
Cet article a été traduit en anglais par Yurri Clavilier : Is France debating enough about the military consequences of Russia’s war against Ukraine?
La tentation face à une telle question serait de repousser à l’issue du conflit la réflexion indispensable qui devrait en découler. Néanmoins, cette guerre contre l’Ukraine ayant dépassé le cap des 18 mois, ce débat gagnerait à être largement entamé, ce qui est loin d’être la réalité.
Comprendre ce conflit après trois décennies de déni
Nous avons évité en France, comme à peu près dans toute l’Union européenne, la moindre réflexion collective sur les questions militaires pendant trois décennies, parce qu’elles nous ramenaient manifestement à un passé que nous voulions révolu : celui de la guerre comme résolution par la violence de nos conflits. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, aussi brutale qu’inattendue, nous a pris en traître et remis en face de la réalité.
Et comme j’appartiens à cette génération d’officiers qui a plié l’armée française « conventionnelle » pour la transformer en un corps expéditionnaire léger – en l’absence d’ailleurs de tout débat –, j’ai une sensibilité particulière à cette culture du silence qui pénalise l’armée, mais plus encore notre société.
Impliquer notre société dans les questions militaires constitue le premier défi auquel nous sommes confrontés
Le chancelier allemand Olaf Scholz l’a remarquablement résumé d’une phrase, « nous avons cru que nous n’avions plus d’ennemis… ». Mais que faisons-nous depuis cette révélation pour sortir de cette fiction aussi dangereuse qu’anesthésiante ?
En réalité, l’essentiel des questions militaires et plus largement de défense restent en France l’apanage, pour ne pas dire le monopole, du président de la République qui appréciait encore récemment d’être qualifié de Jupiter… Plus sérieusement, face à une société française qui découvre qu’elle n’a plus de culture militaire tandis qu’elle manifeste un intérêt certain pour la guerre en Ukraine, ces questions de défense ne peuvent être trustées plus longtemps par l’Elysée, elles doivent maintenant être largement partagées. Impliquer notre société dans les questions militaires, parce que son existence même en dépend, constitue le premier défi auquel nous sommes confrontés.
J’ai noté à ce sujet l’évolution sidérante des Verts, qui constituent un courant aussi structurant que déstabilisant par les questions d’avenir qu’ils posent. Ils se sont investis dans ces affaires de sécurité au sens large et un de leurs leaders, Yannick Jadot, s’est exprimé avec une réelle clarté sur le soutien à apporter à la résistance des Ukrainiens. Un changement d’ère ?
Seule l’Union européenne a la dimension suffisante pour financer une défense crédible
Face à cette crise, la société française s’implique plutôt avec énergie, et les politiques qui n’avaient cessé de valoriser Poutine sont régulièrement fustigés, tandis que la plupart agissaient par intérêt personnel bien plus que par conviction. Je pense notamment à tous ceux, d’Hubert Védrine à Nicolas Sarkozy en passant par Marine Le Pen, qui n’ont cessé de vouloir nous rapprocher de ce mafieux aux méthodes de terroriste, plutôt que nous recommander de l’empêcher de nuire.
Pour autant, notre société n’a pas encore pris la mesure des conséquences de cette guerre en termes militaires, la première d’entre elles étant sans aucun doute de bâtir enfin une défense pour l’Union européenne qui ne soit pas réduite à des « initiatives » aux noms incompréhensibles et sans grande utilité…
Lire aussi : La guerre en Ukraine peut-elle sortir la défense européenne de l’ornière ?
Un triptyque de défense complet et crédible
En effet, le premier « enseignement » de la guerre russe contre l’Ukraine est que nous – Français – n’avons pas les moyens de nos ambitions (notamment) en termes de défense.
Un système complet et crédible de défense nécessite globalement trois composantes essentielles : un dispositif de dissuasion nucléaire – qui ne servira jamais à faire la guerre et ne devrait pas être considéré comme une arme –, une armée blindée capable de mener un combat de haute intensité (c’est celle-ci que ma génération a fait disparaître et qui pourtant fait rage en Ukraine) et un corps expéditionnaire léger capable d’intervenir, sans délai mais temporairement, dans une crise civile ou militaire.
Seuls les Etats-Unis disposent aujourd’hui d’un tel dispositif, avec peut-être la Chine à un moindre niveau, mais le doute subsiste quant à son corps expéditionnaire. Rien que la première composante, la dissuasion nucléaire, nécessite un effort financier qui se compte en dizaines de milliards € et qui n’est plus à la portée d’une puissance moyenne comme la France, même si elle se raconte le contraire.
La dissuasion nucléaire est un système global qui ne repose pas seulement sur le fait d’avoir « deux sous-marins à la mer », mais bien de maîtriser un ensemble qui va de la détection de la menace à la capacité de ne pas être neutralisable.
Une dissuasion nucléaire indispensable mais trop coûteuse pour une nation moyenne comme la France
J’ai longtemps pensé le contraire, mais nous ne pouvons pas nous passer d’une dissuasion nucléaire face à une menace de ce type. Cependant, la guerre en Ukraine a montré aussi que le nucléaire ne suffisait pas à éviter la guerre, ni à la gagner… Le nucléaire peut simplement éviter d’avoir à céder au chantage d’une menace de ce type, comme ce n’est pas privé de le faire V. Poutine au cours de ces longs mois de guerre.
Une dissuasion nucléaire efficace et durable impose aujourd’hui de rassembler une partie de l’Union européenne, celle qui le souhaite, pour se protéger d’une menace de dévastation et réunir les moyens financiers nécessaires.
« Impossible » de partager un tel outil de souveraineté ? Mais tout cela est justement une question de possibilités.
A défaut de moyens suffisants, la France se paie une dissuasion nucléaire au détriment de son outil militaire. Si les dépenses afférentes à cette dissuasion n’étaient pas habilement camouflées sous d’autres registres, comme le Commissariat à l’énergie atomique, elles nous apparaîtraient disproportionnées par rapport à ce que notre société peut se payer et elles assèchent littéralement les armées. Ces dépenses nucléaires sont largement supérieures aux 13 % affichés du budget des Armées et représentent probablement plus du tiers de l’effort consenti par la nation à sa défense, sans compter ses effets collatéraux, notamment toutes ces unités militaires consacrées à protéger ou à accompagner ce système nucléaire de non-emploi.
Autrement dit, pour continuer à se payer une dissuasion nucléaire, il est nécessaire d’en partager les coûts tandis que nos voisins ne peuvent plus éluder cette situation alors qu’ils se sont sentis largement menacés aussi par la Russie.
Quant au système de décision ultime – qui appuierait sur le « bouton » ? – le véritable obstacle à son analyse est notre incapacité à reconnaître l’insuffisance de nos moyens « franco-français » : nous entretenons en effet une notion de « souveraineté » dépassée si nous voulons enfin construire une communauté de défense à la hauteur de enjeux européens. Soulignons à ce titre qu’Ursula von der Leyen est au moins aussi crédible qu’Emmanuel Macron lorsqu’il s’agit de prendre une décision difficile.
Une Loi de programmation militaire sans débat et qui néglige l’armée de terre
Il est frappant d’observer l’inadaptation de la loi de programmation militaire (LPM), que vient d’adopter la France, à la situation que la guerre en Ukraine nous impose. Cette LPM adoptée en 2023 prévoit les équipements structurants de l’armée française jusqu’en 2030. Certes, l’effort budgétaire est considérable (+ 50%), aux limites de ce que nos finances publiques peuvent soutenir, mais cette LPM brille par son absence de toute initiative européenne, et plus encore par la faiblesse de l’outil militaire de combat. Non qu’il faille constituer l’équivalent des divisions russes qui se font actuellement dessouder par les soldats ukrainiens, mais comment ne pas remarquer que l’armée de terre n’a pas le rôle central qu’elle aurait à jouer dans une telle guerre ?
