Israël face au Hamas, des signes de désescalade ?

Egyptian volunteers gather and celebrate with a Palestinian flag next to trucks carrying humanitarian aid from Egyptian NGOs driving through the Rafah crossing from the Egyptian side, amid the ongoing conflict between Israel and the Palestinian Islamist group Hamas, in Rafah, Egypt October 21, 2023. REUTERS/Stringer TPX IMAGES OF THE DAY

Avec la libération de deux otages et l’arrivée d’un début d’aide humanitaire pour les Palestiniens de la bande de Gaza, la situation en Israël dans la guerre déclenchée par le Hamas présente des signes de désescalade, susceptibles de nous sortir d’une spirale de violence et de haines qui présageait du pire. 

Pris au piège du Hamas et de la Russie

Les guerres déclenchées le 7 octobre par une attaque bestiale du Hamas contre Israël et 18 mois auparavant – le 24 février 2022 – par la Russie de Poutine contre l’Ukraine peuvent en effet nous engouffrer dans un abîme de violence et de destruction qui constitue désormais une menace non seulement pour ces deux nations, mais aussi pour l’équilibre fragile de nos démocraties. 

Commençons par examiner la situation en Israël et plus largement au Proche-Orient.

La confusion entre le Hamas et le peuple palestinien mène Israël dans une impasse sanglante

Après deux semaines de conflit armé en Israël, déclenché expressément par le Hamas, une organisation politique qui ne compte pourtant que quelques milliers de militants et qui n’a objectivement pas les moyens militaires de détruire Israël, la situation est devenue très inquiétante.

D’une part, le Hamas continue à tirer régulièrement sur le sud d’Israël pour provoquer une lourde intervention militaire et conduire son armée exactement là où il l’attend : une confrontation, non pas avec sa seule organisation, mais bien avec l’ensemble du peuple palestinien sur la bande de Gaza, où sont enfermés plus de deux millions de réfugiés. Le Hamas alimente ainsi la confusion la plus dangereuse entre le sort du peuple palestinien, soutenu par une large partie du monde, et sa politique de provocation et d’escalade de la violence. 

Le bombardement de l’hôpital de Gaza, un carnage… dans les opinions publiques

L’illustration parfaite du piège tendu par le Hamas est l’exploitation du bombardement de l’hôpital al-Ahli de Gaza dans la soirée du 17 octobre. Alors que l’hôpital est le dernier refuge de la multitude de blessés d’une campagne de bombardement intensive d’Israël, une explosion a lieu sur un parking dans l’enceinte même de l’hôpital, faisant de nombreuses victimes parmi une foule désemparée qui attendait justement d’être soignée ou de soigner des proches. 

Le Hamas s’empare aussitôt de l’événement en diffusant un bilan qui fait de ce bombardement un carnage – 471 morts annoncés dans les heures qui suivent – et provoque immédiatement « un carnage » dans les opinions publiques révoltées par un tel événement. Des manifestations de colère se déclenchent dans le monde entier, du Maroc à la Malaisie, exprimant la frustration et un profond sentiment d’injustice face à cette violence infligée à un peuple palestinien déshérité. 

Choquer l’opinion publique et provoquer la colère au sein de nos sociétés 

Revenons sur les faits. Cette explosion a été provoquée par une charge militaire importante, de l’ordre de 100 kg. Celle-ci peut avoir causé matériellement la mort de 50 à 100 personnes. Même sur un site très densément occupé, ce qui n’est pas le cas d’un parking, une explosion proche du sol comme celle constatée sur les photos, voit ses effets atténués au fur et à mesure que les premiers cercles sont dépassés. 


Le premier cercle autour de l’explosion est volatilisé (ce sont les carcasses de voitures dans les 10 premiers mètres), le second est toujours gravement endommagé, mais le troisième cercle fait surtout des blessés dont la gravité s’atténue au fur et à mesure que le diamètre s’élargit. 

Si l’on prend en référence des bombardements récents en Ukraine, une explosion de ce type peut provoquer entre 50 et 100 morts, et quatre fois plus de blessés qui n’ont d’ailleurs pas été mentionnés dans le « bilan » du Hamas. 

