La bataille du triangle constitué par les trois localités de Robotyne-Novoprokopivka-Verbove bat son plein, elle est cruciale pour la suite de l’offensive ukrainienne dont nous savons désormais qu’elle durera plusieurs mois. De plus, il s’avère que le sol dans le sud de cette région n’est pas exposé au phénomène de raspoutitsa : même s’il a commencé à devenir boueux avec les pluies d’automne, il ne se transformera pas en marécage ce qui est éminemment favorable aux Ukrainiens, et que confirme implicitement le général Tarnavsky qui commande dans cette région.


Nous sommes dans la partie sud du front, dans la région de Zaporijia. Après avoir traversé la première ligne de défense russe, les forces ukrainiennes se sont emparées de la petite localité de Robotyne. Novoprokopivka est 2 km plus au sud et Verbove à 10 km au sud-est de Robotyne, leur conquête marquera la percée de la deuxième ligne de défense russe, qui en compte trois.

Comme il est très difficile d’obtenir des informations fiables de la part des belligérants, la situation du front s’estime en particulier grâce à la géolocalisation d’images publiées sur les réseaux sociaux.
Par exemple, la présence de blindés ukrainiens dans la localité de Verbove (l’image est localisée avec précision) valide l’avancée des Ukrainiens depuis le 24 septembre. Novo aurait, elle, été atteinte dans cette dernière semaine de septembre.
La réaction russe est à la hauteur de l’enjeu : ce qui leur reste d’unités d’élite (des régiments parachutistes en particulier) est envoyée pour colmater ces brèches ou plus exactement pour essayer de faire reculer les Ukrainiens et les obliger à revenir de l’autre côté de la deuxième ligne grâce à des contre-offensives coûteuses et dont l’efficacité semble limitée.
Les autres batailles s’effacent en comparaison des combats autour de ce triangle
Cette bataille du triangle est tellement importante que la plupart des autres fronts s’en retrouvent quasiment figés. La grande « offensive » russe tout au Nord du front qui était censée inquiéter suffisamment les Ukrainiens pour les obliger à détourner une partie de leurs moyens offensifs n’est plus qu’un souvenir, même si les Russes y consacrent encore des bombardements aériens, probablement pour masquer la diminution de leurs effectifs au sol.
Bakhmut qui attirait tant les regards et servait à fixer l’attention des médias comme des unités russes de réserve apparaît désormais bien secondaire en comparaison de l’aspect déterminant des combats menés au sud de Zaporijia. Les Russes comme les Ukrainiens n’y envoient d’ailleurs aucun renfort parce que l’essentiel de l’effort est désormais consacré à cette bataille du triangle.
Dans le triangle, des unités russes figées par des ordres insensés
Ce qui est pourtant frappant dans les opérations menées dans cette bataille du triangle par les unités russes est qu’elles « manœuvrent » peu : là où elles devraient se retirer sur quelques kilomètres pour pouvoir lancer ensuite des contre-attaques avec plus de forces, les armées russes restent manifestement sur place et se font « hacher menu » sous la pression des forces ukrainiennes qui les attaquent constamment, pour avancer.
Leur absence de manœuvre pour effectuer ce que les militaires appellent une « défense souple ou élastique » indique que les troupes russes sont handicapées par deux facteurs au moins :
En premier lieu, ces unités russes n’ont plus suffisamment de « forces » pour entreprendre ces manœuvres complexes qui nécessitent une (très) bonne coordination, pour agir ensemble et de manière synchronisée. Mais pire encore, ces troupes russes ont manifestement reçu l’ordre de se sacrifier sur place pour ne montrer « aucun esprit de recul », au détriment même de leur efficacité et au grand dam des officiers qui les commandent.
Un immobilisme imposé par le ministre de la défense Choïgu ou par Poutine lui-même ?
Il est évident que Choïgu, le ministre russe de la défense, est directement impliqué car il est bien sûr « en première ligne » dans cette opération de défense, non pas sur le terrain mais pour sa responsabilité dans la conduite de cette « opération militaire spéciale » qui se rapproche de plus en plus d’une retraite.
A mon avis, cet immobilisme des unités russes – quand elles devraient manœuvrer – est probablement le fait d’une implication personnelle de Vladimir Poutine lui-même : contrairement au président Zelensky en Ukraine, Poutine ne fait aucune confiance à son armée – d’autant plus qu’il est issu du KGB – et il dirige directement certaines parties de l’opération militaire malgré son absence de réelle culture militaire.
Le fait qu’il interdise à ses troupes de reculer révèle d’ailleurs son incompétence dans ce domaine, et confirme – s’il en était encore besoin – sa capacité à tout sacrifier pour le sauver d’un échec militaire qui se rapproche un peu plus chaque jour, au rythme lent mais inexorable de l’avancée des forces ukrainiennes.
