L’Europe proposée par le président Macron peut-elle nous défendre ?

French President Emmanuel Macron delivers a speech on Europe in front of the slogan « A powerful Europe » in an amphitheatre of the Sorbonne University in Paris, on April 25, 2024. President Emmanuel Macron’s speech set out his European policy directions ahead of the European elections on 09 June. (Photo by Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP)


Décryptage du discours du président français, Emmanuel Macron, sur l’Europe de la défense à la Sorbonne le 25 avril 2024

Le fond du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne est important, parce qu’il esquisse une Europe qui penserait enfin à sa défense. Une défense à la hauteur de sa puissance économique, sociale et culturelle. Mais une défense fragilisée par la difficulté pour ses 27 pays membres de confier une telle responsabilité à l’ensemble plutôt qu’à leur seule volonté, un conflit de « souveraineté » où les acteurs étatiques semblent plus ambigus que déterminés à franchir le pas.

« L’Europe puissance, c’est simple : c’est une Europe qui se fait respecter et qui assure sa sécurité […] L’Europe doit savoir défendre ce qui lui est cher avec ses alliés chaque fois qu’ils sont prêts à le faire à nos côtés et seule, si c’est nécessaire »

Le discours du président français a le mérite d’une relative simplicité quand il s’agit de définir ce qui est en jeu : notre sécurité. Une sécurité que nous avons oubliée d’assumer depuis la chute du mur de Berlin et que nous avons cru être « dispensés de guerre ». 

Les « alliés » évoqués ici sont principalement les États-Unis dont la puissance et la présence militaire nous ont rassuré et endormi toutes ces années. Cependant, le blocage pendant plus de 6 mois de l’aide américaine à l’Ukraine et le risque d’un retour au pouvoir de cet abruti populiste de Donald Trump, rendent désormais évident que notre sécurité ne peut pas reposer sur le bon vouloir d’un tiers… quel qu’il soit. 

Au passage, la formule du président français sur les alliés est habile, car elle ne refuse pas cette aide que certains héritiers d’un Gaullisme dépassé voudraient refuser par principe. Elle rappelle simplement une évidence, que nous devons être capables d’assumer notre propre sécurité et tant mieux si elle se trouvait renforcée par des alliés.

« Le principal danger pour la sécurité européenne est évidemment aujourd’hui la guerre en Ukraine »

Malgré les dénégations des relais de Vladimir Poutine – et notamment du Rassemblement national en France –, c’est bien toute la sécurité de l’Europe qui est menacée par sa guerre de soumission contre l’Ukraine. Celle-ci constitue d’abord un défi pour l’Europe : sommes-nous capables de nous opposer à un empire menaçant comme la Russie de Poutine aujourd’hui ? 

Mais la menace que porte cette guerre va bien au-delà des frontières de l’Ukraine, car une fois soumise pourquoi Poutine n’irait pas « libérer » les minorités russophones des pays baltes comme il le déclare aujourd’hui, ou l’Est de la Pologne qu’il revendique sans plus de scrupule ?
Tant que Poutine sera au pouvoir, il n’y aura pas de paix durable en Europe.

Lire aussi : La guerre en Ukraine peut-elle sortir la défense européenne de l’ornière ?

Certes, la plupart des pays de l’Europe sont membres de l’OTAN, mais « l’OTAN, c’est nous » et elle ne dispose d’aucune armée en propre. S’il fallait défendre la Pologne ou la Lituanie demain, de quelles forces disposerions-nous alors que seuls les États-Unis ont conservé une armée « blindée » capable de mener une guerre de haute intensité comme celle qui se déroule en Ukraine ? 

Si les Américains refusaient de s’engager réellement (car le traité de l’OTAN ne les y oblige nullement), saurions-nous faire mieux que l’Ukraine aujourd’hui ?
La guerre russe contre l’Ukraine marque un véritable tournant dans notre approche de la sécurité, car pour la première fois depuis trois décennies, nous sommes réellement menacés.