Soit celui-ci a fait une confusion entre victimes totales (morts et blessés), soit le Hamas a choisi sciemment de multiplier par sept le bilan de cet événement atroce pour en faire un « carnage », une bombe médiatique tandis que la triste réalité n’aurait guère modifié les conséquences quotidiennes de la campagne de bombardement israélienne. 

Un bombardement de l’hôpital qui peut être aussi bien le fait des brigades islamiques que de l’armée israélienne

La polémique sur l’origine du tir est peu pertinente, car dans les deux cas ce bombardement n’était pas intentionnel et le contexte actuel de Gaza interdit toute résolution crédible de la question. Il faudrait en effet des enquêteurs sur place pour récupérer des débris de la charge utilisée, sur un territoire contrôlé par le Hamas qui ne risque pas de se contredire…

La première hypothèse est qu’un des missiles (probablement iranien de type Badr) tirés par les brigades islamiques contre le territoire d’israël a dysfonctionné ou a été intercepté en vol, et que sa charge militaire se soit écrasée sur l’hôpital en explosant au moment de l’impact, comme l’explique Xavier Tytelman.

La deuxième hypothèse, tout aussi plausible, est une frappe israélienne en parallèle, qui aurait visé probablement un véhicule « poursuivi » pour ses occupants, avec une bombe guidée tirée d’un avion ou d’un drone armé. Les dénégations des uns et des autres n’apportent aucune preuve concrète : l’absence de cratère profond sur l’impact – avancée par l’armée israélienne – ne démontre rien, dans un cas comme dans l’autre, si ce n’est que la charge a explosé légèrement au-dessus du sol, déclenchée par un obstacle quelconque ou un dispositif de mise à feu dit de proximité.

Il faut d’ailleurs noter la prudence du président américain Joe Biden lorsqu’il déclare « qu’il semble » que l’hôpital ait été touché par un missile tiré depuis la bande de Gaza. Il s’appuie en effet sur des informations du renseignement américain, reposant principalement sur la surveillance satellitaire de l’espace aérien au-dessus de cette région dans lequel apparaît clairement le tir du missile par la brigade islamique. Mais ce système de surveillance ne permet pas de déterminer pour autant où est retombée la charge militaire de ce missile, ni s’il pouvait s’agir d’un tir israélien parce que leur signature est trop faible. En effet, une bombe guidée laser n’est quasiment pas traçable par de tels systèmes…

La manipulation par le Hamas du bombardement de l’hôpital en dit long sur sa stratégie de provocation et de violence

Autrement dit, nous ne pouvons retenir à ce stade que les éléments factuels suivants :

  • Le bombardement de l’hôpital de Gaza est le fait d’une forte charge militaire, probablement de l’ordre de 100 kg.
  • L’hôpital n’était pas la cible. 
  • Le Hamas a multiplié par 7 le bilan pour créer un effet de sidération sur les réseaux sociaux et soulever les opinions publiques qui sont évidemment très sensibles aux pertes civiles de cette guerre.
  • Aucune enquête pertinente n’est envisageable puisque le Hamas contrôle cette zone et que les Israéliens ne l’ont pas plus demandée… 

De plus, cette manipulation du bilan sur le bombardement de l’hôpital jette le discrédit sur les chiffres fournis par le Hamas des pertes relevées sur la bande de Gaza, même si les bombardements israéliens causent des dégâts manifestes et inacceptables parmi la population civile. 

Le seul vrai responsable de ce bombardement est la guerre dans la bande Gaza, déclenchée par le Hamas et menée maintenant par Israël.

Un « carnage » destiné à rendre nos sociétés hystériques 

Le « carnage » causé par le bombardement de cet hôpital est d’abord médiatique car il a soulevé de nombreuses opinions publiques, sur une propagande du Hamas où aucun élément n’est vérifiable, ni vraisemblable en dehors du fait que des civils palestiniens ont été tués dans l’enceinte d’un hôpital. 