En empêchant ses troupes de manœuvrer, Poutine sacrifie « son armée » pour tenir une ligne Maginot qui ressemble désormais à la chronique d’un désastre annoncé : si les militaires russes n’ont pas pu tenir la première ligne, ils ne tiendront pas mieux la seconde.
Situation comparée du front le 8 sept et le 29 sept 2023 (source ISW)


Que reste-t-il derrière la digue pour empêcher les Ukrainiens de libérer leur pays ?
En consommant sur place ses unités militaires, le « maître du Kremlin » montre aussi qu’il n’a pas confiance dans la troisième ligne de cette digue et qu’il sait que ses réserves ne sont plus suffisantes pour empêcher les forces ukrainiennes de percer (enfin) une brèche. Une brèche dans une digue qui devait pourtant sceller ses conquêtes territoriales en Ukraine, déjà bien limitées par rapport à ses ambitions initiales.
Si les Ukrainiens débouchent de l’autre côté de la digue, leurs forces seront en mesure de progresser beaucoup plus vite qu’elles n’avaient pu le faire en traversant cet imposant système défensif qui s’arrête concrètement avec cette troisième ligne. Les Ukrainiens pourraient alors menacer directement la Crimée qui constituait jusqu’ici (et depuis 2014) une conquête symbolisant l’ambition impérialiste russe de Poutine et sa supposée puissance. Si la Crimée était menacée, c’est bien évidemment le pouvoir de Poutine tout entier qui vacillerait, comme une tour qui se mettrait à flancher.

Dans quel agenda un débouché des forces ukrainiennes est-il envisageable ?
Dans un premier temps, il est nécessaire pour les Ukrainiens de sécuriser et d’élargir leur percée dans la deuxième ligne afin de ne pas se retrouver plus tard coincés dans une nasse. Il leur faut donc du temps pour prendre le contrôle de ce triangle de localités Robo-Novo-Verbo, sans doute une affaire de plusieurs semaines. Puis les forces ukrainiennes pourront continuer leur poussée vers la troisième et dernière ligne.
Tout dépendra alors de l’état réel des défenses russes et de leur capacité à se battre alors qu’un échec se profilera à chaque kilomètre gagné par les Ukrainiens. C’est donc une affaire de mois, sans compter le ralentissement dû aux pluies d’automne, ce qui nous emmène au moins jusqu’à la fin de l’année 2023. Avec cependant une possibilité d’emballement si les Ukrainiens arrivaient dans leur dernière percée à provoquer un phénomène de débâcle, celui-là même que les Russes avaient évité de justesse en évacuant la région de Kherson en novembre dernier, il y a tout juste un an.
Lire aussi : 11 novembre 2022, libération de Kherson
La bataille du triangle va déterminer en grande partie la suite de l’offensive ukrainienne
La bataille du triangle Robo-Novo-Verbo constitue donc une étape cruciale dans la guerre de libération de l’Ukraine, son issue déterminera si les armées russes ont encore les moyens de « résister » à la pression des forces ukrainiennes qui les mettent en difficulté sur tous les fronts.
Les armées russes ont en effet bien résisté jusqu’à ce stade, avec probablement « l’énergie du désespoir » sachant que Poutine ne leur pardonnera jamais leur échec et qu’elles n’ont pas vraiment d’autre choix que de se battre. Cependant, les troupes de Poutine pourraient aussi, à un moment qu’il est impossible d’estimer, préférer voir chuter leur « maître » plutôt que périr inutilement dans cette guerre fratricide.
Les Allemands jouent les prolongations pour livrer des missiles Taurus
Du côté des alliés de l’Ukraine, les Allemands se réfugient derrière des questions « concrètes » d’utilisation de ces missiles de croisière Taurus et notamment autour de la nécessité d’envoyer ou non des techniciens pour assurer leur préparation (principalement le paramétrage avant le tir), en prenant alors le risque d’exposer des Allemands à une frappe russe. Ces arguments ne me semblent pas très fondés dans la mesure où les Britanniques comme les Français ont déjà réglé cette question en envoyant leurs propres missiles de croisière Storm Shadow et Scalp aux Ukrainiens.

Les raisons invoquées par le gouvernement allemand pour ne pas livrer de missiles Taurus aux Ukrainiens ressemblent donc à un mauvais prétexte pour camoufler soit une absence de détermination sur le sujet, soit la volonté d’attendre une livraison effective de missiles ATACMS par les Américains. En effet, l’annonce la semaine dernière de leur fourniture par des conseillers du président Biden sans confirmation officielle de ce dernier laisse planer un doute sur la réalité de cette livraison.
Lire aussi : L’offensive de l’Ukraine à un point névralgique, tension des alliés du fait des prolongations
Ces armes – missiles américains ATACMS et Taurus allemands – joueraient pourtant un rôle d’autant plus important que la bataille du triangle est cruciale pour la suite de l’offensive ukrainienne. Les retards et les atermoiements de plusieurs pays alliés sont vraiment regrettables dans ces circonstances et contrastent fortement avec l’engagement et la crainte pour leur propre sécurité de tous les pays frontaliers de la Russie.
