L’offensive de l’Ukraine à un point névralgique, tension des alliés du fait des prolongations

Cette semaine a révélé de nombreuses incompréhensions entre l’Ukraine et les pays alliés qui la soutiennent, provoquant des tensions notamment du fait de la prolongation inévitable de la guerre, tandis que l’offensive des forces ukrainiennes avance « régulièrement » mais lentement. 

Naviguant habilement entre la lassitude des uns et la déception des autres, l’Ukraine semble sur le point de retourner la situation. 

Une visite sans éclats à Washington

Quel contraste ! En décembre 2022, la visite du président Zelensky à Washington monopolisait l’attention. Le président ukrainien était accueilli en héraut de la résistance de son peuple face à l’ours soviétique façon Poutine qui n’avait pas réussi à le mettre à terre. Le président ukrainien faisait une quasi-unanimité aux Etats-Unis et la grande majorité des élus à Washington souhaitaient apporter un soutien à la libération de son pays… sans toutefois qu’un seul soldat américain ne soit engagé dans ce conflit contre une puissance nucléaire. 

Certains rêvaient même d’une revanche historique sur l’humiliation vécue par les Etats-Unis dans la guerre du Vietnam où l’appui de l’URSS avait été déterminant. Les ressorts et les raisons de ce soutien des Etats-Unis étaient profonds et partagés.

Lire : Zelensky à Washington, un moment historique et Patriotique

Mais en septembre 2023, le président ukrainien vient négocier – non sans difficulté – la continuation du soutien américain tandis que les enjeux électoraux de la présidentielle de 2024 aux Etats-Unis brouillent les cartes et l’unanimité de leur aide à l’Ukraine en résistance. 

Un abruti et apprenti-putschiste revient outre-Atlantique quand d’aucun le croyait outre-tombe, Donald Trump arrive de nouveau à perturber le fonctionnement de la démocratie américaine et menace jusqu’au soutien à la libération de l’Ukraine, en surfant sur une vague de déception et d’appréhension face à cette guerre dont la seule certitude désormais est sa prolongation.

Le président Zelensky espère compter sur le « soutien constant » des Etats-Unis parce que celui-ci n’est plus une évidence…

Et au lieu des missiles ATACMS qui auraient permis aux forces ukrainiennes de multiplier par dix les attaques dans la profondeur contre les centres névralgiques de l’armée de Poutine, le président Zelensky revient avec… des systèmes supplémentaires de défense sol-air.

Au lieu de moyens offensifs indispensables pour les Ukrainiens dans cette phase cruciale de la guerre, Washington va livrer à l’Ukraine plus de capacités de défense. La décision, même si elle n’est pas irrémédiable, en dit long sur le doute qui traverse les Etats-Unis.


Retournement de situation, le président Biden accepte finalement de livrer des missiles ATACMS aux Ukrainiens 

Alors que le président Zelensky allait revenir de sa visite aux Etats-Unis avec une déception certaine, le président américain aurait changé d’avis et des missiles ATACMS vont être livrés aux Ukrainiens bien que « certains à Washington résistaient à la fourniture de l’arme, connue familièrement sous le nom de « attack-les », effrayés qu’elle n’élargisse la guerre avec la Russie ».

NBCnews annonce que le président Biden a accepté de livrer des missiles ATACMS

D’influents décideurs américains étaient inquiets en effet que les Ukrainiens utilisent ces missiles ATACMS pour attaquer des cibles en Crimée et provoquent une escalade « incontrôlable » du conflit avec la Russie.

Sans doute que le président Biden aura noté que les Ukrainiens conduisaient ces frappes depuis plusieurs mois, avec notamment des missiles de croisière Scalp / Storm Shadow fournis par la France et la Grande-Bretagne.

Frappe sur le QG de la flotte russe en Crimée par Cyrille Amoursky


Il était grand temps pour les Etats-Unis d’être cohérents dans leur soutien à l’Ukraine alors qu’ils ont donné leur accord pour livrer des avions de combat F16 qui pourront frapper plus loin encore.

