Ces courageux généraux qui ouvrent leur gueule à la retraite, mais qui la fermaient quand l’armée française soutenait les génocidaires du Rwanda, sur ordre de l’Elysée

Le général Piquemal, lors d’un discours

Les officiers généraux ne sont jamais à la retraite en France, ils sont placés en « 2° section » pour garder un lien avec l’armée et bénéficier de quelques avantages en contrepartie d’obligations mal définies, comme l’obligation de réserve.
C’est alors que certains d’entre eux ouvrent leur gueule, « en général » sur des sujets qu’ils croient populaires et toujours en groupe pour se donner de l’assurance, recréant la force du collectif quand les individus l’ont fermé pendant des décennies.


Et c’est là que le bât blesse, à plus d’un titre


Lorsqu’une vingtaine de généraux en 2° section publient, dans un média connu pour ses « valeurs » fanatiques, une quasi menace de putsch, ils se mettent en porte à faux avec la société qu’ils affirment vouloir défendre et qui ne leur a jamais confié la mission de la diriger :
« Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national. »

Ces propos, qui nous ramènent au niveau démocratique de la Birmanie ou du Tchad, font froid dans le dos sur l’incapacité de ces officiers à comprendre la société qui les fait vivre, et leur enfermement dans un bocal intellectuel que même l’ancien régime aurait renié.
Leur obsolescence et leur sectarisme social sont sans doute en rapport avec leur désœuvrement, – ils partent beaucoup trop tôt à la retraite…–, il est dû aussi à l’incroyable tolérance de l’armée pour leurs thèses extrémistes qui ne datent pas d’hier, ainsi qu’aux effets délétères de la culture du silence.
En effet, si l’armée française aime à afficher officiellement sa neutralité politique, la réalité est qu’elle a toujours préservé ces fanatiques de l’ultra-droite qui ne cachaient portant pas leurs convictions lorsqu’ils étaient d’active, ils prenaient juste soin de ne pas s’exprimer publiquement. La culture du silence les préservait en réalité, puisqu’elle leur évitait de manifester publiquement leur état d’esprit, pour le moins contradictoire avec les fondements de notre démocratie. Et l’armée n’a ainsi rien à faire pour les écarter, ni même s’en inquiéter.


Le plus frappant dans leur diatribe menaçante est leur manque de courage


Pendant toutes leurs années d’activité, ces officiers n’ont jamais été sanctionnés pour leurs propos en interne et ils se sont bien gardés de s’exprimer publiquement pour ne pas être « à découvert ».
Mais, à la retraite, ils s’émeuvent de situations qu’ils trouvent soudainement insupportables, alors qu’ils ont « fermé leur gueule » pendant des décennies, notamment quand la France apportait son soutien aux génocidaires du Rwanda, sur ordre de l’Elysée du président Mitterrand.
Ainsi, avec l’opération Turquoise en 1994, l’armée française a protégé de fait la « retraite » des génocidaires qui finissaient de massacrer un million de personnes, ont-ils eu un soupir ?
L’intervention de l’armée française a alors permis aux génocidaires de continuer leur folie meurtrière au Congo, et elle leur a même livré des armes pour ce faire. Un regret ?
Qui de ces officiers généraux a osé publier son désaccord et son indignation ? A cette date, seulement le général Jean Varret en 2018 et le général Patrice Sartre en 2021…
Par contre ils ont été nombreux ces officiers généraux à être très actifs, présents voire pesants, pour essayer d’imposer cette culture du silence qu’ils ne respectent pourtant qu’à leur discrétion.
Pour ne pas gêner leur « pudeur de gazelle », je n’en citerai qu’un, le général Dary, qui a utilisé la présidence de l’amicale des Saint-Cyriens pour dénoncer ma prise de parole sur le Rwanda comme un « parjure » et tenter de me faire taire…

Lettre ouverte du Général d’armée (2s) Bruno DARY à un jeune camarade et la réponse du jeune camarade

Alors quand je lis ces généraux désœuvrés dénoncer les « hordes de banlieue » qu’ils n’ont vu qu’à la télé, de leur confortable place de retraités, j’aimerais les inviter à faire preuve d’un peu de courage.
J’aurais aimé en effet qu’ils s’expriment avec la même conviction pour empêcher la compromission de l’armée française dans le dernier génocide du XX° siècle au Rwanda, qu’ils interdisent en s’exprimant que cela puisse un jour se reproduire.
Mais ils se sont, pour l’écrasante majorité, bien gardés de le faire, préférant s’enfermer dans leur déni de la réalité et le confort tragique de l’obéissance, au point que leur silence est devenu amnésie.

16 commentaires sur “Ces courageux généraux qui ouvrent leur gueule à la retraite, mais qui la fermaient quand l’armée française soutenait les génocidaires du Rwanda, sur ordre de l’Elysée

  1. Votre texte est éclairant, mais évitez d’utiliser le terme autisme comme adjectif, surtout lorsqu’il est appliqué à ces gens. Cette utilisation est très mal placée. Il serait largement préférable de corriger cela.

