Ukraine, le droit de se défendre au grand dam de Poutine et du Rassemblement national…

Très étonnant débat sur les restrictions d’utilisation des armes que la cinquantaine de pays qui soutiennent l’Ukraine lui livrent.

La règle qui prévalait jusqu’ici était la stricte utilisation de ces armes et munitions – qui vont des obus de mortier (20 km de portée) aux missiles sol-sol ATACMS (300 km) en passant par les missiles de défense aérienne sol-air Patriot (150 km) – sur le territoire ukrainien, c’est-à-dire sur les 1,000 km de ligne de front à l’Est et au Sud de l’Ukraine où l’armée russe de Poutine a envahi une partie (18,5%) du sol ukrainien, y compris la Crimée.

Carte ISW au 31 mai 2024, la ligne de front est indiquée en rouge

Mais depuis début mai, la Russie de Poutine attaque aussi au Nord de l’Ukraine dans la région de Kharkiv à partir de son propre territoire, probablement dans une opération de diversion obligeant les forces ukrainiennes à disperser leurs forces quand elles essayent déjà de contenir la lente mais constante poussée russe sur le front de l’Est.

Les troupes russes attaquant dans le Nord ne sont pas assez puissantes à ce stade pour tenter de prendre la ville de Kharkiv, deuxième cité la plus importante d’Ukraine. Cependant, ces troupes bénéficient d’un avantage comparatif : elles ne peuvent pas être attaquées par les Ukrainiens avec les armes livrées par ses alliés dès lors qu’elles se trouvent de l’autre côté de la frontière, c’est-à-dire sur le sol Russe, ce dernier devenant ainsi une forme de sanctuaire où l’impunité prévaut.

Ne pas combattre avec une main attachée dans le dos

La question soulevée par cette situation dissymétrique est celle de la capacité donnée à l’Ukraine de se défendre, alors qu’elle fait l’objet depuis février 2022 de cette guerre d’agression par la Russie de Poutine. L’Ukraine est quatre fois moins importante en taille de population, elle résiste courageusement depuis plus de deux ans à un agresseur qui ne respecte aucune règle et elle est bombardée quotidiennement par la Russie, alignant chaque jour plusieurs morts et des dizaines de blessés.

Lire aussi : Kharkiv, une offensive russe d’opportunité et de diversion

Après des discussions intenses au sein des alliés, qui cherchent une forme de cohérence pour que les Ukrainiens ne se voient pas contraints par des règles qui seraient différentes selon la provenance de chaque armement, le président Joe Biden a enfin décidé (avec application immédiate) que les Ukrainiens pouvaient utiliser les armes américaines contre des cibles militaires en Russie à condition qu’elles menacent directement l’Ukraine (ce qui veut dire qu’elles sont à proximité de la zone de combat frontalière).

La plupart des autres pays se calent sur cette nouvelle « norme » même si certains comme la Grande-Bretagne ou la France laissent entendre qu’ils seraient moins restrictifs que les États-Unis, en oubliant de mentionner que leurs livraisons d’armes sont marginales par rapport aux Américains qui, de fait, donnent le « la ».

En termes militaires, la question est entendue : s’empêcher de riposter à une attaque est un non-sens opérationnel sauf à accepter de se faire matraquer. La question serait plutôt de rester dans une forme de proportionnalité et surtout du respect du droit international (contrairement à ce qui se passe à Gaza…), donc ne pas ravager une partie du territoire russe parce qu’il serait le lieu de départ d’une attaque et évidemment de ne pas viser des objectifs civils, cette dernière condition étant une règle imposée depuis le début à l’Ukraine même quand elle bombarde sur le front Est.

Faire reculer aussi les avions russes qui bombardent quotidiennement l’Ukraine

La question se pose aussi pour intercepter les bombardiers russes qui tirent à plus de 20 km de la ligne de front leurs bombes planantes – redoutables bombes classiques équipées d’ailerons et d’un kit de guidage – sans pouvoir être interceptés dès lors que les avions volent au-dessus du territoire russe. Les missiles Patriot pourraient le faire ainsi que les F16 qui arrivent en Ukraine avec un armement américain capable d’intercepter à plusieurs dizaines de kilomètres. Ces armes pourraient faire reculer cette menace de bombardement à condition de pouvoir intercepter dans l’espace aérien russe, qui constitue aussi une forme de sanctuaire.