De plus, les forces ukrainiennes ont effectué de nombreuses frappes de drones et de missiles de croisière sur la Crimée occupée et elles ont même attaqué le quartier général de la flotte russe de la mer Noire, considérée comme un élément prestigieux de la puissance russe, à Sébastopol ce 22 septembre.

Carte des frappes ukrainiennes en Crimée depuis juin 2023


Des alliés déçus par le rythme de l’offensive ukrainienne 

Une forme de doute s’est emparée des nombreux pays alliés – au premier rang desquels les États-Unis – qui soutiennent l’Ukraine et lui procurent une indispensable aide financière et matérielle dans sa résistance contre l’invasion russe. Ces alliés espéraient – et j’ai régulièrement partagé cette attente dans ce Blog comme dans mes interventions sur les médias francophones – que cette grande offensive ukrainienne, préparée pendant tout le premier semestre 2023, allait se concrétiser par une attaque massive répondant aux standards militaires « classiques » : un débarquement digne du D-Day en Normandie qui débuta un 6 juin aussi et déboucha en août… de la même année.

Probablement que les forces ukrainiennes ont commencé ainsi, se conformant aux principes de la guerre recommandés par leurs conseillers. Mais dès les premières semaines de juin, les Ukrainiens ont été sonnés par l’importance des pertes et ont changé de stratégie sans vraiment le dire, considérant – puisqu’ils combattaient – qu’il leur appartenait de décider.

Leur objectif reste le même, créer une brèche dans la digue érigée pour les empêcher de revenir et disloquer le dispositif russe en menaçant directement la Crimée, probablement via Melitopol. Leur meilleure opportunité à ce stade est de percer dans la zone de Robotyne dans la région de Zaporijia et c’est bien là qu’ils concentrent leurs efforts, j’en reparlerai. 

Lire aussi : l’offensive en Ukraine, ne pas se tromper de combat

Mais la temporalité de l’offensive ukrainienne n’est plus la même : ce qui devait être fait en quelques mois pour aboutir avant les pluies d’automne et qui correspondait aux réserves de munitions livrées par les alliés a pris un autre rythme. Plus question de surprise et d’attaque massive, mais une pression constante au même endroit pour éroder cette digue au burin. La vitesse n’a plus d’importance parce que ces combats épuisent les troupes de Poutine, à qui il faudrait bien plus de temps que quelques mois pour reconstituer tout ce qu’elles consument en s’opposant à la poussée ukrainienne. 

L’offensive de l’Ukraine progresse régulièrement… et lentement 

Les Ukrainiens ont inventé une autre forme de combat dont l’issue comme le « timing » sont inconnus : ils viennent désormais s’assurer auprès de leurs alliés d’un soutien dans le temps, car c’est bien de temps dont ils ont désormais besoin. 

En lien plus direct avec l’offensive ukrainienne que les visites aux Etats-Unis, il convient de s’arrêter un instant sur la réunion du « groupe de Ramstein », le cercle des ministres de la défense des pays alliés pour la libération de l’Ukraine. 

C’est Lloyd Austin, le ministre américain de la Défense, qui s’exprime en ouverture, sur la base de l’OTAN située en Allemagne. 

« Maintenant, alors même que nous nous rencontrons ici, les troupes ukrainiennes sont dans une lutte acharnée pour récupérer leur territoire souverain aux envahisseurs russes. La contre-offensive de l’Ukraine continue de progresser régulièrement. Et les courageuses troupes ukrainiennes traversent les lignes lourdement fortifiées de l’armée d’agression russe. Les progrès de l’Ukraine témoignent de l’esprit combatif de son peuple. Mais les gains récents de l’Ukraine dépendent également des capacités cruciales fournies par les membres de ce groupe de contact. Et notre engagement commun sera vital pendant les batailles en cours et pour le long chemin à parcourir.
Au total, les partenaires mondiaux des États-Unis et de l’Ukraine ont engagé plus de 76 milliards de dollars en aide de sécurité directe à la défense de l’Ukraine. Dans cette guerre, le temps n’est pas du côté de Poutine. Le peuple ukrainien se bat en légitime défense pour une juste cause. […] Tout au long de cette guerre tragique, Poutine a essayé de démoraliser le peuple ukrainien. Au lieu de cela, il a démoralisé l’armée russe.
Et le Kremlin s’est isolé par son agression flagrante. Il suffit de regarder les 50 pays fièrement représentés autour de cette table, se tenant ensemble pour défendre l’Ukraine et l’ordre international fondé sur des règles. Et puis regardez le Kremlin, laissé seul avec des gens comme l’Iran et la Corée du Nord.
Alors ne vous y trompez pas : nous serons aux côtés du peuple ukrainien à long terme. »