Je déteste les guerres de chapelles, bien trop présentes dans mon passé militaire. Chaque armée et chacune de leurs armes sont importantes, c’est l’ensemble qui constitue un « corps de bataille ». Mais qui mène les combats aujourd’hui en Ukraine ? Les navires ukrainiens ? Non, ils sont quasiment inexistants face à la « prestigieuse » flotte russe qui apparaît bien inutile dans ces combats sauf à se faire attaquer par des drones sans équipage. L’aviation ukrainienne ? Elle réclame quelques dizaines de F16 pour frapper dans la profondeur et appuyer ce que les combattants mènent au sol : la guerre.
Même les Américains ont compris après leurs nombreux échecs militaires que la guerre ne peut pas être gagnée par des frégates ou des avions de combat. Ces derniers y contribuent à condition de ne pas assécher la composante centrale d’une armée : l’armée qui se bat au sol, « l’armée de terre », celle qui gagne ou qui perd la guerre.
Or l’armée de terre française est, contre toute attente, la grande perdante de cette loi de programmation militaire : de fait, elle a été privée du débat que la guerre en Ukraine aurait dû obliger à tenir. Et elle ne pourra pas le rattraper, d’autant que sa culture du silence lui interdit d’expliquer ses enjeux et de convaincre une société – et donc des décideurs politiques – avec qui elle ne débat quasiment jamais…
J’ai déjà évoqué la dissuasion nucléaire, qui ne peut pas constituer une armée puisqu’en aucun cas elle ne doit être utilisée. Mais prenons quelques instants pour réfléchir à cette armée de terre qui n’aurait pas pu mener, dans sa configuration actuelle, plus de deux semaines de combat comme ceux menés en Ukraine [déclaration du général Burkhard, chef d’état-major des armées en mars 2022].
Toute sa composante blindée « lourde » a en effet été pliée par ma génération : exit les chars de combat (il en restera 200 dans la LPM et plutôt dépassés), exit l’artillerie qui est pourtant majeure dans ces conflits (une centaine de canons tout au plus), et a peine réanimée une défense sol-air qui avait quasiment disparu pendant deux décennies.
Des Airbus de l’armement pour remplacer les « manufactures » nationales et des citoyens de l’Union européenne dans l’armée française
Une armée solide, qui peut tenir et faire reculer un empire menaçant, se compte en milliers d’exemplaires de ces matériels structurants. Cela signifie aussi que les matériels « nationaux » qui sont l’essentiel de la nouvelle LPM, devraient laisser la place à des armements européens que seuls des Airbus de l’armement devraient être autorisés à fabriquer désormais, pour éviter les effets délétères des séries trop limitées, en taille comme dans le temps.
L’exemple parfait en est le char Leclerc : comment conserver dans l’avenir un matériel aussi spécifiquement français et qui fera l’objet d’à peine une évolution majeure quand le Léopard construit en milliers d’exemplaires pourra être modernisé deux à trois fois dans le même temps ?
Désolé de l’écrire crûment, mais « l’indépendance » de l’avionneur Dassault nous mène tout droit « dans le mur » si nous ne transformons pas maintenant cette entreprise en un groupement européen, que ce constructeur le veuille ou non, alors qu’il dépend quasi exclusivement de commandes publiques…
Lire aussi : La guerre en Ukraine est d’abord un défi pour l’Europe
La défense nécessite des moyens considérables, que nous n’avons plus mais que nous pouvons mettre en commun avec d’autres nations européennes qui sont irrémédiablement liées dans un destin commun. Comment ne pas être admiratif de la solidarité dont les pays membres de l’UE font globalement preuve vis-à-vis de l’Ukraine au grand dam des extrémistes de tous bords qui voulaient nous faire croire que nous n’étions pas concernés par ce conflit aux portes de nos cités ?
N’est-ce pas le bon moment pour proposer aux citoyens de l’Union européenne qui résident en France de pouvoir s’engager dans son armée (ou sa réserve) comme une amorce d’armée européenne ?
Une défense sol-air européenne contre les missiles et en particulier contre les drones
La guerre en Ukraine nous montre aussi comment un empire hostile peut largement bombarder un territoire par les airs sans même s’en approcher, avec des missiles et des drones en tous genres. Or depuis longtemps les pays européens ont renoncé à construire un parapluie sol-air efficace. Certes, les experts le savent bien : il n’existe aucun parapluie étanche capable de protéger tout et contre tout, mais faut-il pour autant renoncer à des solutions intermédiaires ?
Il existe aujourd’hui une assez bonne coopération au niveau de l’OTAN sur la gestion de l’espace aérien, et la capacité d’aller intercepter, avec des avions de chasse, un vol qui pourrait être hostile. Néanmoins ce dispositif est largement inadapté pour contrer des missiles ou des drones, qui sont difficiles à détecter et plus encore à neutraliser. Certes, les Ukrainiens ont constitué une solide défense sol-air contre ces menaces, mais elle ne couvre en fait qu’une partie du pays et elle nécessite des moyens disproportionnés, plusieurs couches de défense à superposer, du canon au missile Patriot.
Un réseau européen de détection et de protection des zones les plus sensibles serait un atout face à des menaces qui ne relèvent plus désormais de la science-fiction. Un missilier européen comme MBDA est relativement avancé, même si ses derniers systèmes – comme le MAMBA – sont encore loin derrière les performances du Patriot américain, conséquences là aussi de développements trop réduits. Un tel réseau européen serait une initiative concrète et bienvenue dans un monde où la menace des drones en particulier ne risque pas de s’éteindre avec la guerre en Ukraine…
Lire aussi : Comprendre en quelques mots les armements utilisés dans la guerre de Poutine contre l’Ukraine
Une résistance ukrainienne largement soutenue par une coalition d’alliés qui joue un rôle clef
La résistance des Ukrainiens constitue un autre aspect structurant de cette guerre. J’avais pourtant écrit, au début de ce conflit, que les Ukrainiens ne pourraient pas résister à la puissance des armées de Poutine. J’avais tort !
Mais cette résistance des Ukrainiens – leurs combattants ont stoppé l’invasion de leur pays et s’efforcent de chasser les envahisseurs – s’est appuyée sur plusieurs facteurs cruciaux : en premier lieu, le soutien de plus de cinquante pays, dont pratiquement tous ceux de l’Union européenne et des Etats-Unis, est déterminant. Notons au passage comment la Suisse fait exception pour privilégier sa « neutralité » à moins que ce ne soit sa prospérité, comme si elle pouvait perdurer dans un environnement en guerre…
De toute façon, les Ukrainiens n’auraient pas résisté avec autant d’efficacité s’ils n’avaient pu bénéficier d’un tel soutien qui de plus s’est maintenu dans la durée.
Plus que jamais nous avons besoin d’alliances, nous avons besoin des « autres » pour constituer des collectifs puissants et déterminés, capables de défendre leur société au-delà des limites étroites du jardin particulier de chacun. Nous avons trop entendu les défenseurs de Poutine et du chaos que nous n’étions pas concernés par cette guerre, nous devons désormais être capables de prévenir une crise ou d’intervenir aussi puissamment et efficacement que la défense de notre existence le nécessitera.
Une Garde européenne, corps intermédiaire entre une armée professionnelle limitée en nombre et une société civile déconnectée des sujets militaires
Un autre facteur essentiel de la résistance ukrainienne est la formidable mobilisation de sa société. Cette guerre nous rappelle l’importance de pouvoir compter sur des hommes et des femmes dont les armes ne sont pas le métier. Si la France dispose aujourd’hui d’une armée de métier de très grande qualité, elle n’a plus aucun « corps intermédiaire » entre celle-ci et la société. C’est d’autant plus gênant que cette armée est réputée la protéger, comment peut-elle en être aussi éloignée ?
