Frappe US d’avertissement au Yémen pour stopper l’Iran, et ensuite ?

Décollage de nuit de F18 américains à partir d’un porte-avions

Dans la nuit du 11 au 12 janvier, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont mené une frappe puissante mais limitée contre les Houthis qui attaquent depuis mi-octobre le trafic maritime en mer Rouge (et donc vers le canal de Suez). Dans la nuit du 12 janvier, une cible supplémentaire – un radar – a été frappé par un missile de croisière américain Tomahawk, probablement parce qu’il n’avait pas été neutralisé la veille. 

Après avoir obtenu une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies exigeant l’arrêt immédiat des attaques contre le trafic maritime en mer Rouge, les Etats-Unis ont mené une frappe « d’avertissement » en détruisant une soixantaine d’objectifs situés sur seize sites différents dans la partie du Yémen contrôlée par les Houthis. 

Cartographie Le Monde

En frappant de nuit avec une centaines de munitions guidées (missiles et bombes guidées laser) contre des objectifs ciblés (centres de commandement, radars, sites de lancement et dépôts de munitions), ce raid mené par des avions embarqués (ou venant de Chypre) et des missiles tirés à partir des navires de combat constitue en même temps une destruction significative de capacités militaires et un signal clair qui n’est pas seulement destiné aux Houthis. 

Un avertissement pour l’Iran et le Hezbollah libanais

Ce raid est d’abord un message adressé à l’Iran qui utilise des acteurs de proximité – des « proxy » – pour alimenter ce conflit régional au Proche-Orient et contribuer ainsi à la « recomposition de l’ordre mondial » poursuivie en particulier par son puissant allié, la Russie de Poutine. 

Cartographie Le Monde

Cette frappe d’avertissement au Yémen ciblait les Houthis qui, sous le pilotage de l’Iran, attaquent le trafic maritime en mer Rouge depuis octobre dernier, en « solidarité des Palestiniens » qui font l’objet d’une offensive militaire massive d’Israël. Ce raid américain est de même une démonstration à destination du Hezbollah libanais, affidé lui aussi à l’Iran et qui menace Israël à sa frontière Nord. 

Ce raid est enfin un message pour Israël : les Etats-Unis le protègent concrètement mais sans avoir besoin de causer des destructions massives ni de déstabiliser le Yémen tout entier. La tournée régionale du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken était destinée notamment à préparer cette riposte en mer Rouge, en créant un front commun anti-Iran et en évitant de contrarier l’Arabie-Saoudite qui cherche désormais à stabiliser la situation au Yémen. 

Cette opération américaine n’était pas destinée à « détruire militairement » le mouvement Houthi mais à le dissuader de poursuivre ses opérations indirectes contre Israël dont les répercussions peuvent être considérables. Menacer le trafic commercial en mer Rouge, c’est en effet doubler le prix des transports maritimes qui traversent cette région et générer plusieurs points d’inflation dans nos sociétés qui ont déjà été éprouvées par trois années de diminution de leur niveau de vie. 

Au-delà des discours convenus de représailles des Houthis, il est probable que ceux-ci tenteront encore de s’en prendre au trafic maritime en mer Rouge, mais avec des procédés moins puissants ou détectables pour éviter de nouvelles frappes dont ils ne peuvent pas se protéger. 

Anthony Blinken vs le jusqu’au-boutisme de Netanyahou 

Cette riposte américaine, mûrement préparée, vise à empêcher l’embrasement de la région et à limiter les effets collatéraux de l’offensive militaire contre la bande de Gaza dont Benyamin Netanyahou refuse de sortir. Ce raid contre les Houthis pro-iraniens est un acte de soutien à l’Etat israélien, mais aussi un message pour le gouvernement Netanyahou : le terrorisme ne se combat pas avec des offensives militaires majeures (un débarquement des Américains au Yémen aurait été une ineptie) mais par des opérations ciblées de contre-terrorisme, exactement le contraire de ce que fait actuellement le gouvernement israélien.

L’offensive militaire de Netanyahou est un échec sanglant 

Après 3 mois d’une offensive massive contre la bande de Gaza, l’opération militaire du gouvernement Netanyahou contre le Hamas est un échec sanglant et un carnage à huis-clos.

Par définition, le succès d’une opération se mesure à la réalisation de ses objectifs. Le principal but affiché était de « détruire militairement le Hamas ». Après des milliers de bombardements et des opérations terrestres dévastatrices, le Hamas continue à narguer l’armée israélienne en tirant au quotidien sur le territoire d’Israël et en harcelant ses troupes au sol, même dans la partie Nord de Gaza dont Tsahal estimait pourtant avoir pris le contrôle. 

