En mars 2018, Les Belles Lettres ont publié Rwanda, la fin du silence qui est mon témoignage, en tant qu’ancien lieutenant-colonel de l’armée française, sur l’opération Turquoise, l’intervention militaire de la France en plein génocide des Tutsi au Rwanda.
Après deux années d’interviews et de conférences, une centaine au total, je recevais en 2015 un message d’avertissement très clair :
« Ce serait dommage, une fois que tu seras moins présent dans les media, de te faire écraser sur un passage piéton… »
J’ai d’abord pensé ne plus traverser la rue, mais cela s’est avéré un peu compliqué. Alors j’ai compris qu’il était temps d’écrire l’intégralité de mon témoignage sur ce « Tchernobyl des interventions extérieures de la France », écrire pour que ma mémoire ne puisse plus être effacée et que le silence, des militaires comme des décideurs de l’époque, ne se transforme pas en amnésie.
Je remercie Les Belles Lettres de l’avoir publié dans leur collection « Mémoires de guerre » et le professeur Stéphane Audoin-Rouzeau d’avoir soutenu si efficacement une démarche qui était loin d’être évidente.
Ce livre est donc un témoignage sur la réalité de cette opération Turquoise. Ce n’est pas une critique de mes compagnons d’arme, dont j’ai admiré le courage et le professionnalisme, mais un récit des situations inextricables dans lesquelles nous avons été plongées par l’aveuglement des décideurs politiques de l’époque qui continuent, aujourd’hui encore, à raconter une fable aux Français tout en bouclant soigneusement les archives d’une opération qu’ils n’hésitent pourtant pas à présenter comme « humanitaire ».
Je n’ai jamais prétendu détenir la « Vérité », mais ce récit est un morceau de réalité, une pièce du puzzle totalement incompatible avec la version officielle.
Je souhaite que ce témoignage alimente un débat indispensable et suscite d’autres témoignages sur cette opération menée au nom de la France, mais sans que les Français n’aient le droit « d’en connaître ».
C’est un enjeu de démocratie à l’heure où les pressions sécuritaires ne cessent de menacer nos libertés, et tout particulièrement la liberté de penser.
C’est une question de dignité pour un ancien officier français de savoir qui nous a compromis dans cette mission qui apportait un soutien de fait aux génocidaires, alors que ma génération est celle qui aurait dû empêcher ce génocide, le dernier du XXème siècle.
C’est enfin un sujet de décence, de reconnaître la vérité pour nous permettre d’honorer décemment la mémoire du million de victimes que nous n’avons pas su empêcher.
Ce témoignage a été difficile à écrire, son seul intérêt est qu’il soit lu.
Extrait de Rwanda, la fin silence, les Belles Lettres, collection Mémoires de guerre, Paris, 2018.
« Cette confusion française entre l’obligation de réserve, qui relève du secret professionnel, et la culture du silence, qui consiste à cacher ce qui s’est passé, me semble particulièrement nocive. Je lui préfère, comme d’autres avant moi, une culture de la réflexion et de la responsabilité dans l’écrit pour que le silence ne devienne pas amnésie.
Parler ouvertement du Rwanda, comme de Sarajevo, participe à un débat qui m’apparaît indispensable. Il me vaut de perdre quelques relations parmi mes anciens compagnons d’armes, mais de bénéficier du soutien de ceux – nombreux – qui estiment que la réalité doit être dite et que nos concitoyens ont le droit de juger par eux-mêmes des décisions politiques prises en leur nom.
Partager ces « événements », c’est éviter aussi qu’ils ne restent tapis dans l’ombre de nos mémoires et qu’ils viennent nous hanter alors que nos horizons se rétrécissent. »
Voir aussi la série d’articles sur la culture du silence

Ce que je vois de l’intervention au nom des Français au Rwanda est pour moi une révélation et la confirmation de ce que je comprends de ce qui se passe au moyen orient.
Je suis pratiquement certains que nous n’avons jamais réellement combattu les djihadistes, et que nous les avons même assistés, fournis en armes, évacués et que nous sommes encore au moins en soutiens dans la Ghouta.
Le gouvernement et pratiquement tous les médias, participent à cacher ce qui est réellement fait au nom de la Françe et les considérations de secrets, de « raisons d’état », n’ont aucun sens dans un monde de communication où tout se sait toujours rapidement.
La Françe et tout ceux qui concourent à un soit disant « ordre » mondial et l’Europe ne défendent plus leur patrie. La démocratie à la Française est en péril, nous glissons déjà franchement vers un régime autoritaire…
J’aimeJ’aime