Israël-Ukraine : gagner la guerre pour gagner la paix ?

Je vais commencer l’année 2024 en évoquant un « impensé » : nous ne pouvons pas défendre ce qui nous semble important sans nous impliquer plus, sans accepter aussi de faire la guerre…

Nous avons vécu trop longtemps – en Europe tout du moins car les Américains ont une approche assez différente – dans l’illusion que nous n’étions plus concernés par la guerre. 

« La guerre, c’est pour les autres, c’est loin et ça ne peut plus nous toucher… ». La remarquable construction européenne nous a protégés de la guerre et paradoxalement elle nous a aussi endormis. Car, malheureusement, si nous voulons défendre notre prospérité dans une paix durable, nous devons intervenir y compris militairement lorsque cela est nécessaire, et avec des moyens suffisamment puissants pour être efficaces plutôt que symboliques.

Deux guerres nous menacent actuellement dans lesquelles nous sommes déjà impliqués, mais insuffisamment pour pouvoir les régler, sans un engagement autrement plus important que de livrer un peu d’aide humanitaire par les airs…

Lire aussi : ces deux guerres qui nous mettent en danger et qu’il nous faudra régler

Échec de l’opération militaire contre Gaza et succès d’une opération anti-terroriste contre le Hamas à Beyrouth

Commençons par la guerre menée par Israël contre le Hamas, principalement dans la bande de Gaza. L’offensive militaire massive, lancée par Israël depuis trois mois, en riposte à l’attaque bestiale du Hamas du 7 octobre 2023, est devenue une catastrophe. 

Le bilan est en effet catastrophique en regard des objectifs toujours affichés par le gouvernement Netanyahou : le Hamas au lieu « d’être détruit » continue à tirer au quotidien contre le territoire d’Israël et les otages – pour ceux qui sont encore en vie – sont loin d’être libérés. Cette offensive a surtout dévasté une grande partie de la bande Gaza, en particulier le Nord de la zone qui n’est plus que décombres, et tué plus de 30,000 Palestiniens (et 3 à 4 fois plus de blessés). 

Désormais 85% des 2,4 millions de Gazaouis sont de misérables déplacés qui survivent dans un camp de réfugiés assiégés, en se demandant s’ils vont mourir dans un bombardement, de leurs blessures ou de la faim.

Les Américains, dont le soutien est indispensable à l’existence même d’Israël, demandent depuis plusieurs semaines que l’opération militaire du gouvernement Netanyahou change de « mode » et se transforme en opérations ciblées qui produisent des résultats tangibles contre le Hamas, plutôt que d’accumuler les morts et les blessés chez les civils palestiniens. 

Et Israël sait faire ce genre d’opération, l’Etat hébreu l’a brillamment démontré avec l’élimination du numéro 2 du Hamas dans une action parfaitement ciblée dans les faubourgs de Beyrouth au Liban. 

Une brillante opération de contre-terrorisme 

Saleh Al-Arouri, numéro deux du bureau politique du Hamas, a été tué mardi 2 janvier par une frappe israélienne près de Beyrouth, il apparaissait tout à la fois comme une figure radicale face à Israël et rassembleuse dans l’arène palestinienne, entretenant des liens parmi toutes les factions, ainsi qu’avec l’Iran et le Liban. Localisé par les services israéliens, probablement aidés par leurs homologues américains pour conforter la précision du renseignement, ce dirigeant du Hamas s’imaginait protégé au milieu du Hezbollah dans la capitale libanaise. 

Les Israéliens ont utilisé un drone qui devait voler à plus de 3,000 mètres d’altitude pour ne pas être entendu ou vu, et qui a tiré un missile – de type Hellfire – avec une charge réduite (8 kg) qui a fait exploser seulement la pièce où se tenait leur cible. 7 à 8 morts, des gardes du corps et des membres du Hezbollah, pas de dommages collatéraux, une frappe chirurgicale. 

L’élimination du n° 2 du Hamas démontre la capacité d’Israël à mener des opérations de contre-terrorisme, autrement plus efficaces que l’offensive militaire dévastatrice sur la bande de Gaza. 