Situation opérationnelle dans la partie Nord de la bande de Gaza au 12 janvier 2024 (source ISW)

Alors que l’armée israélienne annonçait fin décembre la démobilisation de quelques brigades et le passage à une autre phase de la guerre (dite phase 3) qui consisterait enfin à des opérations ciblées, les attaques massives continuent sur l’ensemble du territoire palestinien, y compris dans la partie Nord. De fait, l’armée israélienne a le plus grand mal à conclure cette phase parce que les objectifs qui lui avaient été fixés sont inatteignables. 

Le Monde

L’autre résultat attendu de cette offensive était de libérer les otages, or la seule fois où des otages ont été libérés, ce fut lorsque – sous la pression de sa société et des Américains – le gouvernement Netanyahou avait fini par accepter une trêve dans ces combats.

Lire aussi : Dangereuse banalisation de la guerre en Israël ou évolution de l’opération militaire ?

Depuis fin décembre, Américains, Egyptiens et Qataris avaient élaboré une nouvelle proposition de cessez-le-feu qui aurait permis le retour de 40 otages, mais les deux parties prenantes ont été incapables de trouver un accord. Principalement parce que cette guerre dévastatrice les nourrit : le Hamas n’a de légitimité que dans la violence et la guerre, et Netanyahou de longévité que dans l’usage de préserver le chef de guerre autant que celle-ci dure. 

Carnage à huis-clos sur la bande de Gaza

Le gouvernement Netanyahou cherche désormais à « jeter un voile pudique » sur le carnage en cours sur la bande de Gaza, faute de l’éviter et de pouvoir le justifier. Les journalistes y sont interdits, internet est systématiquement neutralisé (en dehors des liaisons satellites mais Elon Musk s’est gardé de livrer son réseau Starlink), et les missions humanitaires sont largement empêchées, comme le déplore l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui n’arrive même plus à rentrer dans la partie Nord de Gaza. 

Le Monde

Netanyahou, ça suffit !

Avec un bilan qui est désormais supérieur à 30-35,000 morts (soit 150,000 victimes avec les blessés) dont 90% de civils et une situation humanitaire catastrophique, cette opération militaire dans laquelle persiste Netanyahou est un carnage qu’il faut arrêter à tout prix. 

Le Monde

Le gouvernement américain est aux limites de ce qu’il peut encore accepter pour ne pas mettre Israël en danger en lui retirant son soutien (et son approvisionnement en munitions) tandis que la campagne des présidentielles commence désormais aux États-Unis. 

L’Union européenne gagnerait à agir enfin, alors qu’elle prévoit de financer une partie de la reconstruction de la bande de Gaza une fois les combats arrêtés. L’UE est en effet le premier partenaire commercial d’israël et il est temps de menacer de sanctions économiques et commerciales si le gouvernement ne change pas de politique. C’est aider Israël que de l’obliger à reconnaître l’échec de sa politique contre le Hamas et à lutter efficacement contre un mouvement terroriste autrement qu’en dévastant un camp de prisonniers à ciel ouvert. 

L’Ukraine sur la corde raide

Pendant que nos regards sont rivés sur le Proche-Orient et le risque d’embrasement, nous oublions d’agir efficacement pour l’Ukraine que Poutine agresse quotidiennement avec une sauvagerie comparable à celle du Hamas. Le front qui fait plus de 1,000 km est sous la pression de forces russes de qualité médiocre mais renouvelées par de nouvelles recrues tandis que l’Ukraine peine à « régénérer » ses forces faute d’avoir décrété une mobilisation générale.

Là où l’économie russe est mobilisée par Vladimir Poutine au profit de son ambition dévastatrice, les Américains ont considérablement diminué leur aide militaire, gelée par « l’hiver électoral » aux Etats-Unis autant que par le doute sur la capacité des forces ukrainiennes à renverser le front. 

Suivre la situation sur le front en Ukraine avec Macette @escortert

Pourtant, l’armée russe est trop affaiblie par ces deux années de guerre pendant lesquelles elle a perdu probablement plus de 200,000 tués et une large partie de son matériel moderne. Elle ne peut espérer conquérir en l’état le vaste territoire de l’Ukraine qui est plus grand que la France et dont les habitants résisteront jusqu’à leur dernier souffle. Elle a besoin de temps pour se reconstituer alors qu’elle a beaucoup appris aussi de ses erreurs pendant ces deux années de guerre. 