(Allocution d’ouverture du secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin III au 15e groupe de contact pour la défense de l’Ukraine le 19 septembre 2023)

Ce passage sur la base de Ramstein permet de se rapprocher du front opérationnel, dont je vais esquisser un point partiel et imparfait : en effet, la zone de Robotyne qui est cruciale dans cette offensive est celle dont il est le plus difficile d’obtenir des informations fiables et recoupées : aucune visite de journalistes et quasiment aucune publication ou image ne permettent de valider complètement la situation… 

La zone de Robotyne est en effet le cœur des combats actuels, tellement importante et sensible qu’elle est pour l’essentiel cachée de toutes les vues. 



L’offensive ukrainienne dans la zone de Robotyne a atteint un point névralgique

Au sud du front, dans la région de Zaporijia, la zone de Robotyne constitue le point névralgique des combats car c’est là que les forces ukrainiennes attaquent le cœur de la digue russe et qu’elles progressent « régulièrement et lentement ». 

D’après l’ISW, qui agrège une grande partie des informations disponibles sur le net en croisant les sources et analyses de géolocalisation, les forces ukrainiennes ont pénétré la deuxième ligne russe (la digue russe en compte trois) et leurs chars de combat peuvent enfin s’engager efficacement parce que les Ukrainiens ont neutralisé suffisamment d’espaces minés et ont détruit en grande partie la redoutable artillerie russe. 

« Les véhicules blindés ukrainiens opèrent au-delà de la dernière couche défensive [de la deuxième ligne] russe, bien que l’ISW ne soit pas encore prêt à évaluer si les forces ukrainiennes ont complètement traversé cette couche défensive russe. La présence de véhicules blindés ukrainiens au-delà de cette deuxième ligne est une première. Les forces ukrainiennes ont probablement suffisamment supprimé l’artillerie russe et d’autres systèmes antichars dans la région pour faire avancer leurs véhicules. La capacité ukrainienne à amener des véhicules blindés à travers les défenses russes les plus redoutables sont des signes importants de progrès dans la contre-offensive ukrainienne. Des images géolocalisées supplémentaires publiées les 20 et 21 septembre indiquent que les forces ukrainiennes ont également avancé à l’ouest et au sud-ouest de Verbove. »

Source ISW


Quand la bataille de Bakhmut relève d’un enjeu secondaire

Le focus fait cette semaine par les médias ukrainiens sur la bataille de Bakhmut au centre du front ne doit pas faire illusion. Cette bataille – sanglante – n’a qu’un impact indirect sur la progression de l’offensive de l’Ukraine.

La reconquête de cette ville dévastée et la « percée de la ligne russe » à cet endroit de la digue ne présentent aucun intérêt stratégique, mais elles jouent un rôle opérationnel et symbolique :

Le véritable intérêt de la bataille de Bakhmut est de fixer et d’abîmer des unités russes qui sinon renforceraient le front principal situé en réalité autour de Robotyne, plus au sud dans la région de Zaporijia, comme expliqué précédemment. Les Ukrainiens y consacrent des forces qui n’auraient pas forcément leur place dans leur « percée progressive » de Robotyne, celle-ci restant étroite à ce stade (environ 10 km de large) et ne permettant pas d’y engager plus d’unités militaires ukrainiennes qu’actuellement. 

Les pertes russes sont d’autant plus élevées à Bakhmut qu’il leur est très difficile de reculer à cet endroit après avoir claironné – du temps déjà révolu de Prigojine et de la milice Wagner – qu’il s’agissait d’une grande victoire consacrant la puissance irrésistible de Vladimir Poutine. 

