« Poutine m’a vraiment laissé tomber », Trump au bord du désespoir ?

Quelle curieuse déclaration de Donald Trump lors de sa visite à Londres le 18 septembre 2025. J’ai d’abord cru à un message désespéré digne de la presse people dénonçant l’échec d’une relation pourtant fascinante entre un dictateur russe qui se prend pour un tsar et un président américain acteur de télé-réalité qui postule (tout seul) au prix Nobel de la paix.

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Mais ce « cri du cœur » de Donald Trump sur l’Etat de sa relation avec Poutine et donc de ses négociations pour sortir de la guerre en Ukraine laisse pantois. Lui qui discutait quasiment chaque semaine avec son ami Vladimir se voit désormais dans une impasse, cherchera-t-il seulement à l’appeler dans ces conditions ?

C’est un aveu d’échec que semble lancer Donald Trump tandis que le président russe redouble de violence contre l’Ukraine, sans avancer plus vite d’ailleurs. En réalité, les négociations n’ont jamais cessé, mais elles sont arrivées à un point crucial et peut-être bloquant.

Le vice-président américain JD Vance l’a exposé et je l’ai expliqué dans ce Blog : les Russes veulent que l’Ukraine leur cède les 6 000 km2 qui leur manquent pour achever leur conquête du Donbass, soit 1% de plus du territoire ukrainien (qui en fait 600 000), l’équivalent d’une grosse année de combat militaire (entre 12 et 18 mois).

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Lire aussi : Négociation impossible sur l’Ukraine ? Et pourtant…

Le président Volodymyr Zelensky est formellement opposé à ce deal, mais il pourrait lâcher ce territoire car c’est ce que souhaite une large majorité des Ukrainiens si cela peut arrêter enfin cette guerre qui dure depuis trois années et demi. La coalition des volontaires garantirait ensuite cet « accord de paix » en déployant des forces militaires du côté de l’Ukraine libre. Cependant, les Européens sont plutôt hostiles à cette concession (sans jeu de mots), car elle remettrait en cause l’intégralité du droit international en consacrant « la loi du plus fort ».

Entre provocation et mépris des Européens, Poutine fait douter Trump

Alors Poutine fait « monter la pression », pour convaincre aussi bien le président Zelensky que les pays européens les plus actifs dans le soutien à la résistance ukrainienne de céder. L’intrusion de drones en Pologne est un élément de cette stratégie de pression sur les alliés de l’Ukraine, de même que les manœuvres militaires russes Zapad 2025 (Ouest 2025) en Biélorussie juste en face de la Pologne et des pays baltes.

Notons au passage que cette manœuvre Zapad devait rassembler 100 000 militaires – une force considérable – mais s’est limitée à 15 000 hommes, donnant une indication de l’état réel des forces russes. Continuent aussi les attaques massives et sans objectifs militaires contre les villes ukrainiennes, plus de 500 drones et 40 missiles dans la nuit du 19 au 20 septembre. L’Ukraine riposte en attaquant elle les infrastructures pétrolières et gazières russes, mais le territoire de la Russie est 28 fois plus vaste que le sien…

Lire aussi : En Ukraine, les drones sèment le doute

Le jour précédent, le 19 septembre, trois chasseurs russes MiG 31 pénétraient pendant une dizaine de minutes dans l’espace aérien de l’Estonie. Certes, cela ne constitue pas un raid contre ce pays de l’OTAN, mais cet incident illustre bien le mépris de l’armée russe pour la défense européenne qu’elle considère comme dénuée de toute volonté de se battre en réalité.


En effet, l’analyse de la trajectoire des avions montre que si les pilotes avaient craint de se frotter aux forces occidentales stationnées en Estonie, ils auraient strictement respecté le couloir de vol international qui leur permet de passer entre la Finlande et ce pays balte.

Bien au contraire, les avions russes se sont permis de rentrer dans cet espace aérien sans autorisation car la Russie de Poutine ne respecte que la force et les pays européens en ont montré bien peu jusqu’ici…


Outre la question de la négociation sur l’Ukraine, qui est actuellement dans une impasse, cela montre aussi que l’arme la plus importante dont doivent se doter les Européens n’est pas un avion ou un missile, mais la volonté de se battre pour défendre la paix.




Pour approfondir,

La Russie poursuit sa stratégie de la tension militaire avec les Européens, par Chloé Hoorman et Élise Vincent (Le Monde)



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16 commentaires sur “« Poutine m’a vraiment laissé tomber », Trump au bord du désespoir ?