Cette « neutralisation » met fin à l’impunité des dirigeants du Hamas qui résident hors de Gaza et notamment au Qatar. C’est un succès indéniable pour Israël, non parce qu’il a décapité le Hamas mais parce qu’il envoie un signal clair aux dirigeants de celui-ci : aucune impunité ne peut plus leur être assurée, où qu’ils soient. 

La question se pose bien sûr pour le numéro 1 du Hamas, Ismaël Haniyeh qui réside au Qatar et que le gouvernement israélien n’a pas intérêt à éliminer aussi longtemps qu’il a besoin d’interlocuteur pour négocier les otages. Mais ensuite…

Certes, le Hamas comme le Hezbollah (et donc l’Iran) menacent Israël de leur riposte. Techniquement, il pourrait s’agir d’éliminer un dirigeant important du gouvernement israélien ou de Tsahal, mais Israël est très expérimenté face à ce genre de menaces qui ne risquent pas de le tétaniser ou de le paralyser. 

Riposte en mer Rouge

Là où nous pouvions craindre un engagement du Hezbollah à la frontière du Liban, il apparaît clairement que l’Iran qui dirige ces opérations a choisi une autre option. 

Au Liban, une opération militaire du Hezbollah qui menacerait Israël déclencherait en effet une vague massive de bombardements de la puissante force navale américaine qui navigue au large et qui détruirait une partie significative de l’armée du Hezbollah avant même qu’elle ne puisse s’engager. 

Par contre, les opérations menées en mer Rouge, avec plus de 24 attaques depuis mi-novembre contre le trafic maritime intense qui rejoint la Méditerranée via le canal de Suez, sont très efficaces : leur résultat concret est de dissuader les compagnies maritimes de rester sur cette route et de s’obliger à un long détour par le cap de Bonne-Espérance.

Même avec la présence d’une force navale multinationale importante en mer Rouge, une telle menace est trop difficile à contrôler parfaitement pour rassurer les transporteurs et les assureurs. Un peu comme pour l’Ukraine, aucun « parapluie », « dôme » ou « bulle » de protection n’est étanche face à des attaques multiformes par drone aérien ou maritime, missile et bateau rapide. Le risque est désormais avéré et il va coûter cher à nos économies. 

Ces attaques menées par les rebelles Houthis sont en réalité pilotées par l’Iran qui joue de ce levier puissant pour menacer toutes nos sociétés d’un facteur inflationniste. Une inflation qui a déjà marqué nos sociétés ces trois dernières années et à laquelle nous espérions enfin échapper. Avec un doublement, voire plus, du prix du transport maritime dans cette zone, les effets se feront très vite ressentir et la pression exercée par l’Iran est vicieuse, à l’image de leur rôle dans ce conflit comme dans la guerre en Ukraine où ils sont alliés à la Russie de Poutine pour disloquer « l’ordre mondial » qu’ils veulent mettre en cause. 

C’est une inflation de plusieurs points qui nous menace en répercussion. 

Quand Benyamin Netanyahou se moque de Joe Biden

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, nous pouvions espérer une sortie de cette opération dévastatrice et le passage à une « 3° phase » de ce conflit, après celle du bombardement de la bande de Gaza et de l’offensive terrestre massive. Certes, le gouvernement Netanyahou donne des signes « d’apaisement » en annonçant notamment la démobilisation de quelques brigades et en montrant qu’il sait aussi faire du contre-terrorisme, mais les opérations de destruction sur la bande de Gaza ne ralentissent pas pour autant. 

Avec plus de discrétion – l’armée israélienne ne communique plus sur l’importance des bombardements comme elle le faisait précédemment et les journalistes sont interdits de rentrer sur la bande de Gaza –, cette offensive militaire terrestre continue à un rythme équivalent. Netanyahou n’est pas pressé de sortir de cette guerre…

En observant la situation opérationnelle sur la partie Nord de Gaza que l’armée israélienne a reçu l’ordre de contrôler intégralement, on peut constater qu’il reste environ 15% de terrain à conquérir par Tsahal, soit des opérations jusqu’à fin janvier à ce rythme là.

