Attaque bestiale du Hamas contre Israël / Riposte dévastatrice contre les Palestiniens de la bande de Gaza

Le samedi 7 octobre est le jour anniversaire du président Poutine qui a déclenché en février 2022 un conflit d’une brutalité inouïe au cœur même de l’Europe. Nous scrutions avec inquiétude les avancées laborieuses des forces ukrainiennes dans leur offensive destinée à chasser de leur territoire les envahisseurs russes et dont je parlerai à la fin de cet article. 

Au cœur du Proche-Orient et à la surprise générale, 1,800 km plus au sud, le Hamas qui contrôle depuis 2007 la bande de Gaza au sud d’Israël déclenche une attaque d’une rare violence par l’ampleur des moyens engagés et par la bestialité des attaquants qui ne méritent même plus le qualificatif de combattant. Des centaines de militants armés du Hamas pénètrent en effet sur le territoire israélien, au sol, par les airs et par la mer. Et ils commettent pendant plusieurs jours des massacres d’une violence inouïe en ciblant essentiellement des civils. 


Les Israéliens sont stupéfaits et tardent à réagir. Ils semblent n’avoir rien vu venir et n’être pas préparés à une telle menace alors même que leur premier ministre, Benyamin Nethanyaou, a prospéré sur une politique sécuritaire d’extrême-droite. La sécurité promise d’Israël se transforme en un cauchemar insensé.


Les assaillants du Hamas sèment la terreur

Le lourd et puissant appareil sécuritaire israélien met plusieurs heures à réagir alors qu’il aurait fallu intervenir dans les deux premières heures pour empêcher ces massacres de civils. Des centaines de roquettes sont tirées par le Hamas contre le territoire d’Israël, saturant le système de défense anti-aérien « dôme de fer » censé protéger la population civile. Ces roquettes sont de simples bombes montées sur un empennage et tirées à partir d’une rampe qui ne permettent aucun guidage : elles sont destinées à bombarder aléatoirement la population civile israélienne qui entoure la bande de Gaza. 


Les groupes d’assaillants pénètrent dans plusieurs localités et communautés sur le territoire d’Israël, en massacrant avec une sauvagerie inqualifiable tous ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir. 

Des jeunes gens qui s’étaient réunis pour une Rave Party sont impitoyablement mis à mort, plus de 250 cadavres seront relevés, les images de l’attentat du Bataclan nous frappent en plein visage. 

Des massacres qui malheureusement ne laissent aucun doute sur la volonté du Hamas de semer la terreur.

Des groupes armés qui s’infiltrent largement dans le sud d’Israël 

Des Kibboutz (communautés) ravagées, des familles massacrées, des citoyens israéliens pris en otages, des scènes d’horreur insoutenables : un désastre pour Israël et un échec sanglant du gouvernement de Benyamin Nethanyaou qui promettait la sécurité mais qui n’a apporté que la guerre à sa société : « nous sommes en guerre » déclare aussitôt le premier ministre israélien qui semblait à bout de souffle, « et nous allons la remporter ».
Une promesse lourde de conséquences qui se voulait répondre à la vague d’émotion de la société israélienne mais qui traduit d’abord une profonde absence de stratégie.


Une attaque sophistiquée qui dépasse largement les capacités du Hamas

Revenons sur les faits, le Hamas est un mouvement islamiste et nationaliste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée, les Brigades al-Qassam. Le Hamas est principalement actif à Gaza qu’il administre seul depuis juin 2007, après sa victoire aux élections législatives et l’éviction de l’Autorité palestinienne à la suite d’une brève guerre civile.

L’opération déclenchée contre Israël ce funeste 7 octobre a combiné des centaines d’assaillants et des modes d’attaque très différents : elle n’est pas du niveau du Hamas.
Il lui a fallu une forme « d’expertise » de la part d’acteurs extérieurs pour préparer une attaque d’une telle ampleur. Même si celle-ci ne nécessitait pas d’armements sophistiqués, le niveau d’organisation est très élevé. Par exemple, au sol, les assaillants ont semé des équipes dormantes – des groupes qui n’ont pas combattu tout de suite mais qui sont devenus actifs une fois que l’armée israélienne croyait avoir repris le contrôle du territoire – prolongeant ainsi les combats pendant toute la semaine au moins. Cela nécessite un entraînement et une préparation spéciale qui n’étaient pas à leur portée. 