  1. « Cela fait trois ans et demi que la Russie mène sans direction claire une guerre qu’une vraie puissance militaire aurait remportée en moins d’une semaine», a écrit le président américain, estimant que le pays de Vladimir Poutine «ressemblait beaucoup à un “tigre de papier”»

    Toutes les armes de l’occident n’arrivent pas à bout du géant de papier, les stocks sont vides, avec plus de 34000 milliards de dettes, je ne sais pas qui est à bout de souffle et veut entraîner le monde dans une guerre sachant qu’ils sont en train de perdre la partie !!!

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  2. Qui domine l’OTAN ? Les USA.. Qui est le président des USA ? Trump …. Qui est l’agent russe à Washington ? Trump … CONCLUSION : l’OTAN ne répondra jamais aux provocations russes !

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  3. Ce qui est extraordinaire, c’est de voir le président de la plus grande puissance mondiale, venir chialer du style  » Ouin, ouin, Poutine m’a piqué mes billes » !

    Mais on est où là ? Il y a des présidents des Etats Unis qui en avaient une paire, c’est Roosevelt et Kennedy ! Lors de la crise des missiles de Cuba, Kennedy a aussitôt décrété un embargo et envoyé la Marine américaine !

    Ici, Trump croyait faire ami-ami avec Poutine, qui depuis le début le roule dans la farine ! Devant sa crise de « nerfs » il est apparu comme un baudruche remplie d’air. Toujours à menacer le Danemark pour s’emparer du Groenland !..Toujours en train de gesticuler et menacer les Talibans, pour qu’ils lui « rendent » la base de Bagram !!! Sinon !?!

    Les chinois, après s’être bien tapés sur les cuisses, ont dû se dire, « OK coco, on va être bons pour envahir Taïwan »

    Alors là entre l’Europe, qui ne sait toujours pas où elle habite ( Messieurs les russes tirez les premiers) et les Chinois qui savent exactement ce qu’ils veulent…Trump va aller se réfugier en pleurant sous son bureau ovale…

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  4. Il me semble très vain de continuer à commenter l’inconstant matamore décoloré dont il faudra encore s’accommoder de quelques années d’errances ploutocrate et gériatrique en attendant pire; par contre l’attitude du régime russe est beaucoup plus préoccupante avec ces drones qui « s’égarent » loin au delà des frontières de l’OTAN ou ces avions qui prennent des raccourcis sans autre réponse que des réunions au nom de l’article 4 ou de vagues déclarations à l’ONU.

    Sans mettre en danger nos pilotes, on pourrait utiliser quelques moyens anti-aériens proportionnés, comme un missile contre un MIG 31 et quelques balles de mitrailleuse contre des drones, sachant que j’ai depuis longtemps suggéré qu’envers des territoires qui ont demandé leur adhésion à l’OTAN ou à l’UE on pourrait concéder une protection aérienne de leurs territoires et une no-fly zone au moins le temps d’instruire leurs admissions, même partielles.

    Après avoir imposé des restrictions commerciales, peut-être sera-t-il enfin temps, sans exercer un blocus maritime global en Baltique et Mer Noire d’en contrôler les trafics, surtout quand des navires prétendus civils laissent traîner leurs ancres au-dessus de câbles sous-marins ou mouillent des mines le long de voies maritimes ou fluviaux ?

    Bref, ne pas répondre aux provocations, même en matière de cybersécurité, ne fait que susciter l’escalade unilatérale si l’on se berce de l’idée que seule l’accumulation ultime de contre-mesures, accompagnée pourquoi pas d’une frappe nucléaire, viendra à bout de cette guerre que l’on ne veut pas reconnaître ici mais qui est bien réelle ailleurs au point qu’il n’y aura bientôt plus personne ou de biens à protéger.

    Un autre témoin comme Marc Bloch pourrait écrire « l’étrange capitulation » que nous vivons qui, de pourparlers, menaces en atermoiements ou résignations, nous mène vers le pire dont on connait la rapidité en quelques minutes, même si la déroute de 1940 avait déjà démontré comment un régime démocratique a pu imploser en quelques semaines. Comme Trump pourrait être bientôt remplacé par pire, même sans être éternel, Putin a des adeptes et des remplaçants possibles et il est bien rare que l’accumulation d’armements ne serve à rien…

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  5. Trump désespéré par l’échec de ses relations avec Poutine, c’est en effet l’une des hypothèses.
    Mais jusqu’à ce jour même les analystes les plus pointus et les mieux informés ne sont parvenus à démêler ce qu’il faut prendre au sérieux dans le déferlement de paroles confuses et contradictoires de cet étrange et dangereux président étasunien.

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  6. L’histoire retiendra, comme pour l’époque des années 1930, que les dirigeants mondiaux ont peur de leur ombre et n’ont aucune vision des conséquences de leur aplaventrisme et de leur inaction.

    La différence? Ces dirigeants se trompent non pas sur un seul, mais deux fronts… probablement trois en réalité.

