
Pour ne pas être confinés à ne parler que de la crise actuelle et alors que bien souvent nous pouvons nous sentir assiégés par cette sournoise épidémie, je publie un verbatim de quelques retours sur le récit d’un autre siège, celui de Sarajevo en 1995 dont j’ai voulu témoigner à mon modeste niveau.
Peut-être qu’il vous donnera envie de lire et moi de me souvenir. tandis que je tarde à publier un troisième récit, celui d’une opération au Cambodge où nous découvrions au fur et à mesure comment sortir d’un conflit…
VERBATIM
J’ai reçu ce 3 mai 2020 une lettre d’un lecteur bosniaque qui a attendu deux ans avant de lire « Vent glacial sur Sarajevo » publié aux Belles Lettres en 2017. Cette lettre m’a ému comme chaque évocation des tourments auxquels sont confrontés les protagonistes de ces événements devenus historiques, mais dont on ignore la plus grande partie de leur réalité.
Je publie donc ces quelques phrases qui pourraient être un livre, ainsi que d’autres retours que j’avais gardés dans mes notes depuis la publication de ce témoignage sur le siège de Sarajevo.
Almir, Bosniaque.
Voilà maintenant 2 ans que j’ai acheté votre livre « Vent glacial sur Sarajevo » et j’ai enfin eu le courage de le lire.
Je suis arrivé en France à la fin de l’année 1992. Et depuis, je n’ai jamais voulu parler de tout cela. J’évitais les questions, ne voulais jamais savoir ce qu’il s’était passé.
Depuis peu, je souhaite connaître l’histoire, comme si j’avais réussi à passer le cap.
Merci pour cet ouvrage que j’ai lu en une journée.
Merci pour votre honnêteté.
Angelo, connecteur
Petite pensée personnelle: parfois il faut plus de courage pour écrire un livre que pour mener une bataille
Bernard, expert en communication et en sagesse
Je vois à nouveau que ces années t’ont marqué et que ta force est de les affronter, traiter et partager. Je suis très impressionné.
Benoît, cavalier cultivé,
C’est un témoignage fort et incarné sur les conséquences d’une position politique ambiguë, de choix pas assumés, d’une chaine de commandement bancale : pour la troupe, des ordres peu clairs qui la mettent en danger.
Se pose aussi la question de la loyauté de l’officier : à l’Histoire qui dit que la Serbie est l’alliée de la France ? A l’ONU, qui veut que cesse le carnage mais recule sur les moyens ? A l’Exécutif Français, qui est incapable d’exprimer une position claire et de s’y tenir ?

Caroline, observatrice énergique
Venant d’une famille d’officiers, je sais qu’il faut autant de courage pour défendre la paix sur le terrain que pour témoigner de ces moments d’une intensité telle que probablement seuls ceux qui l’ont ressentie peuvent appréhender à sa juste valeur.
Étonnant de précision, ce livre extrêmement bien documenté et factuel est avant tout un récit intimiste, inhabituel chez les membres de « la grande muette ». Il est rare de trouver autant de sincérité, de finesse et d’humilité ; la force de l’auteur, c’est qu’il ne nous impose pas un plaidoyer « pour » ou « contre », il partage une aventure humaine saisissante… À nous de nous débrouiller avec nos émotions et nos valeurs. On ne sort pas indemne d’une telle lecture ; osez plonger dans ce récit et affronter la réalité.
Gérard, renard avisé,
Je me souviens d’avoir éclaté de rire à la barbe d’un ami qui me disait qu’il trouvait très bien que l’armée française ait décidé d’offrir aux militaires revenant d’Afghanistan une semaine de décompression au bord de la mer à Chypre ! Il n’avait pas fait ce genre de guerre et je n’ai même pas essayé de lui expliquer que ce qu’on y avait vécu demeurait à jamais ineffaçable !