« Créer entre les armées européennes une véritable intimité stratégique »

De fait, le président Macron renonce à la constitution à court terme d’une armée européenne et lui préfère un chemin intermédiaire qui a le mérite du réalisme, dans un premier temps : rapprocher les armées (nationales) existantes et éviter de renouveler le projet irréalisable dans l’immédiat d’une armée européenne qui constitue pourtant un objectif d’avenir. En effet, il suffit pour s’en convaincre de comparer la puissance de l’armée actuelle des Etats-Unis avec celle que serait la réunion d’armées disparates propres à chacun de ses 50 États.

« Il n’y a pas de défense sans industrie de défense en la matière […] il nous faut une préférence européenne dans l’achat de matériel militaire »

Le discours du président met en lumière un point clef de la défense européenne, qui nécessite en premier lieu une industrie européenne de la défense, des Airbus de la défense pour partager dans les armées européennes les matériels majeurs, ceux qui structurent toute l’organisation et la logistique militaire : canons, chars, munitions, hélicoptères, avions et navires de combat. 

Le fait que la France et l’Allemagne se soient enfin mises d’accord pour la fabrication d’’un futur char de combat – à l’horizon 2040…– ne doit pas camoufler la réalité de l’incohérence actuelle. La France, qui vient d’adopter sa loi de programmation militaire pour les 7 années à venir, est loin d’être exemplaire en la matière. Elle préserve l’héritage des manufactures nationales en ne commandant que des matériels français destinés aux interventions légères extérieures quand elle devrait investir massivement dans un Corps européen blindé, en s’équipant notamment du meilleur char existant – le Leopard 2 allemand – pour en faire justement une référence européenne… plutôt que de repeindre pour le même prix des chars Leclerc dont le tellement petit nombre (200) en fait une série sans avenir et inutilement coûteuse.

« Création d’une académie militaire européenne pour former les futurs cadres militaires et civils européens aux enjeux de sécurité et de défense »

Une initiative d’autant plus remarquable qu’elle permettrait à des institutions qui se sont laissées enfermer dans leur histoire et leur silence d’évoluer enfin. Je pense en particulier à Saint-Cyr, « l’école de la Grande Muette » qui forme les officiers de l’armée de terre française à faire la guerre et à se taire. 

Avec seulement 10% de femmes qui sont toujours considérées en 2024 comme une anomalie par une culture mâle dominante d’un autre siècle, l’européanisation de la formation est un moyen brillant de faire prendre le tournant à ces écoles aussi prestigieuses que dangereusement obsolètes.

Lire aussi : Saint-Cyr, à l’école de la Grande muette

« Développer une capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense »

Plutôt que de parler de « guerre hybride » – mélangée –, il est temps de considérer que les attaques contre les systèmes informatiques constituent une guerre, qu’elles font des victimes (hôpitaux, sécurité des transports,…) et des dommages considérables. Ces attaques sont d’ailleurs menées fréquemment, pour ce qui concerne la Russie, par des groupes dépendants de son armée. 

Se défendre et attaquer dans le domaine cyber relève d’une logique sécuritaire à intégrer désormais dans la défense européenne, au même titre que la guerre de l’information, notamment via les réseaux sociaux, où l’impunité liée à l’anonymat n’a que trop duré.

« La dissuasion nucléaire est un élément de dissuasion crédible et donc un élément incontournable de la défense du continent européen »

Le président français introduit avec la question de la dissuasion nucléaire une dimension cruciale et globalement négligée ou plutôt esquivée par la plupart des pays européens : en l’absence d’un parapluie nucléaire, français et surtout américain, est-ce que l’Europe pourrait résister à un chantage à la guerre nucléaire d’un dictateur comme Poutine ?

La crainte d’un affrontement – avec des armes classiques – contre une « puissance nucléaire » interroge sur notre capacité à se défendre ou à défendre nos intérêts vitaux dès lors que cette question ne sera pas « traitée » au niveau européen. Il en va aussi de cette crédibilité de la défense de l’Europe face à des empires menaçants dont la Russie de Poutine n’est sans doute pas le dernier. 