Situation opérationnelle dans le Nord de la bande de Gaza au 5 janvier 2023 (source ISW)

Manifestement Benyamin Netanyahou se moque des attentes du président Biden, et la tournée de son secrétaire d’Etat Anthony Blinken dans la région est une énième tentative des Etats-Unis de ramener le gouvernement d’Israël à la raison : lutter efficacement contre le Hamas peut se faire autrement qu’en dévastant la bande de Gaza. C’est dans ce contexte que la question du « plan d’après » ressurgit, peut-être aussi parce que la fin de ces opérations militaires massives est planifiée, même si elle n’est pas très visible pour l’instant. 

Que va devenir la bande de Gaza ?

Les visions s’affrontent au sein même du gouvernement Netanyahou.

D’un côté, les plus extrémistes affichent leur désir d’expulser tous les Palestiniens et de coloniser la bande de Gaza, comme ils essaient de le faire en Cisjordanie où plus de 250 000 ports d’arme ont été accordés aux colons israéliens ces dernières semaines (soit plus que ces vingt dernières années).

Plus inquiétante est l’annonce de Benyamin Nétanyahou le 25 décembre 2023 devant ses supporters du Likoud qu’il allait « réduire la population de Gaza à son minimum »…

Le plan proposé par le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, est assez différent. Il s’appuie sur quatre piliers pour organiser la sécurité et la gouvernance future de la bande de Gaza, comme le rapporte l’Institute for Study of War :

1, Israël jouera un rôle de « surveillance » dans la gouvernance et sera responsable de l’inspection des marchandises entrantes.
2, Un groupe de travail multinational dirigé par les États-Unis comprenant des pays arabes, européens et modérés sera responsable de la « gestion des affaires civiles et de la réhabilitation économique ».
3, L’Égypte prendra le contrôle du passage frontalier de Rafah en coordination avec Israël.
4, Le plan vise à conserver les « mécanismes administratifs palestiniens » qui n’incluent pas les responsables du Hamas. Il souligne explicitement que les autorités responsables de la distribution des eaux usées, de l’électricité, de l’eau et de l’aide humanitaire « continueront à fonctionner, en collaboration avec la force opérationnelle multinationale ». [ISW 5 jan 2024]

Mais cette annonce n’inclut aucune confirmation que Gallant ou le gouvernement israélien ont discuté de ce plan avec les États-Unis, l’Europe ou d’autres partenaires israéliens avant sa publication. La discussion est donc assez peu avancée, confirmant que la fin de la phase la plus violente de l’offensive israélienne n’est pas pour demain, plutôt pour le mois prochain ?

La symbolique (et minuscule) livraison d’aide humanitaire par les airs de la France et de la Jordanie

Dans cette vallée de larmes et de sang qu’est devenue Gaza, la France a lancé une opération de livraison par les airs d’une aide humanitaire, qui a le plus grand mal à être acheminée par voie terrestre. 

Effectuée avec la Jordanie, qui a déjà pratiqué ce genre d’opération de parachutage d’aide humanitaire au-dessus de Gaza, cette livraison permet à la France de se redonner un peu de visibilité dans un conflit où sa voix porte peu, d’autant que la priorité n’est toujours pas donnée à une médiation par l’Union européenne qui aurait un autre poids. 

Soulignons l’aspect symbolique de cette livraison par les airs, symbolique comme la présence d’un navire militaire français accueillant quelques blessés, mais minuscule au regard des besoins des Palestiniens : 7 tonnes de fret ont été parachutées, soit à peu près le quart du chargement d’un camion… dont il en faudrait 200 par jour pour apporter une aide décente aux Palestiniens. 

