7 avril 1994, Rwanda, le génocide contre les Tutsi commençait, 1 million de morts

Après plusieurs années de préparation, les extrémistes hutu déclenchaient en 1994 leur « solution finale » contre les Tutsi, qui ne sont pas une ethnie, mais un groupe social. Ils faisaient abattre l’avion du président Habyarimana qui s’était rendu coupable de signer des accords de paix à Arusha, destinés à permettre aux Tutsi de retrouver leur place dans la société rwandaise.
L’assassinat de leur propre président enclencha une mécanique de massacres organisés d’une violence inouïe, la population entière fut réquisitionnée pour détruire les Tutsi qui vivaient au Rwanda, tandis que l’armée de Paul Kagame essayait de mettre fin au génocide en combattant les génocidaires.
La France de Francois Mitterrand, qui jouait depuis 1990 un rôle clef au Rwanda, continua à apporter son soutien au gouvernement dont venait pourtant de s’emparer les extrémistes hutu. L’Elysée accepta de recevoir ses émissaires à Paris, de leur livrer des armes et de leur apporter son aide tandis que ce gouvernement conduisait le génocide sous nos yeux. La DGSE informait, quelques officiers courageux prévenaient mais ils étaient aussitôt écartés par un pouvoir qui s’enfermait dans une « aventure » désastreuse que les Français n’auraient jamais acceptée.

« La France a rendu possible un génocide prévisible »

Soutien international, livraison d’armes, la France lança même une opération militaire, Turquoise, sous couvert d’un mandat humanitaire arraché à l’ONU pour tenter une dernière fois de protéger « ses alliés ». Ainsi, les génocidaires purent se protéger dans un sanctuaire organisé par l’Elysée, un sanctuaire pour génocidaires dénommé sans l’ombre d’un scrupule « zone humanitaire sûre », permettant aux bourreaux d’échapper aux soldats de Kagame qui seuls les menaçaient.
Les organisateurs du génocide purent ainsi s’échapper, sur ordre de l’Elysée, et reprendre « leur travail » à partir de l’Est du Congo qu’ils ensanglantèrent pendant deux décennies.

Le seul génocide que la France aurait pu empêcher et ce n’est pas ce que François Mitterrand a fait

Une poignée d’hommes autour de François Mitterrand, en particulier Hubert Védrine qui était alors secrétaire général de l’Elysée, cachèrent volontairement aux Français la réalité du soutien apporté aux génocidaires et bouclèrent les archives de leur « intervention humanitaire ».
Il fallut attendre 27 ans pour qu’un jeune président de la République, Emmanuel Macron, accepte qu’une commission d’historiens, présidée par Vincent Duclert, puisse accéder partiellement à ces archives. Leurs conclusions furent terribles, « un désastre français ».
Ils établirent la responsabilité « lourde et accablante » du pouvoir de l’époque, mais sans déterminer pour autant qui en était responsable.
Le président Macron est allé à Kigali, capitale du Rwanda, en mai 2021 pour prononcer un discours historique mettant fin à trois décennies de déni.

Hubert Védrine continue à nier les conclusions du rapport Duclert et attaque en justice ceux qui ont interrogé son rôle, comme Patrick de Saint-Exupéry, Annie Faure ou moi-même.
Les organisateurs du génocide réfugiés en France, dont la femme du président Habyarimana, n’ont toujours pas été traduits en justice.
Le pouvoir sans contrôle du président de la République sur les interventions militaires de la France, qui a permis à l’entourage du président Mitterrand de mobiliser les moyens de l’Etat français pour soutenir les génocidaires, n’a pas été modifié.
Les Rwandais, Hutu et Tutsi, ont reconstruit leur pays. La France a rétabli en 2021 ses relations diplomatiques avec le Rwanda et une active coopération avec un pays dont le développement est sidérant : il s’est relevé d’un génocide.

IBUKA, Souviens-toi !


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3 commentaires sur “7 avril 1994, Rwanda, le génocide contre les Tutsi commençait, 1 million de morts

  1. Un petit bout de papier que j’ai gardé chez moi indique d’une écriture tremblante, certainement de l’urgence de le transmettre, que » Ung Boun Hor a été exterminé à S-21″, Cambodge.

    La photo où il est emmené de force devant au « PORTAIL » de l’Ambassade de France à Phnom Penh au Cambodge à l’arrivée toute en violence des Khmers Rouge, synonyme de la rampe d’Auschwitz, une malette qu’il avait pu emporter avec lui dans les mains, a fait éloge dans les articles de l’Express où Madame Billon Ung s’est battue administrativement toute sa vie, remettant en cause la décision envoyée par Valéry Giscard d’Estaing de remettre aux Khmers Rouges tous ceux qui n’étaient pas en mesure de fournir leur identité.

    Les KR qui les attendaient dehors, armés jusqu’aux dents et fatigués de leur montée à la ville qui suivait les plans d’Ieng Sary, Nuon Chea, Pol Pot, Khieu Samphan, Thirith etc…allaient emmener hommes, femmes et enfants réfugiés dans ll’Ambassade, se faire directement exterminés à S-21.

    J’espère qu’elle lira ces mots que je n’ai jamais eu l’occasion de lui donner. Je la remercie d’avoir témoigné toute sa vie, m’aidant dans mes propres recherches sans le savoir, et d’avoir retrouvé les deux pauvres types qui conduisent son mari à l’abattoir en toute connaissance de cause, sur cette terrible photo archivée dans l’Express, puisqu’ eux même n’y seraient pas allés. Honte à eux…( et Vive la France bien sûr).

    On a un aperçu de la situation dans le film « La déchirure » qui traite de la prise de Phnom Penh par les KR et du génocide qui l’a suivie. Ngor essaie de s’établir un passeport avec John Malkovitch qui l’aide, mais la photo ne supporte pas l’humidité extérieure et vire toujours au sombre…si vous voyez de quoi je parle -Ambiance Vel d’hiv garantie.

    Alors je remercie Guillaume pour ce parfait adjectif qualificatif que PRÉVISIBLE. Comme c’est du déjà vu, méthodes inchangées, reprise par les uns et les autres selon le contexte, la justice pourrait même dire désormais « calculé ».

    Le génocide du Rwanda c’est quand même un déferlement de violence à la machette où on a laissé faire une boucherie dont pas beaucoup de blancs se remettraient, on peut en convenir ici.

    Toujours plus confortable à vivre dans un fauteuil à des milliers de kilomètres….espérant que les préparatifs de la commémoration de cette date accablante soit en cours.

    Cela fera 30 ans dans J-5.

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