Rafah, le carnage que nous ne voulons pas voir ?

Après 10 semaines de fausses négociations entre une organisation terroriste, le Hamas, qui veut continuer la guerre pour se nourrir et un gouvernement extrémiste mené par Benyamin Nétanyahou qui a besoin de cette guerre pour achever ses propres objectifs, tout est en place pour un nouveau carnage, dont nous détournons pudiquement nos regards. 

Rafah, l’ultime carnage de Netanyahou ?

Rafah, au sud de la bande Gaza, est en effet le dernier centre urbain qui n’avait pas été dévasté par cette guerre que mène désormais Israël contre les Palestiniens. Près d’un million et demi de ceux-ci sont en effet réfugiés dans cette place à la frontière de l’Egypte et ils n’ont concrètement aucun moyen de fuir, de s’enfuir puisque le reste de la bande de Gaza a été méthodiquement dévasté. 

Netanyahou a clairement indiqué son intention de lancer maintenant son armée contre ce qu’il considère comme l’ultime refuge du Hamas, en oubliant fort opportunément que c’est en réalité celui des Gazaouis, ce peuple palestinien qui survit sur cette étroite bande de terrain. 

Le Hamas, comme toute organisation terroriste, continuera à exister même après que Rafah ait été « réduite » en un tas de ruines. Ses chefs sont d’ailleurs au Qatar et vont pouvoir prospérer de ce énième carnage, qu’ils qualifieront de « martyr » tandis qu’ils y auront largement contribué. 

Lire aussi : Laissons Netanyahou dévaster la bande de Gaza et Poutine écraser l’Ukraine ?

Par ailleurs, les fameux tunnels qu’Israël présente comme une puissante arme de guerre alors qu’ils ne sont que des moyens de se déplacer et pourront facilement être remplacés, permettent aux miliciens du Hamas d’échapper aux foudres de l’armée israélienne qui s’abattent pour l’essentiel sur une population civile menée à une détresse humanitaire absolue, entre bombardements et quasi-impossibilité d’acheminer de l’aide. 

Est-ce que la société israélienne cautionne ce carnage de Palestiniens ?

Le bilan de cette offensive lancée par Netanyahou contre la bande de Gaza est catastrophique : plus de 40,000 morts désormais (il faut compter en effet les « disparus » sous les décombres qui sont oubliés dans tous les décomptes actuels). Une opération massive contre Rafah, compte tenu de la densité de population et de l’impossibilité pour celle-ci de quitter la zone, devrait doubler à quadrupler les morts quotidiennes, qui sont déjà actuellement de l’ordre de 200 victimes (et 600 blessés) par jour. 

Avec 10 jours de combat intense dans Rafah, et les bombardements actuels de préparation, cette guerre contre Gaza – si elle s’arrêtait tout de suite après – totaliserait probablement plus de 50,000 morts, pour plus de 80% des civils sans lien avec le Hamas. Autrement dit, 40,000 victimes innocentes auront payé de leur vie la « riposte » d’Israël à une attaque terroriste qui a fait 1,200 victimes sur son territoire.

Le ballet diplomatique américain ou les efforts des Égyptiens n’ont manifestement aucun effet sur la politique menée par Netanyahou, alors même que les Etats-Unis fournissent toutes les munitions nécessaires à ce carnage. La question est maintenant de savoir si la société israélienne cautionne ce massacre annoncé dont l’objectif n’est pas de détruire le Hamas (qui n’est qu’une ombre) mais bien de rendre inhabitable ce territoire aux Palestiniens après les avoir terrorisés à leur tour. 

Israël, dirigée par le gouvernement Netanyahou, est-elle vraiment une démocratie si elle peut commettre des crimes de guerre répétés pendant des mois en s’attaquant au peuple palestinien et en faisant prospérer le Hamas qu’elle prétendait détruire ? Face à la chronique de ce carnage accablant, notre silence l’est tout autant. 


En savoir plus sur Guillaume Ancel - Ne pas subir

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

24 commentaires sur “Rafah, le carnage que nous ne voulons pas voir ?

  1. Le problème de Gaza est insoluble tant qu’une partie des pays du Golfe continuera à entretenir volontairement des factions liées à l’islam radical sur le territoire palestinien. En l’état je pense (et ce n’est qu’un avis personnel) que Netanyahou est allé trop loin pour relever la botte tant qu’un palestinien manifeste encore un signe de vie sur place. Exode ou génocide garantirait dans tous les cas qu’aucune menace n’émergera plus de Gaza et je me doute que c’est l’objectif recherché. Au delà des cris d’orfraie des populations des pays arabes les dirigeants des pays voisins ne voient pas de problème moral majeur à cette solution quoi qu’en dise les commentateurs expert autoproclamés sur le sujet.