Cela pose en fait la question de notre propre implication dans ce conflit, car si nous voulons garantir l’existence d’Israël et d’un État palestinien, nous devons accepter d’engager une force militaire pour sécuriser la bande de Gaza. Il est probable que des pays comme l’Egypte seraient des plus légitimes à diriger cette coalition de force destinée à permettre la reconstruction de Gaza sans qu’émerge à nouveau une menace pour Israël. Elle pourrait au contraire faire naître un Etat palestinien dont l’avenir soit autre qu’attaquer son voisin. 

Relier ce conflit à la guerre en Ukraine

Nous avons reparlé cette semaine de la guerre en Ukraine qui va rentrer en février prochain dans sa troisième année. 

La Russie de Poutine a en effet lancé des raids massifs de bombardements aériens contre des cibles civiles – toutes les grandes villes d’Ukraine – en prenant soin de saturer les dispositifs de défense aérienne et de revenir dans les médias. En faisant cela, Poutine poursuit en réalité deux objectifs différents mais complémentaires. 

Red Cross volunteers and rescue workers carry a disabled man on a stretcher from a building which was damaged by a Russian rocket attack, in Kyiv, Ukraine, Tuesday, Jan. 2, 2024. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)

L’enjeu tactique simple est d’obliger l’armée ukrainienne à ramener une partie de ses armes anti aériennes à l’arrière du front pour protéger les métropoles ukrainiennes et laisser ainsi le « champ libre » aux hélicoptères et avions de combat russes contre les forces de Kiev engagées en première ligne. 

Ces bombardements contre des cibles civiles en Ukraine poursuivent aussi un objectif beaucoup plus stratégique. Poutine veut rendre plus odieuse que jamais cette guerre, et plus attendue encore sa proposition de trêve. Le « maître du Kremlin » a en effet besoin de temps afin de renforcer son armée, trop éprouvée par ces deux années de guerre pour pouvoir aujourd’hui conquérir l’Ukraine et au-delà. 

Alors que les alliés de l’Ukraine se demandent comment celle-ci pourrait gagner cette guerre sans qu’ils ne s’impliquent davantage, alors que les forces ukrainiennes n’ont plus les moyens à ce jour de percer le front russe et déstabiliser l’armée russe, Poutine va probablement proposer une sortie de cette guerre qu’il a pourtant déclenchée… pour mieux y revenir. 

Il se contenterait des 18% du territoire ukrainien qu’il a volé les armes à la main – voire un peu moins – et obtenir en échange le temps nécessaire pour refaire de l’armée russe une puissance dévastatrice en mobilisant son économie. Entre-temps, il est vraisemblable que les pays alliés qui soutenaient l’Ukraine auront renoncé à toute mobilisation équivalente.

L’enjeu crucial des prochaines élections européennes 

Les prochaines élections européennes seront donc cruciales, car Poutine dispose – en France notamment – de relais puissants et sournois comme le Rassemblement national qui pèseront de tout leur poids pour favoriser ses ambitions, alors que l’Union européenne devrait jouer un rôle au moins équivalent à celui des États-Unis pour gagner cette guerre en Ukraine. Cela commence par la constitution d’une industrie européenne de la défense, un Airbus de l’armement capable de fournir toute l’Europe et ses alliés. Un projet vital contre lequel lutteront insidieusement les Marine Le Pen et Viktor Orban. 

Pour ne donner qu’un exemple, la France – réputée être la 1° armée en Europe – dispose en réalité de 200 chars Leclerc (qui furent modernes) et d’à peine 100 canons d’artillerie quand l’armée de Poutine en aligne des milliers. Est-ce avec cela que nous pourrons défendre les pays baltes et la Pologne qui seront les prochaines proies de l’empire menaçant de Poutine ? 

A nous d’exiger que les candidats aux élections européennes clarifient leur position sur l’aide que nous devons apporter à l’Ukraine pour nous permettre de gagner cette guerre. Qu’ils se positionnent aussi sur l’urgence de construire une défense de l’Europe pour garantir notre avenir et se battre chaque fois que nécessaire, y compris par les armes face à des organisations qui – elles – n’ont pas la moindre hésitation. 

Lire aussi : Ukraine, comment sortir de l’enlisement ?