Sans reconstituer un ruineux et inefficace système de service militaire, pourquoi ne pas réfléchir plus avant à un dispositif ouvert de « Garde » pour relier notre société à cette armée de métier ? Nous avons besoin d’un « corps intermédiaire » qui permette de répondre d’une part à l’envie légitime d’une partie de la population de participer à sa protection en renouant avec une culture militaire, et de créer d’autre part un potentiel d’hommes et de femmes capables de s’impliquer directement si cela devait être nécessaire.
Cette Garde, à construire sur un modèle et à l’échelle européenne, constituerait d’abord un lieu de partage et d’acculturation aux questions militaires et de défense, là où les modèles actuels de réserve ne servent qu’à enrôler quelques profils qui font envie aux Armées ou dans une autre version à resocialiser une partie de la population quand la société a échoué… Une Garde utile pour la défense de notre société ne peut être ni un club d’amateurs éclairés, ni une maison de redressement.
Le rôle crucial des femmes pour rééquilibrer ce dispositif de défense
Et c’est là un facteur essentiel de sécurisation de notre société : le rôle des femmes dans cette réappropriation de la culture militaire. Elles sont « juste » la moitié de notre société, elles sont le facteur d’équilibre et de complémentarité qui permettent une réelle efficacité à n’importe quelle organisation collective. Alors, comme les Ukrainiens, exigeons que les femmes occupent un place indispensable dans ce système militaire, tandis que l’actuel ressemble encore trop à un marigot de crocodiles machos…
Un dispositif équilibré et partagé de défense de notre société ne peut pas s’entendre s’il n’est pour commencer à parité (homme-femme), que ce soit pour les décisions comme pour l’action. La guerre en Ukraine est l’occasion de reconstituer une société équilibrée qui sache et qui veuille se défendre, sans dépendre dangereusement d’une super-puissance bien intentionnée mais aussi lointaine qu’incertaine. Nous sommes et nous serons toujours confrontés à des empires menaçants qui ne nous laisseront jamais profiter « tranquillement » de notre incroyable prospérité… Un système impliquant et étendu de défense en est le prix à payer.
A lire dans la revue de géopolitique Diploweb dirigée par Pierre Verluise (en accès libre)
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Bonjour, M Ancel,
Deux de vos phrases m’interpellent :
1 « En réalité, l’essentiel des questions militaires et plus largement de défense restent en France l’apanage, pour ne pas dire le monopole, du président de la République »
2 « L’invasion de l’Ukraine par la Russie, aussi brutale qu’inattendue, nous a pris en traître et remis en face de la réalité. »
Elles nous ramènent directement au livre de S Kaufmann « les Aveuglés » que je viens de lire avec attention.
Nos dirigeants ne sont pas des Jupiters isolés. Ils bénéficient de services de renseignements sophistiqués et partiellement mutualisés au niveau de l’OTAN, de toute une armada de conseillers en tous genres professionnellement aguerris et se consultent entre eux régulièrement. Comment expliquez vous que malgré cela, M Macron tout comme Mme Merkel aient été surpris, qu’ils n’aient rien vu du jeu de Poutine qui pourtant ne le dissimulait pas beaucoup, avec qui ils ont échangé en tête à tête pendant des dizaines d’heures ? Qu’ils se soient entêtés sur une seule voie, la négociation et le commerce, sans jamais évoquer la possibilité qu’elle échoue ? Je ne reproche pas à M Macron d’avoir négocié jusqu’à la toute fin, c’était dans son rôle. Mais ne pas avoir vu clair, n’avoir jamais anticipé son échec, n’avoir préparé aucun plan B, cela doit lui être reproché. Surtout en regard à votre phrase citée plus haut. Juger son interlocuteur, deviner ce qu’il ne dit pas, ses vraies intentions, sa sincérité, cela fait quand même partie de l’ABC du métier de négociateur. Dans le cas de l’Ukraine, le plan B tenait en une phrase : « que faisons-nous, que peut faire notre armée si Poutine décide d’utiliser la sienne, comme il le menace ? ».
21 mois après le cinglant désaveu du 23 février, l’invasion brutale mais pas inattendue de l’Ukraine, le plan B ne semble pas encore à l’ordre du jour. L’erreur devient une faute. J’aimerais votre opinion sur ce point déterminant. Merci
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Difficile de répondre à cette question cruciale sur l’aveuglement, car après coup nous sommes tous (ou presque) lucides, mais avant que ces événements ne se produisent, qui voulait y croire ?
Les Américains criaient au loup, les corrompus comme Védrine nous racontaient qu’il fallait fermer les yeux tandis que les ambitieux comme Macron se jetaient au coup de Poutine pour s’en faire un ami…
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Bonsoir Guillaume
Je lis ou relis ton article du 10/09/2023, à l’occasion de l’adition de sa version en anglais.
Je trouve que ton propos est CLAIR, ou plutot très éclairant et décris parfaitement la situation.
La seule solution se situe à présent au niveau européen !
Il est inouï que nos dirigeant français continuent à raconter que la France est une « grande puissance » etc et continue à défendre des « solutions » (qui n’en sont plus) exclusivement nationales. Pourquoi un tel aveuglement ou de tels mensonges ?
Je me permets de souscrire à 100% à ton propos;
Surtout MERCI !!!! François
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Bonjour Guillaume Ancel,
A propos de l’idée de « Garde européenne » que vous lancez, un post de l’Academ ce jour sur X informe de la prochaine tenue (28/11) d’un colloque « Sur les forces morales de la Nation », » Principalement articulé autour de deux tables rondes sur l’engagement de la société civile en faveur des forces armées et sur les modèles d’engagement citoyen ».
A priori, l’initiative paraît opportune, et intéressante. Je serais heureuse de savoir ce que vous en pensez, et si vous envisagez d’y assister. Auquel cas, un article sur votre blog serait le bienvenu.
Bien cordialement,
Anne-Marie Siramy
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Bonjour Anne-Marie
Je ne suis pas invité, mais j’espère que l’idée dont j’ai parlé avec le patron de l’armée de terre et le président de la commission de la defense « prospérera » , de même que celle d’ouvrir aux citoyens européens la possibilité de s’engager dans l’armée française ou sa réserve.
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Bonjour, et merci pour votre réponse. Espérons donc que vous ayez été entendu !
J’espère que les verbatim seront transcrits et diffusés sur demande.
Je vais en faire la demande au service documentation de l’Academ, armée de la naïveté innocente dont l’âge n’est pas venu à bout !
Bien cordialement,
Anne-Marie
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@PHILIPPE NOE, bonjour. Votre commentaire n’étant pas relié au sujet de l’analyse de cet article, je n’ai pas posé une question en rapport avec votre meilleure compréhension des évènements. En revenant sur cet article, puis après avoir zieuté en diagonale votre site, ça me tracasse un peu. Désolé d’être à mon tour hors-sujet, mais si ce qui suit pose problème, j’espère que Guillaume Ancel saura faire la part des choses en ne validant pas mon commentaire. Je manque peut-être d’éléments et je sors complètement du sujet initial: l’Ukraine.
Ce qui se passe au Niger est problématique pour le Niger et les Nigeriens. Un putsch militaire a conduit à l’isolement d’un président élu constitutionnellement dans sa résidence et à l’arrestation de ses représentants politiques à Niamey. Il refuse de démissionner, avec des conséquences pour sa vie et celle de sa famille.
La junte prenant le pouvoir par l’usage de la force, soutenue par des milliers de manifestants avec des drapeaux russes, s’est ensuite ralliée au Mali et au Burkina Faso dans une entente stratégique défensive, contre la CEDEAO et contre l’occident.
Pourriez-vous m’éclairer (si mon commentaire apparait, hors-sujet) sur votre cheminement personnel qui explique l’origine du putsch. Pour parler clairement, je ne percute pas comment (vos articles) une allégeance à la méthode wagneriste aurait pour origine une destabilisation volontaire outre-atlantique.
Expliquez-moi s’il vous plait. J’aimerais relier les causes et les effets grace à votre logique explicative. Vous comprenez tout de suite, il me manque vos éléments qui mènent au résultat aujourd’hui.
