Espoir de paix pour Gaza, mise sous pression de Poutine pour l’Ukraine

Ces deux conflits qui nous occupent particulièrement, Gaza et l’Ukraine, sont liés par le rôle clef des Etats-Unis dirigés par Donald Trump et par l’implication de mieux en mieux « orchestrée » de l’Europe.

Contradictions, failles et espoirs du plan de paix proposé par Trump pour Gaza

À Gaza, les événements s’accélèrent alors que ce conflit dévastateur arrive à sa troisième année. Donald Trump propose un « plan de paix » élaboré avec certains pays arabes, et qui présente trois caractéristiques entremêlées :

Il permettrait de sortir de cette guerre – un cauchemar quotidien pour deux millions de Gazaouis – mais sans que ces Palestiniens ne soient partie prenante de ce règlement du conflit faisant la part belle à Israël, qui imposerait comme un fait accompli d’avoir dévasté la bande de Gaza et de présider à son avenir.

Lire aussi : les vingt propositions du plan de Donald Trump pour mettre fin au conflit (Le Monde)

Le Hamas serait sommé d’y répondre, sachant que ce plan a besoin de son accord pour lui retirer tout rôle dans l’avenir, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de cette situation. Autrement dit, si le Hamas accepte il disparaît, s’il refuse Netanyahou pourra l’accabler de la responsabilité de l’opération de dévastation de Gaza que le chef du gouvernement israélien mène actuellement.

 L’ONU et les Européens n’y joueraient quasiment aucun rôle à l’exception notable de Tony Blair, dont on se demande ce qu’il vient faire dans cette galère ! En revanche, les promoteurs immobiliers, dont Jared Kushner le gendre de Trump, semblent ne pas avoir renoncé à faire de Gaza une vaste affaire immobilière, ce qui équivaut à un déni du crime contre l’humanité qui se déroule sur ce même sol.

Netanyahou peut feindre de l’approuver, mais il est probable qu’il tente de le faire échouer. En effet, le retour de la paix remettrait en cause son propre pouvoir et ouvrirait la porte à ce que la société israélienne lui demande enfin des comptes, en particulier sur le désastre du 7 octobre et quelques autres affaires.


Ce plan de paix représente un espoir d’en terminer avec ce carnage

Ce plan de paix a été proposé par Donald Trump, il pourrait sauver des vies, notamment celles des quelques otages israéliens encore vivants et de la centaine de Palestiniens qui sont froidement abattus tous les jours par les frappes israéliennes qui ne visent plus aucun objectif militaire. Ce n’est pas une guerre mais un massacre et personne ne peut regretter qu’il puisse s’arrêter…

Le Hamas, sommé par Donald Trump, semble s’y résoudre. Il n’a pas vraiment le choix dans la mesure où ses soutiens n’ont plus les moyens d’intervenir – comme l’Iran, mais aussi la Russie – ou l’ont carrément abandonné en préférant s’accorder avec les Etats-Unis, comme le Qatar.

Le Hamas, qui a déclenché cette guerre avec son opération de terreur du 7 octobre contre Israël, est probablement condamné à disparaître, mais il essayera de négocier certains points de ce plan pour préserver son existence et se donner de l’importance, quand son rôle principal aura été d’entretenir cette guerre de Netanyahou contre les Palestiniens.

Le bilan est odieux et largement sous-estimé par le ministère de la santé de Gaza qui ne compte que les morts recensés officiellement quand la moitié d’entre eux se trouvent sous les décombres. Avec plus de 140 000 bombardements menés par Israël, il faut compter plutôt 140 000 morts et 450 000 blessés, soit un demi-million de victimes. Ce bilan, disproportionné par rapport à l’attaque subie le 7 octobre par Israël (1 200 morts) ne pourra pas être soldé par ce seul plan de paix…

Lire aussi : Gaza, ce bilan qui donne le vertige !

Cet espoir de paix est immense pour la population palestinienne (qui ne doit pas être assimilée au Hamas), ainsi que pour une large partie de la société israélienne qui pourrait enfin récupérer les quelques otages encore vivants, même s’il est difficile d’imaginer leur état après 2 années de détention et de bombardements intenses de leur propre armée.

Un accord de paix que les extrémistes vont chercher à faire chuter

Le principal risque pour cet accord de paix réside une fois encore dans les extrémistes israéliens qui vont tout faire pour que Netanyahou le fasse échouer, bien qu’il n’en n’ait pas le pouvoir face à un Donald Trump bien déterminé à réclamer son prix Nobel de la paix. Mais le pouvoir de nuisance de Netanyahou reste considérable : alors que le président américain appelait à la fin des bombardements israéliens sur Gaza dès l’annonce de l’accord du plan par le Hamas le 3 octobre, Netanyahou continuait à faire bombarder intensément la ville de Gaza comme pour s’assurer d’en achever la dévastation et ébranler l’application de cet accord dont l’objectif est justement de mettre fin à cette guerre.

Une paix durable est l’objectif affiché du plan de paix de Donald Trump, mais les extrémistes qui sont les protagonistes de ce conflit en seront les principaux obstacles pour les étapes suivantes.