C’est l’hystérie qui nous menace tandis que nos sociétés se voient atteintes directement par des attentats insensés (un professeur de lettres assassiné à Arras en France par un Russe du Caucase, des Suédois à Bruxelles…), jusque sur le sol américain où un homme de 71 ans est allé poignarder sauvagement un enfant de 6 ans parce qu’il était palestinien…

Tout est en place pour une escalade régionale voire mondiale avec l’entrée en guerre de nouveaux acteurs et l’hystérisation de nos propres sociétés. 


Au bord de l’escalade

Le risque d’explosion régionale a été frôlé avec cet événement, mais les Etats-Unis ont beaucoup œuvré pour l’éviter : la visite de Joe Biden en Israël le 18 octobre a d’abord été consacrée à empêcher un embrasement du Proche-Orient. Le président américain a manifestement convaincu les dirigeants israéliens de repousser l’offensive terrestre prévue par le premier ministre Benyamin Nethanyaou et qui aurait déclenché, dans ce contexte, une entrée en guerre d’autres acteurs.

Le déploiement de deux groupes aéronavals (ensemble de navires de guerre autour d’un porte-avions) est de nature à montrer aux Etats voisins qu’une tentative d’agir militairement contre Israël les exposerait à des frappes surpuissantes, capables notamment d’affaiblir largement le Hezbollah pro-iranien qui dispose lui d’une véritable armée dans le sud du Liban. Une « cible dure » que les militaires savent bien « traiter » contrairement à la « cible molle » que représente en réalité le Hamas.

La livraison par les USA de munitions (d’artillerie et de bombes guidées) assure Israël de disposer des stocks nécessaires, certes pour continuer leurs bombardements contre Gaza, mais d’abord pour résister à une éventuelle attaque du Hezbollah. 

Joe Biden a surtout incité Israël à la retenue avec trois arguments essentiels

Le premier argument – pour lequel il n’est pas nécessaire d’avoir fait Saint-Cyr ou West Point aux Etats-Unis – est que pour faire la guerre, il vaut mieux ne pas se précipiter là où « l’ennemi » vous attend et pire encore, se lancer au moment qu’il a choisi. En reprenant l’exemple de la réaction des USA après les attentats du 11 septembre, qui avaient fait plusieurs milliers de morts sur le sol américain, Joe Biden faisait entendre au gouvernement israélien qu’il ne fallait pas tomber dans le piège du Hamas en déclenchant une guerre qui n’est pas gagnable sous cette forme.

Et c’est là le deuxième point, essentiel pour sortir de cette spirale incontrôlable de violence : le président américain a conseillé à son allié israélien de « clarifier ses buts de guerre ». En effet, pour les militaires américains comme pour une partie de l’armée israélienne, attaquer la bande de Gaza pour « détruire » le Hamas a aussi peu de sens que d’avoir envahi l’Afghanistan pour en chasser les talibans…

En obtenant que le le gouvernement Nethanyaou, qui seul décide de la poursuite des opérations, prenne un temps de réflexion avant de lancer son armée dans une offensive terrestre contre la bande de Gaza, Joe Biden permet au pouvoir israélien de se ressaisir pour dessiner une véritable stratégie contre le Hamas, au-delà du désir de vengeance d’une partie de la population. Détruire militairement, au prix d’affrontements sanglants en zone urbanisée et de dommages collatéraux considérables, quelques immeubles et souterrains dans Gaza n’éliminera en rien le Hamas.

Israeli soldiers listen to Israel’s Defence Minister Yoav Gallant as he meets them in a field near Israel’s border with the Gaza Strip, in southern Israel October 19, 2023. REUTERS/Ronen Zvulun TPX IMAGES OF THE DAY

Bien au contraire, une telle opération israélienne garantirait le recrutement du Hamas pour les dix années à venir. 

Enfin, les Etats-Unis comme les pays européens, ont fait valoir la question des otages encore aux mains du Hamas et des brigades islamiques, probablement entre 100 et 200 personnes dont nombreux sont de double nationalité. Déclencher une offensive maintenant serait les condamner à coup sûr, tandis que la libération inespérée de deux d’entre eux le 20 octobre par les brigades islamiques constitue un signe manifeste de désescalade. Si on fait le lien avec le drame de l’hôpital, dont les brigades islamiques savent bien qu’elles en sont potentiellement à l’origine, leur geste relève moins de l’humanitaire que de la reconnaissance d’un échec temporaire de leur radicalité.