De même, les tirs de roquettes ont continué par salves durant toute la semaine à partir de la bande de Gaza, alors que les frappes d’Israel visaient en priorité les sites de fabrication et de lancement de ces engins. Certes, ces armes sont suffisamment simples à fabriquer et à tirer pour pouvoir changer en permanence de site, voire même revenir sur un site réputé détruit. 

Rockets are fired toward Israel from the Gaza Strip, Wednesday, Oct. 11, 2023. (AP Photo/Fatima Shbair)

Rappelons au passage que ces engins sont souvent qualifiés de « missiles » alors qu’ils ne sont pas guidés et donc par nature totalement imprécis : ce sont des roquettes, de simples bombes volantes. « Simples » à fabriquer et à lancer, mais il s’avère beaucoup plus sophistiqué de planifier et d’organiser le fait de pouvoir en tirer autant (plusieurs milliers en une semaine) et surtout de continuer d’en lancer tout au long de la semaine, mettant à mal la notion même de  »reprise de contrôle » par Israël des territoires visés qui incluaient jusqu’à Tel-Aviv. 

Une attaque sophistiquée dans son organisation et sa préparation, très efficace dans le chaos qu’elle a créé, provoquant une forme de sidération et de stupéfaction de la société israélienne pourtant rompue à la pratique de se défendre. Une attaque effrayante et « inédite » donnant lieu à des scènes de barbarie que les secours n’ont découvertes qu’au fur et à mesure de la « sécurisation » laborieuse du terrain par les forces de sécurité israéliennes et qui interroge sur de multiples aspects. 

L’absence d’alerte ?

Comment une organisation aussi sophistiquée, qui nécessitait pratiquement une année de préparation, a pu échapper ainsi aux « radars » des services de renseignement israéliens connus pour leur redoutable efficacité ? Des sources israéliennes remontent que plusieurs alertes ont bien été remontées mais qu’elles ont été écartées par le gouvernement Nethanyaou, probablement parce qu’elles ont été noyées dans trop d’alertes ou parce qu’elles n’ont pas fait l’objet de suffisamment d’attention d’un pouvoir qui affichait pourtant son obsession sécuritaire…

La question suivante porte logiquement sur la lenteur de la réaction militaire. Certes le samedi est jour de shabbat en Israël, le repos assigné au septième jour de la semaine Biblique, mais il n’y a pas de repos dans un dispositif de sécurité. De même, les assaillants ont ciblé un centre opérationnel important dans leurs premières attaques, mais celui-ci est une cible à haute valeur ajoutée et devait faire l’objet d’une défense renforcée, ce qui ne semblait pas le cas.

Cependant, les attaques ont eu lieu simultanément contre des dizaines de sites différents et ont saturé le dispositif de coordination et les moyens opérationnels israéliens. Mais il semble que ces derniers étaient réduits dans cette partie sud d’Israël du fait d’un déploiement massif et déséquilibré en Cisjordanie, où la relance de la colonisation accaparait l’attention du gouvernement. 

Le résultat de cette attaque du Hamas est un désastre pour Israël qui compte plus de 1,200 morts et trois fois plus de blessés du fait de cette opération puissante, coordonnée, bestiale dans son mode de faire et destinée pour l’essentiel à faire des victimes civiles. 

Une attaque « insensée » du Hamas ?

C’est le terme utilisé par Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne, pour qualifier cette attaque du Hamas contre Israël. Une attaque « insensée » dans la mesure où elle nous a tous sidérés : par sa sauvagerie, par sa violence et sa durée, mais sans qu’à un seul instant nous puissions imaginer que le Hamas soit en mesure d’envahir ou de « détruire » Israël comme il l’affiche.

Le Hamas ne dispose en réalité que de quelques milliers d’assaillants, de moyens somme toute bien limités par rapport à l’armée israélienne, alors pourquoi s’engager dans une opération aussi violente se caractérisant d’abord par son aspect suicidaire ? 

La question de l’objectif, du « sens » de cette attaque est primordiale car elle conditionne la suite et ses conséquences. Elle est probablement à aller chercher du côté de la réaction du gouvernement israélien : celui-ci se met immédiatement en état de guerre – ce qui ne semble pas anormal vu l’importance de l’attaque –, pour lancer évidemment une opération de reprise de contrôle de son territoire, mais aussi une puissante contre-attaque… contre la bande de Gaza. 