Pour notre propre sécurité, nous n’avons pas d’autres choix que de défaire Vladimir Poutine
De fait, si l’Ukraine était défaite, la Russie de Poutine menacerait directement les pays baltes dont elle a violemment critiqué leur orientation pro-européenne, la Finlande plus au Nord pour avoir défié leur influence sous couvert de « neutralité », la Pologne et la Roumanie qui dans leur esprit n’auraient jamais dû quitter la sphère du pacte de Varsovie. La guerre menacerait enfin des pays comme le Kazakhstan qui n’acceptent pas de soutenir les ambitions impérialistes de Poutine ou ceux qui sont à la portée de la Serbie que la Russie agite volontiers dans les Balkans.

Aucune paix durable n’est donc envisageable sur notre continent tant que Poutine est encore au pouvoir. Je le redis en particulier pour tous ceux qui croient ou qui prient pour ne pas être concernés par ce conflit. Qu’ils se rappellent notamment qu’après l’Ukraine, la Russie s’attaquera à ses voisins qui sont membres de l’OTAN. Dès lors – que nous le souhaitions ou pas –, nous aurons à nous engager aux côtés de nos alliés, avec une armée inadaptée et une conscience trop éloignée de ce qui procède en réalité de notre propre sécurité.
Pour approfondir
Un article de réflexion publié par la revue de géopolitique Diploweb sur la nécessité de débattre plus en France des conséquences de la guerre russe contre l’Ukraine
Une tribune à l’initiative de Stéphane Audrand sur l’indispensable augmentation de capacité de production d’armement par l’Union européenne
Je n’aime pas vraiment rire des situations de guerre, mais ce dessin me fait sourire par sa froide cruauté, Poutine en première place dans le cockpit se prenant pour un « top gun »…

Suivre la situation sur le front avec Macette @Escortert
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Merci Guillaume pour ce point clair et précis 🙏🏼
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De la part de Freddy Klein
freddyklein@orange.fr
Désormais , jour après jour, la presse relate les interrogations sur la poursuite d’un soutien au combat de l’Ukraine contre ceux qui ont attenté à l’intégrité de son territoire.
Ces interrogations prennent des formes multiples allant du questionnement ,parfois insidieux, sur le bien fondé de la stratégie ukrainienne à celui sur une corruption endémique qui serait toujours à l’oeuvre en Ukraine, en passant par le dénigrement du président Zelinsky et de sa fortune supposée et de la vie insouciante d’une jeunesse dorée dans les club huppés des villes de …l’arrière.
La tentation s’installe de minimiser la portée réelle de l’agression de la Russie de Poutine et d’étranges voix s’élèvent pour exiger un cessez le feu et une paix qui entérinerait toutes les annexions. Elles se trouvent majoritairement parmi ceux qui hier encore se voyaient accorder crédits et prêts par les banques du régime de Poutine et même rémunérations substantielles pour des consultations aux contenus mal identifiés.
Il me paraît être grand temps de remettre les pendules à l’heure et de rappeler ce à quoi nous assistons réellement et quels sont les enjeux de cette véritable guerre à nos portes.
Tout aussi graves, sont les menaces qui jour après jour se font jour sur la cohésion de l’Union européenne dont certains membres semblent très prompts à conjuguer tour à tour leurs égoïsmes nationaux et une réceptivité certaine à la petite musique munichoise des premiers.
Un pays, qui a vu se succéder des régimes qui n’ont jamais eu quoi que ce soit de rassurant, s’est rendu coupable d’une agression envers un pays limitrophe souverain, pour occuper puis annexer une partie de son territoire avant de conclure qu’en définitive c’est sur tout son territoire qu’il entend exercer son emprise et sa domination.
L’Ukraine ne s’étant pas laissée faire, la Russie de Poutine a décidé d’élargir son agression en étendant systématiquement et indistinctement ses frappes sur des objectifs militaires et civiles du pays. En cela, le soutien qu’elle avait apporté la veille au dictateur syrien Al Assad ressemble étrangement « à la mise en bouche » qu’Adolf Hitler avait pratiqué à Guernica en 1937.
Des agressions de cette ampleur et de cette nature et cela totalement indépendamment des raisons et prétextes invoqués, ont déjà été commises à deux reprises en Afghanistan, une autre fois en Irak. L’une d’entre elle impliquait déjà la Russie encore sous domination communiste, les deux autres étaient du fait les Etats-Unis d’Amérique. Une coalition européenne, dont la France, s’était formée pour la seconde agression en Afghanistan ; dans le cas de l’agression contre l’Irak, la France a refusé de s’associer à ce qui lui paraissait être une entreprise aventuriste et aventureuse, ce que les faits n’ont pas démentie.