Vers une désescalade durable pour sortir du piège tendu par le Hamas ?

En retardant l’assaut pourtant déjà annoncé à trois reprises par le premier ministre Nethanyaou, Israël ouvre enfin la possibilité de sortir de cette spirale de provocation et de violence qui nous mènerait tout droit dans une impasse sanglante. Est-ce que le soutien des Etats-Unis et de l’Union européenne, qui se retrouvaient le 20 octobre à Washington, permettra à Israël de sortir de ce piège tendu par d’autres acteurs et dont le Hamas n’est probablement que le provocateur ?

L’arrivée, du côté égyptien, d’une aide humanitaire qui n’avait cessé de se faire attendre alors qu’elle était annoncée depuis une semaine, contribue aussi à la désescalade, à desserrer l’étau sanglant qui se refermait sur les Palestiniens qui restent piégés dans cette bande de Gaza. 


C’est pourtant la question centrale de cette crise, serons-nous collectivement capables d’esquisser un avenir au peuple palestinien qui soit autre que de se battre contre les Israéliens ? Et discréditer définitivement la politique destructrice du Hamas qui ne conduit qu’à une violence sans fin ?

This satellite photo from Planet Labs PBC shows the Egyptian side of the Rafah border crossing where an aid convoy sat Thursday, Oct. 19, 2023. Satellite photos analyzed Friday, Oct. 20, 2023, by The Associated Press show a massive convoy of semitruck trailers lined up at the Rafah border crossing on the Egyptian side, likely waiting for approval to cross into the besieged Gaza Strip as the Israel-Hamas war rages. (Planet Labs PBC via AP)


Et la guerre en Ukraine continue

De fait, les Ukrainiens s’inquiètent à juste titre de ce conflit extrêmement dangereux au Proche-Orient, pour Israël bien sûr dont elle a toujours cherché le soutien malgré la relation ambiguë entretenue par Nethanyaou avec le président russe Vladimir Poutine, mais aussi pour eux. 

Le sort de leur « longue offensive » dépend en effet largement du soutien réel que continuera ou pas à leur accorder le groupe de plus de 50 pays qui s’affichent être leurs alliés. Or, certains d’entre eux pourraient être déstabilisés par cette guerre en Israël si leur société ne pouvait plus accepter le soutien en parallèle des Etats-Unis à une nation qui s’attaquerait aux Palestiniens plus qu’au Hamas. 

Lire aussi : la « longue offensive » de l’Ukraine


De plus les stocks de munitions sensibles – obus d’artillerie, bombes guidées et missiles – ne sont pas extensibles. Si cette guerre se prolongeait, ou pire s’étendait au Proche-Orient, les Etats-Unis auraient alors à arbitrer la répartition d’une ressource limitée. L’affirmation que cela ne pose pas de problème à ce stade révèle bien la sensibilité de la question. 


Le front progresse peu, mais l’arrivée des missiles ATACMS affaiblit les positions de l’armée de Poutine

Des missiles ATACMS ont enfin été livrés par les Américains aux forces ukrainiennes. Leur portée et leur charge sont inférieures à celles des missiles de croisière Scalp/Storm Shadow livrés par les Français et les Britanniques, mais leur utilisation est beaucoup plus simple car ils sont tirés du sol avec une préparation nettement plus courte que le paramétrage d’un missile de croisière et le lancement d’une opération aérienne. 

lire aussi : les armes utilisées dans la guerre russe contre l’Ukraine

Leur première utilisation mi-octobre a provoqué de gros dégâts sur une base d’hélicoptères russes à Berdiansk, 150 km plus au sud de la principale zone de combat, dans la région de Zaporijia. 


La situation sur le front militaire est toujours très tendue, les Ukrainiens ayant pour l’essentiel l’initiative face à une armée russe sur la défensive mais résistante. 

