Ukraine, désaccord de fin de guerre ?

Malheureusement, comme il fallait s’y attendre de la part de Donald Trump, le Président américain veut obtenir la fin de la guerre russe contre l’Ukraine à tout prix. Son équipe a transmis le 20 novembre un projet de « plan de paix » au Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en lui donnant seulement jusqu’au 27 pour y répondre, la date de thanksgiving se transformant ainsi en ultimatum…

Ce projet, en 28 points, a la particularité d’avoir été préparé en catimini par les Américains et les Russes, lors de discussions dirigées par deux hommes d’affaires à la fois proches de Trump et de Poutine. Le projet reprend les exigences de Moscou et ne prévoit à ce stade aucune concession de la Russie. Il a été établi sans consultation des premiers concernés, les Ukrainiens et les Européens qui vont devoir réagir désormais avec célérité et anxiété face à l’empressement de Trump.

Points essentiels du projet de Trump, Le Monde

L’erreur fatale serait de braquer Donald Trump alors que les nombreuses discussions précédentes semblent avoir eu bien peu d’effet, tant le projet américain ressemble étrangement à la copie que Trump essaie d’imposer depuis le début de ces négociations : contraindre le pays agressé d’arrêter de résister et sortir de la guerre en satisfaisant l’agresseur, celui qui s’impose par la violence et la destruction, Poutine.

Lire aussi : Après Gaza, Trump veut imposer la fin de la guerre en Ukraine, mais à quel prix ?

Un projet qui, à ce stade, reprend uniquement les exigences de Poutine

Le projet porté par Trump (encore une fois « à ce stade de la discussion »), concède à la Russie de Poutine tout ce que dernier poursuit avec cette guerre et qu’il ne peut donc pas refuser. Poutine stopperait sa guerre en échange de la reconnaissance internationale sur le fait que les territoires envahis par son armée lui reviennent, y compris la péninsule de Crimée annexée illégalement en 2014. Poutine gagnerait même les 6 000 km2 encore « libres » de la région de Donetsk.

Alors que la vitesse de progression de l’armée russe est seulement de 250 km2 par mois (sachant que la surface de l’Ukraine dépasse les 600 000 km2 ), Poutine offre « royalement » d’échanger au moins deux années de guerre contre la concession de la partie du Donbass qu’il n’a pas encore envahie. Le reste du front serait gelé et deviendrait frontière, moyennant des aménagements de tracé et la rétrocession de surfaces nettement moins importantes, dans les régions plus au Nord de Soumy et de Kharkiv.

@PouletVolant3

Les exigences de la Russie reprises par le projet de Donald Trump comprennent en particulier la limitation numéraire de l’armée ukrainienne (qui passerait de 800 à 600 mille soldats), comme si cette dernière constituait une menace pour les forces russes pourtant cinq fois plus importantes…

« la frontière polonaise deviendrait la limite temporaire de l’empire russe »

Aucune force de l’Otan ne pourrait stationner en Ukraine, bien que la force de stabilisation internationale prévue par la coalition des volontaires en fait pour l’essentiel partie. Seuls des avions de combat pourraient être stationnés en Pologne pour garantir ce plan, actant le fait que la frontière polonaise deviendrait alors la limite temporaire de l’empire russe !

Enfin, la Russie obtiendrait une sorte de sauf conduit pour l’avenir, effaçant grâce à cet accord toute responsabilité pour les crimes de guerre, les déportations d’enfants et les centaines de milliards de dégâts matériels causés en Ukraine. Poutine réintégrerait le « concert des nations » et ne pourrait pas être poursuivi. La justice s’effacerait devant « la loi du plus fort », ce qui n’est pas pour déplaire à Trump et ses amis.

Ce projet que Trump veut imposer aux Ukrainiens et aux Européens est-il dénué de sens ?

Rappelons d’abord que depuis presque quatre ans, la guerre en Ukraine est dans une impasse militaire aussi bien pour la Russie que pour la résistance ukrainienne. Il faudrait que Poutine dispose de deux siècles pour achever sa conquête de l’Ukraine et que l’Ukraine retrouve dix millions d’habitants ou 500 000 combattants supplémentaires pour espérer faire reculer l’invasion russe. Le niveau de pertes est soigneusement camouflé, des deux côtés, parce qu’il est très élevé, avec des centaines de milliers de morts et trois fois et demi plus de blessés. Cette guerre est une plaie qui peut pourtant durer.