La décision américaine est donc cruciale, car elle permet à l’Ukraine, si ce n’est de combattre à armes égales, de pouvoir contrer ces différentes menaces et de désanctuariser une partie du territoire russe, alors même qu’elle est menacée et bombardée sur l’ensemble de son sol.

Les menaces récurrentes de Vladimir Poutine, manifestations de sa faiblesse

Le président dictateur de la Russie, Vladimir Poutine, menace évidemment tous les alliés de l’Ukraine et en premier lieu ceux qui sont frontaliers comme les pays baltes, tout en évitant de trop nommer les Etats-Unis… exercices avec des armes nucléaires tactiques (bien trop dévastatrices pour pouvoir être utilisées sans provoquer une réaction équivalente) et menaces de bombarder des « zones très peuplées de petits pays ».

Poutine agite aussi et encore le spectre d’une troisième guerre mondiale que la Russie ne peut que craindre vu son échec contre la seule Ukraine : tout cela manifeste surtout une forme de faiblesse et de crainte de la Russie dans une guerre dont elle est seule responsable et qu’elle ne peut pas perdre sans que Poutine ne perde le pouvoir.

Ce risque d’escalade, qui anime les débats parmi les alliés, renvoie en premier lieu à l’objectif poursuivi en Ukraine : empêcher la Russie de Poutine de gagner ou permettre à l’Ukraine de combattre efficacement son agresseur ?

Comme la sécurité des pays européens est clairement en jeu – les menaces récurrentes de Poutine ne nous laissent aucun doute sur le sujet –, désanctuariser une partie du territoire russe consiste bien à contraindre la Russie par la force, en symétrie de ce qu’elle-même fait dans cette guerre.

Réactions immédiates des relais de Poutine dont la Rassemblement national

La réaction dans le « monde » politique est très intéressante, surtout à quelques jours des élections européennes. Tandis que le dirigeant d’extrême-droite de la Hongrie, Viktor Orban, essaye à nouveau de bloquer l’aide de l’Union européenne à l’Ukraine, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (au patriotisme dévoué à Poutine), relaie consciencieusement les arguments de son soutien et modèle, le maître du Kremlin.

Cela interroge bien évidemment sur leur soi-disante condamnation de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, et plus encore sur les objectifs réels que poursuivront les députés du RN, comme Jordan Bardella, au parlement européen.

Le Pen-Bardella, c’est le monde à l’envers : pour eux, l’armée française devrait se battre dans les banlieues, mais pas pour faire la guerre. Poutine peut librement tirer sur l’Ukraine, mais il ne faut pas que l’Ukraine puisse se défendre… sinon nous « risquerions la guerre », le problème étant que nous l’avons déjà.
La question se pose dès lors de savoir si le problème du RN n’est pas plutôt que Vladimir Poutine soit mis en échec ?




Pour approfondir,

Guerre en Ukraine : après un long débat, l’administration Biden autorise Kiev à frapper le territoire russe (Cedric Pietralunga dans Le Monde)


Bilan des territoires ukrainiens envahis par la Russie de Poutine (18,5%) par @Pouletvolant3


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21 commentaires sur “Ukraine, le droit de se défendre au grand dam de Poutine et du Rassemblement national…

  1. Voici ce que m’inspirent vos commentaires sur la supposée puissance OTANIENNE à la solde des USA.

    On voit que le TROLL(EYBUS) circule bien !

    MAGA : Make America Great Again (without NATO)
    MRGA : Make Russia Great Again
    MCGA : Make China Great Again
    Trump/Poutine/Xi Jinping mêmes combats liberticides !

    Heureusement qu’on a
    MEGA : Make Europe Great Again,
    initiée par Jean Monnet !
    Ce même Jean Monnet dont on a dit qu’il était à la solde des USA, on aurait parlé de fake de nos jours !