En complément de la dissuasion nucléaire, la question d’un dispositif global de défense anti-aérienne n’est quasiment pas évoquée. Même s’il n’existera jamais de parapluie étanche pour nous protéger d’une quelconque menace – en particulier des missiles et drones –, il est néanmoins inquiétant de ne pas bâtir un dispositif de protection qui rende beaucoup plus difficile ce type d’attaque.

« Une défense européenne crédible [en invitant] nos partenaires à bâtir cette initiative européenne de défense, qui doit d’abord être un concept stratégique »

Probablement le point le plus faible dans l’approche du président Macron, non pas de rechercher un « concept stratégique » mais de le porter seul : comme si cette idée était tellement lumineuse que tous nos partenaires ne pourraient que l’adopter avec enthousiasme et même en nous remerciant. 

Malheureusement notre président méconnaît l’importance de la concertation et le rôle clef d’une construction collective pour permettre à ce concept de défense européenne de prospérer, plutôt que de faire briller la France. 

L’idée du président Macron est tout à fait intéressante, la méthode paraît assez inadaptée, car il s’agit bien ici de passer les clefs du sujet de la défense à l’Europe, plutôt que vouloir la guider par sa seule intelligence éclairée. 

PS : au moment où le gouvernement Netanyahou menace de finir de dévaster la bande de Gaza en s’attaquant à Rafah, la dernière zone à ne pas avoir été détruite par l’armée israélienne, une Europe puissante – et premier partenaire commercial d’Israël – serait probablement en mesure d’exercer une réelle pression pour le dissuader d’agir ainsi… 




Pour approfondir,

Comment définir la puissance ? par Pierre Verluise et Jérémie Rocques (Diploweb)


Pourquoi nous ne nous préparons pas à la guerre, alors que nous voulons la paix ?


Netanyahou veut détruire la bande de Gaza pour la rendre invivable (Interview dans La Tribune du Dimanche, par Garance Le Caisne)

15 commentaires sur “L’Europe proposée par le président Macron peut-elle nous défendre ?

  1. Réflexions toujours aussi intéressantes, merci.

    Mais, je tique sur l’habituel « Tant que Poutine sera au pouvoir… » qui peut laisser à penser à certains que si Poutine n’était pas ou plus là, tout irait mieux. Il est possible que son successeur soit meilleur, mais il peut aussi être tel que lui, ou même être pire (cf. Medvedef par ex.). Malheureusement, c’est probablement l’ensemble des personnes des premiers cercles du pouvoir russe, et leurs folles idées, qu’il faudrait remplacer.

    Faudrait-il écrire « Tant que l’idéal impérialiste de la Russie demeurera… » ?

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      1. Au vu de l’Histoire, je privilégierais : le KGB lâchera t-il le pouvoir ?

        rappel d’une histoire drôle pas si drôle : tous les pays possèdent un service secret… sauf la Russie où un service secret possède le pays.

        Ce qui, en dépit des efforts de Béria, n’était pas le cas sous Staline.

        Fabrice

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    1. « Tant que l’idéal impérialiste« 

      Je suggère plutôt « dessein impérialiste idéalisé ». Parce que l’impérialisme ne m’a jamais semblé digne d’un idéal.

      Gros problème pour tous les voisins de la Russie, ce dessein impérialiste idéalisé est inoculé dans tout jeune russe dès la petite école. Seule une minorité éduquée et questionneuse parvient à s’en affranchir, mais c’est l’exception, pas la règle.

      Fabrice

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  2. Excellente analyse ! merci beaucoup, tout est dit dans la conclusion !

    Cette analyse, je me permets de le dire ma parait plus éclairante que celle du 2 mars sur les propos de l’époque de M MACRON…. Ce dernier souligne bien les points faibles de la défense de l’UE, mais n’apporte que des propositions réthoriques et préremptoires, surtout non concertées avec les autres dirigeants européens.

    Il ne propose qu’une version confédérale, c’est à dire sans contrainte mutuelle alors que la seule solution est une vision fédérale…

    Il garde des conceptions françaises classiques d’autrefois, visant la seule production nationale d’armement, et vise un emprunt européen pour la défense (sans concertation) qui en fait allègerait surtout le budget de la défense français, dans sa conception.