    J’aime

  2. A tous les Israéliens et à toutes les Israéliennes, qu’ils soient eux-mêmes des survivants, fils ou filles de survivants j’ai envie de dire en toute amitié: SOUVENEZ-VOUS ! Pensez-y quand vous êtes devant vos écrans de télévision et que l’insupportable défile de vos yeux.

    UNE VIEde James Hawes

    « Plus que dans Le silence des agneaux, c’est dans The father que le comédien Anthony Hopkins m’a marqué, tant sa composition était puissante. Dans Une vie Anthony Hopkins se contente de prêter ses traits, sa stature alourdie par les ans et son mutisme à un homme qui a véritablement existé.

    Anthony Hopkins est Nicolas Winton, courtier à la retraite après une carrière dans une institution financière de Londres, coulant en apparence une retraite paisible dans une campagne verdoyante qui pourrait être dans le Kent. Syllogomaniaque, comme nous le sommes presque tous dès que l’espace habitable ne nous est pas compté, Nikkie a accumulé articles de presse, écrits et objets divers mais il a enfermé dans un tiroir de son bureau une précieuse serviette en cuir renfermant le souvenir de sa vie le plus intense.

    Si le grand ménage peut se faire par une belle flambée au fond du jardin, la serviette de cuir mais surtout l’album qu’elle contient, devient centrale dans le film.

    Quand Nicholas était encore un homme jeune, en 1938, les nazis étaient déjà au pouvoir depuis 1933 en Allemagne et ils ont annexé l’Autriche et poursuivi leur politique expansionniste en mettant la main sur les Sudètes qui faisaient jusque là partie de la République de Tchécoslovaquie. Comme en Allemagne et en Autriche après l’Anschluss, la chasse aux opposants peut commencer et l’épuration ethnique contre les habitants de confession israélite être mise en oeuvre. Les familles juives, adultes et enfants, se réfugient à Prague et c’est là que ceux que plus tard on appellera les Justes se mettront au travail pour en sauver le plus possible.

    Nikkie est de ceux-là. Avec des proches connaissance convaincus et sa mère, elle-même descendante d’anciens réfugiés juifs de l’Allemagne prussienne, ils vont organiser des convois ferroviaires de Prague à Londres qui permettront à près d’un millier d’enfants juifs d’échapper aux rafles exterminatrices des Waffen SS et de leurs complices. Le neuvième convoi n’arrivera jamais en Angleterre et désormais la destination des trains sera vers les camps de regroupement et d’extermination ouverts en Pologne. C’est une conséquence directe de la décision des nazis de passer à la vitesse supérieure contre le juif honni, en passant de l’épuration ethnique aux premières étapes de ce que la conférence de Wannsee entérinera et fera entrer dans l’ère industrielle.

    Que faire de cet album conservé depuis des décennies dans cette serviette de cuir ? Elle est le recueil des photographies des centaines d’enfants sauvés et la mémoire des difficultés rencontrées pour leur faire établir des laissez-passer et trouver des familles d’accueil en Angleterre.

    C’est Lady Elisabeth Maxwell, l’épouse française du magnat de la presse d’origine tchèque, qui est à l’initiative des rencontres de Nicholas Winton avec les nombreux rescapés qu’il avait contribué à sauver des griffes nazies. L’album témoin sera plus tard remis au mémorial pour la mémoire de la Shoah de Yad Vashem à Jérusalem.

    Une vie de James Hawes documente une action à grande échelle entreprise malgré l’inertie de la plupart des Etats par des hommes et des femmes pour soustraire à la barbarie nazie des centaines d’enfants juifs de Tchécoslovaquie. Il documente sans être un simple documentaire dans la forme, en ayant fait le choix de recourir à la fiction pour assurer une reconstitution la plus fidèle possible et en faisant appel à Anthony Hopkins pour en assurer l’interprétation donc la promotion. Il inscrit ce sauvetage dans la longue histoire de ceux qui ont tout fait pour contrecarrer la barbarie dont toute l’Europe était devenue la proie.

    Une poignée d’hommes et de femmes pour venir au secours du plus grand nombre possible ou même d’un seul s’il est menacé. Un homme ou une femme qui mobilise des énergies et qui, sans désemparer, organisent la fuite ou la protection de milliers d’autres.