Ces guerres, qui ont englouti des milliards, dont le coût humain est exorbitant et les conséquences géopolitiques catastrophiques, tant dans l’Orient proche et moyenne que dans le reste du monde. Elles se sont tenues sous le regard
de nations dont nous nous étonnons aujourd’hui qu’elles restent sur leur réserve dans ce qui se passe désormais en Europe à notre porte et n’accordent désormais plus qu’une confiance relative à l’universalité des valeurs dont l’ancien « monde libre » et particulièrement l’UE se voulaient être le porte-étendard.
L’agression de l’Ukraine par la Russie ne peut pas en rester là, en passant simplement en pertes et pro fits les crimes de guerre et exactions et en cédant à la loi de celui qui réussirait ainsi à la faire passer pour celle du plus fort. Cela donnerait non seulement crédit à la force contre le droit mais ouvrirait la porte à d’autres agressions, y compris contre des membres de l’UE.
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A propos de : Guillaume ANCEL, « La France débat-elle suffisamment des conséquences militaires de la guerre Russe contre l’Ukraine », Diploweb.com, 10/09/2023.
Par Anne-Marie Siramy
L’interrogation de Guillaume Ancel porte sur l’opportunité d’un débat public sur les conséquences militaires pour la France de la guerre Russe contre l’Ukraine.
Partant de l’absence de réflexion collective sur la Défense nationale, après trente ans d’évitement de la question d’avoir à nouveau à affronter en Europe un conflit de haute intensité, Guillaume Ancel constate que notre politique de défense échappe au débat public car elle relève directement du président de la République, chef des armées. L’auteur défend la thèse que les implications du conflit Russo-Ukrainien doivent être mieux connues et partagées par la société française et que nos concitoyens doivent pouvoir s’impliquer personnellement dans la défense de notre pays qui n’est pas épargné par la menace Russe.
Or, le conflit de haute intensité et de longue durée qui a lieu en Ukraine du fait de l’agression Russe, fait apparaître :
1. L’indigence de nos moyens de défense, réduits a quia par les politiques mises en œuvre ces dernières décennies ;
2. L’importance de la dissuasion nucléaire dans le budget des armées, ce au détriment de l’outil militaire proprement dit ;
3. L’intérêt de bâtir une défense pour l’Union Européenne reposant sur un triptyque complet : dissuasion + armée blindée + corps expéditionnaire léger.
Cette dernière proposition implique un partage de souveraineté dont l’auteur pense qu’il s’agit d’une notion dépassée « si l’on veut construire une communauté de défense à la mesure des enjeux européens. » Elle suppose un débat politique et stratégique d’ampleur nationale et européenne, suivi éventuellement d’un référendum. Souvenons-nous de Maastricht … ce n’est pas chose faite ! Et on imagine mal que nos alliés Européens soient disposés à se ranger docilement sous le parapluie nucléaire Français dont ils seraient appelés à cofinancer le coût.
Guillaume Ancel observe que la Loi de Programmation Militaire (LPM) ne comporte aucune initiative européenne – on observe que des pays membres de l’UE proposent leur concours à l’Ukraine en ordre dispersé pour s’équiper d’une industrie d’armement tandis que l’auteur propose de mettre cet effort d’équipement en commun au sein de l’UE – et que l’armée de terre, qui ne prend pas part au débat, demeure la grande perdante du fait de la faiblesse de l’outil militaire de combat.
Pourtant, au regard du poids des Etats-Unis dans l’OTAN et de celui du conflit Russo-Ukrainien sur leur économie, la question se pose avec acuité, désormais, d’un passage effectif de relais à l’UE.
Enfin, Guillaume Ancel, s’inspirant de l’exemple de la société ukrainienne, plaide pour la création d’un corps intermédiaire entre l’armée et la société, une sorte de « Garde », dispositif mixte et ouvert, fonctionnant sur la base du volontariat, distinct de l’armée de réserve, à construire sur le modèle et à l’échelle européenne. Mais parviendra-t-on à construire un mouvement citoyen de masse, comme en Ukraine, ou bien s’agira-t-il seulement d’un faible pourcentage de citoyens prêts à s’impliquer en donnant de leur temps et de leur peine, bref à sortir de leur zone de confort (ou de moindre inconfort) ?
Dans le domaine militaire – politique, moyens, budget –, le rôle du Parlement est consultatif et son contrôle se limite au suivi de l’application des lois. L’information émanant du Parlement est partielle et étroitement contrôlée : cf. décision de la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale restreignant l’accès de la Presse à certains travaux (14 janvier 2015), relations avec la Presse (fiche de synthèse n° 63). Deux journalistes ont été inquiétés et poursuivis pour atteinte au secret défense : Axel Jordanov en 2022, Ariane Lavrilleux, tout dernièrement.