Le réveil de l’Union européenne 

Bien que limitée par le manque d’ambition collective de ses membres, l’UE prend des initiatives « structurantes » pour fournir notamment des obus d’artillerie à l’Ukraine. A l’instar de ce qu’elle avait remarquablement organisé pendant la crise sanitaire du Covid, le commissaire européen Thierry Breton propose de répartir la production de ces précieuses munitions pour être capable d’en fournir en nombre à l’Ukraine d’ici le printemps 2024. 


Face à la tentation de Munich, sommes-nous prêts à nous défendre ?

Comme nous le craignions, dans le même temps, des voix s’élèvent déjà pour préparer une trêve avec Poutine : un accord de cessez-le-feu temporaire, digne du pire « esprit de Munich », qui permettrait à la Russie de Poutine d’empocher la mise qu’il a pillée (18% du territoire ukrainien) et surtout du temps pour retaper son armée. Il pourrait ainsi reprendre d’ici trois ans son agression militaire qui ne s’arrêtera pas à l’Ukraine puisqu’il a déjà annoncé que les pays baltes et l’Est de la Pologne lui revenaient, tandis qu’il considère désormais la Finlande comme une « menace » pour son empire. 

De fait, nous ne sommes pas seulement confrontés au risque de subir les répercussions de ces deux guerres au Proche-Orient et en Ukraine, mais nous sommes réellement menacés par un « axe » de dislocation du monde que nous avons construit, celui basé sur le droit et la démocratie. La Russie, l’Iran et la Corée du Nord en sont des acteurs inquiétants, tandis que la Chine se tient aux aguets…

Nous avons besoin, plus que jamais, de reprendre l’initiative, au niveau de puissance nécessaire pour être entendu et crédible (c’est-à-dire celui de l’Union européenne), pour aider Israël – y compris par la contrainte – à sortir enfin de cette politique de carnage et pour défendre l’Ukraine contre ceux qui de fait nous menacent gravement. 

Lire aussi : Israël-Ukraine, gagner la guerre pour gagner la paix ?




Pour approfondir 

« Sous les décombres de Gaza » de Joseph Bahout


« La conquête de Gaza » par Michel Goya


13 commentaires sur “Frappe US d’avertissement au Yémen pour stopper l’Iran, et ensuite ?

  1. bonjour

    je lis avec attention votre blog et partage bien sûr vos interrogations sur les actions de netanyaou.

    cependant, vous omettez de dire qu un gouvernement, quelqu il soit à l obligation de protéger sa population (Hollande n a pas su le faire lors du Bataclan, Charlie Hebdo) dans une région du monde beaucoup plus apaisée que le Moyen Orient.

    Le gouvernement a failli le 7 octobre avec ce lynchage, ignominie antisémite que vous avez décrit. Le gouvernement essaie de protéger sa population pour l avenir, le résultat est effectivement peu brillant. Mais il faut tout de même reconnaître que les voisins d Israël avec le Liban, l Iran, la Syrie ne veulent pas de cet état à côté d eux. La défaite d Israël est interdite car elle est signification d une destruction. À travers ses attaques, Israël prouve que l ONU a travers l UNRWA est partial. Comment peut on construire autant de tunnels même sous une école de l onu ?

    Enfin, pourquoi le Hamas ne protège t il pas sa population dans les tunnels comme Israël le fait avec des abris . Quand un pays est acculé, il se rend, il dépose les armes pour le bien de sa population. Cette solution n est jamais adressée. Le Hamas se moque de sa population et n a qu un seul objectif non négociable de détruire Israël.

    je comprends que l action militaire est une spirale infernale, mais le contexte géopolitique, la partialité de l onu et l unrwa, la partialité de la cnj sont aussi un obstacle à une solution raisonnable.

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  2. Bonjour,

    Je me permets de revenir avec d’autres commentaires, à la suite d’un article que je viens de lire.

    Israël reçoit l’aide des États-Unis, laquelle serait évaluée à 3,8 milliards de dollars américains par année, et ce, avec une immunité qui serait totale, peut importe les actions de ses organes de sécurité, dont Tsahal.

    Nous sommes en droit de nous poser des questions : pourquoi cette impunité? Comment a-t-elle été acquise? Pourquoi est-elle plus grande pour Israël que pour d’autres pays?

    Eh bien, il semble que The Guardian a une partie des réponses à ces questions un this article: « ‘Different rules’: special policies keep US supplying weapons to Israel despite alleged abuses » (https://www.theguardian.com/world/2024/jan/18/us-supply-weapons-israel-alleged-abuses-human-rights?CMP=Share_AndroidApp_Other)

    Ah, ces Américains!