    Comme Aristides de Sousa Mendes, diplomate portugais en poste à Bordeaux qui fait délivrer par ses services plusieurs milliers de visas à des personnes fuyant la même barbarie.

    Comme Paul Grüninger, ce garde-frontière suisse, qui organise le passage de la frontière de l’Autriche annexée vers une Suisse sourcilleuse, pour des milliers de réfugiés juifs, allant jusqu’ à établir les faux en écriture nécessaires pour que leur accueil soit pérenne.

    Comme ces paysans du Chambon-sur-Lignon et des communes du plateau du Vivarais en Haute-Loire qui ont accueilli et soustrait des centaines de juifs aux persécutions.

    Comme Aracy de Carvalho, diplomate brésilienne qui délivre, dans l’urgence, des milliers de visa pour le Brésil.

    Comme Jan Zwartendijk, industriel et consul hollandais en Lituanie qui fournit à la chaîne des visas pour Curaçao dans les Antilles néerlandaises pendant que son collègue japonais, le consul Sugihara signe les visas de transit pour que les fuyards puissent prendre le transibérien.

    Comme le Suisse Carl Lutz diplomate en poste à Budapest qui mobilise une véritable armée de fonctionnaires pour organiser protection puis départ du pays pour la Palestine de plusieurs dizaines de milliers de juifs.

    Nicholas Winton n’a pas pu recevoir le titre de Juste parmi les nations pour son action contrairement à Aristides de Sousa Mendes et Paul Grüninger. Il était considéré comme juif lui-même car ses parents s’étaient convertis au christiannisme pour favoriser leur intégration dans leur nouvelle patrie. Il sera anobli par la reine Elisabeth II et il a reçu de nombreuses distinctions au Royaume-Uni et en Tchécoslovaquie. Si ses actions étaient connues dans ces deux pays, lui-même ne l’était pas en France, c’est désormais lacune comblée. »

    J’aime

  3. Nous refusons de voir ce carnage sous prétexte de ne pas apparaître comme complices d’autres terroristes ou par décence envers un peuple dont nous ne nous sommes pas plus préoccupé, même si nous ne savions pas exactement le sort qui les attendait. Le génocide ne s’est pas accompli sur notre territoire mais nous avions accepté les fichages, les ségrégations, les confiscations, les persécutions et déportations d’une part de nos propres citoyens.

    Tant que nous aurons en mémoire cette honte et que nous n’évacuerons pas la xénophobie ambiante, pour ne pas parler du racisme, en prétendant confondre antisionisme et antisémitisme, nous resterons sans pouvoir dénoncer l’inacceptable.

    J’aime

    1. Ce qui revient à dire que le refoulement de ce qui nous incommode et le déni qui en découle sont toujours des portes ouvertes à l’impensé donc à une forme d’impuissance.

      Nous devons, quoiqu’il nous en coûte, décadenasser nos mémoires. Il en est ainsi de l’impensé colonial et de la terrible guerre civile dans les trois départements de l’Algérie française. Cette guerre civile que nous n’ avons, en un premier temps, jamais voulu appeler de son nom. Nous en payons aujourd’hui encore le prix et il faut bien le reconnaître nous avions placé beaucoup de nos militaires de carrière dans une situation intenable.

      Il en a été ainsi de l’antisémitisme qui était devenu doctrine officielle d’un Etat Français qui avait renié la République et ses valeurs. Un régime politique qui avait promu des lois qui ont conduit dans les camps de la mort ceux qui pensaient avoir trouvé refuge dans la patrie des droits de l’homme. Un régime politique qui a livré ses propres ressortissants de confession juive dans les mêmes camps de la mort, réunissant ainsi dans l’horreur Français de souche, Français de branche et souvent admirables métèques.

      Le mérite de nous faire avancer dans ce sens revient aujourd’hui au président Macron, il le partage à parts égales avec ses prédécesseurs. Cette appropriation même douloureuse de notre Histoire s’inscrit dans le le temps long et ne devra jamais s’arrêter. Elle est un enjeu des échéances électorales des années à venir.

      La question n’est pas de nous lancer dans une autoflagellation mortifère mais de regarder en face notre Histoire, d’en tirer toutes les leçons pour ne plus la subir et de ne plus nous laisser culpabiliser et intimider.