Fréquence et importance des bombardements russes contre l’Ukraine en 2025 (ISW)

Sortir de cette guerre aurait donc une valeur considérable. Mais la question est de savoir quel en serait le prix et comment garantir que le conflit ne reprenne pas selon le bon vouloir de la Russie, au même titre que Benyamin Netanyahou (un autre dirigeant éclairé qui espère une amnistie totale…) qui se permet de bombarder quotidiennement aussi bien Gaza que le Liban, malgré l’accord de cessez-le-feu garanti par… Donald Trump.

Au fond, un accord de sortie de guerre – qui est loin de constituer en soi un accord de paix – apparaît indispensable à ce stade du conflit. Mais s’il consistait en une capitulation de l’Ukraine – comme le dénonce Jean-Noel Barrot, le Ministre français des affaires étrangères –, c’est la sécurité de toute l’Europe qui serait compromise par cet aveu de faiblesse. La négociation qui s’impose sera d’autant plus difficile que c’est malheureusement Donald Trump qui la dirige.


Vives réactions de la France qui joue l’Europe à elle toute seule…

Les positions de la France s’expliquent notamment par ce contexte. D’abord la volonté affichée d’armer durablement l’Ukraine pour les années à venir avec des avions Rafale et des armements très modernes financés par l’Europe. Ensuite par les déclarations marquantes du Chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, ne pouvant s’exprimer que dans la cadre d’une politique décidée par le Président de la République Emmanuel Macron qui est constitutionnellement le « Chef des Armées ».

Discours du Chef d’Etat-Major des Armées au salon des maires


Évoquer « la perte des ses enfants » n’était pas nécessaire, même si dans l’esprit du militaire, il s’agissait bien sûr d’une référence à la Marseillaise : une allusion aux « enfants de la patrie ». Mais rappeler encore et encore que pour défendre la paix, il faut d’abord ne pas avoir peur de se battre est crucial dans nos sociétés qui se croyaient exemptées de guerre.

A contrario, livrer l’Ukraine aux griffes de Poutine serait encourager son empire menaçant. Cet empire se permet déjà de saboter avec des moyens militaires une voie ferrée importante en Pologne et de mener au quotidien des milliers d’attaques contre les systèmes d’informations qui structurent nos sociétés et nos économies. Cela fait longtemps que nous ne sommes plus en paix.

Lire aussi : Se préparer à un choc avec la Russie ?

Un point important du projet est d’imposer une élection présidentielle aux Ukrainiens dans les trois mois suivants, Poutine se faisant fort « d’influencer » les élections pour obtenir un pouvoir aux ordres, à l’image de la Biélorussie. Pour ceux qui ne le croyaient pas, la Grande-Bretagne vient de condamner un ancien député européen qui a été payé par le régime de Poutine pour influencer nos politiques, comme le font aujourd’hui les parties d’extrême droite dans chacune de nos sociétés.

Résister à la tentation de tout céder

Ces relais de la propagande de Poutine sont un véritable danger, il faut lire à ce sujet le livre d’Elena Volochine Propagande : l’arme de guerre de Vladimir Poutine, journaliste française d’origine russe qui a remporté le prestigieux prix Albert Londres.


A leur image, Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, défend cette capitulation de l’Europe au profit de ses amis Trump et Poutine, dont il se fait immédiatement le fidèle relais. Les Ukrainiens sont épuisés par cette guerre, les Européens sont inquiets, encore désordonnés et le resteront aussi longtemps qu’ils ne construiront pas des Etats-Unis d’Europe afin d’atteindre la taille critique nécessaire face à ces empires menaçants, comme le sont aujourd’hui la Russie de Poutine et malheureusement aussi l’Amérique de Trump.

Le Monde


Ne doutons pas que le Président américain va jouer l’empressement pour obtenir que la Russie sorte de cette guerre à son profit, tandis que les Européens peineront à esquisser une solution alternative pour stopper net, voire faire reculer, l’Empire mafieux de Poutine.

« La négociation qui s’impose sera d’autant plus difficile que c’est malheureusement Donald Trump qui la dirige. »

Le Président russe qui se comporte en tsar ne peut apporter aux Européens qu’une seule garantie : celle de nous menacer durablement. Et se défendre – collectivement – n’est plus un sujet potentiel ou virtuel, nous avons été rattrapés par cette réalité que nous avons tant de mal à regarder.