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  2. bien sur, le Front National (lapsus volontaire) n’est que la courroie de transmission de la russie. Mais…. entendu aujourd’hui : un depute LFI dit que le president ukrainien n’est pas le bienvenu en France…. leurs rangs vides a l’assemblee nationale. J’ai honte pour eux. J’ai honte pour mon pays. Des guignols. Des pantins. Un melanchon qui joue des roles. Bien sur, Victor Hugo, le grand pourfendeur des injustices. Puis, il s’est fourvoye du cote de Jean Moulin, mais bon….. cela ne lui allait pas au teint…. un bref virage du cote de Gandhi, au debut de la guerre en Ukraine. La non plus, ce n’etait pas heureux. Contrairement a Melenchon, Gandhi etait trop maigre pour etre malhonnete.

    la chienlit, disait De Gaulle ?

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  3. Aucun de nous ne souhaite que notre pays ne soit entraîné dans une guerre contre la Russie ou contre qui que ce soit. Que nous soyons un simple citoyen civil ou un citoyen qui a choisi le métier des armes.

    Nous avons cependant dans les dernières décennies été à de nombreuses reprises (38, si je me souviens bien du décompte que Guillaume Ancel a utilement rappelé) dans des conflits avec des soldats français aux premières loges. Nous avons su refuser l’intervention en Irak et c’est à notre honneur, me semble-t-il, de ne pas avoir suivi l’aventurisme stérile initié par l’entourage de Bush junior.

    Quels ont été les erreurs d’appréciation commises et les limites de nos interventions dans le Sahel ? Il ne saurait être question de répondre à l’emporte-pièce, mais la question peut être posée.

    Par l’agression de la Russie dirigée par l’autocrate Poutine contre un Etat souverain avec la claire intention de l’annexer tout entier, la question se pose en termes nouveaux. Les menaces de la Russie de Poutine ne se limitent pas à l’Ukraine mais d’autres nations sont menacées et Poutine a montré non seulement le peu de cas qu’il fait « des lois de la guerre », mais son refus total de respecter les lois internationales et la Charte même des Nations-Unies.

    Nous commémorons demain un engagement militaire qui a été le début de la défaite militaire de l’Allemagne dirigée par un autre autocrate. Il a fallu battre militairement les armées nazies pour que cesse la domination de Hitler et de ses hommes de main sur l’Europe.

    Peut-être que si les démocraties européennes avaient moins tergiversé et été plus fermes et intransigeantes à Munich et en d’autres occasions…

    En tout état de cause, ne refaisons pas les mêmes erreurs avec Poutine. Il faut lui signifier très clairement que la dissuasion sur laquelle repose notre doctrine militaire n’est pas qu’une simple figure de style et un effet rhétorique.

    Ce qui veut dire également que, là, à l’instant, et cela très concrètement dans quelques jours dans l’isoloir, il faut réfuter ceux qui sont « la cinquième colonne » de Poutine dans nos murs, comme ceux qui jouent les « idiots utiles » en appelant à des négociations de paix aux conditions de l’agresseur qui pourra compter ses annexions par la force comme un butin définitif en attendant mieux dans quelques temps.

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  4. Bonjour Guillaume et merci encore pour ton article.
    Il y a quand même des aberrations et des inepties : entre les livraisons d’armes qui traînent, les conditions d’engagement imposées, le manque de réaction de l’Otan face à l’accumulation insupportable des exactions de Poutine : rien qu’en Europe:

    • désinformation
    • tentatives de destabilisation
    • ingérences dans les élections
    • corruption jusque dans l’UE
    • menaces
    • sabotages
    • brouillages GPS, ETC
      Mais aussi sur le front:
    • viols et exécution de civils
    • déportation d’enfants
    • double frappes décalées pour éliminer les secours
    • crimes de guerre, etc…
      Je me demande perpétuellement ce qu’il faut de plus pour réagir !!!!
      Michel Goya affirme même qu’il ne voit pas ce que la Russie pourrait faire encore de plus, vu qu’elle a déjà tout fait!!!
      Je rappelle qu’outre l’article 5, l’Otan se doit d’intervenir si la sécurité d’un ou plusieurs de ses membres est menacée… C’est quand même plus qu’avéré aujourd’hui !!!
      Comme l’affirme, entre autres, Nicolas Tenzer, Poutine ne comprend que la force, a peur de la mort. Ce n’est qu’un piètre petit mafieux.
      Mais non, on ne réagit pas, on continue à laisser le temps passer pour bien faire pourrir la situation…
      Franchement, ça n’aide pas à voter aux européennes. On se demande à quoi sert L’UE, à quoi sert l’Otan. Symboles d’institutions bureaucratiques, oligarchiques, incapables de réaction forte.
      Pourtant il y en a des coups de poing à frapper sur la table: virer Orban de l’UE, virer la Russie du conseil de sécurité de l’Otan, prendre la désinformation à bras le corps, faire le ménage, monter le ton….
      Bref, marre de ces ectoplasmes…

    Aimé par 2 personnes

    1. euh, virer la Russie du conseil de sécurité de l’O….NU, pas O…TAN…

      Merci pour ce coup de gueule, ça fait du bien de vous lire avec notre cher Guillaume Ancel !