Quoi qu’il en soit, quelques voix n’hésitent plus à s’élever publiquement contre la déshérence de notre outil militaire, cf. Michel GOYA qui, dans : « Réadapter notre modèle d’armée au nouveau contexte international », DSI HS, 07/04/2023, démontre la nécessité de nous donner les moyens de nous adapter à une situation de crise ouverte prolongée.
Il semble cependant que l’opinion française soit plus partagée qu’il n’y paraît. Ce, pour différentes raisons : désir d’éviter l’escalade et l’extension du conflit en Europe ; sensibilité à la menace nucléaire brandie par la Russie comme un chiffon rouge ; méconnaissance des risques inhérents à l’affrontement stratégique à l’œuvre entre l’Est et l’Ouest ; prise de conscience laborieuse de la fin d’une période vécue comme sûre pour se préparer à une guerre qu’on se refuse à penser mais qui nous touche déjà indirectement, et dont il serait naïf de croire qu’elle peut nous épargner.
L’information, quoique surabondante, notamment via les réseaux sociaux, n’est pas toujours contradictoire ; elle est sujette aux tentatives de manipulation de toute sorte. Les faits sont le plus souvent considérés isolément alors qu’ils sont interdépendants et en constante interaction – à l’exception notable d’une soirée documentaire spéciale sur la 5 la semaine écoulée –.
Le débat citoyen souhaité par Guillaume Ancel nécessite une approche holistique, globale dont le cadre pourrait être une campagne référendaire à l’échelle européenne.
Ce, d’autant plus que la nature des enjeux ouverts par le conflit Russo-Ukrainien et l’ampleur des questions qu’ils soulèvent justifient d’élargir le débat citoyen au-delà du champ militaire proprement dit.
Sur les enjeux de l’agression de la Russie contre l’Ukraine et l’Occident :
1. Spécifiques à l’Ukraine :
a. Reprendre main sur la Crimée ; imposer sa souveraineté sur ses eaux territoriales ; rétablir le trafic maritime.
b. Reconquête de l’intégralité des territoires occupés (Crimée, Donbass).
c. Retour des enfants kidnappés et russifiés de force.
d. Reconstruction du pays (enjeu de compétition économique et de lutte d’influence entre l’Est et l’Ouest d’une part, les pays de l’OTAN, d’autre part) ;
e. Adhésion potentielle à l’UE ; implications sur le positionnement de l’Ukraine entre les blocs antagonistes Est et Ouest ;
f. Adhésion potentielle à l’OTAN ; implications sur le positionnement de l’Ukraine entre les blocs antagonistes Est et Ouest ;
g. Réparation des dommages par l’agresseur ;
h. Jugement des crimes de guerre ;
i. Jugement de Poutine par le TPI.
2. Spécifiques à la Russie (a minima) :
a. Démilitarisation des oblasts du Donbass ;
b. Neutralisation de l’Ukraine (pas d’adhésion à l’OTAN) ;
c. Reconstruction de l’Ukraine, prétexte à compétition, enjeu d’influence indirecte en Ukraine et à l’égard de l’OTAN.
3. Aux pays riverains de la Mer Noire, y inclus la Russie :
a. Rétablissement du trafic maritime ;
b. Importance du verrou Turc (ambigüité d’une position mouvante, non fiable) ;
c. Garantie des accès à la mer ; sécurité des infrastructures portuaires ;
d. Maîtrise des eaux territoriales (prévention des litiges).
4. Aux pays européens dans leur ensemble :
a. Rétablissement des liaisons maritimes, terrestres, aériennes.
b. Enjeux sécuritaires face à la menace Russe et aux conflits de l’Est européen : la guerre froide revient ; y faire face est une nécessité.
5. Au reste du monde :
a. Sécuriser l’approvisionnement général en denrées alimentaires ;
b. Contrecarrer l’influence des groupes paramilitaires au service des intérêts Russes.
c. Recherche de nouveaux équilibres, suite à l’agression déstabilisante de la Russie.
Quelques questions soulevées par l’agression de la Russie contre l’Ukraine :
L’agression de la Russie contre l’Ukraine – après la Tchétchénie, la Géorgie, sans oublier son jeu d’influence déterminant au Kosovo, en Syrie, en Azerbaïdjan/Arménie, en Afrique…– soulève des questions d’importance majeure :
1. Comment (conditions, moyens) instaurer une paix durable, sans concessions territoriales de l’Ukraine ? La réponse dépendra évidemment de l’état des forces en présence. Celui-ci, tel qu’il apparaît aujourd’hui conduit à diverses hypothèses, encore incertaines :
a. Match nul plutôt qu’une « victoire catastrophique » ¬ – du point de vue de l’OTAN –de l’Ukraine entraînant la chute de Poutine et le chaos en Russie (« Liban en 1973 » ; « Yougoslavie puissance 10 avec 6000 têtes nucléaires » livrée à des milices, ou à des factions militaires antagonistes (GCA Michel YACOVLEFF, verbatim).
b. L’Ukraine parvient à isoler et contrôler la Crimée, interrompant l’approvisionnement logistique des troupes Russes.
c. L’Ukraine parvient à établir une tête de pont vers la mer d’Azov.