Jean Michel, banquier humaniste,
Ravi d’apprendre que sort ton nouvel ouvrage, travail courageux de mémoire, en espérant que tes témoignages permettront dans le futur plus d’intelligence et de sagesse des intervenants lorsque nous nous impliquons dans des conflits extérieurs.
Larbi, fin connaisseur des missions onusiennes
C’est tellement rare qu’un ancien militaire apporte ainsi ses témoignages sur un conflit et ce, pour diverses raisons ou prétextes: obligation de réserve, conséquences professionnelles, patriotisme ou tout simplement culture du silence, que sais-je ?
Nadine, universitaire réfléchie
félicitations pour cette transmission de parole que tu fais sur un événement de l’histoire, grave, et sur les questions d’humanité qu’il laisse en débat.
Patrick-André, passionné d’histoire militaire
Les graves événements de l’année 1995 en ex Yougoslavie sont écrits d’une façon telle qu’aucun journaliste, même embedded, n’aurait pu le faire, car l’auteur est tout à la fois acteur et témoin…
Il n’y a qu’un livre qui prend le lecteur à la gorge de la même manière, c’est celui de Pierre Clostermann avec son fameux « grand cirque » et, vu les rapports qu’entretient Guillaume Ancel avec l’aviation, ce n’est pas étonnant…
Les grands acteurs et décideurs devront à un moment ou un autre, se justifier de leurs décisions et surtout de leur parti pris.
Philippe, vigilant,
Le côté « technique » est captivant, tu nous fais vivre les opérations de l’intérieur. On ressent la tension et le danger permanents, le rythme lent des observations et les pics d’intensité [… ] Tu es en bonne compagnie dans cette prestigieuse collection des Belles Lettres et c’est amplement mérité : ce sont vraiment des Mémoires de guerre, de ces documents qui disent une vérité que les analyses, aussi subtiles soient-elles, ne peuvent approcher. Ton livre est aussi l’antidote factuelle aux récits de justification que les hommes de pouvoir ne manquent jamais de laisser, difficile de biaiser avec les faits !

En savoir plus sur Guillaume Ancel - Ne pas subir
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.
Je viens de finir toute la série, dans l’ordre chronologique (donc en commençant par St Cyr, puis en faisant les autres dans l’ordre où vous les avez vécus). Je n’ai rien à voir avec l’armée, ni moi ni personne de ma famille. Je vous confirme donc que vos écrits sont accessibles à n’importe qui.
Celui de Sarajevo, avec lequel je termine ma lecture, est peut-être le plus ubuesque et le plus rageant. Celui où la chaîne de commandement continue mordicus, au détriment de tous, à faire adopter à l’armée une position qui n’a ni queue ni tête.
Je rejoins votre analyse: Il faut parler. Les seuls à pouvoir faire pression sur le pouvoir politique lorsqu’il prend des décisions délétères, ce sont les citoyens.
Que l’armée se taise lorsque la situation relève de sa compétence et que son intervention répond à une logique politique admise est acceptable: Le simple citoyen n’est peut-être pas apte à analyser la situation sans s’émouvoir. L’armée a un travail à faire, et doit pouvoir le faire. Ce serait comme autoriser le quidam en salle d’opération à l’hôpital. Cependant, il n’est pas acceptable que nous laissions nos soldats servir de pigeons en les plaçant au milieu d’une guerre sans leur laisser la possibilité de riposter, et en leur demandant de dire gentiment aux deux parties de rendre les armes.
L’armée a le pouvoir d’exercer une pression sur le gouvernement dans ces situations, simplement en rendant compte aux citoyens, avec des faits. On se chargera ensuite de voter et faire connaître nos intentions de vote.
L’armée protège les citoyens. Il est logique qu’elle permette également aux citoyens de la protéger, dans certaines circonstances.
Je relève peut-être une coquille: J’ai tout de suite mis un nom (par erreur? Ou est-ce vous qui avez confondu avec un autre, ce que l’on peut comprendre après 20 ans?) sur le personnage de Bernard Michel « philosophe, voyageur, libre penseur… ect ». Celui auquel je pense a fait un peu ce que vous décrivez dans le livre, s’est fait tacler dans la presse après coup, mais son interview « sous les balles » avec les casques bleus fumant leur clope juste à côté date de 1992 (13 juin). Les éléments que vous relatez datent du 05 mai 1995. Il y a peut-être quelque chose à clarifier du coup.
En tout cas bonne route à vous et merci
J’aimeJ’aime