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  2. Un point de vue radical(ement) opposé :
    Monsieur ANCEL, ne vous en déplaise, l’Armée est le dernier rempart capable de protéger la France au bord du gouffre, car abandonnée par ses dirigeants vendus à la mondialisation; Ils trahissent et manipulent les français en les livrant à l’islamisation, à l’invasion des migrants, aux barbares et aux racailles. Les gens comme vous, prêcheurs de haine et déconstructeurs de l’identité française, contribuent à créer les conditions du chaos en diffusant le poison intellectuel progressiste et en défendant l’ENI de l’intérieur ! Nous n’avons pas l’intention de laisser faire les forces du mal dont vous êtes un des portes parole !! Voilà notre combat pour la FRANCE !!!

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      1. À Guillaume, merci pour ce décryptage très éclairant de cette hallucinante pétition !

        À Claude Haller, les seuls ennemis intérieurs qui n’aient jamais existé sont nos propres turpitudes paresseuses, celles qui ont condamné Dreyfus, celles qui ont permis à Maurice Papon d’être encore ministre en 1980 et tellement d’autres forfaitures noyées dans le déni. Le rempart contre la barbarie, n’a jamais été la ligne maginot, encore moins l’Armée, c’est évidemment la Culture vivante des citoyens et l’Education de la jeunesse. Vous ne croyez pas ? Quand au ‘poison intellectuel progressiste’, votre idée c’est quoi ? Un radicalisme réactionnaire ? C’est ça ?
        Vous pensez sérieusement que quelque chose dans votre message peut éclairer l’avenir de vos enfants ?

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      2. Vous êtes bien naïf, ou alors vous ne voulez pas voir les choses ! Tous les jours, l’actualité nous démontre qu’il existe un ENI de l’intérieur qui répand le chaos et la violence ! Eh bien cet ENI il va falloir le mettre hors d’état de nuire !

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      3. Oui Monsieur, et vous méritez le respect pour avoir répondu « présent » ! Mais ce n’est pas le sujet, Guillaume Ancel parle de la MANIÈRE de servir son pays, à savoir avec courage ET dignité ET honneur ! Sans oublier les valeurs qui font de toute armée une grande armée… ou au contraire une armée maudite pour avoir oublié que l’humain est au centre de sa mission. Oublier cela, c’est se mettre au niveau des plus vils, des plus lâches et ne récolter que mépris. Oui, nul n’est à l’abri de l’erreur, mais le vrai courage est de reconnaître cette erreur et non de vouloir la nier envers et contre tout au risque de boire la coupe de la honte jusqu’à la lie. Je ne suis pas Française, aussi je me garderai bien de critiquer ou commenter la politique intérieure de ce grand pays qu’est la France. Cependant, le rôle du gouvernement français au Rwanda et de son armée interpellent très fortement. Oui, la France a joué un rôle actif dans le génocide Rwandais. Et on attend de son gouvernement qu’il reconnaisse ses erreurs monumentales de jugement, erreurs qui ont conduit au massacre d’un million de citoyens rwandais. On attend juste la reconnaissance, l’aveu de cette erreur monstrueuse de la part du gouvernement français et de ses chefs d’armée. Afin que les familles de rescapés rwandais puissent faire leur deuil… Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Je suis en partie Rwandaise et le Ciel m’a fait ce cadeau inestimable de mettre Guillaume Ancel sur ma route car il a sauvé ma famille en plein génocide au Rwanda au risque de sa propre vie. Moi-même et ma famille lui devons une reconnaissance éternelle. Il ne suffit pas d’avoir le revers du veston couvert de médailles et de breloques pour se dire grand officier, comme beaucoup. Guillaume Ancel, lui, est Officier mais il possède aussi la plus belle des médailles. Celle de la grandeur d’âme avec tout ce que cela comporte : courage, dignité, honnêteté morale, compassion pour les plus faibles et les opprimés, intelligence de comprendre que reconnaître nos erreurs ne fait pas de nous des lâches mais, bien au contraire, des humains dignes de ce nom. Guillaume, merci pour ton combat pour la vérité, merci pour le courage dont tu fais preuve en essayant de faire reconnaître la vérité tout simplement. Car, oui, il faut aussi beaucoup de courage pour ne pas hésiter à se mettre à dos tous ses pairs comme tu le fais et prouver ainsi que l’Armée Française est une grande armée. Ou pas. L’avenir le dira. Guillaume, MERCI !

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  3. Totalement d’accord avec ta réaction; ces « putschistes » en se revendiquant de leur grade pour signer une tribune extrémiste et contraire à toutes les valeurs militaires, déshonorent l’uniforme qu’ils ont porté.

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  4. Bravo Mr ANCEL pour cette réaction qui vient du coeur.
    Cette tribune parue dans Valeurs Actuelles nous montre le vrai visage de l’extrême droite et ses dangers pour la France.

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  5. Finalement, n’est-ce pas la même vision colonialiste d’une (petite) partie de l’armée, qui s’exprime dans Valeurs actuelles, identique sur un terrain d’opération en Afrique et quand elle s’applique aux banlieues : la même conception droitière et dangereuse de l’ensauvagement dans ces « territoires perdus de la République » qu’il faudrait reconquérir, pareillement la nécessité d' »aplanir » le terrain pour l’ intérêt supérieur de la France en 1994.

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  6. J’espere que le général Jean-Marie Bachelet qui avait déjà réagit dans une lettre contre un autre illuminés de la » France eternelle », le général Tauzin, réagira aussi contre ses coreligionnaires.

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