Pour approfondir,

Lire la tribune de Vincent Lemire dans Le Monde : « Depuis le 7 octobre, c’est toute l’histoire du conflit israélo-palestinien qui se rejoue en accéléré »


Lire aussi : la France débat-elle suffisamment des conséquences militaires de la guerre russe contre l’Ukraine ?


Lire l’analyse de Sylvie Kauffmann : « Pour les Européens, on négocie parce que l’on veut la paix. Mais la guerre hybride ne connaît pas la paix, pas plus que Poutine ne connaît la bonne foi »

22 commentaires sur “Israël-Ukraine : gagner la guerre pour gagner la paix ?

  1. Bonsoir Monsieur Ancel,

    Directement du Canada, je vous ai « découvert » à l’émission « C dans l’air », là où j’ai pu voir et entendre aussi d’autres experts, notamment Pascal Boniface, Frédéric Encel et Dominique Trinquand.

    Avec ces gens, vous exposez bien les enjeux de ces deux guerres, et je vous en remercie.

    Une chose cependant devrait être rappelée plus souvent : nos sociétés, ou plutôt les gens qui les composent, et surtout nos dirigeants, ne connaissent pas l’histoire ou l’ont oubliée.

    En effet, comme je le dis et l’écris régulièrement depuis des années, personne ne semble se rappeler de l’erreur incroyable des Européens qui avaient donné foi à la parole et à la signature d’un dictateur mégalomane lors de l’Accord de Munich de 1938. Hitler a profité de la faiblesse et de la naïveté de nos dirigeants de l’époque. Faut-il recréer le désastre qui s’ensuivit?

    Poutine a pourtant déjà démontré qu’il suivait une voie similaire, même avant l’annexion illégale de la Crimée.

    Et je n’ai pas parlé d’un embrasement de plus en plus envisageable du Moyen-Orient.

    Qu’attendons-nous? Une possible nouvelle administrative Trump? Que l’Iran ait l’arme nucléaire? Que le peuple palestiniens soit finalement victime d’un génocide?

    Le génocide arménien, l’holodomor, l’holocauste, le génocide rwandais et le génocide bosniaque, pour ne nommer que quelques-uns des événements catastrophiques subis par des peuples, ne suffisent-ils pas pour qu’enfin on se dise qu’il est plus que temps de devenir un monde civilisé?

    Christian Laroche

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    1. Merci Christian de ce rappel historique, d’autant que j’ai traversé tous ces évènements, le génocide cambodgien, le génocide contre les Tutsi aux Rwanda et celui de Srebrenica dans les Balkans, commis sous nos yeux…
      Oui la tentation de Munich est une véritable menace, d’autant que la Russie de Poutine dispose de relais puissants (et sournois) qui défendront ses intérêts, alors défendons les nôtres plutôt que les laisser défaire notre monde.

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    2. Désolé pour l’erreur ci-dessus. En effet, je voulais bel et bien parler d’une possible nouvelle « administration » Trump.

      Ah les « correcteurs » automatiques! 😁

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  2. Bonjour, je ne suis pas militaire donc sûrement à côté de la plaque, mais pour moi la paix ne peut venir que des peuples. Les gouvernements font la guerre mais faire la paix est quelque chose de beaucoup plus global.
    La difficulté c’est aussi après de la conserver.
    Je ne suis pas pour les méthodes de Poutine mais avec une certaine déontologie, il est possible d’utiliser ses armes, celles des réseaux sociaux. Comment, je ne sais pas.
    Une réponse individuelle n’a pas de poids mais une masse de désobéissance civile devient autre chose. Les gens attendent parfois qu’on leur tende une perche.
    Le hic c’est que dans le cas présent il faudrait plus qu’une masse.
    On peut toujours rêver !

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  3. Décidément l’année commence bien avec vos analyses… je n’avais pas encore entendu quelque chose d’aussi clair sur la non participation de l’Europe et de la France à la guerre en ne se mettant pas en face du réel d’une véritable implication
    Et toujours un grand merci à vous pour l’effort de lire votre article !!!