      J’ai en mémoire la force d’une photographie de presse qui avait fait le tour du monde. Celle de la génuflexion du chancelier allemand Willy Brandt devant le mémorial honorant la mémoire des juifs victimes de la répression du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943.

      C’était le 7 décembre 1970, à Varsovie, et l’intéressé n’a jamais expliqué, ni commenté son geste nous l’offrant à notre propre méditation. Le lendemain nombre d’allemands de toutes les générations et nombre d’entre nous ont été fiers de ce Herbert Ernst Karl Frahm uniquement connu sous son nom de résistant au nazisme, Willy Brandt.

      L’antisionnisme n’est pas de l’antisémitisme et ceux qui persévèrent à entretenir cette confusion dans les esprits jouent des ambiguïtés des uns, de l’ignorance ou de l’indifférence des autres.

      Il y a des antidotes efficaces à ce poison qui infuse dangereusement. Ce livre en est un:

      Comment la Palestine fut perdu et pourquoi Israël n’ap pas gagné -Histoire d’un conflit (XIX e -XXI e siècle) Jean Pierre Filiu aux édition du Seuil.

      J’aime

  4. Monsieur Ancel,

    Contrairement à la posture, il apparaît que le cabinet israélien de guerre ne veut pas aller à Rafah. Aussi la carrière de Netanyahou est finie et Smotrich n’aurait plus de siège au parlement. Maintenant les sondages montrent que le public en Israël veut en finir avec le Hamas, ne pas le laisser en place, avant les otages…… ne pas subir, c’est ne pas être soumis. Ne pas penser que votre fille soit violée par 60 individus, ou que vous finissiez dans une salle de torture dans un hopital. Lisez la clause 7 de leur charte. (PJ). Une maison sur 2 est militarisée. Les négociations n’aboutissent pas car les milliardaires de Doha ne le veulent pas. Apparemment 15 bataillons sur 18 du Hamas sont défaits; imaginons que 10,000 miliciens soient morts (les américains ne sont pas loin). Aussi 10,000 sont blessés graves. 2500 prisonniers. Sur 30,000 combattants la force du Hamas est aux abois. Comme expert vous pouvez peut-être anticiper une fin de combats intensifs. Pour les pertes civiles, vous vous basez sur Mossoul 9 civils morts pour 1 combattant. La coalition n’est pas allée au sol. En 2014 à Gaza il y a eu 1 civil pour 1 activiste tué, pas 9 comme à Mossoul (Ce que l’on cache au public). En décembre le nombre d’enfants morts publié était le double de ce qui est mentionné aujourd’hui. Al Ahly est toujours à 471 morts avec un hôpital détruit dans les statistiques et ce n’est pas isolé . CNN avait aussi posté que Al Shifa était rasé. En 2002 je lisais dans le métro à Londres en 2002 qu’à ‘Djeningrad’ il y avait un massacre de 800 personnes (le décompte a été de 23).

    *Comme l’a dit le ministre allemand de la justice aux journalistes, ne prenez pas le Hamas pour une agence de presse. *Nous n’avons jamais vu un combattant hors de combat depuis le début. On ne voit pas les tirs du Hamas sur ses civils ou leur organisation d’un marché noir à grande échelle multipliant par 3 les prix. On n’a aucune influence au Liban, mais face au Qatar on pourrait en faire plus. Le jour où les otages sont libres, tout s’arrête, dans l’intervalle les civils palestiniens sont au-dessus du Hamas. On oublie facilement la coordination fréquente avec l’Iran et avec les Russes et de l’aubaine où l’on ne parle plus trop de l’Ukraine.. Le bilan est horrible mais si vous avez une solution réaliste, cela demande un peu de circonspection sur la nature du conflit. Cordialement,

    François Ehrlich

    J’aime

  5. Bonjour et merci vivement pour vos analyses et votre expertise de ces conflits ô combien sensibles. Je regrette cependant que vos contributions de qualité n’atteignent pas davantage le grand public.

    Il y a toutefois un point que je ne saisis pas bien. C’est votre refus (ou votre hésitation ?) à qualifier les intentions du gouvernement Netanyahou comme génocidaires. Ces intentions ont été très tôt explicites et portées par les voix les plus hautes du gouvernement israélien. Elles ont depuis infusé, ici et là, au sein de la société israélienne, de l’armée, des colons de Cisjordanie et même en France! Les objectifs militaires, vous dites, sont de déplacer de force le peuple palestinien et de rendre Gaza invivable. Par sa définition, « invivable » signifie créer ou rendre les conditions d’un environnement hostile à la vie, et par extension à la dignité humaine.