Pour approfondir,

L’Ukraine sous le coup d’un ultimatum des Etats-Unis pour accepter un « plan de paix » déséquilibré, par Claire Gatinois et Piotr Smolar (Le Monde)


Guerre en Ukraine : ce que l’on sait des 28 mesures du plan américain (Le Monde)


Cette Amérique qui nous déteste, par Richard Werly (aux éditions Nevicata)



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20 commentaires sur “Ukraine, désaccord de fin de guerre ?

  1. Nous allons lentement vers un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie mais à quels prix ?

    1 la mise à genoux du président Zelensky.

    2 l’absence de l’Europe.

    3 la mainmise de Poutine sur l’Europe de l’Est puisque l’Ukraine n’a pas le droit d’adhérer à l’OTAN et que le futur dirigeant sera Pro Russe.

    Inquiétant pour notre avenir à court terme entre 4 et 10 ans , le temps pour Poutine de se réarmer en hommes et matériels.

    L’Europe brasse de l’air.

    La Grande Bretagne fait marche arrière car l’adhésion financière est trop élevée.

    Et ce n’est pas le service militaire volontaire français qui nous sauvera du désastre.

    S. Cazeneuve

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  2. Ukraine Nov 2025

    Mon très cher Guillaume bonjour

    Merci beaucoup pour cette analyse très claire d’une situation qui ne l’est pas.

    L’Ukraine a perdu la guerre. C’est d’ailleurs le titre d’un texte que j’ai rédigé et déposé sur ton blog il y quelques mois déjà.

    Alors pourquoi un projet de paix ?
    Plus exactement qu’est-ce que les Américains et Trump le premier ont à y gagner de cette guerre fratricide. Cette lutte sans merci entre un pouvoir autocrate clairement identifié, face à un autre pouvoir vacillant qui l’est tout autant si ce n’est par son niveau de corruption ?
    Un ultimatum plus qu’un projet d’ailleurs, qui se résout à accorder moults scénarios déjà orchestrés par le Kremlin dès le début de l’entrée des troupes russes sur le sol ukrainien.

    Une irrésistible farce qui démontre le désintérêt de l’Europe par Donald Trump sur ces côtés stratégiques et économiques.
    Le Président Américain cherchant certainement à s’agglomérer à peu de frais les terres dites rares ukrainiennes au profit des sociétés capitalisées américano-russes.

    L’Europe enrichie par diverses tendances européennes pro ou contre le Kremlin est très divisée et où notre Président, dont la gouvernance déjà terriblement fragilisée en interne, ne permet pas un contrepoint solide ni efficace dans sa rhétorique diplomatique.

    A mon sens, les divers intérêts économiques et stratégiques sont rigoureusement les mêmes qu’avant l’entrée des troupes russes sur le sol ukrainien.
    Je subodore l’intérêt porté par la relance de la livraison du gaz russe en supprimant rapidement le péage ukrainien. Plus exactement donner libre cours au gaz russe sans barrières douanières pour encaisser directement les dividendes en supprimant toutes les taxes induites par le passage.
    L’industrie allemande très gourmande en énergie serait la première heureuse de rebondir avec une énergie sans contraintes de taxes de dépollution supplémentaire actuellement supportée par elle ; du fait de la réouverture des mines de charbon et de ses centrales énergétiques fonctionnant avec un combustible fossile très polluant.
    En résumé, d’un côté le gaz passe sans délais ni contrainte douanière pour les Russes et de l’autre les Américains seront libres d’exploiter les terres rares.
    J’imagine que notre Président doit connaître de très grand moment de solitude.
    L’union (européenne) n’est nulle part et encore moins en France, et je crains que nous soyons bien seuls.

    En fin, le dernier discours du CEMA intervient dans ce contexte à la fois tendu et diplomatiquement très compliqué surtout du fait de la versatilité de D. Trump.
    Je pense que ce discours aurait été mieux perçu s’il avait été prononcé par le Président de la République Emmanuel Macron.
    Dans le fond le CEMA a raison. Il faut se préparer, c’est la façon de communiquer qui fait débat, mais derrières les discours se cachent toujours les idées.

    Alors faut-il vraiment se préparer ?
    Quand, comment, où, quand, pourquoi, avec Quoi, quels moyens, quelles infrastructures, qui va payer, qui va former, avec quoi etc…..

    Une façon comme une autre d’occuper la jeunesse ? De limiter le chômage ?
    Mais comment pourvoir à tous ces futurs besoins ; pour quels délais ?