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Pour moi l’OTAN est un piège sécuritaire accroché au passé de la fin de la deuxième guerre mondiale.
Cet équilibre est rompu, mais on n’en tient pas compte. L’Europe se repose sur les USA, comme un enfant sur ses parents.
Pourtant la population d’Europe est plus nombreuse que la population nord américaine et encore plus nombreuse que la population de la fédération de Russie. Sur le papier, l’Europe est potentiellement la première force humaine occidentale avec environ 600 million d’habitants. Son seul problème, et pas le moindre, est sa division politique entre états, malgré des signes encourageants.
Que ferait la Russie si 1 % de la population d’Europe marchait pacifiquement, sans armes, sur Moscou, soit 6 millions de personnes. C’est impensable me dirait vous. Et vous avez raison car on n’a jamais réfléchi à de telles organisations. on dit que c’est impossible et donc c’est impensable.
La Russie y a bien pensé à travers des afflux d’immigrés aux frontières européennes, mais dans de bien plus faibles proportions.
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@CATTIER Emmanuel. Bonjour. Si mes propos choquent, je vous présente mes excuses par avance.
« Cet équilibre est rompu, mais on n’en tient pas compte. L’Europe se repose sur les USA, comme un enfant sur ses parents. »
Je partage complètement le rapport enfants-parents que vous constatez avec objectivité. Je suis d’accord avec vous sur le constat, moins optimiste pour résoudre la chose.
La Suède et la Finlande rejoignent l’OTAN après 7 décennies de neutralité. L’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie (même hors UE) espèrent un jour se protéger de la Russie en rejoignant l’alliance un jour. L’équilibre etait rompu durant les dividendes de la paix, années 90 et 2000, après c’est moins simple. Depuis 2014 dans le Donbass, l’équilibre rompu n’est plus partagé par tous, arguments factuels à l’appui. Ce sont les Polonais, les Baltes, les Finlandais et les Suédois qui tiquent. Ils sont en Europe géographique.
A tort ou à raison, la majorité des nations souveraines de l’UE achète du matériel US, directement ou par fabrication-maintenance sous license (Joint Strike Fighter). Depuis la chute du bloc de Varsovie, les interactions de l’Europe de l’est avec les USA (intégration OTAN, équipements, bouclier anti-missiles et bases avancées) sont telles que toutes les tentatives européennes globales de defense commune, de programmation (MGCS, SCAF, Eurodrone, Patmar, Sol-Air,..) prennent un temps fou, quand la BITD US ne court-circuite pas les marchés avant pour son compte. Sans aucune difficulté. Dans toute l’Europe, pas qu’à l’est. A tort ou à raison, d’accord ou pas d’accord, je fais une observation qui tient compte des décisions souveraines des exécutifs concernés. Je ne vois pas les choses changer, sauf si Trump reprend la Maison-Blanche en 2024 et qu’il fait n’importe nawak, du Trump.
Si demain matin, j’ai l’étoffe et la capacité de dire « ça suffit, arrêtons nos bêtises et suivez-moi », je me doute que l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark, la Belgique, l’Autriche, la Grèce, la Pologne, la Roumanie et les pays baltes vont tous répondre « d’accord chef, guide nous vers la lumière ». Les Français vont adorer. En attendant demain, je ne peux que penser que j’ai raison quand les autres ont tous tort. J’en déduis que si pro OTAN, il me faudra composer avec OTAN+UE pour une défense européenne « crédible » un jour. Si anti OTAN, il va falloir changer toutes les mentalités à mon image. Pas facile… Mon observation est peut-être valable aussi pour d’autres gens plus charismatiques et plus qualifiés. Avec les meilleures intentions du monde, ils pourront soulever des montagnes… Allez, on se reveille!
Votre solution par marche pacifique n’est ni impossible, ni impensable à mes yeux. Je respecte sincèrement votre approche pacifiste, mais je crains que vos 6 millions de volontaires ne représentent pas la majorité des pensées en Europe. Avant même qu’ils débattent contradictoirement avec les Russes chez les Russes, ils devraient convaincre quelques Polonais, Finlandais, Baltes, Allemands, Français etc… J’ai un petit doute sur l’objectif final commun partagé ici, en Europe, et là-bas, en Russie. La 1ere chaine TV russe a envoyé des pubs explicites et les éditorialistes n’ont pas la même vision que vous sur la relation Russie > Europe. Les Russes en désaccord avec la Doxa sont arrêtés, jugés, condamnés, déportés. Bon courage. Votre intention est respectable, vous savez déjà la suite. Les autres aussi, alors les uns regardent vers l’OTAN, les autres font profil bas.
« La Russie y a bien pensé à travers des afflux d’immigrés aux frontières européennes, mais dans de bien plus faibles proportions. »
Les migrants venaient d’ailleurs par entremise biélorusse. L’objectif était la destabilisation à longue échéance. Pas très constructif pour rapprocher les peuples. Je constate au passage que ces migrants n’ont pas fait d’escale retour à Moscou, pour une bonne nuit d’hôtel et un café chaud. Je ne saisis pas le rapport entre votre marche de 6 millions d’Européens vers Moscou pour stopper la guerre puis rassembler, et l’envoi massif de Musulmans d’ailleurs en Europe.
A une frontière russe, 6 millions d’européens pourraient surement attirer l’attention de la TV russe. Quelles seraient les interprétations qui en découlent ? On passerait pour qui chez eux ? Les enfants russes des écoles primaires qui apprennent la guerre et le pas cadencé entendraient quoi dans les téléviseurs ? Bonne chance !
Désolé pour cette longue réaction à votre commentaire, j’espère ne pas vous avoir blessé. Si c’est le cas j’en suis désolé. Cordialement.
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Vous ne m’avez nullement blessé. Je suis même surpris d’avoir une réponse ! Vous avez parfaitement développé ce que je disais (en corrigeant ma faute d’orthographe) :
« C’est impensable me direz-vous. Et vous avez raison car on n’a jamais réfléchi à de telles organisations. on dit que c’est impossible et donc c’est impensable. »
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Bonjour,
D’accord dans l’ensemble. Dans une contribution placée au mauvais endroit (désolée, 77 ans, néophyte dans le maniement des blogs et réseaux sociaux !), je plaide pour un débat public européen sur notre système de défense, aboutissant à un référendum au sein de l’UE, débat dont les conditions ne sont pas réunies.
Je suis résolument pro-européenne, convaincue de la nécessité de construire une Europe confédérale. Force est de constater, en l’état présent, qu’il n’en est rien; s’agit-il seulement d’un objectif partagé ? Je crois qu’il faut se battre pour cela.
Et aussi pour un fonctionnement plus ouvert et plus démocratique de nos propres institutions.
Jean Monnet pensait qu’en créant la CECA – communauté européenne du charbon et de l’acier pour les plus jeunes – le libre échange au sein de l’Europe allait engendrer la paix.
Funeste erreur. Paradoxalement, la libéralisation des échanges mondiaux suscite les conflits ! la reconstruction de l’Ukraine est d’ores-et-déjà motif à une guerre économique sans merci entre les USA et l’UE, comme d’ailleurs entre les pays membres de l’UE.
L’Europe politique ne peut advenir que par la volonté librement consentie des peuples européens.
C’est un combat de longue haleine, dans un contexte social et politique qui fait redouter le pire en France comme en Europe.
Aux armes, et coetera (je ne plaisante pas !)
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« piége sécuritaire accroché au passé » et bla bla
en tout cas, l’invasion russe de l’ukraine n’est pas accroché au passé, elle est réelle
alors bon, si vous voulez organiser des marches de la paix pour changer la donne, et bien, on va vous laissez avec vos doux rêves
pour ma part, je pense que tant que l’europe n’est pas une puissance militaire au même titre que sa puissance économique, et bien, faisons avec l’otan
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Votre message est en harmonie avec votre photo de profil …
L’invasion russe est bien réelle, certes, et l’OTAN joue un rôle important pour la défense militaire de l’Ukraine, et la plupart des pays d’Europe cherchent à se rallier à l’OTAN, je vous l’accorde, comme des poussins sous la poule. Je reconnais que les autres alternatives ne sont pas mures, et celle que je propose encore moins. Mais toute invention commence par un doux rêve.