      NE PAS SUBIR !

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    2. « virer Orban de l’UE » je n’ai pas connaissance que ce cas soit prévu dans les traités régissant l’UE. Donc impossible de force. Reste l’option de dégoûter Orban, mais sans doute au prix de s’aliéner le peuple hongrois, avec effet de bord prévisible sur tous les peuples européens, surtout attisé par les partis populistes anti-européens et / ou d’extrême-droite.

      « virer la Russie du conseil de sécurité de l’Otan » ONU voulez-vous certainement écrire. Impossible dès lors que la Russie a hérité du droit de véto dont bénéficiait l’URSS, et dont bénéficie aussi la France.

      Fabrice

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  5. Il sera intéressant de décortiquer l’évolution des occidentaux dans l’utilisation de leurs armes par l’Ukraine.

    Il semble que les USA aient finalement suivi une partie des Européens sur ce sujet, avant que d’autres pays européens emboitent le pas des USA. Cela marque apparemment une révolution dans le fonctionnement entre pays de l’OTAN.

    Ou, est-ce que des Européens ont accepté de faire en sorte que les USA n’apparaissent pas moteurs dans cette évolution ?

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  6. L’Ukraine a tout à fait le droit de se défendre face à l’effroyable attaque de l’ogre poutinien.

    Les pays de l’OTAN sont divisés quant à une éventuelle participation AIR – Terre et l’Europe militaire n’existe toujours pas.

    La réconciliation franco-allemande de Gaulle – Adenauer, puis le renforcement de l’amitié Mitterand – Kohl et l’élargissement de l’Europe à 27 pays n’ont jamais permis la création d’une armée européenne forte et soudée. Trop de divergences.

    Le XXI è siècle s’annonçait riche, brillant et loin de toutes velléités guerrières.

    C’était sans compter sur l’arrivée au pouvoir d’un nouveau Staline avide de recrée la Grande Russie des Tsars, s’asservir tous ses peuples et d’en devenir le dictateur à vie en tuant certains opposants à son régime et en réouvrant les goulags.

    Inquiétant pour nous , Français et autres Européens’ qui sommes à la merci de décisions gouvernementales graves.

    Avons-nous envie d’une guerre ? NON

    Avons- nous envie de faire la guerre ? NON

    Mais l’Ukraine a besoin de nous. Elle est notre garante de la paix et de nos libertés.

    Votons donc en nos âme et conscience le 9 Juin pour des hommes et des femmes de Paix et attendons avec patience les résultats de l’élection présidentielle aux USA avec le possible sursaut de lucidité chez certains excités pro Trump.

    S Cazeneuve

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  7. Pendant la deuxième guerre mondiale, les villes de l’Allemagne ont été bombardées et détruites et on a lancé deux bombes nucléaires sur le Japon.
    Ça n’a pas changé du tout le fait que l’Allemagne et le Japon étaient les pays agresseurs. Ils ont été victimes de leurs propres erreurs catastrophiques, comme c’est maintenant le cas avec la Russie.

    Il y a un an et demi Joe Biden a dit que « la guerre va se terminer lorsque la Russie va se retirer de toute l’Ukraine ».
    Normalement ça ne peut être fait que par un nouveau régime, qui va condamner la guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine.

    J’ai analysé avec beaucoup d’attention toutes les décisions, les paroles et les attitudes provenant de la Maison Blanche et je déduis que le vrai objectif (non assumé officiellement) n’est pas la défaite de la Russie ou la victoire de l’Ukraine mais le changement du régime au pouvoir au Kremlin, pour que la Russie puisse devenir par après un allié, comme l’Ukraine est déjà devenue.
    Ça semble très logique, d’une part à cause que c’est la seule véritable solution au problème et d’autre part car ça pourrait pencher de manière décisive la balance dans le conflit opposant le Monde Libre aux régimes dictatoriaux.