    N’avons nous pas trouvé des corps de bébés décomposés à l’hôpital Al Shifa? Des témoignages d’ONG relatant l’impossibilité de suivi et de soins des grossesses, des naissances? Une aide médicale et humanitaire sur place pour les maladies chroniques et la survie quotidienne rendues systématiquement impossibles, sachant que l’état d’Israel est une force occupante, décisionnaire et donc responsable de ses actes. Et Gaza est un des territoires au monde les plus jeunes et les plus denses.

    N’avons nous pas vu l’armée couper l’électricité, l’apport en fuel, les télécommunications? Rendre impossible l’appel aux urgences? Rendre impossible la venue des ambulances?

    N’avons nous pas vu un nombre édifiant et sans précédent de journalistes Palestiniens tués en service ?

    N’avons nous pas vu des Israéliens bloquer l’entrée des camions de l’aide humanitaire au point de passage de Kerem Shalom? Ralentir ou empêcher celle de Rafah? Qu’en est il de ces destructions de bâtiments et d’infrastructures disproportionnées et de l’usage du phosphore blanc sur les civils? Sans parler de l’impact sur l’environnement naturel tel que la contamination des eaux, des sous sols et des terres arables.

    L’ État d’Israël, par ses actions, montre ne prêter aucune considération ni pour ses amis, alliés et encore moins pour l’organisation même qui l’a enfanté. C’est même l’état qui a systématiquement profité du véto US au conseil de sécurité, et qui n’a jamais été tenu comptable, ni pour ses violations du droit international ni de ses nombreux crimes de guerre car, malheureusement, cette « guerre » n’est pas la première..

    L’ enquête de la CIJ en cours donnera un jour son verdict mais, à mon sens, il y a des signaux, une évidence aux yeux du monde ( notamment pour ceux qui ont de la mémoire ) qui ne détrompent pas, et donc certaines précautions dans la terminologie employée sont déraisonnablement superflues.

    Les Palestiniens de Gaza documentent leur propre destruction et nous tend le miroir de nos hypocrisies et de nos contradictions maladives et chroniques. Nous sommes tout aussi complices et coupables de la colonisation, de l’apartheid israélien que du génocide en cours. Comme le dit un de vos lecteurs, nul n’en sortira gagnant ni épargné.

    Aimé par 1 personne

      1. Bonjour et merci de votre réponse même si je suis encore perplexe. Si on considère que les actes cités dans mon message précédent peuvent constituer des crimes de guerre, que dire de certaines déclarations problématiques au plus haut du pouvoir israélien ? Notamment quand le président Herzog affirme que personne n’est innocent à Gaza, c’est donc que la destruction du Hamas emboîte le pas de celle de la population ( et c’est repris en chants par des soldats) ? et que dire du ministre de l’Héritage qui évoque l’option de raser Gaza avec l’arme atomique?

        J’aime

    1. Bonjour Madame.

      Dès lors que des enquêtes internationales sont contradictoires et objectives, les civils innocents sont reconnus face auX organisateurS de mort, qui euX doivent être formellement condamnéS puis mis hors d’état de nuire ensuite.

      Après l’ultra-violence infâme du 7 octobre sur des civils, des familles, des innocents, la colère israélienne a entraîné une vengeance émotionnelle qui s’écarte de l’objectivité stratégique, qui s’écarte de toute leçon de civilisation à distribuer. J’observe que la réaction attendue par les instigateurs, maintenue aussi par les tirs de roquettes quotidiens, n’a pas empêché le Hamas d’interdire toute évacuation des victimes par leurs tunnels. Interdit !

      Pas un seul mot sur des initiatives alimentant le feu grégeois du conflit émotionnel sans marche arrière. Pas un mot sur des explosions sur les routes d’évacuation du nord vers le sud (par qui?). Pas un mot sur les erreurs de tirs de roquettes (parking d’un hôpital bondé). Pas un mot sur ZERO civil évacué par les tunnels sous les hôpitaux. Pas un mot sur des miliciens qui ont empêché des familles de quitter des zones menacées. L’indignation est totalement justifiée pour les bombardements Israéliens inefficaces et les assauts non productifs (centaines d’otages innocents non récupérés). Cette indignation est aussi à sens unique ! <–

      Que dire de la solidarité intangible des leaders du Hamas dans leurs hôtels 5 étoiles au Qatar? Que dire du prochain havre de paix des frères égyptiens pour les prochaines évacuations de Rafah ?

      https://sinaifhr.org/show/334

      Que dire de la démarche du Hezbollah qui pense énormément à la dignité humaine, comme en 2006 à Tir et Naqourah, quand le 7 octobre est l'occasion parfaite de condamner les "sales juifs" ? J'étais dans le coin en 2006, les sites de départ des roquettes étaient machiavéliques. Merci pour la victimisation ensuite !