Par exemple pendant des millénaires pouvoir voler fut un doux rêve humain. Les « réalistes » renvoyaient Icar aux « imbéciles » qui rêvaient. Aujourd’hui qui sont les imbéciles ? Ceux qui se moquaient de ces rêveurs.
De telles marches pacifiques sont probablement plus accessibles à l’entendement que de rêver de voler dans l’antiquité. D’ailleurs les campagnes militaires reposent sur des marches, mais armées. Les marches pacifiques ont tendance à hérisser le poil de ceux qui s’accrochent au pouvoir par la force armée. Ce n’est pas neutre. On l’a encore constaté récemment.
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« Que ferait la Russie si 1 % de la population d’Europe marchait pacifiquement, sans armes, sur Moscou, soit 6 millions de personnes. C’est impensable me dirait vous. » C’est pensable, ça s’appelle du suicide collectif.
« La Russie y a bien pensé à travers des afflux d’immigrés aux frontières européennes, mais dans de bien plus faibles proportions. » Et avez vous vu la réaction de la Pologne?
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« ça s’appelle du suicide collectif. »
Sous un certain angle certainement. Mais tout dépend de la façon dont c’est organisé. On n’est pas obligé d’être bête et de foncer tête baissée sous les mitrailleuses ennemies. Il y a de multiples manières de converger vers une ville.
Souvenez vous d’un certain général qui avait appelé les Français à bloquer l’autoroute contre les putchistes d’Alger. Les appelait il à un suicide collectif ?
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« Sous un certain angle certainement. Mais tout dépend de la façon dont c’est organisé. » Non tout dépend contre qui vous tentez ça et la réaction en face.
« Souvenez vous d’un certain général qui avait appelé les Français à bloquer l’autoroute contre les putchistes d’Alger. Les appelait il à un suicide collectif ? » Je ne savais pas que le putsch avait réussi… sans doute grâce à votre formidable tactique.
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Bonjour.
En dehors des clivages idéologiques éventuels dans la génération actuelle en France, qui pourraient retarder des mises à niveau nécessaires des outils de défense, l’aspect budgétaire posera des questions et des limites. J’ai une vue transversale sur l’Europe de la défense possible, qui ne peut se soustraire à l’OTAN ou remettre l’alliance Atlantique en question, par compétition sous-jacente. Mon commentaire « rookie » a pour fondement une Europe de la défense efficace combinée à l’organisation de l’alliance, par esprit de complémentarité sans subsidiarité. Je m’excuse si ça choque, quand la dissuasion nucléaire nationale nécessaire coûte un bras chaque année, quand les navires de 1er rang sont limités, quand l’attrait des carrières militaires interroge parfois.
Les coûts des investissements RD, des productions, des MCO et RH sont tels avec l’hybridation des conflictualités et les instabilités géostratégiques actuelles, que vouloir tout faire tout seul relève de l’inconséquence. Inconséquence financière, inconséquence tactique, risque diplomatique donc effet sur les échanges ensuite. On peut se renforcer à 360 degrés à court terme en solo, ça pourrait devenir contre-productif plus tard.
Si par contre, un approfondissement poussé des interopérabilités avec les alliés peut évidemment répondre à des menaces stratégiques à dissuader, des emplois combinés d’outils autorisent des choix moins quantitatifs dans les programmations. Prenons l’exemple de la cavalerie (pas mon domaine évidemment) : 200 Leclerc peuvent paraître limite-limite en cas de conflit symétrique qui dépasse la durée d’un jeu vidéo, quand 200 Leclerc dans une task force avec des Léopard ou/et des Abrahms font moins « 14 juillet » face à une offensive adverse conséquente. De la même façon, les moins de 200 Rafale dans l’AAE et MN présentent des craintes de résilience évidentes si conflit majeur, mais des strikes combinés avec F-35 OTAN ou UE optimisent tactiquement les possibilités de domination aérienne, de frappe en premier, d’interdiction. Il y a beaucoup d’exemples à formuler, mais le commentaire est déjà long.
Je crois subjectivement, mon expérience militaire n’étant pas formidable, que des connexions accrues fortement pourraient, hors choix des matériels par les autres et nous, hors débat sur la conscription, hors limitations budgétaires et choix drastiques inhérents, créer un esprit de défense ici et ailleurs où les résultats tangibles sur les terrains passent mieux que les intentions et débats. Ça fait un moment que l’Europe passe pour un open bar avec ses querelles de clochers, alors que matériellement et humainement parlant, l’addition des moyens et des compétences pourrait se transformer en facteur multiplicateur moins sujet aux sacrifices économiques.
Ensuite, après seulement, les faits avant les déclarations pourraient engendrer des implications plus poussées des sociétés civiles, sans grands chamboulements que j’appréhende un peu avec crainte ici et chez des voisins.
Avec plus d’interoperabilités, 1+1=3 pour le même tarif.
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Tout ce que vous souhaitez existe ça s’appelle l’OTAN.
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@Mouren.
Merci pour la réponse rapide. Pourriez-vous me citer un avion de chasse, un bombardier, une frégate, un char d’assaut, un fusil ou une grenade créé(e) puis fabriqué(e) par l’OTAN ?
https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_49137.htm
L’OTAN est une alliance qui utilise des moyens humains et matériels pour optimiser la défense commune. L’OTAN rapproche les doctrines d’emplois et bonnifie les capacités de chacun, par connexions et partages operationnels. Pour la programmation et la mise en oeuvre ensuite, c’est à dire la capacité de base, on en est où ? Avec quel fric ?
L’UE atteint avec peine la phase 1.2 du programme MGCS en finançant. Avec du pognon. L’UE finance la production de l’eurodrone qui arrivera un jour dans des nations OTAN. Avec du pognon. Quelle est la part de financement propre de l’OTAN dans les programmes européens ou américains ou canadiens ?
Qui paye les salaires des soldats americains, anglais, allemands, français, espagnols, turques, italiens, polonais, etc…?
Pour résumer, quelle est la part du financement propre OTAN dans le budget de toutes les armées depuis sa création ? oO
L’Europe de la défense, c’est un peu la BITD européenne pour moi, mais je me trompe sûrement. Ça ne passe pas inaperçu dans les bilans comptables annuels. Merci pour le rappel et l’explication exhaustive. La capacité de financement n’est qu’un détail.
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@Howk
« Merci pour la réponse rapide. Pourriez-vous me citer un avion de chasse, un bombardier, une frégate, un char d’assaut, un fusil ou une grenade créé(e) puis fabriqué(e) par l’OTAN ? » Je ne peux pas et je ne parle pas de ça. L’interopérabilité que vous souhaitez existe déjà, c’est ce dont je parle.
« L’UE atteint avec peine la phase 1.2 du programme MGCS en finançant. » La France et l’Allemagne, deux pays allergiques à toute dépense sérieuse dans la défense qui en plus ne s’entendent pas vraiment sur la poursuite du projet.
« L’UE finance la production de l’eurodrone qui arrivera un jour dans des nations OTAN. » La France l’Italie et l’Allemagne, pas l’UE.
« Quelle est la part de financement propre de l’OTAN dans les programmes européens ou américains ou canadiens ? » Je ne parle pas d’un éventuel finacement OTAN de programmes d’armement.
« L’Europe de la défense, c’est un peu la BITD européenne pour moi, mais je me trompe sûrement. » Pour les 26 autres état membres de l’UE l’europe de la défense existe, ça s’appelle l’OTAN. Là est notre problème.
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@Mouren.