Les flèches en bleu pour les offensives ukrainiennes, en rouge pour l’armée russe

Le cœur des combats continue à se situer dans la région de Zaporijia autour du triangle Robotyne-Novoprokopivka-Verbove où les forces ukrainiennes avancent peu malgré la très forte pression exercée. Elles sont ralenties par l’arrivée de nombreux renforts russes, des jeunes soldats inexpérimentés et peu formés, mais qui n’ont pas d’autre choix que de se faire tuer.  


Plus à l’Est, du côté d’Avdiivka dans la région de Donetsk, l’armée russe alimente avec peu de moyens une contre-offensive limitée et essentiellement destinée à desserrer l’étau sur la partie centrale du front, décrite précédemment. 


Enfin, les Russes affirment que les Ukrainiens se préparent à ouvrir un deuxième front offensif plus à l’Ouest, en traversant le Dniepr dans la région de Kherson, juste en face de la Crimée. Sans doute espèrent-ils ainsi éventer l’offensive ukrainienne en préparation, dont ils craignent d’autant plus les effets qu’ils ont particulièrement dégarni cette partie du front pour alimenter leur défense sur les deux zones précédentes. 

C’est dans ce contexte tendu que Vladimir Poutine est un des seuls dirigeants à bénéficier réellement de la guerre en Israël, du détournement de l’attention et plus encore du retournement des opinions publiques sidérées par le sentiment d’injustice faite au peuple palestinien. 

Cette semaine, nous sommes probablement passés à côté d’un embrasement aussi majeur que destructeur, les signes de désescalade sont les bienvenus, pourvu qu’ils ne soient pas éphémères.




Pour approfondir, 

Lire : la Russie utilise le conflit à Gaza pour affaiblir le soutien à l’Ukraine (Le Monde, réservé aux abonnés)


Voir l’analyse du bombardement contre l’hôpital al-Ahli de Gaza publiée dans Air&Cosmos


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18 commentaires sur “Israël face au Hamas, des signes de désescalade ?

  1. Il n’est pire anxiété et angoisse que celles qui naissent d’une menace diffuse sur laquelle nous avons du mal à mettre un nom, lui trouver des origines et lui donner un sens. En parler est sans doute un premier pas vers l’apaisement, mais chacun doit trouver à se frayer un passage vers davantage.

    Pour ma part, c’est l’information fiable et des mises en perspective qui même si elles ne valent que ce qu’elles valent sont chaque fois un pas en avant ( l’ouvrage doit sans cesse être remis sur le métier…). J’ai la faiblesse de continuer à croire que notre connaissance de la réalité devient plus fiable quand nous diversifions nos sources et entrecroisons les informations sans cesse. De même, chacun fait sa propre mis en perspective et se doit de la comparer à celle des autres. Alors petit à petit…un peu plus de lumière jaillit et nous permet de prendre ne serait-ce qu’un instant nos distances avec l’obscurité et surtout les obscurantismes.

    Dans une autre « contribution », j’évoquais l’intervention d’un parlementaire et proposais une modeste bibliographie.

    Je complète aujourd’hui en signalant d’une part la tribune de l’historienne franco tunisienne Sophie Bessis dans le Monde du 25 octobre « Les dirigeants israeliens n’ont pas compris que, dans une guerre asymétrique, le faible finit en générale par l’emporter », d’autre part celle du député européen Raphael Glucksmann « Nul ne pourra vaincre durablement le terrorisme sans la paix et la liberté pour les palestiniens ».

    Sur TV5 Monde Sophie Bessis complète l’ analyse développée dan sa tribune écrite en faisant part combien l’idée même d’un Etat pour les palestiniens est désormais une vue de l’esprit.

    L’heure est revenue également de nous replonger dans ce qu’ écrit ces 30 dernières années Charles Endellin alors qu’il était le correspondant de France 2 en Israel et Palestine et plus particulièrement la réédition complétée de « An nom du temple.Israel et l’irrésistible ascension du messianisme juif », ainsi que Israel « L’agonie d’une démocratie »

    Et puis , et puis et puis…je ne recommanderai aujourd’hui qu’un seul film Un bouteille à la mer de Thierry Binisti, au Quebec il est sorti sous le titre Un bouteille à la mer à Gaza. Il date de 2012, il est de maintenant, d’avant hier et de demain et se regarde en silence.