    Autant de questions sans réponses de ma part et autant de questions qui n’empêcheront pas les Russes de persévérer vers l’objectif initial qui avant tout, selon moi, est de conserver ses intérêts une façon comme une autre de retrouver une forme de stabilité financière et économique. Autant d’éléments très satisfaisants pour un Président Américain surtout avide de réseaux, d’argents et de clichés favorables à son image de futur…nobélisé de la paix ??

    A bientôt Guillaume

    René

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  3. Cher Guillaume,

    Vos commentaires sont toujours inspirants. Au plaisir de collaborer à nouveau dans une émission de radio ou de télévision.

    Jean-François Lépine O.C., O.Q. | 雷平江 Montréal +1(514) 497-5373 

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  4. Bonjour,Vous dites qu’on sera toujours en risque vis à vis de la Russie (et des autres) tant que ne deviendra pas des Etats-Unis d’Europe, ce vieux projet hugolien. Ma question est la suivante : à mesure que le projet européen a avancé, on a vu les nationalismes voire l’extrême-droite se développer. Dans ce contexte pensez-vous sincèrement que les nations puissent valider l’arrivée d’un état fédéral ? Rappelons que la dernière fois qu’on a essayé, c’était le référendum de 2005 et la France et les Pays-Bas ont refusé et depuis, lles extrêmes droites ont prospérés partout en Europe…

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  5. pour freiner l’ennemie extérieur, il faut unir son peuple,.

    unir, c’est malheureusement devenu impossible en Europe de l’ouest, gangrené par la haine entre toutes ses composantes, de toutes les couleurs et toutes les origines,.

    la promesse de civilisation n’a pas été réelle. Poutine a un peuple prêt à beaucoup donner. Manger du pain sec et remplir les cimetières ne fait pas peur aux russes. En ce temps, l’Europe se déchire sur son identité et toutes les composantes de son peuple manquent de rigueur et de respect les unes vis à vis des autres. Les Grands Hommes vont il se réveiller ?

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    1. Bonjour M. BONIFACE. Si vous n’arrivez pas à comprendre l’auteur de ce blog, de mon côté en vous lisant et vous entendant régulièrement je n’arrive pas à comprendre si vous soutenez clairement l’Ukraine contre l’agresseur russe, et l’aide militaire dont cet Etat envahi a absolument besoin.

      Et si vous soutenez la nécessité pour la France de fortifier son mental pour ne pas apparaître comme une proie facile.

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  6. Les peuples d’Europe sont toujours prompts à manifester pour des causes riquiquis. Mais pour se sauvegarder de la traitrise de Trump, de sa désertion et de son parjure, nul manifestation devant les ambassades américaines, nul drapeau brulé, nul rejet d’acheter des produits made in USA, seul moyen de faire plier la perfidie déloyale américaine. Les syndicats dont c’est le seul talent, seraient bien inspirés d’y prêter leur concours.

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  7. J’admets que mon intervention peut sembler inappropriée, puisque je suis un Canadien, mais mon pays est tout de même continuellement sous la menace russe (p. ex., des avions militaires de Poutine survolent régulièrement notre espace aérien nordique, et la flotte sous-marine russe ne se gêne pas non plus).

    Cela étant, je ne comprends pas que nos pays prennent cette menace si peu au sérieux… On a pourtant connu une situation un peu semblable il y aura bientôt cent ans.

    Pourquoi toujours attendre qu’il soit trop tard? Pourquoi laisser Poutine faire ce qu’il veut depuis 2014? Pourquoi laisser Trump diriger le monde comme s’il lui appartenait?

    Je ne’en reviens pas…

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  8. Cette « proposition » de paix c’est la Russie qui fournit la chemise de bure et l’Amérique de Trump qui fournit la corde. Comme cela Zelensky pourra revêtir ces attributs, et comme les bourgeois de Calais, se présenter les pieds nus devant ses deux bourreaux russo-américains !

    Jusqu’où Zelensky devra-t-il se coucher dans la mesure où l’aide militaire US représente 64 milliards d’Euros contre 16 pour l’Allemagne et 13 pour la Grande Bretagne. ( La France n’est QUE le 8e donateur avec 7,5 milliards € – sources Touteleurope.eu)

    Zelensky risque de se retrouver avec des lanceurs de Patriot, sans missiles, sans missiles ATACMS, sans obus de 155 pour ses 200 obusiers M777 et ainsi de suite…

    Reste à savoir si – enfin – l’Allemagne va lui livrer des systèmes Taurus ( Un accord de production a été signé le 28 mai entre Merz et Zelensky : cela va prendre combien de temps ?)