Lire aussi : l’étrange destinée de Bakhmut 

La deuxième fonction de la bataille de Bakhmut est d’occuper l’espace médiatique avec un récit qui répond à l’attente des opinions publiques de voir le front en mouvement, de sortir de l’image anesthésiante d’une guerre de tranchées qui n’avance que trop lentement… sans avoir à montrer la zone cruciale des combats, celle de Robotyne, dont la diffusion de la moindre information pourrait mettre en difficulté l’une des parties.

Ne quasiment rien dire et surtout ne rien montrer du cœur de la bataille à Robotyne est toute à la fois une garantie de sécurité pour ses propres troupes (des deux côtés) et une source de frustration intense, en particulier pour les pays alliés qui soutiennent l’offensive ukrainienne et qui aimeraient bien savoir où elle en est. La bataille de Bakhmut est une forme de dérivatif.


Pourquoi l’Allemagne tarde à livrer des missiles Taurus ?

Dans le cadre de l’offensive ukrainienne, il est assez « étonnant » d’observer les tergiversations du gouvernement allemand sur la question de la livraison de missiles Taurus à l’Ukraine, alors que les questions soulevées sont à peu près les mêmes que celles qui ont été réglées par les Britanniques et les Français quand ils ont fourni des missiles de croisière Storm Shadow/ Scalp, pas très éloignés des Taurus. 

La difficulté de trouver une décision est emblématique du mode de gouvernance allemand, incroyablement démocratique – et nettement plus que celui de la France où le président de la République semble disposer seul du pouvoir de décision – mais dramatiquement lente face à une situation qui nécessiterait un peu de rapidité. Souhaitons qu’en cas d’incendie du Bundestag, la réaction des pompiers ne soit pas contrainte par les mêmes délais, plus de deux mois maintenant…

Pour tout savoir des missiles ATACMS et Taurus

Plus sérieusement, les Allemands souhaitent en réalité, comme ils l’avaient fait pour la livraison de chars de combat Leopard2, faire reposer leur décision sur celle des Etats-Unis concernant les missiles ATACMS.
Comme le président Biden, après avoir annoncé qu’il ne souhaitait pas en livrer à ce stade, semble avoir changé d’avis et fournirait bien un premier lot de ces redoutables missiles, il est probable que les Allemands vont pouvoir sortir du bois sur le sujet et – je l’espère – annoncer qu’ils vont aider encore plus l’Ukraine en leur livrant des missiles de croisière Taurus. 


Adaptation à la prolongation de l’offensive ukrainienne 

Une offensive ukrainienne qui déboucherait rapidement n’est plus de mise, contrairement à ce que j’ai écrit précédemment. Les Ukrainiens ont décidé – sans doute pour économiser leurs forces – de ne pas se lancer dans une course « contre la montre ». Et ils attaquent sans chercher le moindre effet de surprise dans la zone de Robotyne en creusant méthodiquement une brèche dans cette digue russe où ils progressent « régulièrement et lentement ». 

Cela n’est pas sans créer de la déception et de nombreuses tensions pour tous ceux qui espéraient une issue rapide de la guerre. Les Ukrainiens « jouent » les prolongations, sans renoncer un instant.

Le risque n’est pas que le conflit s’enlise, mais que notre soutien s’affaiblisse. Le Canada, qui recevait ce vendredi 22 septembre le président Zelensky est exemplaire sur ce qu’il convient de faire pour soutenir un pays allié qui s’est totalement consacré à se battre pour sa liberté, et la paix. 