    On voit aussi les cris de la classe politique en France quand M MACRON a évoqué plus ou moins un « partage » du bouclier nucléaire français. Cris qui correspondent aux vielles conceptions nationalistes d’avant 1914 dans la lignée du gaullisme. Il est vrai que De GAULLE avait 25 ans en 1914 et était en fait un homme du 19° siècle.

    Quand aurons nous dans ce pays une pensée plus intelligente correspondant à notre époque

    MERCI encore pour cette analyse précise !

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  3. Bonjour,

    Cet article très facile à lire nous éclaire et nous incite à réfléchir sur l’Europe.

    Il nous faudrait recréer de nouveaux liens avec une commission de sages, par exemple, qui serait issu des pays volontaires et ces sages devraient être soit : socialistes – démocrates – centristes – modérées…. Pas religieux… pas extrémistes

    Cette commission aurait sous sa coupe la protection des hommes et des territoires et aurait des agents de renseignements, beaucoup de matériels, des militaires, des douaniers, une police des frontières… le financement se ferait par une taxe sur nos achats ( large base et taux faible). Chaque pays garderait sa souveraineté sur ses équipements matériels et humains.

    Je sais que pour l’instant c’est très utopique mais il va bien falloir mettre en place une organisation qui soit sécuritaire et opérationnel à la différence de l’OTAN qui est inopérante.

    Redynamisons notre Europe et nous devons nous prendre en charge.

    Merci Guillaume pour tous ces éclairages

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  4. Je laisse aux militaires l’appréciation de la défense européenne. L’idéal serait qu’elle n’ait pas à servir. Mais la réalité du pouvoir de Poutine nous oblige à envisager l’affrontement.

    Pour qu’il y ait d’autres alternatives à l’affrontement, il faudrait que les contre-pouvoir russes ne soient pas réprimés. Ce n’est pas le cas. Nous ne pouvons pas envisager d’autres alternatives à l’affrontement tant que la résistance russe ne refera pas surface.

    Comment aider la résistance russe à refaire surface ?

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  5. Des éléments, certes, intéressants dans le discours du PR et cette analyse, sur la nécessité d’enfin prendre au sérieux la Défense européenne, surtout avec le risque qu’un jour Washington ne vole plus à notre secours, d’autant plus que consacrer moins de 2 % de notre PIB à notre sécurité comme requis par l’OTAN ce n’est pas sérieux. Pour autant, plusieurs éléments très discutables.

    Préférence communautaire pour les achats d’armements ? Peut être, mais il faut avoir une industrie à la hauteur, donc sans goulots d’étranglements ce qui ne sera pas le cas avant longtemps, et pour l’instant si nos partenaires continuent d’acheter américain il y a peut être, aussi, des raisons logiques. On a d’ailleurs vu combien cette préférence défendue par Paris n’a pas tenu le choc pour la fourniture d’armes à l’Ukraine.

    Une Europe puissance ? Attention à ce que cette appellation d’apparence anodine et évidente, recouvre. S’il s’agit de permettre à cet ensemble politico-économique de s’armer face aux menaces, mille fois oui. S’il s’agit d’émuler des Etats-Unis d’Europe, non, évidemment, pour la bonne raison que ce projet éminemment fédéral serait un contre sens historique, dont les peuples ne veulent au demeurant pas. Les USA c’est un pays, une langue, une seule religion, peu ou prou, et un seul peuple durant sa période de construction historique, 1776-1913, ce qui n’a pas empêché une ou deux guerres civiles, tandis que l’Europe est un continent/civilisation, avec une vingtaine de langues.

    Enfin, la proposition du PR d’inclure le nucléaire français dans le débat, au delà de ses pulsions habituelles pour le disruptif, me semble absurde. Qui appuie sur le bouton s’il faut tirer un missile nucléaire français ? Forcément Paris et donc nul débat pertinent sur ce point. Quels intérêts, c’est à dire pays ce missile français protègerait ? L’Estonie, la Roumanie, voire l’Allemagne ? Il n’est même pas certain qu’un président français oserait déclencher l’anihilation de son pays pour défendre un bout d’Alsace envahi par une armée russe (problème classique du seuil de déclenchement de la riposte), alors un bout de Tallin ou Munich… sans doute pas. Le seul pays qui est crédible pour menacer de riposte nucléaire une attaque sur un allié ce sont les Etats-Unis et seulement en raison de la taille (6.000 missiles, vs 180 pour la France) énorme de leur arsenal. Donc, comme souvent avec le PR, quelques bonnes idées gâchées par l’hubris et le disruptif.