      Que dire de la démarche houthiste au Yemen qui bloque 50% des rendements du canal de Suez, pour des millions de civils égyptiens ? Combien d'Egyptiens vont bouffer des cailloux bientôt ?

      Rien, comme d'habitude ! Nada !

      L'occident est vraiment un monde de sales connards aveugles… No problemo. Les autres sont parfaits, propres sur eux, très humanistes et solidaires avec leur propre matériel, qu'ils donnent dans un esprit empathique ! Ça me pique les yeux à chaque fois.

      Bref, j'aimerais qu'un jour des enfants palestiniens puissent grandir avec autre chose que des accusations à sens unique. Ils ne seraient plus balladés par la démarche rétrograde de quelques malinois qui les insultent un peu plus que d'autres "étrangers" qui leur font face. L'intervention israélienne à Gazah est minable, dangereuse, contre-productive. Ça ne fait pas de certaines pourritures incultes des gens dignes.

      Désolé Guillaume si mes propos sont outranciers. Merci de /kick si ça dérange la bien-pensance de la Doxa. Je m'excuse pour le ton employé, pour envoyer un message clair sur des accusations à sens unique et l'inconséquence de l'occident. Comme Toujours ! J'assume, tant pis si mon commentaire est sabré.

      Bonne journée Madame.

      J’aime

  6. Bonjour, 

    Je vous ai déjà écrit vers le mois de novembre pour vous dire que j’étais perplexe de voir la gauche israélienne (y compris les hauts-gradés militaires qui sont presque tous de gauche ou centristes) appuyer cette guerre (dans toute son ampleur). 

    Depuis, les choses ont un peu bougé: à partir de la mi-décembre/début janvier, Tamir Pardo, puis Ami Ayalon et d’autres qui ont suivi, pour réclamer un cessez-le-feu. Or, la plupart des experts militaires de gauche (y compris Yair Golan) continuent de penser que le renversement du Hamas (et non sa destruction totale) est une condition sine qua none pour permettre l’émergence d’un État palestinien. 

    Étonnamment, c’est Naftali Bennett lui-même (qui s’est complètement déradicalisé depuis son passage au pouvoir) qui a proposé une guerre d’intensité beaucoup plus modeste afin de limiter les pertes parmi les civils et les soldats. Vous m’aviez dit à l’époque que cette stratégie était crédible sur le plan militaire. 

    https://www.nytimes.com/2023/10/27/opinion/israel-hamas-strategy-bennett.html#:~:text=What%20Bennett%20envisions%20is%20to,world's%20attention%20and%20the%20hostages.

    Je continue de penser que cette guerre a été trop loin, mais depuis quelques temps, j’entends des experts militaires dire qu’on a été trop sévères envers Israël, notamment parce que la proportion des pertes civiles à Gaza (61-62% d’après Yagil Levy qui est l’un des rares colonels israéliens à s’être opposés à cette guerre depuis le début), est inférieure à celle qui fut causée par l’armée américaine à Mossoul en 2016-2017 (66-77%). 

    https://www.haaretz.com/israel-news/2023-12-09/ty-article-magazine/.highlight/the-israeli-army-has-dropped-the-restraint-in-gaza-and-data-shows-unprecedented-killing/0000018c-4cca-db23-ad9f-6cdae8ad0000

    John Spencer affirme aussi qu’aucune autre armée n’a fait autant pour épargner les civils sur le champ de bataille. J’AIMERAIS BEAUCOUP VOUS ENTENDRE LÀ-DESSUS. 

    https://www.newsweek.com/israel-implemented-more-measures-prevent-civilian-casualties-any-other-nation-history-opinion-1865613

    https://www.newsweek.com/memo-experts-stop-comparing-israels-war-gaza-anything-it-has-no-precedent-opinion-1868891

    Je ne suis pas compétent pour juger de ce que dit Spencer, mais le problème, à mon avis, ne se situe pas là. C’est l’ampleur de cette guerre elle-même qui ne pouvait que mener à la mort de milliers de civils. 