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  4. Bonjour Guillaume,
    Je vous souhaite une excellente année 2024 et tiens à vous remercier pour vos posts que je relaie régulièrement auprès de mes amis.
    Je suis, comme vous, un ami de la paix et du respect d’autrui, autant de valeurs battues en brèche actuellement. La guerre est un fléau épouvantable, alimenté par les dictateurs et les tyrans : le monde n’en manque malheureusement pas…
    Ce qui se passe en Ukraine est épouvantable et nous soutenons ce pays courageux qui veut vivre en paix et selon ses choix politiques. Il n’y a pas d’autre solution que de repousser l’armée russe qui, au mépris des mémorandums de Budapest du 5 décembre 1994 garantissant l’intégrité territoriale et de sécurité de l’Ukraine, a envahi ce pays martyre. Aucune confiance ne peut être accordée à Poutine et ses alliés. Honte à ceux qui n’ont rien dit en 2014 lors de l’invasion de la Crimée (un mauvais message laissant bafouer des accords internationaux). Toute autre solution ne peut déboucher que sur une période de répit en attendant pire (se souvenir des prémices de la Première Guerre mondiale et la déclaration de Churchill après la conférence de Munich : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre »).
    Un parallèle peut être fait avec ce qui se passe dans la bande Gaza et en Cisjordanie : une guerre d’éradication de la population palestinienne à Gaza, une volonté de laisser faire certains colons investissant illégalement une partie de la Cisjordanie et le prétexte de l’attaque bestiale du Hamas pour annexer des territoires sous le regard bienveillant de Netanyahou…
    Quand aurons-nous le courage d’arrêter ces massacres avant qu’il ne soit trop tard. À quoi sert l’ONU, une instance paralysée par un fonctionnement inapproprié ?
    Nous sommes tous pour la paix, mais une paix durable : ne laissons pas les générations suivantes prisonnières de nos erreurs, de nos lâchetés, ne leur laissons pas un monde invivable…
    Encore merci pour votre travail et votre clairvoyance.
    Très cordialement.

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  5. Bonjour et une nouvelle fois merci pour la clarté de votre analyse. Une remarque concernant les soutiens de la Russie en France: vous parlez bien sûr du RN mais n’évoquez pas La France Insoumise dont le leader Mélenchon est totalement pro-russe. Je crois qu’il faudrait également prendre garde aux officiers généraux, invités comme experts militaires par les médias et qui très souvent cachent à peine leur sympathie pour le régime de Poutine. Une petite musique dont il convient également de se méfier est celle de journalistes comme Natacha Polony qui explique que l’adhésion de l’Ukraine à l’UE va entraîner un dumping social catastrophique. Le magazine Capital est également très favorable à la Russie et je pense qu’il faudrait également persuader les milieux d’affaires que le choix pro-russe n’est pas forcément le meilleur pour leur propre prospérité…
    Excellente année

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    1. Je pense qu’il ne faut pas confondre pays et régime car, même si très hypothétiquement nous aidons l’Ukraine à sortir des griffes de Poutine, nos enfants auront toujours à cohabiter sur ce continent avec des russes, comme nous nous sommes tout de même rapprochés des allemands et des italiens après la deuxième guerre mondiale.
      Si j’ai effectivement connu des officiers russo ou slavophiles, y compris avant la chute du Mur (par souvenir des accords franco-russes ou par le rôle de l’US pour venir à bout du nazisme ?) et même pendant la guerre yougoslave, je ne pense pas qu’il y ait aujourd’hui beaucoup de Poutinistes, capables de s’en inspirer pour revendiquer le territoire de nos voisins (wallons par exemple) ou reconquérir nos anciennes colonies.
      A titre individuel, on peut certes le comparer et pas à leur avantage avec nos dirigeants arrogants, bavards et imprévoyants, comme certains de nos ancêtres ont pu admirer le redressement de l’Allemagne par le petit caporal autrichien mais, hors quelques politiques sponsorisés ou la cinquième colonne journalistique, ce sont surtout certains de nos industriels (dont j’ai fait partie) ou négociants qui ont aussi manqué de jugeote.
      Vous avez donc raison sur ce dernier point mais qui persuaderez-vous de ne plus accroître ses chiffres d’affaire ou bénéfices en Chine, au Moyen-Orient, en Afrique ou dans certains pays, même alliés à l’heure actuelle ?

