La commission sur le Rwanda se prend les pieds dans l’affaire Julie d’Andurain

A picture taken on March 22, 2019 shows skulls of victims of the Rwanda’s 1994 genocide’s at the Ntarama Genocide Memorial, in Kigali. – On April 7, 2019, Rwanda will commemorate the 25th anniversary of the 1994 genocide. (Photo by Jacques NKINZINGABO / AFP)

Curieux traitement de l’affaire Julie d’Andurain par la commission d’histoire en charge d’étudier le rôle de la France au Rwanda.


Début novembre 2020, j’interroge son président, Vincent Duclert, sur la présence de cette « historienne » au sein de sa commission alors qu’elle a publié des propos relayant des thèses négationnistes, où les Tutsi deviennent les bourreaux de leur propre génocide et l’intervention de la France une sympathique opération humanitaire.
Ce parti pris et son absence totale de travaux de recherche et de sources contradictoires sur le sujet ne semblent pas compatibles avec les travaux de la commission, à qui le président Emmanuel Macron a confié en 2019 le soin de nous éclairer – enfin – sur le rôle joué par la France dans le dernier génocide du XX° siècle. Pour la première fois depuis 25 ans, ces historiens peuvent accéder librement aux archives – bouclées jusqu’ici – de cette « opération humanitaire » et des interventions de la France dans les années précédant le génocide, tandis que ses implacables organisateurs préparaient ce massacre activement, et manifestement sous nos yeux.
Lettre ouverte au président de la commission d’histoire sur le Rwanda

Le président de la commission, Vincent Duclert, me répond sur la défensive, se piquant même « que je puisse savoir avant la commission ce que sera son rapport ». A ce moment précis, si Julie d’Andurain s’était retirée de la commission, il ne lui aurait fallu que neuf mots pour clore le sujet : Julie d’Andurain ne fait plus partie de la commission.
Et dans le même temps, Julie d’Andurain essaye de mobiliser des associations d’historiens pour voler à son secours, estimant être la victime d’une agression personnelle pour ses recherche sur le Rwanda (elle fait même référence à Samuel Paty), mais en omettant de préciser à ses collègues les publications qui lui étaient reprochées.
L’article de Théo Englebert dans Mediapart décrit avec exactitude cette situation

Trois associations d’historiens vont imprudemment apporter leur soutien à Julie d’Andurain, toujours début novembre, avant de se rétracter aussitôt qu’elles auront découvert les publications de leur collègue sur le Rwanda, l’antithèse même des fondements de leur exigeante discipline. Saluons au passage la dignité de leurs réactions quand elles auraient pu sombrer dans un corporatisme déplacé.
Pourquoi Julie d’Andurain n’a plus sa place dans la commission d’histoire sur le Rwanda

Cependant, dans un communiqué de l’AFP du 14 novembre, la commission Duclert affirme désormais « qu’elle a pris acte, le 25 août 2020, de la décision de Madame Julie d’Andurain […] de se mettre en retrait des travaux de la Commission »
Si Julie d’Andurain s’était retirée de la commission, il est peu probable qu’elle eut cherché – avec cet empressement et cette forme très incertaine de l’honnêteté – le soutien de ses pairs pour une question qui ne se posait plus.
Ce communiqué est donc censé nous indiquer que l’histoire est close, depuis un certain temps, et évidemment qu’il n’y a jamais eu de « problème Julie d’Andurain » au sein de la commission d’histoire sur le Rwanda.
Les connaisseurs du sujet ne se laissent pas prendre à cette déclaration anachronique et rappellent encore une fois la réalité des faits, comme Mehdi Ba dans Jeune Afrique.
Aussi, compte tenu des éléments précédents et de l’inexactitude de cette déclaration, la question devient :

La commission Duclert commence-t-elle déjà à travestir la réalité, ou cette commission d’histoire sur le Rwanda ne porte-t-elle aucune attention aux dates ?

7 commentaires sur “La commission sur le Rwanda se prend les pieds dans l’affaire Julie d’Andurain

  1. Je viens de commencer l’ouvrage « Rwanda Ils parlent » de Laurent Larcher. Il mentionne que les archives conservées ont être très soigneusement vérifiées et « choisies » par le gouvernement avant de les laisser entre les mains du « publique ». Ces documents peuvent-ils dévoiler quelque chose d’important sachant que l’Etat semble avoir pris bien soin de choisir les documents que les historiens pourront consulter ? Ou alors je me trompe sur toute la ligne. P.s : le début du livre parle plus de votre livre et de vos propos que de l’horreur du génocide. Mais je n’en suis qu’au début.

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    1. Nous sommes à peu près sûrs de ne pas trouver de « smoking guns » dans les archives, mais il pourrait y avoir des pièces intéressantes sur les livraisons d’armes, le soutien apporté aux forces génocidaires et les interventions menées par les forces spéciales, à condition que tout cela n’ait pas été nettoyé lors de ces 25 années.
      Pour le livre de Larcher, j’ai trouvé son récit parfaitement déplaisant, qualifiant notamment mes propos d’exagérations dès lors qu’ils ne confortaient pas ses certitudes. Je crois qu’en fait il a du mal à regarder la réalité en face.

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      1. J’en suis à la partie où Larcher interview Kouchner, ce dernier est plutôt de votre côté. Larcher a écrit, ou écrit encore je ne sais pas, pour le journal La Croix, le parti prit est facile à voir. Il le dit lui même dans son ouvrage, il ne peut accepter dans son for intérieur la « probabilité » d’une complicité français dans le génocide du Rwanda. En faite, le livre commence par l’interview que vous avez eu ensemble et votre nom, et celui de Oscar, reviennent à chaque fois. A ce point de ma lecture, le livre semble être une enquête sur vos propos, sur votre livre. C’est une obsession. Comme je l’ai noté avant, j’en suis à la partie Kushner qui en tant que ministre des affaires étrangères à l’époque, n’avait pas accès à ses dossiers quand il le voulait, il parle aussi d’un déménagement des bureaux qui aurai peut être aidé à « détruire » ces « smoking guns », enfin c’est ce que je crois avoir compris. En tant que citoyen français, j’ai l’impression que vous avez lâché quelque chose d’important dans votre livre (qui sera entre mes mains bientôt) et que l’on arrive à un point ou il va falloir tout poser sur la table. Politiques comme militaires se doivent d’informer les français sur notre présence durant ce drame. Je lis aussi dans le livre de Laurent, des suspicions d’influence du fils du président Mitterand dans ce conflit, si là encore j’ai bien compris. Pensez vous faire une préface à votre ouvrage sur le génocide parlant de tout ce que votre livre a déclenché et comment avoir une fois pour toute la vérité ? Merci

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