tous les compromis ? Si Israël accepte et si la Ligue Arabe accepte aussi, les denrées vitales et évacuations peuvent mitiger la route pour l’enfer quand rien ne bouge.

    L’ONU doit agir, dans l’intérêt direct des cinq nations qui ne profiteront pas longtemps d’une explosion régionale. Cette première étape d’interposition internationale est plus qu’urgente. Ce serait un début d’espoir, avant des exploitations géopolitiques dangereuses.

    L’ONU sert à ÇA !

    (Désolé pour la longueur, merci de bloquer ou retirer les passages qui gênent)

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  7. « En réalité, peu de sociétés ont intégré l’importance de protéger leurs différentes communautés et l’équilibre qui permet seul de vivre ensemble. C’est le cas assez exemplaire du Maroc qui fait de la défense des différentes croyances une politique d’Etat, afin de préserver cette richesse qu’est la diversité.  » Bonsoir je trouve ce commentaire très communautariste d’une part car il réduit la france à une addition de groupe forcément religieux (merci mais tout le monde n’a pas une religion voyez vous en france).

    Et d’autre part le Maroc est particulièrement mal choisis comme exemple de pays multiculturel à l’anglo-saxonne (qui est une coéxistance dans les faits à des années lumières du vivre ensemble) car il s’est appliqué à faire fuir les marocains juifs après l’indépendance.

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  8. Le Hamas a réussi a confiner Israël dans un « tunnel » paradoxal : Israël détruit systématiquement des objectifs civils et donc des personnes civiles, parce que, les palestiniens n’ayant pas d’Etat, ils n’ont pas d’armée, mais « que » les combattants terroristes civils du Hamas qui se fondent dans la population qu’ils prennent comme bouclier. C’est un grand classique des grands criminels. Israël espère que les dommages collatéraux de ses objectifs civils toucheront le Hamas. C’est d’une profonde immoralité et irresponsabilité qui confine au terrorisme : Israël obéit au Hamas et protège son droit à se défendre par la mort des civils palestiniens.

    Mais l’orgueil israélien se moque de la moralité, autant que celui du Hamas, au nom du droit à se défendre invoqué aussi par le Hamas. Ce droit à se défendre est détourné, ce que cet article montre bien.

    Cela rappelle des batailles épiques racontées dans la Bible où les hébreux commettaient de terribles massacres des populations voisines, à l’image de l’attaque du Hamas du 7 octobre. Toujours, quand c’était la victoire, c’est à dire l’anéantissement de l’ennemi, Israël rendait grâce à Yahvé. Quand c’était la défaite, Israël se repentait de ses pêchés.
    Ce sont des comportements primitifs que la Bible raconte ainsi. Ce comportement ressemblent à celui d’un enfant qui croit que les nuages qui se déplacent dans le ciel le suivent. D’ailleurs le roi David, grand guerrier, jeune tueur du « géant » philistin Goliath, héros juif prenant la place guerrière désertée par le roi Saül, n’eut pas le droit de construire le Temple de Jérusalem, car, selon la Bible, Dieu lui reprochait d’avoir trop fait la guerre. Cette mission de construire le Temple fut donc renvoyée par Dieu à son fils Salomon … flanqué de ses 1000 concubines, ce qui apparaissait donc moins indigne à Dieu selon le récit biblique.

    La culture israélienne est pétrie de ces récits. Mais c’est le juif Jésus, rejeté par le pouvoir Juif de l’époque et ses successeurs actuels, qui a rejeté radicalement la violence, disant qu’il était UN avec le Père, « complétant » le Dieu des Juifs avec l’Esprit saint. Donc si l’on veut que les Juifs se détachent de leur culture de violence et fassent UN avec Yahvé, il faudrait, c’est un veux pieu, qu’ils reconnaissent l’un des leurs : Jésus. On peut attendre. Mais il n’est pas interdit d’espérer.

    Ceci dit, revenant aux terrains laïques, tous les efforts sincères des « artisans de paix » invitent Israël à rejeter la violence primitive et infantile, laissant cela au Hamas et à ses manipulations politiques désespérées par les excès et mensonges répétés d’Israël. De nombreux Musulmans font aussi partie de ces « artisans de paix », avec beaucoup de chefs de gouvernements de la planète qui craignent l’extension de la guerre et son chaos qui réjouissent Poutine dans sa vision manichéenne du monde « multipolaire » qu’il rêve « d’unipolariser » sous sa botte. « Odessa c’est chez moi » disait le petit fils de Tolstoï, choisissant « guerre » dans le titre du célèbre roman de son aïeul. Moi j’aime les Russes et les Israéliens comme les Palestiniens qui choisissent « Paix », Guerre OU Paix et non pas Guerre ET paix. Il faut choisir.