    Cela-dit, je suis moins sévère envers la société israélienne que vous. Vous demandiez comment est-ce que la société israélienne peut appuyer un tel carnage. Outre le fait que des régions entières d’Israël sont évacuées et qu’elles ne seront pas repeuplées si le Hezbollah ne quitte pas la frontière nord, et si le Hamas reste au pouvoir à Gaza, les Américains ont réagi aux attentats du 11 septembre de manière beaucoup plus disproportionnée (invasion de deux pays et des centaines de milliers de morts). 

    J’ai souvent entendu des Israéliens dire que leur demander de laisser le Hamas au pouvoir à Gaza équivaut à demander aux Américains de laisser Ben Laden contrôler le Mexique après le 11 septembre 2001. En clair, les Israéliens sont psychologiquement incapables de vivre avec le Hamas comme voisin. 

    Viendra le temps où ils dégriseront et devront faire leur examen de conscience, mais je ne pense pas qu’on aurait fait mieux à leur place. La décapitation de l’État islamique a mené à des dizaines de milliers de morts (les différences idéologiques entre Daesh et le Hamas ne change rien pour les Israéliens, car ces deux organisations dédiées à leur destruction). 

    Enfin, je ne fais pas d’équivalence (même si cela m’oblige à me brouiller avec tous les non-Juifs dans mon entourage) entre une guerre disproportionnée et une organisation qui se vante d’utiliser les civils comme boucliers humains (de la même manière qu’on ne devrait pas assimiler Bush à Al Qaïda, même si cela était très à la mode à l’époque). 

    J’aime

  7. Non, monsieur ! Hamas n’est pas une organisation terroriste mais bien un mouvement de résistance sauf pour ceux, décidément avaugles et sourds aux enseignements de l’Histoire, se laissent aussi facilement « sioniser » par quelques média-menteurs sans vergogne. Diriez-vous, monsieur, comme certains de vos compatriotes de l’époque, et pas des moindres, que le FLN algérien était une organisation terroriste ?!!! Je vous laisse méditer cette réplique à l’attention du général Bigeard d’un des chefs historiques de cette organisations « terroriste », Larbi Ben M’Hidi: « Monsieur, donnez-nous vos tanks et vos avions, nous vous donnerons nos couffins »..A bon entendeur !

    J’aime

    1. La différence entre un mouvement de résistance et une organisation terroriste est dans ses cibles : lors de son opération du 7 octobre contre Israël, le Hamas n’a visé quasiment aucune cible militaire et s’est comporté non pas en combattant mais en boucher, digne des pires soldats de Poutine torturant et massacrant des civils. Le Hamas est donc une organisation terroriste

      J’aime

    2. Le Hamas est bien une organisation terroriste, leurs actes laches et ignobles nous l’ont prouvé le 07/10. J’ajouterai que les fondateurs du Hamas sont les Freres Musulmans, qui ne brillent guère pour leur humanité.

      Je pense que dire que le Hamas sont des terroristes n’empêche pas d’avoir de la compassion pour les gazaouis et de réprouver le comportement militaire d’Israel.

      J’aime

  8. ‌guillaume, c’est comme pour le rwanda ,il y a eut de nombreuses avertissements sur le risque de génocide par de nombreux acteurs (journalistes,hauts fonctionnaires ,militaires ,etc..) et le monde n’a pas voulu voir…. ton propos rejoint un édito de gideon levy dans haaretz  ce weekend mais c’est une voix  minoritaire…(ci-joint) yves  

    Aimé par 1 personne

  9. Tout a été dit et pourtant le massacre des palestiniens continue et le génocide s’annonce tranquillement sans que personne ne réagisse.

    Les valeurs de l’occident sont durablement décrédibilisées et cela aura des conséquences que nous ne mesurons pas.

    l’injustice faite aux Palestiniens est un cancer, c’est une question centrale pour la paix du monde.

    merci pour vos articles et vos interventions en faveur de la justice.

    Aimé par 1 personne

  10. Merci de parler de « carnage », de dénombrer un bilan de 50 000 morts et d’oser en appeler à la réaction des pays partenaires. On ne peut plus soutenir ce régime. Une page a été tournée le 7 octobre et Netanyahu le sait : il avance ses pions tant qu’il le peut en espérant nettoyer Gaza avant que les États-Unis interviennent. Il sera bien temps après le génocide de se refaire une image, pense-t-il, mais c’est probablement trop tard : Israël est en train de s’auto-détruire avec cette violence inouïe.

