Rappel du 18 juin sur la guerre russe en Ukraine

Le 18 juin est la commémoration de l’appel du général De Gaulle en 1940 à ne pas se soumettre à l’envahisseur nazi et à continuer le combat, un combat qui durera cinq années encore avant que la deuxième guerre mondiale ne cesse enfin, par l’anéantissement du III° Reich d’Adolf Hitler.

Une guerre qui serait installée ?

Le 18 juin 2022, comme un pied de nez aux débats que nous ne tenons plus sur la dégradation de notre environnement et les conséquences du réchauffement climatique, c’est la canicule en France qui étouffe l’actualité…

Force est de constater que la guerre russe contre l’Ukraine intéresse nettement moins. Une forme de lassitude après 16 semaines d’un conflit d’une intensité dramatique, où tous les angles ont désormais été abordés. La crise politique et militaire, les conséquences économiques et sociales de ce conflit, les questions de communication, de démocratie, de réfugiés, de crimes de guerre, de céréales et de diplomatie jusqu’au rôle des animaux de compagnie…

Durant ces quatre derniers mois, il était impossible d’échapper à ce sujet, en tout cas pour les Européens qui « entendent la guerre résonner à leurs portes », qui accueillent des millions de réfugiés ukrainiens et qui s’inquiètent des conséquences de ce conflit conduit par une puissance nucléaire au comportement agressif et imprévisible. Mais cette menace s’est installée dans une forme de normalité qui finirait presque par ne plus déranger ?
L’attention portée par notre société diminue, rattrapée par d’autres événements qui sont en partie des conséquences de ce conflit inachevé, l’inflation en premier lieu.

Et pourtant, nous sommes probablement à un moment clef de la confrontation armée

Moins d’intérêt du public, cela signifie moins d’audience, moins de reporters sur le terrain et moins de place sur les plateaux des chaînes d’actualité. Il faut en effet des images pour commenter, et de la nouveauté pour intéresser…

Mais nous sommes paradoxalement à un moment crucial de la guerre en Ukraine, tout du moins sur l’aspect militaire qui conditionnera la suite : les Russes, malgré la concentration de moyens gigantesques, l’essentiel de ce qui leur reste de capacités offensives (artillerie, blindés et appui aérien), n’arrivent pas à maîtriser ce qui apparaît désormais comme un objectif principal et réduit, la ville de Severodonetsk dans le Donbass et la zone alentour appelée « poche de Lougansk ».

La carte de la situation en Ukraine, vendredi 17 juin 2022. — Simon MALFATTO, Sophie RAMIS, Kenan AUGEARD / AFP

La raison est pourtant simple : les forces russes sont arrivées au bout de leur potentiel offensif. Pour dégager les forces ukrainiennes, ils matraquent la ville avec leur artillerie et leurs frappes aériennes. En l’absence de bunkers souterrains, comme sous l’usine Azovstal à Marioupol, nul ne peut tenir sous ces bombardements sans être laminé. Les Ukrainiens se retirent donc pendant les bombardements et reviennent aussitôt que ces derniers cessent.

Les forces russes peuvent en effet matraquer, mais il leur faut à un moment prendre le contrôle du terrain en envoyant leurs troupes au sol et donc en cessant ces bombardements. Les unités russes qui pénètrent dans ce milieu urbain se font à leur tour laminer par les résistants ukrainiens qui reviennent aussitôt. Ces derniers peuvent utiliser l’encombrement du milieu urbain pour attaquer les unités russes qui se trouvent alors exposées à chaque coin de rue. Et pour reprendre leurs bombardements, les Russes sont contraints de se retirer à nouveau en abandonnant leur « conquête » pour tout recommencer dans un cycle infernal qui leur coûte des hommes et du temps.
Pour le matériel et les munitions, ils disposent malheureusement de réserves considérables…

Poutine est désormais pressé que les combats cessent

Les déclarations de Vladimir Poutine sur « les objectifs qu’ils auraient presque atteints » est un message important. Cela voudrait dire en premier lieu que ses ambitions se limiteraient désormais à cette zone du Donbass dont il « se contenterait », ouvrant enfin la possibilité d’une négociation pour arrêter cette guerre. Cela veut dire aussi que Poutine n’a pas les moyens d’aller plus loin, alors qu’il visait clairement le contrôle de l’Ukraine au même titre qu’il s’était assuré celui de la Biélorussie en brisant la révolution qui aurait renversé le président Loukachenko, devenu totalement dépendant de la Russie.

L’absence d’images et de reportages sur ces combats, qui sont d’une rare violence, n’est pas seulement due au repli tactique de la plupart des médias, mais plus largement à l’incertitude qui règne sur ce front controversé et totalement instable. Aucune des parties ne peut s’avancer sur la situation, alors que les Russes avaient rapidement annoncé la prise de Marioupol malgré la résistance acharnée mais réduite de l’usine Azovstal.

Les forces russes au bout de leur capacité offensive ?

Autour de Severodonetsk, le contrôle de la situation échappe aux forces russes tandis que les Ukrainiens savent que résister « coûte que coûte » détruirait une partie trop importante de leurs capacités militaires limitées.
Sur ce front controversé de Severodonetsk, au cœur du Donbass, la guerre russe contre l’Ukraine va changer de pied, et sera probablement suivie d’un épisode particulièrement éprouvant de négociation avec la Russie de Poutine, en qui nous avons appris qu’il est impossible de faire confiance.

L’autre possibilité qui s’ouvre, compte tenu du piétinement de l’armée russe, est une contre-offensive ukrainienne sur les fronts qui ont été dégarnis par les soldats de Vladimir Poutine, mais les capacités d’attaque de l’Ukraine – ce qui signifie de l’artillerie, des blindés et même une capacité de frappe aérienne – ont été largement entamées par cette bataille du Donbass.
Le temps de la négociation s’approche, s’il n’a déjà commencé.

Lire aussi : Accélération et concentration des forces, la guerre en Ukraine est rentrée dans une nouvelle phase

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