2. Quelles garanties de sécurité offrir à l’Ukraine, telles que celle-ci puisse les considérer comme sûres en l’attente d’adhésions différées, voire problématiques à l’OTAN et à l’UE ? (Échecs Mémorandum de Budapest (1994), accords de Minsk 1 et 2…)
3. Par quelle(s) institution(s) ou alliance(s) seront-elles mises en œuvre ? Les Nations Unies ? L’OTAN ? L’UE ? L’OSCE ? Problèmes suscités par la mise en œuvre de ces garanties (veto Russe…).
4. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est-elle réellement souhaitée par l’ensemble des alliés ?
5. Comment l’OTAN et l’UE peuvent-elle se préparer face à une Russie post Poutine agressive et en proie au chaos ?
6. Le(s) challenge(s) pour l’OTAN induit(s) par le conflit Russo-Ukrainien ; une nouvelle donne militaire à laquelle l’organisation doit s’adapter pour maintenir son efficience pratique et morale.
Enjeux et questions mal perçus et reliés les uns aux autres par nos concitoyens qui ont pourtant la mission et le devoir de se prononcer, par délégation, sur les orientations politiques nationales et les moyens – militaires, industriels notamment – à y consacrer.
Il apparaît par conséquent, en l’état actuel de l’opinion, que les conditions d’un débat public sur les conséquences militaires de la guerre Russe contre l’Ukraine ne sont pas réunies. Sur le sujet, cf. Jean-Sylvestre MONTGRENIER, « L’Occident face à la Russie : faire la guerre qu’on vous fait », dans Desk Russie, 30 septembre 2023.
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Bonjour Guillaume,
Comme Hitler, Poutine intervient à la place de ses chefs militaires, câest une bonne nouvelle car il peut effectivement faire des erreurs quâun militaire bien formé ne fera pas.
Tout à fait dâaccord, si Poutine gagne en Ukraine, après ce sera les pays baltes comme après les Sudètes ça été la Pologne. Avec ce type de personnage, câest toujours pareil.
Si la Russie et les Ukrainiens tiennent jusque-là , je crois que câest le résultat des élections américaines de novembre 2024 qui décidera du vainqueur. Question : qui des Russes ou des Ukrainiens sont les mieux placés pour influencer ces élections ?
Amicalement,
Philippe
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Bonjour. Merci pour vos mises à jour régulières récentes, qui permettent de relativiser des impressions publiques de statu quo, quand on va chercher des détails ici et ailleurs (dernière vidéo de Xavier Tytelman intéressante, aujourd’hui).
Comme votre ami de la voie de l’épée et vous l’aviez annoncé pendant l’été, le verrou de Tokmak est stratégique pour la connexion globale entre Donbass et Crimée. Cet objectif prioritaire est donc logique et correspond à l’offensive initiée dans le sud-est de Zaporija par les Ukrainiens, depuis deux mois. Maintenant, en suivant votre raisonnement sur une accélération après franchissement de digue initiale, j’ai une petite hypothèse profane à formuler sur une suite pas impossible avant l’hiver.
Quand on voit la durée des combats, leur intensité et conséquences à Bakhmout, qui n’est pas tant stratégique que ça pour la guerre, Melitopol suggère deux minutes de questionnement si les Ukrainiens ne veulent pas tomber dans le panneau du Kremlin: Poutine se moque des morts, des dégats collatéraux et de l’éthique. Après Tokmak, les ukrainiens peuvent effectivement tenter de percer le chaudron où beaucoup de civils dans l’étau subiront le va-tout des tsaristes désorganisés, mais jusqu’auboutistes.
Quand on voit sur une carte la liaison routière P37 qui relie Tokmak à Zamistya, Zelenivka, Yur’ivka, Dmytrivka, puis Berdiansk, on peut se dire que 150km sont moins mortels que 150 jours. Je dis ça parce qu’une fois l’axe contrôlé, de Tokmak le nexus logistique à Berdiansk le littoral d’Azov, toute la liaison logistique russe entre Donbass et Crimée est anéantie. D’un point de vue tactique et stratégique, je pose la question de l’intérêt d’un choc frontal à Melitopol prioritaire, si l’improbable escale à Berdiansk ne serait pas plus productive pour atteindre le résultat recherché: avant l’hiver.
Je ne suis pas sur le terrain et je n’ai aucun titre honorifique, donc mon message peut faire sourire. Merci quand même de m’expliquer pourquoi Melitopol passerait avant Berdiansk, quand on devine le temps et le prix.