    Aimé par 1 personne

  11. Bonjour, 

    Je vous ai déjà écrit vers le mois de novembre pour vous dire que j’étais perplexe de voir la gauche israélienne (y compris les hauts-gradés militaires qui sont presque tous de gauche ou centristes) appuyer cette guerre (dans toute son ampleur). 

    Depuis, les choses ont un peu bougé: à partir de la mi-décembre/début janvier, Tamir Pardo, puis Ami Ayalon et d’autres qui ont suivi, pour réclamer un cessez-le-feu. Or, la plupart des experts militaires de gauche (y compris Yair Golan) continuent de penser que le renversement du Hamas (et non sa destruction totale) est une condition sine qua none pour permettre l’émergence d’un État palestinien. 

    Étonnamment, c’est Naftali Bennett lui-même (qui s’est complètement déradicalisé depuis son passage au pouvoir) qui a proposé une guerre d’intensité beaucoup plus modeste afin de limiter les pertes parmi les civils et les soldats. Vous m’aviez dit à l’époque que cette stratégie était crédible sur le plan militaire. 

    https://www.nytimes.com/2023/10/27/opinion/israel-hamas-strategy-bennett.html#:~:text=What%20Bennett%20envisions%20is%20to,world's%20attention%20and%20the%20hostages.

    Je continue de penser que cette guerre a été trop loin, mais depuis quelques temps, j’entends des experts militaires dire qu’on a été trop sévères envers Israël, notamment parce que la proportion des pertes civiles à Gaza (61-62% d’après Yagil Levy qui est l’un des rares colonels israéliens à s’être opposés à cette guerre depuis le début) est inférieure à la proportion de civils tués par l’armée américaine à Mossoul en 2016-2017 (66-77%).

    https://www.haaretz.com/israel-news/2023-12-09/ty-article-magazine/.highlight/the-israeli-army-has-dropped-the-restraint-in-gaza-and-data-shows-unprecedented-killing/0000018c-4cca-db23-ad9f-6cdae8ad0000

    John Spencer affirme aussi qu’aucune autre armée n’a fait autant pour épargner les civils sur le champ de bataille. J’AIMERAIS BEAUCOUP VOUS ENTENDRE LÀ-DESSUS. 

    https://www.newsweek.com/israel-implemented-more-measures-prevent-civilian-casualties-any-other-nation-history-opinion-1865613

    https://www.newsweek.com/memo-experts-stop-comparing-israels-war-gaza-anything-it-has-no-precedent-opinion-1868891

    Je ne suis pas compétent pour juger de ce que dit Spencer, mais le problème, à mon avis, ne se situe pas là. C’est l’ampleur de cette guerre elle-même qui ne pouvait que mener à la mort de milliers de civils. 

    Cela-dit, je suis moins sévère envers la société israélienne que vous. Vous demandiez comment est-ce que la société israélienne pouvait appuyer un tel carnage. Outre le fait que des régions entières d’Israël soient évacuées et qu’elles ne seront pas repeuplées si le Hezbollah ne quitte pas la frontière nord, et si le Hamas reste au pouvoir à Gaza, les Américains ont réagi aux attentats du 11 septembre de manière beaucoup plus disproportionnée (invasion de deux pays et des centaines de milliers de morts). 

    J’ai braucoup entendu des Israéliens dire que leur demander de laisser le Hamas au pouvoir à Gaza équivaut à demander aux Américains de laisser Ben Laden contrôler le Mexique après le 11 septembre 2001. En clair, les Israéliens sont psychologiquement incapables de vivre avec le Hamas comme voisin. 

    Viendra le temps où ils dégriseront et devront faire leur examen de conscience, mais je ne pense pas qu’on aurait fait mieux à leur place. La décapitation de l’État islamique a mené à des dizaines de milliers de morts (aux yeux des Israéliens, les différences idéologiques entre l’État islamique et le Hamas n’ont aucune importance, les deux organisations sont dédiées à leur destruction).

    Enfin, je ne fais pas d’équivalence (même si cela m’oblige à me brouiller avec tous les non-Juifs dans mon entourage) entre une guerre disproportionnée et une organisation qui se vante d’utiliser les civils comme boucliers humains (de la même manière qu’on ne devrait pas assimiler Bush à Al Qaïda, même si c’était très à la mode il y a une vingtaine d’années). 

    J’aime

Répondre à Sonia El Khalfi Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.