Avant de reprendre point par point les détails remis en cause, je répète mon postulat de base en premier post, qui évidemment ne fait pas l’unanimité. J’estime d’une part que la défense européenne ne peut se batir en opposition à l’OTAN. L’Europe ne remplace pas, elle rend la défense globale efficace par programmes financés et interopérabilités intensifiées. D’autre part, je considère que du côté de l’ OTAN, on ne peut pas parler de vassalité à l’oncle Sam sans être en capacité technique d’apporter des solutions. Si l’augmentation des budgets de défense ici se résume à acheter plus US sans produire en commun, le concept d’alliance pose et posera des problèmes politiques rapidement. Encore une fois, chacun son libre-arbitre.
L’interopérabilité ne peut se réduire à des rencontres annuelles avec des matériels non reliés en réseaux de données. La rencontre très recente entre deux hauts gradés USAF et AAE, pour lancer des connexions temps réel entre F-35 et Rafale (par exemple induit), montre une volonté militaire programmatique commune pour les industriels de chaque bord, à moyen terme. Combien de F-35 en Europe ? Dans certains domaines, la liaison 16 mérite une mise à niveau dans les airs et sur mer, pour « aller vers » une interoperabilité plus complète, nécessaire lorsque haute intensité.
A Northern Light en 2003, au large de Rota en 2005 ou durant d’autres exercices combinés de navigation dans les années 2000, j’ai vu un petit peu d’OTAN sur le terrain. En 2023, j’apprécie de voir un haut responsable US parler de design pour rapprocher demain, parler de transmissions de données tactiques plus poussées dès aujourd’hui. Si les rencontres pendant 20 ans pouvaient se contenter d’exercices et de task forces où chacun fait son truc parmi les autres, les discussions actuelles n’auraient pas lieu entre alliés. De quelle interoperabilité parle t’on ?
La question amène à la capacité de financement pour RD, design, production et MCO de matériels qui permettent l’interopérabilité. Je partage (complètement) votre critique sur les desaccords répétés entre allemands et français (Scaf, Mgcs, Patmar, sol-air), aucune réprobation, mais sans programmes communs au final, l’interopérabilité dont vous parlez s’appelle du clientelisme et de la vassalisation tout court. Je ne vois pas la France capable de soutenir financièrement ses besoins à hauteur des enjeux technologiques toute seule, ou contre l’OTAN (commercialement parlant). La France en solo fournit quels matériels aux pays de l’alliance depuis 70 ans ? L’hélicoptère ASM Lynx, l’avion Alphajet, les fregates FDA et FREMM, sont des programmes partagés qui ont permis les débouchés et participé à la défense européenne, par le maintien de BITD croisées bilateralement. Le bilatéral sert le collectif.
Aucun financement UE pour l’eurodrone ? Aucun choix européen pour la motorisation ? Ah bon, d’accord…
Sans capacité de financement, donc sans capacité de RD et de production croisées, l’interopérabilité fait place à la dépendance totale et à l’incapacité future de se défendre sans la bénédiction des fournisseurs. Quand le dernier président US a reproché les coûts de l’OTAN aux USA et demandé une augmentation des budgets militaires européens dans la défense (3% PIB), c’était pour que l’interopérabilité passe par des standards exclusivement US? La réponse est oui, si le financement de nos capacités est inutile, hors-sujet. Ce n’est pas ça, l’interopérabilité, désolé.
L’UE n’a pas besoin de 26 États investisseurs pour financer un projet spécifique. L’eurodrone concerne quelques nations, l’UE participe aux décisions. Pour obtenir un budget, il faut plusieurs nations concernées, pas toutes. A combien s’élèvent les investissements français dans le prochain système sol-air européen conduit par l’Allemagne ? Même si la France et l’Italie s’appuient sur le SAMP-T en parallèle (avec 2 radars nationaux), l’addition de tous les systèmes (interconnexions possibles à l’avenir par liaisons de données) fait naitre un peu plus l’Europe de la défense, donc renforce la capacité de l’OTAN.
Je n’insiste pas pour convaincre, je relève seulement des raccourcis faciles. L’interopérabilité sans financement, c’est la dépendance. On ne parle pas de la même chose. Bonne journée.
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@Howk « J’estime d’une part que la défense européenne ne peut se batir en opposition à l’OTAN. » Admettons.
Par contre fonctionner par postulat c’est bon pour la théologie.
« L’Europe ne remplace pas, elle rend la défense globale efficace par programmes financés et interopérabilités intensifiées. » C’est ce qu’on voudrait faire. Mais force est de constater qu’en pratique il s’agit de coopération ponctuelle avec l’obsession des 26 autres membres de ne surtout pas concurrencer les USA.
« Si l’augmentation des budgets de défense ici se résume à acheter plus US sans produire en commun, le concept d’alliance pose et posera des problèmes politiques rapidement. » Les 26 autres pays membres n’ont aucun problème avec ça. C’est ça la défense européenne pour eux.
« Encore une fois, chacun son libre-arbitre. » Là encore navré mais je ne fais pas de théologie.
« L’interopérabilité ne peut se réduire à des rencontres annuelles avec des matériels non reliés en réseaux de données. » Il y a déjà des connexions bien en place à ce niveau.
L’OTAN ne cherche pas à standardiser ses pratiques depuis hier. Cela fait bien longtemps qu’elle le fait.
« La question amène à la capacité de financement pour RD, design, production et MCO de matériels qui permettent l’interopérabilité. » Les 26 autres pays de l’UE expliquent que pour ça il faut acheter US… sauf quand ça arrange leur propre industrie qui doit être la seule industrie non US où ils sont prêts à investir quand ils ont ce type d’industrie.
En l’état actuel des choses il y a et il y a eu des coopérations ponctuelles sur des programmes d’armement dans l’UE. A chaque fois les états exigent le principe du juste retour : retombées industrielles à proportion du financement, peu important que ça conduise à des surcoûts retards et problèmes techniques.
« Je ne vois pas la France capable de soutenir financièrement ses besoins à hauteur des enjeux technologiques toute seule » Tout dépend ce que nous définissons comme nos besoins. Nous sommes 7e PIB mondial avec un taux de prélèvement obligatoire record.
« La France en solo fournit quels matériels aux pays de l’alliance depuis 70 ans ? » Les pays de l’alliance veulent ils acheter français? La plupart du temps ils refusent par principe ou parce qu’ils ont une industrie. Donc votre question n’a aucun sens car elle présuppose que cet état de fait pourrait être de près ou de loin causé par la France.
« sont des programmes partagés » Ce sont des coopérations ponctuelles qui fonctionnaient quand il y avait un besoin commun et une maîtrise d’œuvre clair d’une des deux parties avec un budget et un cahier des charges réaliste. En gros sous la guerre froide ça fonctionnait, après non.
« et participé à la défense européenne » Ce type d’illusion est un exemple parfait du problème de perception en France. Nous nous illusionnons totalement. La preuve nous ne sommes pas plus avancé que sous la guerre froide malgré ces programmes. Pire nous régressons car à l’époque les programmes fonctionnaient.
Avec l’Italie, avec l’Allemagne, avec l’Angleterre ces programmes n’ont jamais été autre chose que des coups industriels et financier pour nos partenaires.
« Aucun choix européen pour la motorisation ? » https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/airbus-equipe-officiellement-l-eurodrone-d-un-moteur-italo-americain-929105.html
« c’était pour que l’interopérabilité passe par des standards exclusivement US? » Exactement. Ni les USA ni les 26 autres pays membres n’envisagent une OTAN à 50/50 entre UE et USA. Car les USA veulent nous imposer d’acheter chez eux. Et à part sur le pourtour de la Baltique les pays membres n’envisagent aucune remontée en puissance donc pas de réelle hausse de budget. A part nous le reste achète massivement US.
Exemple récent l’Espagne: 25 EF 2000, et… 50 F 35!
« Ce n’est pas ça, l’interopérabilité, désolé. » Ce n’est pas celle que vous souhaitez. Et vous faites une confusion entre interopérabilité et autonomie stratégique. L’un peu parfaitement aller sans l’autre.