Capture d’écran sur Radio Canada



Pour approfondir, 


Comprendre les tensions entre l’Ukraine et la Pologne

L’analyse du journal Le Monde me semble très pertinente sur le sujet et je recommande la lecture de cette analyse complète (réservée aux abonnés)

« Embargo maintenu sur les céréales ukrainiennes, déclaration exaspérée de Volodymyr Zelensky devant les Nations unies (ONU), plainte ukrainienne devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), imbroglio sur la livraison d’armes… En quelques jours, les relations diplomatiques et économiques entre l’Ukraine et la Pologne, pourtant un des plus proches alliés de Kiev depuis le début de l’invasion russe, se sont fortement dégradées. La situation actuelle peut aussi être comprise à l’aune des élections législatives qui auront lieu en Pologne le 15 octobre. Pour espérer remporter un troisième scrutin de suite, le parti de droite au pouvoir, Droit et Justice (PiS), parie sur une équation simple : garder le soutien des régions agricoles qui l’ont porté au pouvoir tout en repoussant la pression du parti d’extrême droite, Konfederacja (« Confédération »). Ce dernier l’accuse notamment d’être trop laxiste vis-à-vis d’une Ukraine qui ne serait pas assez reconnaissante. »

il semble d’ailleurs que le président Duda ait déjà efficacement « calmé le jeu » du côté polonais.



A l’opposé de certains géopoliticiens français – comme mon « ami » Hubert Védrine – qui semblent atteints du syndrome [de la mémoire] du poisson rouge, je vous propose la (re)lecture de cette analyse remarquable de Nicolas Tenzer en 2016 Pourquoi il ne faut pas négocier avec Poutine.


Et enfin, l’enquête de Xavier Tytelman sur l’explosion du gazoduc Nord Stream


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22 commentaires sur “L’offensive de l’Ukraine à un point névralgique, tension des alliés du fait des prolongations

  1. Bonjour Guillaume,

    En parallèle de la lecture de ton blog, je lis ma revue de presse habituelle. Ce qui m’amène à te suggérer deux sujets à approfondir :

    Le possible effet tâche d’huile de la manière de faire des Russes aux confins de l’empire par émulation ou retournement géostratégique par de petits pays (Arménie et Kosovo, victimes de leur voisin),
    Le constat que la guerre d’Ukraine est une guerre à pieds par opposition à une guerre de mouvement motorisée. A part les USA et la Turquie (qui joue double jeu) au sein de l’OTAN quel pays à des effectifs pour gérer ce type de guerre ? La Pologne ?

    Bon weekend, amicalement,

    Philippe

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  2. « Une offensive ukrainienne qui déboucherait rapidement n’est plus de mise, contrairement à ce que j’ai écrit précédemment. »
    Reconnaître une erreur est marque d’intelligence et condition nécessaire pour s’améliorer.

    Tant que l’on est conscient de ses propres erreurs, on peut espérer coller à la réalité. Merci.

    Fabrice

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  3. Bonjour,
    Je suis avec intérêt votre blog que j’ai aussi recommandé à mon frère vivant aux USA et nouveau retraité de l’administration US.
    Une suggestion à vous faire : comptez-vous éventuellement réaliser un podcast qui serait la retranscription de votre blog ? Je trouve cela très pratique.
    Merci pour votre réponse éventuelle et continuez à nous informer de manière aussi factuelle et précise !
    Anne Verrier

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  4. Bonjour Guillaume,
    Encore un merci pour cet article rendant les informations stratégiques militaires plus accessibles pour la « civile » que je suis ! 😉
    mais surtout, surtout, un énorme merci pour m’avoir fait connaître Nicolas Tenzer et son travail.
    Cette obstination occidentale de penser pouvoir établir des négociations avec l’état russe n’est qu’une couverture sale pour dissimuler une coupable lâcheté/indifférence.
    Comment ne pas voir que les russes n’ont jas, n’ont jamais eu l’intention de négocier quoi que ce soit ? Les russes pointent le doigt vers une région, un pays, et disent « à moi ! ». Ensuite, peu leur importe le temps que cela prendra, peu leur importe les manœuvres « politiques » et stratégiques que cela leur demandera, ils ont leur objectif. leur proie. Et ils sont beaucoup plus doués et retors qu’on peut le penser.
    D’ailleurs, on peut se demander quels sont les véritables objectifs de Poutine : Une petite annexion par ci, une autre par la ? La totalité de l’Ukraine ? Monter les pays en voie de développement contre les si riches démocraties ? Diviser les alliés ? provoquer l’autodestruction de l’Union Européenne, puis de l’OTAN ?
    Je n’ai pas réponse. Mais je pense qu’on manque de perspective.. Ce n’est pas au niveau seulement local que se situent les objectifs de la russie, mais mondial. Evidement, cette vision des choses n’engage que moi ! 😉
    ps : désolée pour ce long laïus !
    ps2 : J’imagine que vous connaissez la série norvégienne « Occupied ». J’ai décidé de la regarder (pour la 3eme fois !) sous un angle différent cette fois. et c’est troublant… on se dit qu’est passé à coté de choses qui étaient pourtant si évidentes…
    ps3 : Portez vous bien !