Une riposte dévastatrice d’Israël contre la bande de Gaza

Le gouvernement Nétanyahou assimile ainsi l’assaillant – le Hamas – au « camp de prisonniers à ciel ouvert » qu’est devenue la bande de Gaza : territoire étroit d’une quarantaine de km de long sur quelques km de large, plus de deux millions de Palestiniens sont enfermés là dans des conditions épouvantables et sans aucun avenir.

Sont-ils pour autant le Hamas ? Les experts du sujet soulignent que le soutien au Hamas des Palestiniens est très fort, d’autant que la bande de Gaza vit sous un impitoyable blocus israélien depuis 2007. Mais la bande de Gaza est d’abord un territoire surpeuplé d’une population civile qui (sur)vit dans des conditions sordides. 


En attaquant la bande de Gaza et sa population misérable, l’armée israélienne commet irrémédiablement une erreur stratégique et un crime de guerre : elle riposte contre une population civile pour « détruire militairement le Hamas », alors que celui-ci n’a quasiment aucune infrastructure et présente bien peu de réelles « cibles militaires ».

Une caserne ? Les militants armés du Hamas sont répartis sur de multiples sites qui sont le plus souvent au milieu d’habitations civiles. 

Un site de fabrication ou de stockage d’armes ? Un réseau complet de souterrains sillonne l’ensemble de la bande de Gaza et permet de déplacer l’arsenal militaire qui est pour l’essentiel constitué d’armes légères et sans intérêt particulier, car il est facile dans cette région d’en acheminer d’autres. 

Un quartier général ? Ce sont des appartements qui sont abandonnés et déménagés dès lors qu’ils ont été repérés…

Une mosquée dans les cibles parce qu’elle aurait abrité des membres du Hamas ? Où est-ce l’Islam qui est visé ?

A man carries a wounded Palestinian girl at the site of Israeli strikes on a house, in Khan Younis in the southern Gaza Strip October 11, 2023. REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa TPX IMAGES OF THE DAY


Attaquer les Palestiniens de la bande de Gaza, le piège du Hamas ?

Autrement dit, riposter en attaquant le Hamas dans la bande Gaza est une impasse sanglante : chaque frappe israélienne fait principalement des victimes civiles dans ce territoire surpeuplé et les avertissements à la population leur enjoignant de quitter les quartiers visés relèvent d’une hypocrisie meurtrière, car tous sont visés par des frappes qui sont en réalité indiscriminées.

Les plus de 3,000 frappes conduites par l’armée israélienne dans la bande de Gaza sont des bombardements aériens et des tirs d’artillerie. J’en ai assez guidées pour savoir qu’elles ne peuvent pas être « ciblées » dans un milieu aussi densément peuplé et qu’elles provoquent – chacune d’entre elles – essentiellement des victimes civiles, sans compter la centaine d’otages faits par le Hamas qui sont dans ces conditions à considérer comme des victimes supplémentaires. 

A ce stade, on dénombre déjà plus de 2,200 morts palestiniens sur la bande de Gaza dont un tiers d’enfants. 

TOPSHOT – An Israeli army M109 155mm self-propelled howitzer fires rounds near the border with Gaza in southern Israel on October 12, 2023. Thousands of people, both Israeli and Palestinians have died since October 7, 2023, after Palestinian Hamas militants entered Israel in a surprise attack leading Israel to declare war on Hamas in the Gaza Strip enclave on October 8. (Photo by JACK GUEZ / AFP)

L’armée israélienne montre ostensiblement qu’elle se prépare maintenant à une offensive terrestre après avoir matraqué la bande de Gaza, c’est une impasse sanglante dans laquelle elle s’engouffre et c’est probablement là que le Hamas voulait l’emmener. 

Sans compter qu’avec cette offensive israélienne contre Gaza, la légitimité et le recrutement du Hamas seront assurés pour les dix prochaines années… 

Le rôle des Etats-Unis

Soutien historique d’Israël, les Etats-Unis ont réagi très rapidement en apportant l’assurance et les démonstrations de son appui constant : le plus voyant est bien sûr le déploiement de deux porte-avions au large d’Israël qui n’ont évidemment pas vocation à intervenir contre le Hamas, mais qui sont plutôt là pour dissuader tout acteur extérieur de transformer cette crise israélienne en un conflit régional. Un message adressé en premier lieu à l’Iran et au Hezbollah, son bras armé au Liban, qui dispose de moyens militaires autrement plus importants que ceux du Hamas. 