    Combien l’Europe – dont la France – peut elle livrer des obus de 155 ? La production française étant de 8.000 obus/mois = cela équivaut à deux journées de tir sur le front Ukrainien.

    Bref, l’Europe et Macron font de grandes déclarations – histoire de changer – mais là ils sont au pied du mur. Est ce que l’Europe va- t elle être capable de se substituer à l’effort de guerre américain ? La réponse est NON !

    Il y a donc de fortes chances que Trump et Poutine passe Zelensky à la moulinette. Et comme d’hab’ nos amis Munichois vont encore crier au scandale !

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  9. Était-ce vraiment le moment et le lieu de s’exprimer au congrès des maires même pour exprimer cette évidence ? Ce ne sont pas eux qui votent les budgets, ni encore moins décident de leur emploi quand certains d’entre eux ou leurs prédécesseurs ont vu leurs casernes évacuées ou leurs gendarmeries fermées quand le trafic de stupéfiants s’y accroit. Même avec cinq étoiles, la communication à mauvais escient tue définitivement la confiance.
    De même, quelle confiance accorder à de tels alliés plus soucieux de faire du business avec un agresseur et pas seulement dans le domaine commercial ? Sans connaître encore la fin de l’histoire, j’ai souvent mis en garde contre la ploutocratie américaine, qu’elle soit démocrate ou républicaine et je ne m’étonne donc pas de cet épisode, sachant que les memorandums de Budapest devaient assurer l’intégrité de l’Ukraine avec son désarmement nucléaire et en même temps interdire à la Biélorussie d’en détenir.
    Si nous avions envoyé certaines de nos troupes en Afrique défendre des régimes fantoches, avec les piètres résultats connus, pourquoi ne pas enfin réagir au moins en assurant la défense aérienne de l’Ukraine, y compris de ses voisins de l’Otan et de l’UE ? Nous ne sommes pas signataires de ces memorandum mais en tant que seuls dotés d’une force nucléaire indépendante en Europe, il devient incontournable de défendre nos alliés, y compris en ciblant le cas échéant Minsk et bien sûr Kaliningrad si nous ne sommes pas capables d’assurer un blocus effectif en Baltique (ni même d’arrêter d’acheter gaz ou pétrole russes).
    Chirac et Juppé nous ont causé un grand dommage en 1996 en suspendant le service national pour brader garnisons, moyens et surtout esprit de défense contre des dividendes qui ne sont pas de paix mais plutôt de faux confort et de toujours plus grande dépendance. Est-il encore temps de réagir quand ce dernier régime nous accule à une dette que nous n’aurions jamais pu nous permettre du temps du franc, avec une concurrence commerciale que nous n’avons jamais combattue mais tolérée sans aucune précaution ?

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  10. Le plan de paix en l’état revient à remettre l’Ukraine à la Russie, à plus ou moins lond terme, comme l’annexion de la crimée en 2014 n’à était que le prélude à l’offensive de 2022. Une force de réassurance est clairement indispensable, et pour rebuter un minimum la Russie celle-çi doit être au moins équivalente à la puissance que représente l’OTAN. Quand à la puissance de détérrance de la parole de Donald Trump, comme vous l’avez vous même indiquer les conflits au moyen- orients en sont une belle démonstration. A ce niveau là autant carrement faire sortir les USA de l’OTAN et indiquer que les USA soutiendrons la Russie en cas d’attaque contre un pays de l’OTAN, bref totalement inéfficasse! Salutation, Ludovic melin.

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  11. Le Chef d’Etat-Major a fait une erreur de communication en dramatisant excessivement son propos, mais il a entièrement raison sur le fond.

    Car le meilleur moyen de se faire tirer dessus, c’est d’être une cible trop facile. Et pour ne pas l’être il faut des armements, mais pas que. Comme le CEMA l’a souligné, le mental est également très important. Comme c’est tentant d’agresser des gens dont l’état d’esprit montre qu’ils n’ont pas envie de se défendre !

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    1. Excellente synthèse de la situation sur la guerre russe en Ukraine et les vérités que le plan de paix Trumpien (Poutinesque) officialise :

      Trump joue la carte du plus fort : on a vu dans le bureau ovale que, pour lui, la guerre se joue aux cartes ; il joue aussi au Monopoly avec la liberté et la dignité d’un peuple, pour sa propre gloriole et des dollars et la paix est une ligne à son palmarès imaginaire, faute de Nobel…Son chantage est méprisable : il confirme le caractère mercantile du soutien qu’il a apporté à l’Ukraine sous des apparences humanitaires.