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  3. Bonjour Mr Ancel, vous décrivez le RN comme un « allié sournois » de Poutine, ne faudrait-il pas y inclure, dans une certaine mesure, la France Insoumise, dont les déclarations pro-russes passées sont notoires, et qui ont encore un discours assez ambigu sur l’Ukraine, voire des propositions irresponsables comme sortir la France de l’Otan. Bref, au risque d'(être simpliste, je pense que Poutine « vote » Le Pen..ou Mélenchon (je précise que je suis un homme très à gauche, mais assez réfractaire à LFI)

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  4. Le gouvernement d’Israël est un canard décapité qui continue de courir. Décapité par le non-sens de ses décisions ou plus exactement par la confiscation de ses décisions au profit de l’intérêt personnel de Netanyahou et des colons, comme c’est pertinemment rappelé dans les articles de Guillaume Ancel.

    Mais je m’interroge sur la persistance de l’idée de deux états sur une même terre découpée en trois confettis. D’abord parce qu’il semble qu’Israël persiste dans une domination durable du contrôle de Gaza, exacerbée par rapport à ce qui se passait avant le 7 octobre, ensuite parce que la Cisjordanie est envahie « à la Poutine en Crimée » par les colons, aussi parce que le degré de sauvagerie de l’action du 7 octobre par le Hamas a probablement fissuré la confiance des Israéliens les plus ouverts, enfin parce que cette promesse d’un Etat palestinien mainte fois affirmée a prouvé de fait son haut niveau mensonger.

    Pour sortir de cette situation absurde, où les Palestiniens sont acculés et les Israéliens perdus, les Israéliens et les Palestiniens n’ont pas d’autre issu qu’un saut politique dans l’inconnu, qui commencerait par l’éviction du gouvernement israélien actuel et la reconnaissance d’une autorité palestinienne renouvelée, l’actuelle étant engluée dans les échecs qu’elle a subie, et parait il dans sa très grande corruption selon la propagande occidentale. Mais la situation d’Israël est aussi un enlisement dans sa propre corruption.

    Les Israéliens ont jusqu’ici fait le choix inverse et conservé le gouvernement corrompu. Ils auraient du commencer par la démission de ce gouvernement et la constitution d’un véritable gouvernement d’union nationale, qui ne pouvait être conduit par l’un des plus grands artisan du blocage actuel.

    De fait, nous avons la situation d’un Etat unique sur ce qu’on appelait avant 1948 la Palestine, dont une grande partie de la population n’a aucun droit et qui est dirigée par la population dominante dite « démocrate », mais dont la démocratie est réservée elle seule. Ce n’est pas ce qu’on appelle un Etat démocratique.

    Au Rwanda on avait une situation relativement analogue avec la République Hutu qui pendant plus de trente ans a maintenu les Tutsi dans une situation de traque à l’intensité plus ou moins variable, exclus du jeu démocratique. On sait ce qu’il est advenu.

    Je ne sais pas si le processus juridique engagé par l’Afrique du sud aboutira à la conclusion que les événements de Gaza sont un « génocide », mais je sais qu’avant le génocide des Tutsi il y avait eu des massacres de masse contre les Tutsi faisant parfois des milliers de morts, comme aujourd’hui à Gaza. Indéniablement il y a un massacre de masse à Gaza.

    On me dira certainement que cette comparaison n’est pas pertinente car les Israéliens sont revenus après une absence de deux millénaires, contrairement au Rwanda où les fameuses « ethnies » n’en étaient pas et avaient été fabriquées par le regard du colonisateur. Je la maintiens, car in fine la situation est similaire à celle de 1990 au Rwanda, quatre ans avant la solution finale contre les Tutsi.

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    1. Cher Emmanuel Cattier,

      Il nous faut rester aussi prudent dans le choix de nos mots comme des analogies entre des situations que nous sommes toujours tentés de faire pour mieux comprendre les situations auxquelles nous assistons.

      A mon sens, Israel commet à Gaza des crimes de guerres et non un génocide même si une des composantes de la coaltion au pouvoir à Tel Aviv a des intentions génocidaires et si les colons de Cisjordanie dont ils sont en partie l’émanation pratiquent cet autre crime contre l’humanité qu’est la mise en place d’un « apartheid »-un développement séparé qui en clair signifie emprise de plus en plus forte sur les biens, les terres et l’espace de vie des palestiniens par une minorité théocratique armée jusqu’aux dents.

      Le Hamas est dans un sens l’exacte symétrie politique de cette faction totalitaire. L’une comme l’autre nous ramène 50 ans en arrière et oeuvre en permanence à créer et à entretenir une situation qu’ils veulent irréversibles.