« A combien s’élèvent les investissements français dans le prochain système sol-air européen conduit par l’Allemagne ? » A rien et c’est très bien ainsi. Car ce programme vient frontalement torpiller l’industrie européenne. Il est fondé sur l’achat de IRIS-T SLM allemand, du THAAD ou de l’Arrow 3 Israélien et du… Patriot américain.
Alors qu’il y a l’Aster qui est Franco-Italien ! A part l’Allemagne aucune industrie européenne n’y gagne à cette initiative. C’est un exemple parfait de ce que je vous explique.
« fait naitre un peu plus l’Europe de la défense » Même si les pays européens avaient acheté européen ça n’aurait pas fait avancer l’Europe de la défense. La preuve c’est déjà arrivé et rien n’a avancé.
Même la DGA a enfin haussé un sourcil face à une attaque aussi frontale (https://www.opex360.com/2023/01/04/le-projet-allemand-de-defense-aerienne-europeenne-est-un-peu-surprenant-juge-le-delegue-general-pour-larmement/)
« L’eurodrone concerne quelques nations, l’UE participe aux décisions. » C’est un bel exemple d’une coopération post guerre froide catastrophique.
Le problème réside dans la cécité française sur l’atlantisme fanatique des 26 autres pays membres et cet atlantisme. Tant que les choses restent ainsi, rien n’avancera.
Donc avançons nous-même, coopérons au coup par coup si besoin sans intégration industrielle et reconstruisons une armée. Car si nous n’avons que des vides capacitaires à offrir et plus d’industrie nous ne pouvons pas être moteur.
Tout ça implique qu’on augmente notre budget de la défense. Cela implique aussi qu’on sorte du modèle bonsaï actuel. Autant dire que ça nécessite de sortir de la vision court termiste actuelle consistant à gérer un existant pensé comme immuable. Aucune chance.
Bonne journée.
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Article paru en 2008 dans la revue POUVOIR.Auteur Barbara Jankowski
En France, on ne peut manquer d’être étonné par le nombre de colloques et de publications consacrés au lien armée-nation depuis la décision, prise en 1996, de suspendre la conscription. Ces articles et ces interventions expriment, la plupart du temps, l’inquiétude de voir se désagréger le lien unissant les armées à la société qu’elles défendent, à la consistance duquel se mesureraient le soutien aux militaires et l’adhésion aux missions qu’ils accomplissent. Ce lien aurait été remis en cause par la professionnalisation qui a privé les armées de l’afflux renouvelé de jeunes conscrits, garant de l’implication des Français dans la défense de leur pays. L’abandon du service national, combiné à la réduction du format des armées, moins visibles sur le territoire national, et aux profonds changements du contexte stratégique depuis l’effondrement du bloc soviétique entraînant la disparition de la menace aux frontières, aurait participé à la désaffection des Français pour leurs armées, risquant de marginaliser les militaires…..(début d’un article qui bien que remontant à 2008 garde tout son intérêt dans la manière de poser le problème)
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/12/2008
https://doi.org/10.3917/pouv.125.0093
https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2008-2-page-93.htm
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Bonjour et merci pour cette réflexion. Je suis d’accord sur le constat et sur la totale inadéquation de la LPM. Par contre sur les remèdes je suis plutôt en désaccord.
Je précise que je n’ai aucune vrai expérience militaire (pas assez vieux pour avoir pu faire son SN) et j’ai pour seule prétention de m’intéresser au sujet.
D’abord sur la question « N’est-ce pas le bon moment pour proposer aux citoyens de l’Union européenne qui résident en France de pouvoir s’engager dans son armée (ou sa réserve) comme une amorce d’armée européenne ? » Je me trompe peut-être mais n’y a-t-il pas quelque chose qui le leur permet : la légion étrangère ?
Ensuite sur la phrase « Comment ne pas être admiratif de la solidarité dont les pays membres de l’UE font globalement preuve vis-à-vis de l’Ukraine » j’ai plutôt honte du comportement de l’UE, notamment de l’Allemagne. L’UE continue d’importer du gaz Russe via des voies détournées. Son aide militaire a été très lente et timide. Il n’y a pas de quoi être fière.
Vous demandez aussi « Mais que faisons-nous depuis cette révélation pour sortir de cette fiction aussi dangereuse qu’anesthésiante ? »
Notre logiciel mental construit depuis trente ans implique que nous ne pouvons pas régir. L’UE se rêve en avant-garde éclairée d’un monde apolitique, multipolaire, et inclusif composé de sociétés civiles interconnectées régies par le droit et l’économie social de marché. Je carricature à peine.
Nous avions par exemple Mme Mogherini qui en 2017 dans un entretien au Times défendait mordicus cette vision : https://time.com/4690599/federica-mogherini/
Pour admettre que nous avons un ennemi ou de potentiels ennemis il faudrait admettre que les états sont bien des porteurs de politiques étrangères, pas forcément très raisonnables, ni très favorable à notre vision du monde.
Avant de demander aux citoyens de se pencher sur des questions qu’ils trouvent parfois parfaitement ennuyeuses ou qu’ils ne comprennent pas, il faudrait que les dirigeants politiques prennent conscience des enjeux et aient eux aussi une culture militaire.
Vous affirmez « la première d’entre elles étant sans aucun doute de bâtir enfin une défense pour l’Union européenne »
Je pense que tout le monde sera d’accord que mutualiser tous les budgets de défense des états membre et créer avec une armée commune est la meilleure solution, sur le papier.
En pratique, les 26 autres états de l’UE ont des approches très hétérogènes avec leurs armées. Mais une chose fait consensus au sein des 26 autres pays de l’UE c’est que l’OTAN est la matrice de la défense européenne. Y compris sur le nucléaire.
Voyez par exemple la Lituanie qui réclame que des fonds européens permettent l’achat d’armes américaines : https://www.politico.eu/article/let-us-eu-arms-deal-lithuania-minister-greta-monika-tuckute/
Beaucoup de pays sont loin de notre vision d’autonomie stratégique de l’UE, notamment sur le nucléaire. Est-ce que ça veut dire qu’il faut baisser les bras ? Je dirais non car c’est la meilleure option.
Si la LPM ne dit mot de l’Europe ce n’est pas la faute de l’actuelle majorité. Elle a sincèrement fait des propositions que le reste de l’UE a ignoré puis enterré après l’Ukraine.
Ce qui explique que la majorité des projets en coopération prévus en 2017 avec l’Allemagne ont été… abandonnés par l’Allemagne. Seuls persistent vaille que vaille le MGCS (encore que) et le SCAF. Mais renvoyés le plus loin possible pour étaler la charge financière. Et surtout marqués du sceau du sacrosaint principe du juste retour : chaque état ne veut investir majoritairement que dans des entreprises nationales.
Ce qui explique qu’à ce stade l’Airbus de l’armement n’ait aucune chance d’aboutir. Donc je trouve vos critiques envers Dassault très exagérées. Quel intérêt de détruire Dassault pour un programme SCAF que les Allemands pourrait remettre en cause à tout moment ? Comme ils l’ont fait à mainte reprise ces dernières années pour d’autres programmes. A part servir l’industrie américaine en tuant une entreprise européenne qui leur taille des croupières je ne vois pas l’intérêt.
Au passage les USA ont Boeing et aussi Lockeed Martin… il faudrait plutôt fusionner Dassault et Saab et mettre Dassault-Saab en compétition avec Airbus sur les programmes. Ou un MBDA de l’aviation de combat qui garderait des structures nationales relativement autonomes. Mais c’est un autre débat.
En revanche ce n’est pas parce que cette vision n’a, à court terme, aucune chance d’aboutir que nous devons nous limiter à attendre que cette option soit plus acceptée dans l’UE.