    Pendant la deuxième guerre mondiale, qui aurait pensé que l’Allemagne et le Japon seraient alliés avec la France et les États-Unis?

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  8. Et Orban, que fait-il encore en UE ? Il compare des dirigeants occidentaux à Hitler. Il faudrait l’arrêter et le traduire à la CPI pour ses propos absolument honteux ! Il devrait émigrer en Russie, il aurait un super poste au gouvernement !

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  9. Monsieur Ancel, Léopold von Ranke : L‘histoire devrait être écrite ‘comme elle a réellement été. Je suis belgo canadien et partage ma vie entre les deux continents. Je suis frappé par l’antiaméricanisme qui règne ici au Canada. Nombre de Canadiens quand ils voyagent à l’étranger collent sur leur sac à dos un drapeau canadien pour les distinguer de leurs voisins. En Europe, la nouvelle pensée unique veut que nous soyons défendus par l’oncle Sam. Le 6 juin prochain, on commémorera le débarquement de Normandie encore appelé « opération Overlord ». Mais qui sait qu’en anglais, Overlord signifie suzeraineté. On n’arrête pas non plus de célébrer la mémoire de l’holocauste. Mais qu’a-t-on organisé depuis la fin de la seconde guerre mondiale pour remercier les Russes du rôle essentiel qu’ils ont joué dans la lutte contre le nazisme et qui leur aura coûté 20 millions de victimes ? Un proverbe islandais dit que l’histoire n’est qu’à moitié dite quand une seule partie la raconte. Pour avoir étudié le conflit en Ukraine dans ses moindres détails, force est d’admettre que la guerre nous est présentée comme un film de cow-boys et d’Indiens avec les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. Comment dans ces conditions peut-on imaginer une solution pacifique au conflit. Va-t-on prendre le risque d’une fois encore tout détruire pour finalement se retrouver autour d’un nouveau Potsdam ou d’un autre Yalta ? Ayons le courage d’admettre que depuis 1989 la Russie n’a cessé de tenter de se rapprocher de l’Europe. Ce risque de créer l’Europe du Général De Gaulle allant de l’Atlantique à l’Oural et pourquoi pas jusqu’aux confins de la Sibérie ne pouvait plaire à l’oncle Sam. Osons le courage de dire que tant Gorbatchev, que Boris Eltsine, que Poutine au début de son mandat ont tout fait pour se rapprocher de l’Europe. Gorbatchev est mort dans la solitude, on lui aura reproché sa naïveté face à l’Occident. De grands intellectuels américains, je pense à Noam Chomsky ou John J. Mearsheimer, professeur à l’université de Chicago estiment que l’extension de l’OTAN figure parmi une des causes essentielles du conflit. Un simple coup d’œil sur la carte d’Europe retraçant les étapes successives de son extension sont éclairantes. Mais il semble impossible pour cette Europe judéo-chrétienne déjà de simplement imaginer la peur que cette extension peut générer parmi le peuple russe. Il semble difficile à notre culture occidentale judéo-chrétienne d’imaginer que nos valeurs ne sont pas nécessairement universelles. On n’arrête pas de nous parler de dictature en Russie, en Turquie, en Chine et ailleurs, on nous parle de leurs médias censurés, de leurs caméras de surveillance comme si chez nous la démocratie était parfaite, la presse impartiale, la vie privée respectée, les caméras de surveillance absente… le wokisme n’est pas né de rien, l’arrogance de l’Occident devient indigeste et se traduit par le deux poids deux mesures. L’Occident n’aurait donc pas financé la propagande visant à pousser l’Ukraine, la Moldavie, maintenant la Géorgie dans les bras de l’Europe dans le but d’affaiblir la Russie. On ne comprend pas le point de vue russe alors qu’une présence chinoise dans les îles Salomon à 1500 km de l’Australie pose déjà problème. Idem pour Cuba de 1962. Deux poids, deux mesures. J’ai écrit ces dernières années des centaines de lettres aux politiciens des 27 pays de l’union en ayant reçu que fort peu de réponses. La démocratie chez nous réside bien souvent à pouvoir voter pour une personne aperçue sur un poster avec un grand sourire. Pour seule preuve, le taux d’abstention record des années précédentes en Belgique et le matraquage des médias depuis plusieurs mois pour pousser le citoyen qui n’y croit plus à aller malgré tout voter sous peine de