Genèse du livre Vents sombres sur le lac Kivu

Genèse du livre Vents sombres sur le lac Kivu

J’ai d’abord essayé d’écrire un polar ethnologique, genre que j’apprécie particulièrement, j’avais la matière pour l’ethno, nettement moins pour le polar, dont on n’imagine pas la difficulté de monter une intrigue qui se tienne sans plagier celles lues précédemment. Alors j’ai essayé un roman d’aventures, de « guerre », dans un contexte très particulier.

L’action se passe en effet au Rwanda, pendant l’opération française appelée Turquoise au printemps 1994, à laquelle j’avais personnellement participé comme officier dans une unité dédiée à la Légion étrangère.

J’ai recherché en premier de la matière dans mes propres souvenirs que je croyais profondément enfouis. En reconstituant la trame chronologique des évènements, j’ai « retrouvé » la plupart de cette matière et j’ai « inventé » celle dont je pensais ne pas me rappeler ou qui me manquait.

Une fois seulement ce premier travail achevé, j’ai exhumé le carnet d’opérations que je tenais presque quotidiennement au Rwanda, et j’ai confirmé la plupart des informations dont je voulais me servir, – à quelques inversions de date près -, les prénoms existaient tous même ceux que je croyais avoir inventés et j’ai donc dû les reprendre pour éviter toute polémique. Enfin, ce qui m’a le plus troublé est que pour décrire les mêmes situations 20 ans auparavant, j’avais utilisé pratiquement les mêmes mots…

Une brillante éditrice d’Actes Sud m’a alors aidé à reprendre toute cette matière pour en faire cette fois un roman, laisser tomber tout ce qui pouvait apparaître comme une justification ou un plaidoyer et construire un récit qui laisse les lecteurs libres de penser ce qu’ils veulent en observant cette société étrange qu’est une communauté militaire en opération, dans les circonstances dramatiques du génocide rwandais de 2014. Je pense qu’en cela, c’est aussi un roman ethnologique, mais pas seulement sur le Rwanda.

J’ai choisi comme personnage principal une femme, la capitaine Victoire Guillaumin, qui a un regard perçant et une détermination hors du commun. Elle observe et agit, elle est dans la réflexion et l’action, son récit se veut « apprenant » pour ceux qui veulent savoir comment se passe une opération de ce type. Victoire semble être un personnage de fiction, mais en réalité il existe beaucoup de Victoire Guillaumin et elles flanqueraient de sacrées raclées aux hommes si elles commandaient.

J’ai du mal à définir le genre de ce roman, récit d’aventures et d’observations,  dont le personnage principal est une femme dans un milieu par trop masculin, dans un environnement dramatique tout en m’étant bien gardé de raconter l’indicible d’un génocide. Je vous livre donc un récit « autrement », une œuvre de fiction romancée et donc inexacte, mais toujours vraisemblable.

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