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Le raisonnement se tient, d’autant que les Ukrainiens sont très économes des vies. Là où je suis plus vigilant, c’est le risque pour les Ukrainiens de rester statique à un moment tandis que les Russes disposent toujours d’une artillerie supérieure en nombre, il faut donc aux premiers continuer à avancer pour ne pas se faire démolir.
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Merci Guillaume, merci pour cette analyse, « ne pas reculer », à tout prix, ça ressemble effectivement à du Poutine tout craché. À ses yeux, et à ce qu’il veut montrer à son opinion publique, il craint le recul comme synonyme de la négation de sa toute-puissance fantasmée, qu’il entretient à tout prix. Et sur lequel repose tout son pouvoir.
Merci encore pour ton rappel ferme de ce qui nous attend en cas de défaite de l’Ukraine, et déjà de non défaite de la Russie. Nos « armée[s] inadaptée[s] »… Effectivement… Ça laisse pensif. Peut-être d’ailleurs le point aveugle que ne veulent pas voir nos gouvernants. Dans quoi nous sommes nous installés ces dernières décennies… ? Dont nous avons tant de mal à sortir…
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Bonjour
Merci pour vos analyses ! Je partage votre admiration pour ce pays courageux déterminé et novateur qu’est lUkraine et votre colère pour Poutine menteur universel et envahisseur assassin !
«Νe pas subir » ne serait ce pas aussi lancer un mouvement de boycott de toutes les compétitions auxquelles des athlètes russes ou biélorusses participent ?
Merci
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Merci.
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« les troupes de Poutine pourraient aussi, à un moment qu’il est impossible d’estimer, préférer voir chuter leur « maître » plutôt que périr inutilement dans cette guerre fratricide »
Je pense que c’est exactement ça l’objectif principal sur le front en Ukraine, car l’objectif stratégique principal est de provoquer le changement du régime au Kremlin.
Le but principal de l’offensive ukrainienne est, selon moi, que ça soit de plus en plus évident pour les troupes russes et pour la population russe que Poutine a enlisé la Russie dans une guerre qu’il ne peut pas gagner, une guerre sans issue possible et qui demande encore des crimes et des sacrifices complètement inutiles. On entend de plus en plus de cas de refus de lutter dans les rangs des troupes russes, c’est encourageant.
Je trouve très intéressant ce que Zelenski a dit récemment, pendant sa visite au Canada: « c’est le peuple qui va gagner, pas le Kremlin ». Sans spécifier de quel peuple il s’agit et en parlant du Kremlin, il suggère qu’il s’agit pratiquement d’une guerre civile.
C’est intéressant que, sans vouloir, Poutine suggère la même chose lorsqu’il dit que les russes et les ukrainiens forment un seul peuple.
Le problème de Poutine c’est que les ukrainiens sont des « russes » en liberté, qui peuvent s’exprimer sans peur de prisons, de Novichok ou de tomber par les fenêtres, des « russes » qui peuvent élire librement leurs représentants. C’est pour ça qu’il a envahi l’Ukraine, par peur que la liberté de sa société est contagieuse et risque de provoquer la chute de la dictature en Russie. C’est pour ça qu’il a besoin de prétextes, pour cacher au peuple russe la vraie raison de l’agression.
Toutes les sacrifices ukrainienne et occidentales ne sont pas faits (comme certains semblent encore penser) pour revenir à une situation semblable à celle d’avant l’invasion, encore moins pour arriver à une situation pire qu’avant.
La seule véritable solution est le changement du régime au Kremlin, ce qui semble être de plus en plus clair pour Zelenski.
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Bonjour Guillaume,
Écoutez, je vous lis régulièrement, j’ai apprécié sincèrement votre bouquin sur le Rwanda (il m’a même boulversé) mais, concernant ce que vous dites à la fin de votre article, « qu’après l’Ukraine, la Russie s’attaquera à ses voisins qui sont membres de l’OTAN », j’avoue qu’il y a une chose qui me gène.
Évidemment, et particulièrement en tant que français, on ne peut pas dire que la Russie ne menace pas d’une manière ou d’un autre certains de nos interêts (en Afrique par exemple), ni que les missiles de nos sous-marins sont probablement pas pointés sur eux, au moins pour quelques uns.