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      1. Bonjour Freddy Klein,

        Je me cite : « Je ne sais pas si le processus juridique engagé par l’Afrique du sud aboutira à la conclusion que les événements de Gaza sont un « génocide », mais je sais qu’avant le génocide des Tutsi il y avait eu des massacres de masse contre les Tutsi faisant parfois des milliers de morts, comme aujourd’hui à Gaza. Indéniablement il y a un massacre de masse à Gaza. »

        C’est apparemment ce passage qui vous laisse penser que je serais imprudent avec les mots. Je n’ai fait que rapporter des faits connus. Tous les massacres de masse ne sont pas des génocides. Mais on s’en approche si on assimile les Palestiniens au Hamas. « Éradiquer le Hamas »

        Je rappelle aussi la situation au Rwanda quatre ans avant la solution finale. En 1990 au Rwanda, il y avait eu plusieurs massacres de masse contre les Tutsi de 1959 à 1990, l’un d’eux qualifié de « petit génocide » par le Vatican en 1964. Il y en eu encore entre 1990 et 1994. Je ne sais pas pourquoi les massacres avec des armes de poing, des viols et des tortures, semblent plus graves et moins humains que les massacres distanciés par les armes modernes et notamment les salves de missiles guidées dans un fauteuil confortable. Comme je l’ai écrit ailleurs, Tsahal ne viole pas les femmes, mais les écrase avec leurs enfants sous des tonnes de béton. Ce serait plus humain !

        J’ai toujours pensé que certaines stratégies militaires, notamment les bombardement intensifs, sont des massacres de masse. Je le pense pour les bombardements de la deuxième guerre mondiale (sur l’Angleterre, l’Allemagne et la France), pour les bombardements nucléaires au Japon, je le pense aussi pour les bombardements russes de la Tchétchénie, de la Syrie et de l’Ukraine, je le pense enfin pour les bombardements israéliens de Gaza. Il y eu aussi les bombardements US au napalm au Vietnam, et les méthodes françaises en Vendée, au Cameroun, en Algérie, à Madagascar, etc. Les exemples sont hélas multiples.

        Tsahal ne revendique pas, à ma connaissance, des bombardements « chirurgicaux » à Gaza, ce serait contraire aux faits. J’ajoute que cela ressemble furieusement à obtenir que des dommages collatéraux des bombardements massifs de la population touchent le Hamas, comme je l’ai écrit par ailleurs. C’est inacceptable.

        Pour le reste, nous sommes d’accord sur la symétrie entre le Hamas et la « faction totalitaire », « minorité théocratique » qui règne aujourd’hui sur Israël. Par contre je ne pense pas qu’elle nous ramène 50 ans en arrière, mais que c’est une régression humaine pure et simple et particulièrement grave. Mais la Shoah était encore plus grave.

        Il faut nommer correctement les choses. Ce ne sont pas les violences subies qui caractérisent un génocide, mais l’intension des tueurs. Cette intention n’est pas toujours clairement exprimée publiquement, mais peut transparaître dans les faits.

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  5. Bonsoir Guillaume,
    Au cas où vous n’en auriez pas eu connaissance au moment de la rédaction de votre article, je me permets de vous signaler le fil de Laura-Maï Gaveriaux (@lmgaveriaux) sur X, ce jour, 15 heures, intitulé: « Confidences d’un businessman émirien » qui apporte des éléments très intéressants sur les points de vues des voisins d’Israël.
    Amicalement, Anne-Marie

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  6. Très bon texte, comme d’habitude.

    Bien que je ne sois pas un expert comme vous, à titre de passionné d’histoire et de géopolitique, j’essaie de suivre l’évolution ou, plutôt, la régression, du monde.

    Décidément, l’histoire semble se répéter sans que ceux qui ont le pouvoir de changer les choses n’aient le courage de le faire.

    Les conflits en Palestine doivent cesser. Créer un État palestinien viable, comprenant la Cisjordanie (débarassée des colonies illégales évidemment) et Gaza, n’est pourtant pas une mission impossible. Israël pourrait enfin se civiliser (ne plus bombarder et détruire aveuglément), et tous les peuples de la région vivre en paix.

    Quant à Poutine, il doit être arrêté avant que la poursuite de son rêve, « Make Russia Great Again » pour parodier l’Agent orange (Trump), conduise le monde à la catastrophe.

    Je ne comprendrai jamais le laxisme de nos dirigeants, des deux côtés de l’Atlantique.

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