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  6. Bonjour, cette excellente analyse pourrait figurer dans le « Seigneur des Anneaux » !

    On sent les nuages qui s’amoncellent au-dessus de nos têtes… on voit bien le noir du ciel assombrir notre avenir…

    Et si on faisait le parallèle entre la COVID et la mafia poutinienne ? Ce pouvoir pourri jusqu’à la moelle, qui est prêt à assassiner le peuple Ukrainien avec de la chair à canons (500000 russes fin 2024 ?), cette saloperie pourrait attaquer le coeur même des cellules de nos démocraties. Je pense qu’on pourrait débloquer le même montant que pour la COVID, c’est-à-dire des centaines de milliards d’Euros… Parce que même des coalitions de pays de l’Est ne pourraient pas venir à bout de ce virus guerrier sans ces sommes proches de 1000 milliards d’Euros pour casser cette pourriture, cette gangrène, ce cancer qui nous balaiera si on ne fait rien…

    Alors, comme l’espoir fait vivre, espérons que notre bonne vieille Europe saura affronter cette vermine, sans l’aide des USA trompés par une autre gangrène trumpiste…

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  7. Bonjour Guillaume et encore merci pour cet excellent « impensé »!
    Mais ne penses tu pas que cette escalade ne prenne un autre chemin pour trouver une solution? Par exemple, une opération conjointe entre USA et Corée du Sud pour neutraliser définitivement la Corée du Nord? Ils connaissent tous les emplacements stratégiques de ce petit État et une opération éclair avec des frappes précises et stratégiques suffiraient pour l’anéantir. Il en va de même pour l’Iran. La situation devient critique: si l’Iran obtient la force de frappe nucléaire, demain ses voisins l’exigeront également, générant un risque d’escalade inédit.
    Une telle opération supprimerait un allié de Poutine et calmerait net les ardeurs des petits dictateurs, exacerbées par les tensions provoquées par le Kremlin? Et au passage réduirait les risques en Asie, déjà élevés entre la menace Corée du Nord et celle chinoise pour Taïwan…
    Encore une fois, mais qu’attendons nous??? Quel monde laissons nous dépérir par notre attentisme ?

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      1. Certes, mais il sacrifiera aussi ses voisins si on y laisse la famille Kim régner de père en fils ou en fille. D’autres dictateurs usent de moyens bien plus expéditifs à l’égard de leurs opposants ou traitres, y compris à l’étranger et je pense sincèrement, même si je suis personnellement opposé à la peine de mort pour de petits criminels, que si on peut d’ici commanditer des assassinats en punition de faits terroristes, il conviendrait d’éliminer de grands criminels (comme El Assad par exemple), y compris en violant certaines lois d’immunité ou de territorialité pour au moins les faire comparaitre en CIJ, sinon l’ONU n’a plus aucun sens.

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  8. ‌Bonjour guillaume, merci pour ton analyse je ne pense pas que le plan gallant représente une solution crédible et d’ailleurs il n’y a pas d’hommes politiques israéliens -pas plus gantz, ou lapid- pour proposer une solution qui vise à un règlement politique du conflit (du genre oslo ou initiative de geneve) aucun ne parle d’arrêter la colonisation et l’épuration ethnique dans la vallée du Jourdain. Proportionnellement a la population de la France ,nous aurions plus de 600 000 morts  et 1,5 millions blessés en France et ça n’empêche pas Biden de continuer à armer Israël et de perdre des voix précieuses  dans la course à l’élection..Il n’y a peut-être que la cour de justice qui peut arrêter Israël La France ,faute de crédibilité se lance  dans l’humanitaire comme si l’humanitaire pouvait constituer une politique …et  l’Ukraine voit ses soutiens diminués et poutine retrouve le sourire… L’année 2024 sera l’année de tous les dangers meilleurs voeux à toi ….et à ton livre qui sort bientot yves  