    Je veux ajouter également pour en revenir à l’Ukraine dont l’actualité ne doit pas être chassée, que la double agression du Hamas et du Hezbollah qui sont des créatures de l’Iran tombe à pic pour Poutine. L’Iran ne se contente pas de fournir drones et munitions; l’ouverture d’un second front pour distraire les opinions publiques européennes et américaines par une diversion, en dispersant en même temps les aides humanitaires et militaires sont à l’évidence une autre forme de soutien àl’ignominie.

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  2. Bonjour Guillaume,

    Je te pose la question de savoir si ce déclenchement de la nième guerre au proche orient n’est pas décisive pour la victoire de Poutine en Ukraine ? La victoire morale est déjà acquise car ce que fait Israël à Gaza est aussi atroce que ce qu’on fait les Russes en Ukraine. L’Occident a perdu dans cette affaire sa soi-disant supériorité morale en soutenant dans la panique Israël dans ce quoi qu’il en coûte.

    Je ne dis pas que c’est la Russie qui a poussé l’Iran dans cette aventure mais ça ne pouvait pas mieux tomber pour la Russie. L’autre bonne question est la suivante : cette situation va -t-elle pousser la Chine à attaquer Formose et la Corée du Nord, la Corée du Sud.

    Ces leaders qui sont armés jusqu’aux dents pourraient bien le faire car leur survie se joue dans la fuite en avant permanente. Leurs pays ont d’ailleurs de nombreuses difficultés. La question posée maintenant à l’Europe est la suivante : faut-il se replier sur les frontières de l’Europe en les bétonnant ou, au contraire, essayer de se donner les moyens d’un rôle planétaire distinct des USA ? Pas simple !

    Ça serait bien d’avoir un de tes blogs là-dessus.

    Amicalement,

    Philippe

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    1. D’accord avec Olivier Morin, votre blog fait aussi du bien à ma propre « Ukraine anxiété ». Et il traite aussi, sur la base de votre expérience personnelle, de bien d’autres sujets. Un modèle de blog d’information !

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      1. Voyant la guerre perdue, et leur fin (santé) éventuellement, serait-il possible que Poutine et sa clique ‘suicident’ l’Ukraine par bombes nucléaires, et par voie de conséquence, déclenchent un conflit nucléaire généralisé ? Un suicide généralisé du même ordre que le pilote ayant délibérément provoqué le crash de l’A320 de Germanwings. Merci d’avance… voici un exemple d’Ukraino-éco-anxiété !

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  3. Autant la guerre en Ukraine trouve un écho homogène dans notre société, autant le conflit Israëlo-Palestinien est source de tensions très importantes en France, voire de séparatisme. En effet, la France détient la 1er pays juif d’Europe mais surtout 1er pays mulsulman d’Europe, et de loin.

    De ce fait, et des nombreuses manipulations politiques, médiatiques et religieuses dans notre pays, l’importation du conflit devient quasi-inévitable. A long terme je crains beaucoup plus cette guerre là, car elle entraine un certain nombre de – mauvaises – mutations dans notre société que celle en Ukraine, qui est entrain de dévorer les forces vives russes, quelles soient civiles ou militaires.

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  4. A la partie Moyen Orient de votre chronique je voudrais ajouter quelques références « bibliographiques ».

    – D’abord, la remarquable intervention du député Jean Louis Bourlanges à la tribune de l’Assemblée Nationale ce lundi 23 octobre. Elle porte su les évènements gravissimes qui agitent une fois de plus la Palestine. Elle est disponible en replay sur le site de LCP.

    – Ensuite, aux Editions du Seuil « La Palestine racontée à tout le monde » d’Elias Sanbar. Ouvrage publié en 1973 mais qui garde toute sa pertinence et puissance de contextualisation.

    – Enfin, un opuscule de 60 pages aux Edtions Points qui nous permet de nous remettre en mémoire trois discours :
    Le dernier discours d’Itzak Rabin, le 4 novembre 1975, quelques minutes avant son assassinat ; le discours de David Ben Gourion, le 14 mai 1948, qui proclame la création d’un Etat juif ; le discours de Yasser Arafat, le 15 novembre 1988, faisant serment de continuer la lutte pour mettre fin à l’occupation et l’établissement de la souveraineté et l’indépendance du peuple palestinien.