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  5. Bonjour Guillaume Toujours content de te lire. Je suis inquiet de la situation au Niger dont on ne parle que trop peu et où Macron saute à pied joint dans une impasse. Je ne vois pas comment nous pouvons sortir de là autrement que comme les américains de Kaboul ou par un drame plus grave encore. A bientôt Shahin

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  6. Bonjour à vous

    Une question de précision

    Est-ce que cela suppose pour l’armée russe de déployer un parapluie d’antimissile sur le territoire occupé avec les missiles ATACMS ?

    Merci une belle journée à vous

    Marc-André

    Montréal

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  7. Bonjour Guillaume,
    Comme d’habitude, une très bonne analyse de la situation.
    Pour ma part je pense que les États Unis se dépêchent lentement dans la fourniture d’armes qu’ils espèrent que le régime russe implosera. Ça devrait mettre un terme à la guerre en Ukraine mais pour moi, c’est une mauvaise idée. Les « amis » chinois n’attendent que ça pour venir « porter assistance » aux populations de l’extrême Est de la Russie et personne ne viendra aider les russes face à cette agression.
    Décidément, le grand échiquier qui va de l’Atlantique à l’Oural n’a pas prêt de sortir de la tempête qui toutefois ne provoquera qu’une grosse houle sur les côtes américaines.
    Suivant de quel côté du canon on regarde, c’est une très bonne idée ou le prélude à un foutoir sans nom…. surtout avec quelques milliers de têtes nucléaires dans la nature.

    Amicalement
    Albert

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    1. Il faut que seulement le régime mafieux de Poutine implose, pas l’état russe, aussi faible que l’état soit dans une dictature où le pouvoir est entre les mains d’une personne.
      Mais la chute des régimes dictatoriaux est-européens en 1989 a été quand-même un succès, les états n’ont pas implosé, comme ça a été malheureusement le cas dans d’autres parties du monde (Irak, Libye) après la chute des dictatures.

      C’est le régime de Poutine lui-même qui représente la menace pour la Russie, pas ceux qui veulent provoquer le changement du régime.

      Il y a toujours des risques, surtout à court terme, lors d’un changement de régime, mais est-ce que c’est une raison valable pour aider les dictateurs à rester au pouvoir?
      Mais est-ce que les risques sans changement de régime, surtout à long terme, sont plus faibles? Ce qui se passe en ce moment semble dire clairement que non. Car il est évident, je pense, que si la Russie n’avait pas eu un régime dictatorial elle n’aurait pas agressé l’Ukraine.

      Est-ce que le fait que dans chaque guerre au moins une des parties impliquées a un régime non démocratique est un hasard? C’est très difficile à croire que c’est un hasard.

      À un moment donné il faut finir avec les dictatures dans le monde, pour que l’Humanité puisse allouer efficacement ses ressources dans d’autres directions que pour gérer des conflits entre blocs rivaux représentant des types de régimes incompatibles.

      Il faut qu’à un moment donné la liberté finisse quand-même par s’imposer face à la tyrannie dans le Monde, sinon la tyrannie finira peut-être par s’imposer, car la tyrannie se sentira toujours menacée par le fait que la liberté est contagieuse (c’est exactement la vraie raison de l’agression de Poutine contre l’Ukraine).