Le Hezbollah s’en tient jusqu’ici à quelques tirs d’artillerie pour confirmer sa présence à la frontière nord d’Israël. Mais la faiblesse de ses attaques est aussi la confirmation qu’il en reste là pour l’instant…

Le risque essentiel est en effet la régionalisation du conflit, un embrasement généralisé qui déstabiliserait tout le Proche-Orient. L’attaque israélienne contre la bande de Gaza et les dégâts qu’elle commettra sera déterminante dans l’escalade d’un conflit qui ne fait que commencer, ou plus exactement qui ne fait que se renouveler quand beaucoup d’acteurs régionaux espéraient une forme de normalisation notamment avec les pays arabes. 


Les Etats-Unis espèrent aussi, tout en affichant publiquement leur soutien à la nation d’Israël, qu’il est indispensable de réfléchir à la suite et aux conséquences de cet embrasement. Ils espèrent manifestement tempérer la soif de vengeance d’un Nethanyaou mis en échec. 

La question désormais est de stopper cette spirale de la violence, une vallée de larmes sans issue

L’attitude de la Russie n’est pas à sous-estimer : le niveau de coordination des moyens et la sauvagerie des comportements des assaillants du Hamas ne sont pas sans rappeler les méthodes russes utilisées dans l’invasion de l’Ukraine et exportées en Afrique notamment par la milice Wagner. Il y a tout juste un an, le ministre russe des affaires étrangères, Lavrov, rencontrait les dirigeants du Hamas… et il a fallu un an pour préparer l’attaque du Hamas. 

Est-ce que la déstabilisation de cette partie de la région fait partie de l’ambition affichée de Poutine de « construire un nouvel ordre mondial » ?


Que se passe-t-il pendant ce temps en Ukraine ?

Le front en Ukraine n’a pas évolué significativement cette semaine. 

Les forces ukrainiennes continuent leur offensive concentrée au sud de Zaporijia pour percer la deuxième ligne de défense russe. Mais celle-ci a été renforcée par l’arrivée de renforts constitués par des unités moins éprouvées que celles qui tenaient jusqu’ici la partie centrale du front. 

Lire aussi : la « longue offensive » de l’Ukraine

Ces unités russes sont alimentées par de jeunes soldats inexpérimentés mais nombreux, d’après des témoignages recueillis notamment par Xavier Tytelman. Ces renforts ralentissent l’avancée ukrainienne.

L’armée de Poutine a par ailleurs lancé une offensive avec des moyens limités sur la ville – ou ce qu’il en reste – d’Avdiivka plus à l’Est dans la région de Donetsk, sans succès mais toujours pour essayer de desserrer l’étau sur le front principal de Zaporijia.


Nous en reparlerons dès lors que le front évoluera.

Et souhaitons que le front qui surgit maintenant au cœur d’Israël s’apaisera, car la solution est sans doute moins de matraquer la bande de Gaza que de permettre aux Palestiniens de se construire un avenir qui les éloigne définitivement de la bestialité qu’a démontrée le Hamas. 




Pour approfondir 

La Tribune d’Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël à Paris : « L’attaque du Hamas résulte de la conjonction d’une organisation islamiste fanatique et d’une politique israélienne imbécile »


Comment faire l’histoire immédiate de la guerre russe en Ukraine ?
Entretien avec Michel Goya sur Diploweb


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21 commentaires sur “Attaque bestiale du Hamas contre Israël / Riposte dévastatrice contre les Palestiniens de la bande de Gaza

  1. On jette une pierre dans la figure des « conventions signés » après guerre !On doit pas tirer sur une « ambulance » au prétexte que..encore moins sur un « Hôpital » !On tire pas sur un « blessé » non plus !On devrait pas toucher à l’alimentation d’un hôpital pour qu’il puisse continuer à fonctionner ,c’est des crimes !Si on laisse faire sans rien dire ou opposer alors, tout est possible et, on a rien appris des « conflits passés » ,ce monde agonisant me désespère et, on pourra pas dire aux autres comme Poutine qu’il enfreint les « règles internationales » de la guerre !!!