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  5. Tres bien analysé , et c est bien la paix tout court
    qui est en danger  ;les opinions publiques europeennes sont divisees
    politiquement et religieusement : seules , les vertus de
    liberte verite ,de justice doivent regner dans un etat democratique , et
    …cela n est pas facile .-a ta prochaine  lettre-internet …

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  6. Bonjour Guillaume Ancel,

    Je suis un lecteur régulier des chroniques que vous publiez sur votre site.

    Il va sans dire que j’y recueille de nombreuses informations, analyses et mises en perspective qui « combinées » et entrecroisées avec celles publiées dans la presse écrite, parlée et audio-visuelle me permet pas à pas de me faire une opinion tant sur ce qui se passe en Ukraine qu’au Proche Orient.

    Toujours à nouveau, j’observe et suis conforté dans l’idée que vous faites oeuvre utile pour nous aider à être ou à devenir des citoyens capables d’appréhender des questions complexes et de ne pas avancer à l’aveuglette.

    Je vous accorde volontiers quelque chose que vous n’avez jamais demandé : la confiance ; et par conséquent le risque; qu’à l’occasion, vous puissiez vous tromper. Il me parait utile de rappeler cette lapalissade afin de nous rappeler que si nous devons toujours douter et ne jamais cesser de nous interroger, il est tout autant nécessaire d’accorder sa confiance. Sans quoi, rien n’est possible, tout devient relatif et nous ne marcherions pas sur nos deux jambes.

    Je reproduis ci-dessous un extrait de votre chronique et le fait parvenir à différents interlocuteurs en citant bien entendu ma source.

    « La manipulation par le Hamas du bombardement de l’hôpital en dit long sur leur stratégie de provocation et de violence
    Autrement dit, nous ne pouvons retenir à ce stade que les éléments factuels suivants :
    – Le bombardement de l’hôpital de Gaza est le fait d’une forte charge militaire, probablement de l’ordre de 100 kg.
    – L’hôpital n’était pas la cible. 
    – Le Hamas a multiplié par 7 le bilan pour créer un effet de sidération sur les réseaux sociaux et soulever les opinions publiques qui sont évidemment très sensibles aux pertes civiles de cette guerre.
    – Aucune enquête pertinente n’est envisageable puisque le Hamas contrôle cette zone et que les Israéliens ne l’ont pas plus demandée… 
    – De plus, cette manipulation du bilan sur le bombardement de l’hôpital jette le discrédit sur les chiffres fournis par le Hamas des pertes relevées sur la bande de Gaza, même si les bombardements israéliens causent des dégâts manifestes et inacceptables parmi la population civile. 

    Le seul vrai responsable de ce bombardement est la guerre dans la bande Gaza, déclenchée par le Hamas et menée maintenant par Israël.

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    1. Je rejoins à 100% le commentaire de Freddy Klein, auquel j’ajouterai:
      1./ mes craintes d’une montée en puissance du conflit, favorisée par l’hubris de Benny Netanyahou et de son gouvernement, d’une part, du Hamas, d’autre part ;
      2./ ma perplexité sur les perspectives d’une résolution durable du conflit israëlo/palestinien. Résolution qui ne peut aboutir que par un accord sur deux États distincts et autonomes.
      Qui suppose comme préalables des élections et un changement de gouvernement en Israël; ;
      L’arrêt du mitage de la Cisjordanie par les colons israéliens;
      Le discrédit du Hamas, gangrené par la corruption, qui capte à son profit l’aide humanitaire, et l’organisation de nouvelles élections à Gaza.
      La neutralisation du Hezbollah.
      Les menaces qui pèsent sur l’existence même d’Israël sont lourdes, et le pays a l’habitude de ne s’en remettre qu’à lui-même. Pourtant, devant le risque d’une guerre au Moyen Orient impliquant les pays membres de l’OTAN, une médiation s’impose.
      Et merci encore à Guillaume Ancel pour ses analyses remarquables.

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