Tout cela est correct. Mais par contre, quelle guerre la Russie a-t-elle faite contre un membre de l’UE ou de l’OTAN si on exclut les attaques cyber de 2007 en Estonie et qui font suite à une dispute au sujet d’une statue ? Je comprends qu’on s’enflamme pour l’Ukraine, pays attaqué injustement et brutalement, mais cette sensation, pour vraie qu’elle soit, ne peut être confoondue avec nos intérêts et si elle peut être vraie pour un Balte et, éventuellement pour un Polonais (bien qu’elle partage déjà une frontière avec la Russie à kaliningrad qui s’est retrouvée dans l’UE car nous avons intégré les baltes, sans pour autant être en conflit), comment voulez-vous qu’un français, un italien ou un espagnol pense que son destin est lié à des villes dont il ignorait les noms il y a 2 ans ? Ça va être compliqué…
Et si je vous pose la question, ce n’est pas pour dire qu’il faille être indifférent au sort de l’Ukraine, mais que d’autres risques menacent bien plus que les chars russes sur l’UE, en particulier celui de la dislocation entre Est et Ouest de l’Europe, qui acterait le fait que leurs intérêts stratégiques, pour communs qu’ils soient, ne sont pas des calques, quelles que soient les déclarations d’intention? Faut-il rappeler qu’un pays comme la france vote « non » au référendum de 2005… Je doute énormément du fait qu’ils voient les choses autrement, ou se mettent à vibrer en coeur pour le drapeau européen. Avec les conséquences, peut-être électorales, qu’il y aurait à ne pas prendre en compte ce fait là.
Cordialement,
Eric
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Bonjour Eric,
Je suis d’accord avec vous que Poutine ne va pas attaquer des pays membres de l’OTAN. Mais il ne va pas le faire à cause qu’il comprend très bien qu’il n’aurait aucune chance de gagner une guerre directe contre l’OTAN, pas à cause qu’il ne voudrait pas le faire (s’il pensait avoir des chances de gagner ou s’il pensait que l’OTAN ne respecterait pas son « Article 5 »).
Je suis d’accord que pour les pays est-européens, surtout ceux voisins directs de l’Ukraine, l’enjeu est un peu plus élevé, pas à cause qu’ils seraient en danger d’être attaqués, mais à cause qu’ils préfèrent évidemment avoir l’Ukraine comme un pays voisin allié, membre de l’UE et de l’OTAN, que de l’avoir comme un pays hostile, satellite du régime de Poutine (comme la Biélorussie).
Mais à part ça, pour moi c’est une guerre entre deux « systèmes de valeurs » incompatibles, entre la tyrannie et la liberté, entre la dictature et la démocratie. Le fait que les quelques pays « alliés » de la Russie de Poutine ont aussi des régimes dictatoriaux (comme la Russie) n’est pas du tout un hasard. Mathématiquement parlant, la probabilité que ça soit un hasard est quasi nulle.
Je vis actuellement au Canada et j’avais vécu par le passé en Roumanie, entre autres pendant une partie du régime « communiste ». Je me sens extrêmement concerné par ce qui se passe en Ukraine en en Russie en ce moment, même si je n’ai absolument aucune inquiétude que la Roumanie pourrait être attaquée par la Russie.
C’est plutôt à cause que j’ai bien connu ce que ça veut dire un régime dictatorial, répressif, complètement basé sur le mensonge, comme celui au pouvoir au Kremlin en ce moment, un genre de régime pour lequel j’éprouve des sentiments de haine profonde.
C’est probablement ça la différence fondamentale entre l’est et l’ouest de l’Europe dans ce contexte, le fait que l’est a connu la dictature beaucoup plus récemment que l’ouest.
Pour moi il s’agit d’un conflit entre la tyrannie et la liberté, qui est toujours en cours. Lorsqu’on constate que la Chine, deuxième puissance mondiale avec des prétentions et des moyens pour devenir la première, a au pouvoir exactement ce genre de régime dictatorial, répressif, on comprend très bien que ce conflit entre la liberté et la tyrannie n’est pas du tout réglé et que son issue est donc encore incertaine.
L’Ukraine, comme le Taïwan, est sur cette ligne du front entre la liberté et la tyrannie, une ligne du front qui n’est pas une ligne physique. Cette ligne existe même à l’intérieur des sociétés démocratiques. Par exemple Trump et Biden ne sont pas du tout, selon moi, du même côté de cette ligne du front.
Mais même d’un autre point de vue, des intérêts de l’UE, il suffit de regarder la taille et la position de l’Ukraine, les ressources humaines et naturelles qu’elle a, pour comprendre la grande importance que ça aurait pour le futur de l’UE que ce pays en fasse partie.
Pour moi, abandonner dans les mains d’un régime dictatorial même une partie de l’Ukraine comme la Crimée, par exemple, serait une décision tout aussi « visionnaire » que la décision de la Russie de vendre l’Alaska aux États-Unis, par exemple. Il faut voir en perspective, avec des décennies et même des siècles en avant, pour comprendre l’énorme différence.
Même si je n’habite pas en ce moment dans l’UE, pour moi l’UE représente un projet fabuleux (toujours en cours) pour l’Humanité, un pas énorme en avant, à cause que l’identité européenne n’est pas basée sur la langue, sur la culture ou sur l’origine ethnique, mais sur un système de valeurs communes. Si on ne se soucie pas trop lorsque ces valeurs sont attaquées, dans un pays futur membre de l’UE, alors ça veut dire que cette identité européenne est en très grand danger.
Amicalement,
Cezar
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