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  2. Bonjour Monsieur,
    Permettez-moi une remarque. L’emploi de l’adjectif « bestiale » me semble inapproprié. En aucun cas, des animaux ne commettent des massacres, qui plus est au nom d’une idéologie. Quant une bête tue c’est uniquement pour se nourrir.
    Cordialement,
    JFM

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  3. Bonjour Mr Ancel,
    J’ai attentivement écouté votre intervention sur france info. J’apprécie votre soin à mettre en avant les faits, bien avant toute considération idéologique ou politique. Vos analyses sont toujours intéressantes.
    Je m’interroge cependant sur un élément de votre réponse, et les journalistes sont passés rapidement (un peu trop à mon goût) à autre chose (et qui reste d’une certaine manière peut-être la seule question qui compte à ce jour)
    A la question « Mais que doivent faire les israéliens selon vous? » (l’intervention terrestre étant destinée à être un piège, je suis d’accord avec cette analyse), vous avez répondu (mes excuses si je n’ai plus vos mots exacts) que d’après vous, la seule position qui pouvait faire avancer la situation était d’ouvrir la bande de Gaza.

    Ma question est la suivante: En admettant qu’ils le souhaitent (ce n’est pas le cas, mais mettons), les israéliens peuvent-ils se le permettre tout en garantissant la sécurité de leurs ressortissants, et comment? Qu’est ce qui va les protéger des incursions du Hamas telles qu’elles ont eu lieu il y a quelques semaines, si les palestiniens (et les partisans du Hamas avec eux) sont autorisés à franchir le no-mans land qui entoure la bande de Gaza?

    Trouver une solution à cette équation par la négociation serait bien sûr l’idéal, mais à l’heure actuelle, j’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n’arrive pas à trouver de voie acceptable par les deux parties. Celle-là, je l’avais mise de côté car elle remettait en question, à mon avis, la sécurité des israéliens de manière bien trop inquiétante.

    Avez-vous une idée derrière la tête, sans avoir eu le temps de la développer?

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  4. Merci pour cet article dont l’analyse est très fouillée.
    Cependant, je pense qu’elle se concentre trop sur la situation à Gaza. On ne peut séparer cette situation de celle en Cis-Jordanie.
    Pour avoir une vision claire, je pense qu’il faut remonter aux accords d’Oslo en 1993. A l’époque l’OLP, fédération de divers mouvements, de Yasser Arafat est la seule organisation capable de représenter l’ensemble des palestiniens. elle fait peur à l’État d’Israël. La stratégie a été de diviser le mouvement palestinien en s’appuyant sur les mouvements intégristes musulmans dont le Hamas Le résultat a été la prise du pouvoir par ce dernier à Gaza. Une gifle posthume à Yasser Arafat qui en était originaire.
    Cette politique de « minage » de l’OLP a continué depuis.
    – Par l’emprisonnement de nombreux cadres de la jeune génération de dirigeants tels que Marwan Barghouti et capable de prendre la relève.
    – par la poursuite du développement des colonies israéliennes en Cis-jordanie qui chasse la population en place avec brutalité et l’incapacité de l’autorité palestinienne gérée par la vieille garde de l’OLP à la bloquer.
    Pour moi, à travers cette action, et en plus de ce que vous avez écrit, le Hamas veut montrer aux palestiniens de Cisjordanie, que lui est capable de faire face et de prendre le pouvoir dans ce territoire aussi. Dans quelques années quand la décomposition de l’OLP sera terminée.

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  5. Bonjour,
    Merci M. Ancel pour cet article et pour votre intervention ce matin sur France Info.
    Je partage l’avis de Xavier et je suis preneur aussi de votre point de vue sur les sujets évoqués, avec une question complémentaire qui a trottée dans ma tête tout au long de la lecture : considérez-vous le Hamas comme une organisation terroriste ?

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    1. Le Hamas est reconnu depuis longtemps comme une organisation terroriste, néanmoins de nombreuses organisations continuaient à discuter avec celui-ci.
      Après ce que le Hamas a fait le 7 oct, cette attaque bestiale contre des Israéliens, je considère que plus personne ne peut entretenir de relation avec, car le Hamas est indigne de représenter le peuple palestinien

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  6. Merci de votre analyse.