sanctions. Une anecdote belge, mais qui n’est pas que belge. Hadja Lahbib, d’origine magrébine est devenue du jour au lendemain ministre des affaires étrangères en un temps où on nous parle de troisième guerre mondiale. Le président du MR l’avait choisie par calcul électoral. Et voilà une personne qui n’a jamais été élue, qui n’avait pas la moindre expérience en politique, qui n’a pas été choisie comme cela aurait dû l’être dans les temps difficiles que nous traversons pour une expertise particulière de l’Ukraine et de la Russie. Quelqu’un parlant couramment le russe – et bien entendu l’anglais ! Quelqu’un ayant une stature internationale et pouvant rivaliser avec Sergey Lavrov ou Antony Blinken, quelqu’un pouvant envoyer un message cohérent aux Nations unies, quelqu’un sortant des sentiers battus, un Paul Henri Spaak d’une époque révolue. Dans bon nombre d’autres pays de l’Europe, les ministres des affaires étrangères n’ont pas non plus une carrure suffisante que pour être pris au sérieux. Je ne peux que féliciter Monsieur Dominique de Villepin. Si nous avions eu davantage de politiciens comme lui dans nombre de pays européens, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui, peut-être à la veille d’un troisième conflit mondial. Le temps que nous passons à critiquer nos voisins et leur système autoritaire, à imaginer que notre système de fonctionner et le seul valable, puissions-nous le consacrer à rénover notre civilisation en déliquescence. Tant que l’on ne sera pas convaincus que la crise que nous traversons tant au Moyen-Orient qu’en Ukraine ne remonte pas respectivement au 7 octobre ou en février 2022, tant que les politiciens ne seront pas convaincus que les responsabilités des drames qui se trament sont très largement partagées, on s’éloignera de la paix et on se rapprochera de la guerre. Comment se fait-il que jamais dans les médias on nous parle de la propagande diffusée au travers des chaînes de télévision établie par George Soros dès 2008 en Ukraine et favorable à un rapprochement avec l’union européenne. Que faisait Victoria Nuland sur la place Maidan de même que l’ambassadeur américain Piat en 2014 ? Quid de l’explosion de North stream ? Quid de la propagande diffusée en Géorgie et en Moldavie favorable à un rattachement à l’union européenne ? Quid des promesses faites par Clinton sur la non extension de l’OTAN après 1989 ? Dans l’état actuel des choses, quels sont d’ores et déjà les grands gagnants de cet affrontement ? Quid du prix de l’énergie en Europe et d’ores et déjà des délocalisations allemandes via les États-Unis ? Depuis 1989, la Russie a été particulièrement claire dans la ligne rouge à ne pas franchir, à savoir la Géorgie et l’Ukraine. Au départ, les 50 pays que vous citez ne faisaient pas partie des supports de l’Ukraine. La conduite vers la guerre a été menée par les pays baltes et la Pologne qui sont parvenus à embarquer d’autres pays. La diplomatie européenne est nulle et surréaliste. J’applaudis également Monsieur Sarkozy pour sa prise de position et pour sa lucidité de voir encore un avenir de l’Europe avec cette Russie afin de renouer à cette situation antérieure à 1914, départ du déclin de l’Europe. Sans les États-Unis, nous ne serions pas aujourd’hui de la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui plongés. 145 pays nous regardent et se disent que décidément ces blancs commencent à être insupportables. Jamais deux sans trois ? Pour conclure, soyons très clairs. Qu’il y ait eu agression de la Russie, nul doute. Que nous soyons blancs comme neige, il faudrait un certain courage à l’Europe que pour douter et connaissant son passé, un courage qu’elle n’aura pas. Après avoir écrit des centaines de lettres aux hommes politiques des 27 pays de l’Europe, je suis convaincu que notre modèle de démocratie est usé, fatigué, dépassé. Arrêtons de faire la leçon au monde entier et regardons aussi le bon côté de ce qui se passe ailleurs. Je passe ma vie également en Asie, mon épouse étant d’origine chinoise. Traverser Shanghai ou Pékin à deux heures du matin ne pose aucun problème, je ne m’y risquerais pas à Bruxelles où il ne se passe une semaine sans qu’il y ait une fusillade parmi ces lieux de non-droit où la police ne s’y risque plus. Cordialement, Jean-Paul Buckens