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  8. La « dégradation » de la relation Pologne-Ukraine est inquiétante. La Pologne était à l’avant-poste depuis le début du conflit, pour assister les ukrainiens dans leur lutte…
    Je ne crois pas que la visite du dictateur Nord-coréen soit forcément un fait important a rapporter. Cependant, cette visite accentue la perte de « contrôle » des russes. La Russie demandant de l’aide au Nord-coréens ? Les russes sont-ils au bord du gouffre militairement parlant ? Parce que pour aller jusqu’à cette extrémité, je ne vois qu’une Russie qui commence sérieusement à s’époumoner.
    Peut-on compter sur une météo clémente (en terme de conditions de batailles) dans les prochaines semaines, donnant plus de temps aux ukrainiens pour endiguer les défenses russes ?
    Merci Guillaume pour cet article.

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  9. Il est probable que les américains estiment que la contre-offensive, à ce stade, ne peut plus réellement profiter des ATACMS.
    Il est dès lors encore plus probable qu’ils anticipent plutôt la campagne de bombardement russe sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, qui commence déjà.
    Dès lors, même si tout le monde semble vouloir se focus sur la contre-attaque, c’est peut-être quand même un signe de soutien à long terme moins spectaculaire mais tout aussi important que d’envisager la prochaine étape, et livrer des ATACMS -qui sait ?- dans quelques mois, avec le prochain batch, pour la préparation de la prochaine contre-offensive.

    Reste plus qu’à croiser les doigts pour les élections, hein.

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  10. L’Ukraine a déjà commencé à attaquer la Crimée, avec succès, avec des armes occidentales, a donc déjà franchi « la grande ligne rouge » de Poutine.
    L’Ukraine a déjà obtenu une grande victoire navale, sans qu’elle soit une force navale.

    Poutine voudrait bien se retirer s’il le pouvait encore, car son seul objectif réel est de rester au pouvoir, à vie (il a envahi l’Ukraine par peur que la liberté de sa société ne soit contagieuse).
    Mais il ne peut plus se retirer, suite à la gaffe des annexions. Sans cette décision complètement incohérente avec l’idée de « opération spéciale » il aurait pu dire que « les objectifs de l’opération spéciale ont été atteints » et se retirer avant que la Crimée ne soit sérieusement attaquée, en espérant la garder comme avant l’invasion. Mais ce n’est plus possible, car maintenant il ne peut pas se retirer « de Russie » et en plus la Crimée n’est plus dans une situation différente des autres régions occupées. Les annexions ont été une grave erreur de jugement de Poutine, comme l’invasion.

    Le régime de Poutine n’a vraiment plus aucune sortie possible de la guerre, sauf une sortie forcée par une défaite très claire. Mais est-ce que l’occident va lui « offrir » cette sortie ou va attendre jusqu’à la chute du régime? Je pense que c’est la raison principale des « hésitations » occidentales. Les « élections » présidentielles russes de mars 2024 s’approchent. Ce n’est pas le décomptage des votes qui va menacer le régime, mais ça sera quand-même une occasion très importante pour que les gens se rassemblent, malgré tous les appels de Poutine de « voter en ligne ». Dans ce contexte, ça serait très bien que la défaite de Poutine coïncide le plus possible avec ces « élections », ça augmenterait les chances que le régime tombe. Selon moi c’est l’objectif principal est tout ce qui se passe a, pour moi, plus de sens en partant de cette hypothèse.
    Sinon, l’explication selon laquelle à chaque fois, à cause de la peur d’escalade on refuse de donner à l’Ukraine ce qu’elle demande, après ça on hésite et on fini à chaque fois par lui donner avec beaucoup de retard, me semble peu crédible. Cette explication ne fait pas de sens non plus à cause que pour Poutine la seule chose qui compte vraiment dans ce contexte c’est qu’il perd la guerre et qu’il sait très bien qu’il la perd à cause de l’aide occidentale pour l’Ukraine. Donc la seule vraie « escalade » occidentale de son point de vue c’est qu’on aide l’Ukraine à gagner. Si on a peur de Poutine, la seule solution serait de le laisser gagner la guerre.

    À part une sortie forcée par une défaite claire (qui dépend en grande partie de la volonté de occident) il n’y a plus de sortie possible pour le régime (il ne peut plus gagner la guerre, c’est assez évident).

    Ce qui veut dire que la Russie, elle, a une seule sortie possible, le changement de régime. Car seulement un nouveau régime, qui va condamner la guerre d’agression de Poutine contre le « peuple frère », pourra se retirer et un accord de paix ne pourra être signé qu’avec un tel régime.