    Selon plusieurs journalistes francais sur place, des femmes ont été systématiquement violées. Plusieurs cadavres présentent des signes de torture et de mutilation.

    Vous vous opposez aux frappes israéliennes.

    Sauf que les israéliens ne sont pas les francais après le 13 novembre 2015.

    Les francais ont un luxe inoui. Ils vivent dans la zone la plus pacifique, la plus démocratique, la plus stable au monde. Les israéliens sont eux entourés de dictatures féroces et d’Etats faillis.

    Si ils laissent faire sans réagir, ce genre d’actes vont se multiplier.

    Franchement, si des roquettes pleuvaient massivement sur la France aux cris de « Mort aux francais » et que notre traffic aérien était paralysé, imaginez notre réaction.

    Les israéliens adoreraient que Gaza se transforme en station balnéaire. C’était le rêve de la gauche israélienne lors du retrait de 2005. Des milliers de roquettes plus tard, ce rêve se transforme en cauchemar. Et la gauche est morte.

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  7. Bonjour,
    Il me semble que du strict point de vue du droit de la guerre, le fait d’utiliser un bâtiment civil comme base de combat le transforme en cible légitime en droit. Or le Hamas a systématisé le détournement d’infrastructures civiles à des fins militaires.

    Bombarder un hôpital est donc légal (même si politiquement une connerie) si cet hôpital sert de base militaire au Hamas. Idem pour vos autres exemples.

    Par ailleurs, le Hamas, par la voix de son ministère de la santé, déclarait samedi avoir environ 2000 tués dans la population gazaouie et reçu 6000 bombes. Il faut donc 3 bombes pour tuer une personne, ce qui est faible en proportion, même si toujours regrettable humainement. ON peut donc dire que, même selon le Hamas, Tsahal fait preuve d’une retenue remarquable dans son action contre Gaza.

    Les morts sont toujours en trop, néanmoins il me semble important de rappeler ces points au moment d’évaluer l’action des deux adversaires: d’un côté une action d’anéantissement de l’adversaire, civils compris, de l’autre, une retenue étudiée évitant au maximum les pertes civiles.

    XB

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      1. Un article sur le sujet de légalité des frappes qui peut être intéressant:
        https://www.economist.com/is-israel-acting-within-the-laws-of-war-in-gaza

        Je n’ai pas d’avis sur l’efficacité des frappes pour détruire le Hamas, je ne suis pas militaire, peut-être pourriez-vous nous faire part de votre expertise? Que devrait faire Tsahal pour éliminer les combattants du Hamas? Visiblement, simplement évacuer le territoire et le laisser libre de s’auto-gérer, ce qui a été fait depuis 2005, ça ne marche pas, au contraire. Je m’attends donc à une inversion de politique, avec une présence au sol de Tsahal dans Gaza, mais j’imagine qu’il y a des variations possibles? Est-ce qu’une campagne similaire à celle de Falloujah en 2004 ou de Mossoul en 2016 aura lieu? Il ne me semble pas que ni l’Irak, ni les USA n’aient été accusés de génocide après Falloujah et Mossoul, j’imagine donc que les méthodes utilisées étaient légales du point de vue militaire.

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      2. @Guillaume. Bonjour.

        Dans le prochain article évoqué, qui m’intéresse parce que je partage complètement votre avis sur l’impossibilité de détruire le hamas en frappant des civils, serait-il possible d’aborder l’analyse video de Xavier Tytelman sur l’hôpital touché par une frappe ?

        De façon plus large, sans remettre en question la contre-productivité des frappes contre civils à Gaza, en Ukraine ou à Beyrouth en juillet 2006 (cf mission baliste resevac par les français), pourriez-vous consacrer une ligne sur d’éventuelles frappes sous fausse bannière ? Ce n’est pas directement lié au sujet, mais des conséquences diplomatiques et populaires pourraient avoir un lien indirect.

        La seconde question peut paraitre déplacée ou hors-sujet (prochain article évoqué), désolé si c’est le cas. Je la pose parce que concernant la frappe sur l’hôpital, les Israeliens seraient vraiment trop cons, pour raisons mondovision et biais cognitifs des peuples, d’initier une telle destruction malgré les suggestions appuyées de tous leurs alliés pour se défendre sans effet gregeois. Les victimes innocentes à Gaza City sont du pain béni pour le jihad islamique et le hamas, même si vérifications objectives ultérieures.