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  9. Bonjour Guillaume,
    Vous croyez vraiment que dans l’hypothèse où Poutine envisagerait une sortie de guerre avec 18% du territoire ukrainien, profitant du répit pour se refaire, les alliés soutiens de l’Ukraine renonceraient à mobiliser, l’abandonnant à son sort ? Nous serions donc idiots, pusillanimes aveugles à ce point ? C’est à pleurer de colère et de honte, cette hypothèse. Elle me révolte.
    J’aurai 78 ans l’été prochain. Si c’est pour voir ça, je préfère disparaître avant.
    Ne m’en veuillez pas, s’il vous plaît, de cet « acting out ».
    Consciente de la peine que vous vous donnez chaque jour pour nous informer, qui mérite notre respect, je vous remercie beaucoup pour ce nouveau point.
    J’aimerais que vous reveniez plus longuement sur l’Ukraine. Sur X, on est trop dans l’instant et on se laisse parfois déborder, justement, par l’émotion.

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    1. Bonsoir Madame, il ne faut jamais perdre espoir, par exemple, le UK qui vient de signer un accord de sécurité avec l’Ukraine…
      Alors, personnellement, je préfèrerais demander à notre Président d’arrêter de tourner autour du pot, de faire en sorte qu’on se mette en mode ‘économie de guerre’ avec l’UE, il y va de notre avenir à tous !

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  10. Dans une guerre asymétrique comme en Palestine la poursuite de la guerre cinquante années de plus n’apportera pas la paix et, comme pour AQ et ses filiales ou l’EI, on n’éradiquera pas le Hamas ou le Hezbollah tant que les régimes d’Iran ou du Qatar ne seront pas renversés ou dissuadés. C’est probablement ce qui devrait advenir de ce gouvernement d’Israël car ce n’est pas en assassinant un des négociateurs de la brève trêve que l’on peut prétendre en même temps vouloir libérer les derniers otages qui doivent être maintenant plutôt faméliques…
    Dans le cas de l’Ukraine, il faut enfin prendre la seule décision réaliste dans une guerre symétrique, c’est à dire d’intervenir concrètement pour assurer en premier lieu une no fly zone et une défense aérienne, au moins sur l’ouest du pays jusqu’au Dniepr par exemple (pour le soulager d’une partie des frappes) , à partir des bases aériennes de Pologne ou Roumanie, que ce soit dans le cadre de l’OTAN ou de l’UE puisque ce pays est candidat à ces deux alliances et doit donc être protégé car c’est probablement la raison de son agression.
    Comme l’OTAN a des troupes dites de formation en Irak (pourtant non membre) qui frappent aussi en Syrie, il n’y a aucune raison de ne pas préparer l’adhésion en cours par des formateurs aptes à se défendre. Comme la république de Chypre a été admise à l’UE malgré la partition du nord de l’Ile et est de fait protégé, y compris à l’égard de ses intérêts économiques et maritimes, il est urgent d’assurer la protection de ce qui reste de l’Ukraine avant de passer des années le cas échéant à vérifier ses critères car, à lambiner ainsi, c’est aussi notre sécurité qui sera bientôt en jeu.
    A vouloir éviter une guerre comme en Crimée, Moldavie, voire Géorgie, nous avons entériné les suivantes et préparons la nôtre.

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  11. Article complet et « passionnant » et désespérant, quand on met en perspective les différents sujets abordés et la probabilité de plus en plus forte de voir Trump revenir. Possible explication de l’attitude de BB vis à vis de Biden ? Je ne maitrise pas assez le sujet pour avoir une opinion construite…. Mais c’est ma crainte. Un clivage tellement fort qui deviendrait un déclencheur (un delta existantiel) d’un effet domino dangereux. L’Europe est clairement une impuissance de moyenne taille… En fait si le contenu ne me rendait pas aussi triste tant c’est tragique, je serais admiratif de l’article et de son auteur. Mais là j’ai juste les boules

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