    En effet, Poutine, comme l’a fait Hitler, en profite pour continuer de piétiner les principes et les textes qui sous-tendent le droit international. Et que dire du gouvernement d’Israël? Un jour, certes, l’histoire jugera tout ce beau monde, mais il sera alors trop tard pour les centaines de milliers de victimes et… le droit international ainsi que les institutions qui sont censées le protéger.

    Et, sauf revirement soudain et peu probable, la Chine se prépare à son tour à commettre l’irréparable. Comme la communauté internationale n’a pas su se tenir debout, depuis 2014 pour l’Ukraine et depuis l’automne 2023 pour la Palestine (Gaza, mais aussi la Cisjordanie), il y a peu d’espoir pour les Taïwanais… malheureusement.

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  7. Trump se comporte comme un agent russe avec un quotient intellectuel d’adolescent. Conclusion : les USA sont devenus peu crédibles vis-à-vis de leurs alliés traditionnels ( Europe, Asie, Amérique Latine, Moyen Orient ) Ceux-ci doivent prendre complètement leur sécurité en main ! 

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    1. Vous avez oublié le Canada. «Le Canada est le plus grand partenaire, allié et ami des États-Unis!», a affirmé avec force l’ambassadeur des États-Unis au Canada, David L. Cohen, le 15 janvier de cette année.

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  8. Pour le moment Donald Trump comme les parlementaires Américains attends surtout le résultat de sa partie de roulette Russe avec l’économie Américaine. La cours suprèmes étant chargée de désignée la prinçipale victime de la guerre des droit de douane. Le président Américain ayant remarquablement réussi à faire en sorte que quelque soit la réponse les conséquences seront très lourde pour les USA. Ainsi la cours devra choisir entre l’instabilité de l’économie mondial coupler à des charges conséquentes pour ses entreprises, ou une stabilisations international avec un risque conséquent pour le budget de l’état américain complétement saborder par les partisants de Donald Trump et que les Droits de douane ne semblaient déjà pas en mesure d’équilibré…

    Pour moi celui qui a vue le plus ses espoirs douché dans les négoçiations est sans doute Vladimir Poutine, qui fort de sa relation avec Donald Trump espérer bien faire plier l’Ukraine et les Européens. Alors que visiblement son « amitié » n’a pas suffit à faire pencher la balance en sa faveur, comment prendre au sérieux ses provocations militaires qui ressemblent davantage à des tentatives déséspérées qu’à de l’intimidation. Diffiçile en effet de craindre une Nation incapable de conquérir l’Ukraine et qui voudrait gagner sur tapis vert en menaçant l’Europe qui à une puissance militaire et surtout économique incomparable à celle de l’Ukraine! On peut hurler à tout va « on est en final », si on a perdu la demi d’autre équipe la jouerons… Salutation, Ludovic Melin.

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    1. En effet, les dictatures sont  » les pays du mensonge et de la propagande. » Poutine et sa Russie doivent être aux abois . L’Europe doit persévérer à aider financièrement et à armer l’Ukraine pour vaincre la Russie ( et ses alliés objectifs : Chine, Iran, Corée du Nord ) avec ou sans les USA. C’est EXISTENTIEL pour nous , Européens !!

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  9. Pauvre Trump! Avant de « laisser tomber », il faut avoir « porté », « soutenu », « épaulé ». Trump était-il le seul à ne pas se rendre compte que Poutine n’a jamais été de son côté, qu’il se moquait de lui, savait à qui il avait affaire et en profitait, notamment en le flattant, pour en arriver à ses fins, conquérir l’Ukraine? Pour cela, il lui fallait gagner du temps et il a réussi. Trump, comme l’empereur nu dans ses habits neufs, s’est entouré d’une équipe dont la seule qualité de ses membres est l’obséquiosité. Il n’a que ce qu’il mérite. Espérons que pendant qu’il pleure son prix Nobel, il cesse de semer la discorde dans le monde.

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  10. Bonjour Guillaume, merci pour cette clarification.Pour ma part je reste persuadé que Trump est sous kompromat.

    Beaucoup prétendent: « une fois que tu as réalisé que Trump travaille pour la Russie, dès lors tout ce qu’il fait prend du sens ».

    C’est peut être exagéré. En attendant, Il suffit de lister tout le mal qu’il a causé à l’Ukraine, alors que pour la Russie: rien! Mis à part peut être qques taxes contre l’Inde.

    On en viendrait presque à comprendre parfois qu’il préfère la Russie à l’Otan.

    Quand aux européens, il devient urgent de cesser nos incessantes et insupportables indignations d’usage, témoignage d’un aveu de faiblesse.

    Et d’écouter tous les spécialistes, historiens et géopoliticiens, unanimes sur le sujet, ou tout simplement revoir son Histoire : la Russie ne connait que la Force…

    Que Skyshield soit lancé sur le champs serait un minimum.

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