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  8. Une analyse intéressante comme toujours.
    Pour ce qui est du conflit à Gaza, quel que soit l’origine de l’attaque (et Israël a ses torts comme tous ces pays arabes qui refusent TOUS d’accueillir des palestiniens et ce depuis 50 ans) et pour essayer de comprendre la volonté derrière l’armée israélienne il serait intéressant de se demander ce que la France aurait fait si nous avions eu 20 000 personnes massacrées (Israël ayant peu ou prou 10 fois moins d’habitants que nous). Notre histoire des 70 dernières années peut nous donner des pistes..
    Pour la réaction des américains nous en avons une bonne idée, 3000 morts au World Trade Center et une guerre qui a durée 20 ans et fait + de 100 000 morts en Afganistan.
    Dans un autre registre il serait aussi intéressant de connaitre à quel vitesse nous serions capable de mobiliser 360 000 réservistes et si besoin d’améliorer notre système.

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  9. Merci pour votre travail, je me sens toujours plus intelligent quand je vous lit !
    Je n’ai pas votre connaissance mais mon intuition me soulignait la synchronicité entre tout ces conflits qui explosent. Vous faites le lien entre la visite de Lavrov et la temporalité de préparation de l’opération du Hamas ; les Azeris ont sûrement eût l’information que les russes ne voleraient pas au secours des Arméniens, et que penser de l’agitation dans les Kivu ? Poutine allume-t’il des contre-feux aux quatre coins du monde ? reste le sort de Taiwan mais là, ça risque d’être plus chaud…
    Je délire peut-être ? Vous aurez l’occasion de me répondre dans vos écrits que j’attends avec impatience.
    Encore merci.
    Dominique

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  10. Merci Guillaume pour la lucidité de l’analyse militaire que je partage entièrement (j’ajouterai que nous assistons en Israël et à Gaza à une alliance de fait du pire des deux camps en présence – le terrorisme cynique et criminel du Hamas qui a pour seul but d’étendre son hégémonie sur les Palestiniens et le colonialisme fanatisé, corrompu et ultra-religieux du gouvernement de Netanyahou – comme si les pires ennemis partageaient en définitive les vrais buts de guerre, en dernière instance, chacun sachant parfaitement que les buts de guerre que chacun des deux avance – l’anéantissement de l’adversaire – est impossible à atteindre pour l’un comme pour l’autre).

    amicalement

    Jean-Louis

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  11. Merci pour votre analyse.
    Il ne s’agit pas d’une attaque bestiale du Hamas mais d’une attaque inhumaine. Laissons tranquille les bêtes largement victimes des activités humaines en dehors de cela. Ça n’est pas qu’une remarque sémantique. En considérant ces types de comportement comme bestiaux, on risque d’oublier qu’ils sont le propre de l’humain et que personne n’est immuniser. On risque de s’en rendre compte dans la réaction de Israël. Il faut relire « achever Clausewitz » de René Girard qui montre comment par le désir mimétique entraine vers le « semblable » et la montée aux extrêmes de la violence,. C’est d’ailleurs ce qu’a très bien exprimé un officier d’état major israélien en disant que la manière de réagir de l’armée israélienne, faite de retenue jusqu’à présent, allait changer puisque le Hamas est passé à un niveau extrême de violence.

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  12. Tout à fait d’accord sur l’analyse de la situation à Gaza, dont vous aviez donné un avant-goût sur une télévision en évoquant notamment le crime de guerre qu’était la discussion d’une mosquée.

    Il me semble que nous sommes en présence d’une guerre psychologique, le terrorisme a pour effet et pour objectif de répandre la terreur. Et malheureusement comme vous le dites, le gouvernement Netanyahu court le danger d’avoir non seulement perdu son invincibilité mais aussi en bombardant des civils de manière indiscriminée en violant le droit humanitaire d’être à tort ou à raison perçu comme une sorte d’alter ego du Hamas opposant un terrorisme étatique à un terrorisme d’une organisation qui aspire à devenir un Etat.. Les délires des colons qui veulent anéantir Gaza sont à prendre très au sérieux. on manque d’observateurs comme vous qui sont capables de joindre la lucidité à l’empathie.

    BAV

    François Misser (en vacances…)

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