    Ne parlons pas des autres aspects, politico économiques de son discours, qui prônent une énième relance keynésienne, sous le nom de transition énergétique-numérique, par mobilisation (fléchage ? pression ?) de l’épargne privée vers des grands projets, avec protectionnisme à la clé et taxe carbonées aux frontières. Dépense publique, emprunt, taxe, le mantra habituel dont on voit chaque jour les effets. Et encore une fois confier notre argent à des énarques qui seraient incapables de gérer une baraque à frites…

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  6. Cette proposition méconnait l’histoire car des échecs de la CED au folklore de la BFA, en passant par tant de déconvenues sur des armements communs européens, malgré quelques regroupements privés opportunistes ou provisoires, comment convaincre d’autres partenaires que nous serons toujours en phase sur des opérations communes, y compris en réponse à des agressions ne visant pas directement nos territoires ou de manière indirecte par rétorsions économiques ou cyber ?

    Au cours de chacune des élections nationales, nous courrons le risque de divergences européennes susceptibles d’entrainer des blocages, voire des oppositions, comme on l’a vu avec Orban, comme cela a été évité avec Meloni (mais qu’en aurait-il été avec Salvini ?) mais y compris avec les différents chanceliers allemands et leurs real ou ostpolitik (que j’ai déjà critiquée ici) ?

    Notre force de frappe s’est décidée dans ce contexte après la guerre de Corée et l’échec de la CED, la perte de l’Indochine et la crise du canal de Suez où les nations européennes ont bien compris le risque à dépendre des EU versatiles selon la personnalité de leurs présidents successifs (y compris quand ils ont ensuite, avec d’autres européens, encouragé la sécession de l’Algérie !).

    Nous vivions depuis la création de l’UE dans l’illusion que nous ne risquions plus ici d’agression massive directe infra-nucléaire grâce à notre glacis oriental, en réduisant nos forces blindées au strict minimum, à sacrifier le cas échéant en Thuringe comme ultime avertissement avant on ne sait quoi. Nous avons sacrifié nos productions nationales d’armes individuelles et de munitions, en oubliant que nous avions pourtant des engagements envers nos alliés orientaux plus exposés, s’ils étaient agressés comme l’est notre voisin.

    Chaque élargissement de l’UE ou de l’OTAN vers l’est aurait dû s’accompagner d’une révision de notre doctrine, y compris pour défendre Vilnius en menaçant par exemple Konisberg. Quand nous avons été prompts à abattre des drones en Syrie sans oser revendiquer la défense d’Israël pour prétendre à l’autodéfense, pourquoi n’abattons nous pas les missiles de la mer Noire avec nos batteries ou forces aériennes de Roumanie ?

    Avant de proposer de mettre nos moyens au service d’une armée commune, il convient d’abord de les reconstituer à un bon niveau et ce n’est pas avec ce président si fort en mots et si faible en économies (sauf pour la LPM même s’il n’en a pas été le premier, mais peut-être enfin le dernier). Chiche, ira-t-il jusqu’à commander des Leopard 2 en urgence comme vous le suggérez ?

    Nos industriels de l’armement sont des nains à l’échelle internationale et, même si j’ai pu travailler pour ou en collaboration avec les cinq premiers français ou considérés comme tels, j’ai pu collaborer avec de bien plus grands américains et britannique et ce n’est pas en prônant une autarcie européenne (toujours controversée) que nous ferons face aux réserves russes qui seraient en train de se constituer avec un PIB si faible que nous n’avons même pas pu freiner, sauf à nos dépens.

    Avant d’échafauder un bâtiment, faut-il disposer de briques et pas seulement de bon sentiments, surtout exprimés après tant de tergiversations et si peu de temps avant une sortie si peu glorieuse.