Car sur l’adéquation entre nos moyens et nos ambitions je suis dubitatif sur vos explications. La France est 7e PIB mondial et la dépense publique pèse environ la moitié de ce PIB. Certes nous ne pouvons pas copier ce que font les USA. Mais entre copier les USA et faire ce que nous faisons je vois mal pourquoi ce serait ou l’un ou l’autre et rien entre les deux.
Je vois surtout mal pourquoi nous ne pourrions pas faire plus qu’actuellement. Nous ne sommes dans l’impasse qu’a budget constant.
Quand vous dîtes « Un système complet et crédible de défense nécessite globalement trois composantes essentielles ». Je suis dubitatif sur les parties 2 et 3 (pas sur le nucléaire).
Si je comprends bien vous proposez de revenir pour l’armée de terre d’active à un duo « Ière Armée » (ou corps blindé si on veut être plus modeste), FAR. Sauf que lorsque nous avions ce duo (grosso modo dans les années 1970 à 1989) nous avions la conscription avec une classe d’âge militairement qualitative chaque année, plus une part du PIB consacré aux armées autour de 2,8/3% chaque année.
Je ne vois déjà pas pourquoi ce duo est complet allié aux forces nucléaires. Car nous ne pouvons alors faire de haute intensité loin de nos frontières si seul un corps léger type FAR est projetable hors Europe sans pouvoir faire de haute intensité hors Europe.
Quid aussi de la flotte de guerre ? Je n’avais pas connaissance du fait que la France avait un accès à la mer identique à celui de l’Ukraine. Nous avons même un domaine maritime très conséquent. Il est assez contradictoire de prétendre vouloir quelque chose de complet tout en sacrifiant encore plus qu’aujourd’hui la flotte de guerre et l’ armée de l’air.
Vous affirmez que seuls les USA auraient un ensemble complet notamment « un corps expéditionnaire léger capable d’intervenir, sans délai mais temporairement, dans une crise civile ou militaire. » Sauf que si ma compréhension est bonne les USA ont beaucoup plus que ça. Leur capacité expéditionnaire leur permet d’avoir un corps expéditionnaire capable de faire de la haute intensité.
A ce stade la seule solution crédible pour la France me semble être ce que fait la Pologne : augmenter substantiellement son budget pour remonter en puissance. Cela réglerait d’ailleurs la question du poids du nucléaire dans le total.
Il faudrait aussi se poser la question de ce que nous voulons faire (beaucoup ou pas beaucoup d’expéditionnaire par exemple). Ce qui implique de se poser d’abord la question de nos objectifs stratégiques, de les choisir, puis de décliner cela en capacités militaires cohérentes avec ces objectifs.
Il faudrait aussi réfléchir sur le personnel. Une conscription partielle s’inscrivant dans un système plus large de service civique obligatoire (quelques dizaines de milliers de volontaires font un service militaire de 12 mois surtout dans l’AdT, le reste fait un service civil) serait peut-être indispensable compte tenu du manque d’engagé. Cela jouerait le rôle de corps intermédiaire que vous appelez de vos vœux tout en étant plus qualitatif qu’une « garde » succédanée de RO1.
Tout cela nous permettrait de peser et de mettre sur pied ce qui pourrait être le noyau d’une future armée européenne, mais vraiment opérationnelle. Car si la défense européenne se résume à faire une grosse Bundeswehr à l’échelle européenne c’est totalement contreproductif, ce serait pire que le statu quo.
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Qu’entendez-vous par Bundeswehr à l’échelle européenne?
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Faire une armée européenne mais qui reproduirait tous les problèmes de la Bundeswehr bien qu’elle soit un peu plus volumineuses. J’ai pris la Bundeswehr comme exemple mais Italie, Espagne, Belgique et Pays Bas ont des problèmes similaires à l’Allemagne.
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Bonjour,
je trouve cette initiative très intéressante, car les Français sont loin des questions qui engagent leur avenir sur le plan militaire. Je pense que les différents gouvernements n’ont jamais associé l’ensemble de la communauté nationale aux questions de défense.
Je vous souhaite une bonne journée.
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Bonjour Guillaume, Merci beaucoup pour cette information.Dans l’instant, je ne lis que les titres, mais ils me paraissent effectivement ajustés et majeurs Bien cordialementFrançois Cout
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Tu as l’article complet en lien vers Diploweb
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Bonjour Guillaume,
Ton article sur la défense et lâEurope est très intéressant et pourrait permettre dâexplorer et dâapprofondit des sujets comme :
Pourquoi lâEurope au fond est incapable dâavancer unie ce type de sujet ?
Nây a-t-il pas une paresse intellectuelle et une paresse tout court en Europe qui préfère les illusions du confort à la réalité ?
Comment faire bouger lâopinion et les candidats aux élections européennes qui approchent ?
Pourquoi ne pas leur adresser un manifeste de deux trois pages sur ce sujet sur lequel ils devraient réfléchir pour prendre position ?
Nous en parlons quand tu veux.
Amicalement,
Philippe
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« Impliquer notre société dans les questions militaires, le premier défi auquel nous sommes confrontés ».
Cette question n’est-elle pas « la mère » de toutes les autres dont vous faites état ?
Comment une nation peut-elle consentir à des budgets portant sur des choix relevant de la défense, si cet aspect de sa vie de nation est loin de ses préoccupations et qu’elle reste indifférente à ses enjeux ?
Comment dépasser l’idée que la problématique se poserait à l’échelle d’un seul pays et accepter que le concept même de défense » nationale » tend à être obsolète?
Comment être toujours conscient que notre propre bellicisme peut renaître à tout instant sans toutefois sacrifier à un pacifisme qui nous en protègerait miraculeusement mais nous conduirait inévitablement à la perte de notre indépendance et à la soumission ?
Tout cela ne doit-il pas également nous conduire à accepter de réfléchir sur notre propre Histoire, de nos errements et des erreurs que nous avons pu commettre dans le passé?
Réfléchir sur notre Histoire comme nous avons invité notre voisin et allié de l’autre côté du Rhin à le faire avant de le faire ensemble.
Réfléchir sur notre Histoire comme nous avons tant de mal à le faire quand il s’agit de cette terrible guerre coloniale que nous avons mené en Algérie et que eux-mêmes n’arrivent pas plus que nous à surmonter.
Réfléchir sur notre Histoire sans battre sa coulpe , mais en ayant simplement à l’esprit ces mots de James Baldwin: « Tout ce à quoi nous devons faire face ne peut pas être changé, mais rien ne peut être changé tant que nous ne le regardons pas en face »
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J’ai envie d’ajouter que le cinéma nous a offert régulièrement et continue de le des films qui peuvent être autant d’approche de « la question militaire « , de ses problématiques et enjeux. A nous de savoir les recevoir, d’en tirer ce que nous pouvons et de faire le tri.
Cela pourrait faire l’objet d’une belle approche et de quelques échanges qui ne manqueraient pas d’intérêt, me semble-t-il.
Invitation à Guillaume Ancel, en sa qualité d’hôte de ce lieu de réfléchir à cette question…
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…avec cet article cela devient un programme -these un peu comme Luther
avec la publication de ses theses …theologiques ! je te
soutiens de toutes mes forces car c est l avenir que tu decris ;amities
Patrick
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J’ajouterai imaginer et préparer des moyens civils de lutte contre un occupant. Même sans armes on peut combattre, à condition d’avoir les schémas mentaux alertés et de bien analyser les conditions d’une occupation et ses points de vulnérabilité.
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Je ne peux qu’approuver votre intervention et la souligner. Certaines choses sont entreprises en ce sens dans des pays plus au Nord et à l’Est. Soit par initiative personnelle, soit par invitation à rejoindre des associations, généralement animées par des militaires / anciens militaires / civils spécialisés.
Il appartient à chacun de se former. De la même façon qu’il est problématique de tout attendre de l’Otan, magnifique organisation, il est problématique de tout attendre de l’état, organisation utile mais qui ne saurait remplacer les compétences personnelles.
Et bravo monsieur Ancel pour votre blog !
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