      Poutine actionne sa marionnette, et pour l’un comme l’autre les ficelles sautent aux yeux.

      Le Dictateur russe pourrait-il refuser ce plan trumpien tel quel alors qu’il est évident qu’il résulte d’une collaboration Russie – USA ?

      Zelenski est un héros grec trahi et désarmé, coincé entre le cosaque et le cowboy, sous le regard anxieux du peuple ukrainien et de son armée : courage à lui qui vit le scénario d’une tragédie racinienne.

      Qui peut encore croire que Poutine se contentera des territoires de l’Est-Ukraine occupés à ce jour (en imaginant qu’une négociation aboutisse à cette seule cession…) ?

      Qui peut croire que les Etats Baltes – eux d’abord – sont à l’abri du projet « Grande Russie » du Dictateur ?

      L’Europe est absente du projet, elle qui souffre d’une absence de reconnaissance des trois Grands, d’un défaut d’unité, de projets rassembleur et de confiance en son pouvoir (population, puissance économique, marché…)

      On se prend à rêver que l’Europe revête l’armure du preux chevalier volant au secours d’une Ukraine abandonnée par Trump et l’aide à repousser l’envahisseur russe…

      La France pourrait-elle incarner un leadership propre à dynamiser l’Europe et honorer la mémoire d’une de ses premières reines, venue de l’Est, Anne de Kiev, fille de Iaroslav le Sage et d’Ingigerd de Suède ?

      NB. La dette publique consolidée de l’Europe est d’environ 88% du PIB, celle des USA est de 125% de son PIB, s’élevant à 38 000 milliards de $, (la dette la plus élevée au monde)

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    2. Pierre SERVENT, chroniqueur, écrivain, historien et officier de réserve dit de la société française qu’elle est devenue une  adolescente immature sous l’emprise de  l’émotion et de la contrition. J’habite un village en Belgique où se dresse l’un des plus grands cimetières militaires français (celui  de la Belle-Motte – bataille de la Sambre 22-08-1914 ) J’invite les  » nunuches larmoyantes choquées  par les propos anxiogènes  » du chef d’Etat-Major à le visiter. Pour ma part je m’y rends souvent et prends la peine, pour les en remercier, de citer à haute voix les prénoms de tous ces jeunes enfants qui ont donné ce qu’ils avaient de plus précieux au nom de la liberté et de la démocratie. 

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      1. Si vis pacem, para bellum et loqui desine. Assez de discours pour rester finalement dans l’entredeux ou dans un en-même-temps ravageur !

        Comment notre chef des armées peut-il maintenant désavouer son CEMA en prétendant que ses propos auraient été sortis de leur contexte (même si ce n’était pas le bon lieu ou l’occasion) quand il prétend maintenant vouloir reprendre un service militaire, mais en tentant de rassurer que nos jeunes n’iraient pas en Ukraine, alors qu’il avait pourtant évoqué l’envoi de troupes au sol (mais peut-être seulement britanniques ou polonaises) ?

        Cette politique intérieure de Gribouille finira bien par cesser, mais quels ravages à l’extérieur, alors qu’il aurait fallu aider plus efficacement l’Ukraine depuis bien longtemps, comme tant d’autres régimes africains que nous avons délaissés, après avoir frappé en Libye et alors que nous étions nous-même frappés sur notre sol, bien après Beyrouth !

        Mon grand-oncle Auguste est mort et repose dans un cimetière militaire des Vosges quand son petit frère était fait prisonnier à l’âge de vingt ans dans l’Artois, ce qui n’a pourtant pas dissuadé son fils, mon père, de s’engager volontairement dans l’armée d’Afrique à vingt et un ans et moi d’aller faire mon service militaire à Berlin puis en m’engageant dans la Réserve de m’instruire sur les mêmes bancs que Pierre que je salue (même s’il a longtemps accordé des satisfecit…).

        Une de mes filles et mon gendre (qui ont fait volontairement leurs services militaires) habitent maintenant en Suisse où l’on prend ces sujets au sérieux. Je ne fais pas grief à notre chef de guerre (sanitaire contre le Covid ou énergétique, puis contre les terroristes ou trafiquants…) de n’avoir pas fait de service militaire mais chaque jour nous livre une preuve de plus de ses incohérences ou inconsistances.

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