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  7. Les divers dirigeants ont plus pensé à une Europe économique ( CECA) et culturelle que défensive.

    Cette faiblesse nous met une nouvelle fois en incapacité de nous défendre et d’avoir besoin des USA. Faiblesse que Poutine exploite pour mettre l’Ukraine à genoux et nous avec car rien ne l’arrêtera aux frontières polonaise, roumaine et autres.

    L’Europe se cherche encore et ne parle pas d’une seule voix et pour la défense il nous faut être unis à 100 %.

    Ne rêvons plus au « plus jamais ça ».

    S Cazeneuve

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  8. L’approche du président Macron dans son discours de la Sorbonne de 2024 « Bâtir un nouveau paradigme » ne peut en aucun cas déboucher sur  une Europe qui se fait respecter et qui assure sa sécurité.

    Seule une armée européenne le pourrait, celle d’une Fédération européenne. Curieux que les Français oublient que leur fête nationale, c’est l’anniversaire de la fête de la Fédération, et non celle de la prise de la Bastille…

    Cette Fédération européenne, c’est aussi la condition sine qua non de l’industrie de défense européenne.

    Une académie militaire européenne n’aurait pas le niveau adéquat. Ma thèse de doctorat portait sur une université de défense européenne. La recherche scientifique est le seul moyen d’évoluer, une académie ne peut qu’ânonner.

    La dissuasion nucléaire française  ne peut en aucun cas être étendue à l’Europe. Qui croirait qu’un président français va sacrifier Lyon ou Bordeaux pour Vilnius ? Une dissuasion européenne ne peut émaner que d’un président de la Fédération européenne.

    Je comprends que Macron n’ait pas évoqué un dispositif global de défense anti-aérienne , la France et l’Italie ont été mises hors-jeu par l’Allemagne.

    Une défense européenne crédible, ce n’est pas  d’abord un concept stratégique, c’est d’abord un Etat européen.

    Sans cet Etat fédéral européen, un un concept stratégique européen n’émergera jamais.

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  9. Monsieur Ancel, bonjour.

    Je ne peux qu’abonder dans votre sens sur la plupart de vos réflexions – cependant, il y a un problème majeur qui reste à résoudre: l’Europe.

    Je m’explique rapidement. La faute de naissance de l’Europe est naturellement que tous les membres doivent être d’accord. Je pense que tant que cette règle persistera, il n’a aura pas de future serein pour les européens.

    Donc, me semble-t-il, il faudrait trouver un moyen pour réaliser cette modification fondamentale avant que d’envisager quelque soit d’autre. C’est un problème qui a paralysé l’Europe depuis de nombreuses années et qui continuera à le faire demain.

    Dans ce sens, ce serait dommage de louper la fenêtre d’opportunité ouverte par la guerre en Ukraine.

    En faisant un peu de science fiction, je ne vois qu’un chemin: recruter quelques pays européens avec la même disposition et faire pression voir du chantage de diviser l’Europe.

    Pour résoudre la plupart des gros problèmes qui nous attendent, il faut refonder cette Europe – maintenant que l’on sait environ combien de membres l’alliance aura – en nous basant sur des principes démocratiques. Donc décisions à la majorité sur l’acceptation ou le refus de nouveaux candidats ou de nouvelles lois. Il faudrait également introduire la possibilité d’exclure un membre qui ne respecte pas les valeurs européennes, ce que je crois n’est pas le cas aujourd’hui.

    Voilà quelques idées qui me trottent souvent par la tête.

    Je vous souhaite une bonne continuation.

    JB Margot

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    1. Excellente analyse car il y a des pays à qui on ne pourra pas faire confiance dans la durée, qui abandonnerons le combat à la première escarmouche, du fait, soit de leurs gouvernements actuels soit de renversement de ces mêmes gouvernements suite aux votes de leurs peuples (France comprise !!!), ou par la pression de l’ennemi limitrophe ou pas. Compliqué de créer une armée qui pourrait se déliter au premier coup de feu sauf à ce qu’elle soit faite de mercenaires…. tiens ça me rappelle quelques groupuscules Putinien.

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