Poutine sous pression, aux Européens de réagir avec détermination  

2 000 km plus loin, en Ukraine, un autre conflit devrait aussi se terminer. Cette guerre est dans une impasse militaire, l’armée de Poutine n’a jamais été aussi fragile, elle n’a conquis en septembre 2025 que 250 km2  de territoire. A ce rythme il faudrait 2 siècles à la Russie pour soumettre l’Ukraine (qui fait plus de 600 000 km2) et plus de 2 ans pour achever la conquête du Donbass où 6 000 km2 « manquent » à la Russie.

Bilan des opérations pour septembre 2025 (@PouletVolant3)

Alors Poutine multiplie les provocations pour convaincre les Européens qui sont les principaux soutiens (avec le Canada et l’Australie) de la résistance ukrainienne de céder dans les négociations amorcées par Donald Trump. Le dictateur russe joue pour cela avec la principale arme qui lui reste, la peur qu’il instille dans ces démocraties européennes, si mal préparées à se battre pour se défendre et qui discutent même de la légalité de neutraliser un drone violant leur espace aérien.

Lire aussi : Trump, promoteur de la paix ou du chaos ?

Pologne, Estonie, Danemark, Allemagne, la liste des pays concernés ne cesse de s’allonger, la France est aussi affectée (même si elle ne le reconnaît pas officiellement) comme la plupart des pays européens. Poutine les provoque sans hésiter à mentir de manière éhontée. Il accuse même la France de « piraterie » pour avoir osé arrêter un de ses tankers fantômes lui permettant de contourner les sanctions européennes et américaines.

Le Monde

En montrant les faiblesses des défenses européennes, en particulier contre les drones, Poutine n’est pas arrivé pour autant à les effrayer autant qu’il l’espérait. Les Européens s’organisent, avec leur lenteur habituelle, mais ils ne perdent pas pied pour autant, multipliant leur intérêt et leur volonté d’investir dans la lutte contre les drones et à s’organiser ensemble pour lutter contre la menace russe.

Sous la pression de celle-ci, les pays européens prennent conscience progressivement que leur arme la plus puissante est leur volonté de se battre pour défendre leurs intérêts, comme l’ont fait les Ukrainiens face à l’ours russe.

Le Monde


Donald Trump est passé à la tactique des « coups de pied sous la table »

Pendant ce temps, Donald Trump, toujours aussi déterminé à arracher un Nobel de la paix en arrêtant cette guerre en Ukraine, est passé à la tactique des « coups de pied sous la table » pour ramollir l’intransigeance de Poutine qui feint la puissance comme carte de négociation.

En plus des attaques coordonnées des Ukrainiens contre les installations pétrolières russes grâce au renseignement américain (en particulier pour dresser les routes les plus appropriées) et de l’autorisation de frapper avec des armes américaines sur le territoire russe, Trump menace de livrer des missiles de croisière américains Tomahawk. Ces derniers donneraient aux Ukrainiens la capacité de frapper des cibles dures sur le territoire russe jusqu’à 2 000 km, comme par exemple les bases de bombardiers russes qui viennent tirer contre l’Ukraine chaque nuit…

Poutine sait agresser, provoquer et menacer ses voisins, mais la réalité est qu’il est faible. Son économie est asphyxiée par cette guerre et les sanctions économiques et son armée est plus diminuée que jamais (elle serait incapable de se défendre contre des attaques sur son propre territoire). Poutine ne pourra pas camoufler longtemps ses faiblesses, surtout si les Européens font front commun, ce qu’ils commencent à bien structurer du fait… des menaces de Poutine ! C’est probablement lui qui devra négocier sa propre sortie de cette guerre contre l’Ukraine qu’il a lancée en surestimant sa puissance réelle, sans rapport avec celle dont il rêvait.

Le photojournaliste français Antoni Lallican a été tué par un drone russe dans le Donbass, en Ukraine


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6 commentaires sur “Espoir de paix pour Gaza, mise sous pression de Poutine pour l’Ukraine

  1. Cher M. Ancel, juste ce petit mot pour vous dire que j’attends toujours vos posts avec impatience. Etant d’origine russo-ukrainienne, j’apprécie beaucoup la justesse, la pertinence et la transparence de vos propos sur la guerre en Ukraine. J’ai aussi lu votre livre sur le Rwanda et celui sur St Cyr, et je trouve que vous avez du courage de dire les choses sans langue de bois. Continuez de nous instruire avec vos prises de parole à la fois sobres et captivantes.
    Respectueuses salutations,
    Tania Pegasoff

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  2. S’il existe encore quelques chefs survivants du Hamas, ils doivent comparaître avec Nétanyahou devant la Justice internationale.
    Laquelle a potentiellement du travail, si outre les criminels du Proche-Orient elle a à juger Poutine et son entourage, en particulier les responsables et coupables du vol et de la déportation de milliers d’enfants ukrainiens. Mais pour que justice soit faite, davantage de rapidité et de fermeté des démocraties sont indispensables.

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    1. Il manque dans votre récit les noms de ceux qui ont porté la responsabilité des guerres les plus récentes : Bush et Blair pour l’Irak en 2003 ; Obama et Sarkozy pour la destruction de la Libye sous Kadhafi.

      Les résultats sont sous nos yeux : une Libye à l’état de chaos, devenue la plaque tournante du trafic de migrants.

      Vivre en Occident signifie-t-il devoir occulter les fautes de ses dirigeants ? Une véritable compréhension des enjeux internationaux nécessite de dépasser le discours télévisuel. Il faut lire, lire et encore lire pour se forger sa propre opinion.

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