    La Russie a donc déjà été amenée, par Poutine même, dans la situation désirée par l’occident et par l’Ukraine, le changement de régime. La seule solution véritable du problème, pour l’Ukraine, pour l’occident et pour le peuple russe.
    Je pense qu’on ne va pas rater cette occasion.

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    1. « gaffe des annexions (…) décision complètement incohérente avec l’idée de « opération spéciale » »
      Selon la Constitution Russe, les conscrits russes ne peuvent effectuer le service militaire hors du territoire national, sauf en cas de guerre officiellement déclarée. En « opération militaire spéciale », il était donc nécessaire que ces territoires soient déclarés russes pour pouvoir renforcer l’armée russe en infériorité numérique à l’automne 2022.

      Décision contrainte juridiquement, même si elle reflète l’ambition impérialiste de l’actuelle Russie sur « sa » Nova Rassiya.

      Fabrice

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    2. « la Russie, elle, a une seule sortie possible, le changement de régime »
      Sauf que l’actuel peuple russe (pas les seuls jeunes occidentalisés de Moscou / Saint-Pétersbourg et des intellectuels éclairés) adhère à la logique impérialiste de l’agression contre l’Ukraine. En ligne avec l’enseignement soviétique sous couvert d’internationalisme communiste.

      Un candidat opposé au Régime ne sera pas élu sur un programme de défaite reconnue. Au mieux, peut-on espérer une trêve comme celle après la 1ère Guerre de Tchétchénie. Pour éviter le destin tchétchène (cf. 2ème Guerre de Tchétchénie), restera à l’Occident à assurer la sécurité de l’Ukraine en équipant durablement son armée, et en contrant la 5e colonne poutinienne en Ukraine comme dans nos pays respectifs.

      Fabrice

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    3. @Cezar « il a envahi l’Ukraine par peur que la liberté de sa société ne soit contagieuse » Les gens en Russie ont internet et les réseaux sociaux. Ils n’avaient pas besoin de l’Ukraine pour savoir que leur pays est un état autoritaire. Il s’agit beaucoup plus d’un délire monomaniaque d’autocrate voulant marquer l’histoire.

      « la Russie, elle, a une seule sortie possible, le changement de régime » Pas forcément. le régime peut viser un match nul et présenter ça comme une victoire pour se maintenir.

      « À part une sortie forcée par une défaite claire (qui dépend en grande partie de la volonté de occident) » Si c’était en grande partie une question de volonté de l’occident la guerre serait déjà terminée, la Russie non autoritaire et Poutine en train d’être jugé à la Haye.

      « il n’y a plus de sortie possible pour le régime (il ne peut plus gagner la guerre, c’est assez évident). » Il peut encore ne pas perdre, cela dépend aussi de son but de guerre. Si son but n’est plus que de limiter la casse en tenant ses positions en pariant sur un épuisement Ukraine/occident ce n’est pas délirant sur le papier.

      Il faut arrêter de croire que la guerre est un claquement de doigt et qu’il suffirait d’un peu de volonté et de livraisons d’armes pour que ça passe.

      « Sinon, l’explication selon laquelle à chaque fois, à cause de la peur d’escalade on refuse de donner à l’Ukraine ce qu’elle demande » Qui avait des stocks d’armes significatifs en europe? La Pologne (et l’Allemagne?) un peu. Nous n’avions quasiment plus rien. La quasi totalité du matériel livrés par la France est soit prélevés sur les unités d’active, soit fraichement retiré du service ou neuf.

      Les américains eux peuvent se voir reprocher de ne pas livrer assez car ils ont de quoi. Les allemands ne veulent pas livrer mais de toute façon ils sont à poil donc c’est plus leur attitude le problème.

      Le plus important est d’aider l’Ukraine sur la durée. Si le pouvoir en Russie change, il faut voir qui remplace l’actuel pouvoir avant de dire que c’est formidable, et ça ne doit pas être le plan A. Le plan A c’est une offensive ukrainienne qui perce, et peu importe si c’est en 2025.

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