    ? Jean-Paul Buckens and Ling Qing Jun, 1545 Sherruby Way, Ottawa ON K2W 1A9 Canada 250 431 8045

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    1. « depuis 1989 la Russie n’a cessé de tenter de se rapprocher de l’Europe » Possible, et les liens économiques ont été très fortement développés entre Russie et UE (tout particulièrement l’Allemagne), pas seulement pour le gaz et le pétrole.

      Néanmoins, il est heureux que les décideurs occidentaux d’alors aient maintenu la Russie politiquement hors de l’OTAN et hors de l’UE. Car la Russie n’avait fait que se débarrasser du collectivisme et de ses oripeaux communistes, mais avait conservé son impérialisme, tout juste mis en veilleuse (quoique la Tchétchénie en a subi sa version amoindrie). Si le devoiement de la Hongrie d’Orban est une nuisance désagréable mais supportable pour l’UE, imaginez ce que provoquerait une Russie poutinienne membre de l’UE !

      Tant que la Russie n’aura pas été guéri de son impérialisme expansif (une constante de son Histoire, depuis Ivan III), elle n’est pas intégrable dans l’UE. A posteriori, on peut même juger que l’intégration économique de la Russie a été poussé trop loin en Europe, nous mettant en dangereuse dépendance.

      Fabrice

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    2. « Quid des promesses faites par Clinton sur la non extension de l’OTAN après 1989 » Tant qu’à recopier le vade-mecum de la propagande russophile, autant kui être fidèle. Parce que Clinton faisant des promesses à la Russie en 1989, c’est une première. 🤣

      Clinton avait entendu en 1995 Yeltsine lui demander de lui concéder la tutelle de l’Europe pour qu’il puisse s’en prévaloir pendant sa campagne de réélection. A l’époque, cette demande avait mise au compte de l’ethylisme de Yeltsine, alors que ce dernier ne faisait qu’exposer le grand dessein post stalinien de la Russie. Dont Poutine a repris le flambeau impérialiste.

      Fabrice

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    3. « remercier les Russes du rôle essentiel qu’ils ont joué dans la lutte contre le nazisme » Les pays d’Europe orientale ont été aux premières loges pour apprécier les bienfaits de l’apport des russes au bonheur du Monde. Une partie de ces pays avaient pu profiter de la bienveillance russe depuis plus d’un siècle, cf. Finlande, Pays Baltes, Pologne, Ukraine, Moldavie. Curieusement, ce sont les pays les plus en pointe face au néo impérialisme de la Russie poutinienne. Quel manque de reconnaissance ! 🤣

      Incontestablement, l’URSS a été déterminante pour abattre le nazisme. Mais cela s’inscrivait dans le droit fil de son expansion, cf. territoires conquis manu militari dans le cadre de l’accord Molotov – Ribbentrop (lutte contre le nazisme ?). Sans le débarquement des Alliés le 6 juin, nous parlerions soit allemand, soit russe, mais pas en démocratie.

      Fabrice

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    4. Bonjour Jean-Paul.

      Je vous remercie pour cette réponse très lucide à l’article de Guillaume.

      En effet cela fait longtemps que les USA ont dans leur scénario la volonté de prendre le contrôle des richesses russes tant énergétiques que minières (cf : les articles de la Rand corporation). Une caverne d’Ali Baba !!

      « Moustache » le savait bien vu, que Total exploite du pétrole avec une société russe dans la péninsule de Yamal si mes infos sont toujours d’actualité.

      D’autre part la lecture du livre de Zbigniew Brzezinski : « Le grand échiquier, l’Amérique et le reste du monde », montre bien que pour les USA, il y a la volonté, à tout prix, d’empêcher la création de l’axe Paris/ Moscou/ Berlin !

      Ensuite, comme le dit dans une vidéo sur You Tube, Jeffrey Sachs, l’américain qui conseilla Gorbatchev et Lech Walesa pour faire basculer les économies « socialisées » ex-soviétique et polonaise vers des économies privées, c’est le lobby militaro-industriel et je rajouterai sécuritaire US qui a pris le contrôle de la politique étrangère du pays après les attentats du 11/09/01.