    Les frontières sont des accidents de l’Histoire. Mais ne pas les respecter entraine des désordres souvent irréparables. Chaque homme est légitime sur n’importe quel mètre carré de la planète. Les frontières des pays doivent être considérées comme des limites communales et non pas comme des justifications égocentriques. On appelle cela la libre circulation des populations et à fortiori des personnes. Mais cette circulation doit respecter les personnes croisées. On n’en est pas encore là, mais il n’est pas interdit de rêver.

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  9. Plus jeune, je pensais que le monde tendrait vers la bienveillance et qu’aucun enfant n’aurait plus à mourir de faim, ni à subir les affres de la guerre. Au delà des grandes considérations géopolitiques, européenne privilégiée, je constate que mes vœux « pieux » sont bien loin de se réaliser. Il est plus facile de se positionner sur le conflit en Ukraine.
    Dans le conflit Israel Hamas, même si je comprends ce fameux « droit à se défendre », je n’admets pas que l’on puisse bombarder une zone de laquelle aucun civil ne peut s’échapper.
    Combien de vies seront-elles nécessaires pour que ce droit à se défendre soit accompli ? Je pense bien entendu aussi aux victimes du 7 octobre, comme je pense aussi à toutes les victimes des différents conflits actuels qui pour la plupart n’ont pas d’autres aspirations que de vivre en paix.
    Je ne comprends d’ailleurs pas que toutes le mères du monde ne se lèvent « d’un seul homme » pour dire que cela suffit…
    Bref je suis ok pour participer à un sitting géant dans la bande Gaza si cela peut servir à arrêter les bombes…ou en Ukraine…si vous en entendez parler, faites moi signe : je prends mon billet…

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  10. Merci pour la richesse de votre analyse ! A la question de savoir si Israël avait un autre choix que de mener cette guerre dans Gaza , seul, et au prix de terribles « dommages collatéraux », y compris d’ailleurs peut-être aussi les vies de certains otages, parmi les plus fragiles, on est ramené à la question du trauma de la Shoah mais aussi à celle de la résistance héroïque du ghetto de Varsovie : questions de vie et/ou de mort que le peuple juif ne peut pas, du fait de cette expérience historique, déléguer à d’autres, comme à une force d’interposition de l’ONU, par ex. Cette question explique sans doute l’élan d’adhésion des réservistes pour l’expédition militaire alors même qu’ils étaient des opposants résolus à Nétanyahou et qu’ils le redeviendront après la guerre. Ainsi, tout le contexte est tragique: pour les Juifs d’Israël, pour les Palestiniens de Gaza, puis pour ceux de Cisjordanie et de proche en proche, pour tous ceux qui ne sont même plus capables de penser le mot paix en leur for intérieur…

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  11. Merci pour cette analyse
    je pense que tout est dit
    les promesses d’éradiquer le dernier des militants du hamas me fait penser à la promesse de poutine de butter le dernier des tchétchènes dans les chiottes
    et comme le gouvernement Israélien ne semble avoir rien en besace pour trouver une sortie diplomatique, les bombardements quotidiens sur Gaza sont en train de redonner à la cause Palestinienne une visibilité médiatique comme jamais
    Tant que le problème de la colonisation ne sera pas abordée par Israël, tant que la solution à Deux Etats ne sera pas mis à l’agenda, et bien, nous aurons certainement dans le futur de nouveaux 7 Octobre
    Quels gâchis

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    1. Bonjour Guillaume
      Quand tu écris : « Une force de l’ONU serait intervenue pour prendre le contrôle de la bande de Gaza et démilitariser cette zone » est ce que tu y crois vraiment ? Est ce que le Hamas l’aurait accueillie avec des fleurs et accepté de laisser arrêter ses chefs ? Cela me semble inconcevable avec le veto Russe et Chinois au Conseil de Sécurité
      Le Hamas a choisi le chaos sciemment
      En ce 11 novembre, nous devons aussi nous rappeler que face à l’agression allemande, nous avons sacrifié dans le chaos plus d’un million de jeune français et soldats d’outre-mer avec des généraux qui les envoyaient à la boucherie
      Merci pour ton blog

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  12. Bonjour, votre scénario alternatif à base d’ONU et de communauté international me semble une façon polie de dire « ne rien faire ». Etant donné la fracturation actuelle du monde et le blocage de l’ONU peut importe le sujet, rien de cela n’est envisageable encore moins une intervention de désarmement et avec quel moyen ? Il n’empêche que ne pas ramasser le gant aurait probablement été la meilleur chose a faire pour éviter ce carnage désastreux. Bien que ce soit perçu comme un aveu de faiblesse intolérable pour le pouvoir en place. La comparaison avec le 11 Septembre est assez approprié.

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  13. Bonjour Guillaume,
    Chaque mort civil palestinien engendrera des nouveaux combattants au sein du Hamas. De plus hier circulait la photo de soldats israéliens plantant un drapeau Israël sur une plage à Gaza. Que penser de cette action sinon que certains n’ont pas que pour seul motif d’éradiquer le Hamas?

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