      Pendant que Donald Rumsfeld était secrétaire d’état à la défense, sa femme siégeait au conseil d’administration de « Northrop Grumann » ……No comment !

      D’ailleurs, lors de son discours de départ de la présidence US, à la fin de son 2è mandat en 1961, Eisenhower lui-même avait prévenu du risque que faisait courir le lobby militaro industriel US sur la démocratie américaine.

      Victoria Nuland, convoquée par le Congrès américain pour donner sa version des faits sur le Maïdan 2014 est souvent fort embarrassée pour répondre au président de la commission d’enquête !

      Son mari, Robert ou Paul Kagan est le chef de file des néo-conservateurs US, son beau-frère, Frédérik Kagan est historien militaire comme son père Donald Kagan et la femme de Frédérik Kagan est la créatrice du site ISW que Guillaume et d’autres utilisent comme support à leurs articles concernant la guerre Russie/ US-UE-Otan-Ukraine. (La défaite de l’Occident d’Emmanuel Todd ).

      Il est à remarquer aussi que Victoria Nuland est le clone actualisé de Madeleine Albright qui joua elle, un rôle très déstabilisant, c’est un euphémisme que de le dire, dans les Balkans des années 1990 !!

      Aujourd’hui nous sommes dans un monde post guerre froide qui n’en finit pas d’accoucher d’un « nouveau monde ».

      L’Hégémon US ne veut pas céder d’un pouce sur son autorité « incontestée » jusqu’à l’intervention sans mandat de l’ONU par l’OTAN du printemps 1999 contre les forces serbes au Kosovo et en Serbie.

      L’OCS puis les BRICS ont dit: « Cela suffit, cette minorité de la population mondiale qui à travers ses élites décide de la marche à suivre de toute la planète » !

      D’où le clash que nous connaissons depuis 2 ans maintenant en Europe.

      Il est évident, comme vous le dîtes si bien que les guerre israëlo-palestinienne et Russo/Ukrainienne ne datent pas d’octobre 2023 ou de février 2022.

      Nous allons malheureusement, dans le cadre des 2 conflits principaux actuels, menés par des jusqu’au-boutistes vers des étapes d’escalades type « diodes » ou « point of no return » !

      A force d’avoir « chatouillé » l’ours de la taïga qui hibernait tranquillement, nos dirigeants n’ayant pas voulu comprendre l’allusion de V. Putin, l’Occident, USA en tête, l’a réveillé et il est de très mauvaise humeur !

      Quid de l’Otan, dont le rôle principal, officieux et non avoué dans les médias mainstream, est de maintenir un contrôle US sur l’UE depuis 1949.

      Le SACEUR est toujours un militaire américain depuis sa création, même si aujourd’hui il a un nom à consonnance italienne.

      Les guerres de l’ex-Yougoslavie ont été l’excellent prétexte pour maintenir cette institution politico-militaire, malgré l’effondrement du pacte de Varsovie en décembre 1991: « l’ennemi rouge et basé à l’Est » tel que l’on nous le répétait au début des années 1980 quand je faisais mon service militaire !

      Dovidjenja.

      Ronan.

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  10. Il ne faut pas oublier, d’une part que l’Ukraine nous défend.

    C’est ce que je pense. Ils sont notre frontière avec la Russie. Ils se battent donc pour nous. Ils meurent pour nous. Et si on les laissait perdre ils seraient engloutis par poutine et là on aurait des soucis à se faire. Ils auraient toutes les raisons de nous haïr. Ils seraient morts pour rien. Nous les aurions trahis. Ils apporteraient donc une aide précieuse à poutine parce qu’ils sont bcp plus forts.
    C’est donc non seulement pour la démocratie qu’il faut les défendre mais c’est dans notre intérêt.

    d’autre part il n’y a pas que le RN il y a toutes les voix de la trouille dont Sarko est l’un des principaux représentants un ex président c’est pas glorieux. Il affiche son désaveu juste avant les élections.
    il y a également ses liens avec poutine

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  11. VP paraît* plus dangereux que AH, de plus insérer des « posts » sur Instagram etc, expose à des menaces. * Il est prêt à voir son pays rasé, ce n’était pas le cas de AH.

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